Chapitre 2

Alors que le vent tambourinait sur la grande baie vitrée du bureau du notaire, la porte de la salle d'attente s'ouvrit à la volée. Le froid glacial de décembre s'engouffra dans la salle rectangulaire, laissant cependant entrer un être humain frigorifié.

-Refermez bien la porte derrière vous, dit une secrétaire à l'homme qui venait d'entrer.

Levi Freeman, assit sur l'une des 7 chaises de la salle d'attente, dévisagea le nouveau venu.

C'était un grand homme fin. Son visage avait une forme légèrement triangulaire, sa mâchoire était bien formée et il avait un nez fin que des yeux d'un splendide vert émeraude surplombaient. Ses lèvres étaient longues et fines, légèrement rosées, et ses cheveux bruns encadrés son visage, laissant seulement trois mèches retomber sur son front.

Le grand brun se retourna, puis ferma la porte. Il porta ses mains gantés à son foulard bleu qu'il retira de manière négligé. Il le laisser désormais choir sur ses épaules, préférant s'occuper de la ravissante secrétaire.

-Bonjour, je suis Dorian Evans, s'annonça-t-il à la jeune blonde.

Cette dernière lui lança un regard glacial, signe qu'il ne fallait pas la déranger, puis enfin daigna lui adresser un regard.

-Attendez ici que M. Smith vous appelle.

M. Smith, était le notaire de Levi Freeman. Ce fut à ce moment, que le noiraud comprit que le brun sous ses yeux pouvait être beau, puisqu'il était mannequin ! Levi venait de se souvenir que le nom du mannequin, qui reprendrait son adorable cottage, était Evans. Ça devait être l'homme en face de lui.

-Bonjour, dit-il en se décidant de se présenter, je suis M. Freeman.

-Oh, c'est vous ! S'exclama Dorian en tendant sa main vers Levi, Dorian Evans, ravi de vous rencontrer.

Au moment où Levi allait répondre une politesse quelconque, la porte du notaire Charlie Smith s'ouvrit.

-Messieurs Freeman et Evans ! Entrez je vous en pris, les convia le blond.

Dans un sourire poli, ils pénétrèrent dans le bureau de M. Smith. Levi s'assit sur le siège de droite, laissant celui de gauche à Dorian.

-J'imagine que vous vous êtes déjà arrangés pour l'organisation et le déménagement. Il ne reste donc plus qu'à signer les papiers...

-En réalité... l'interrompit le jeune mannequin, j'aimerai revenir sur un petit détail.

Levi fronça les sourcils et détachant ses yeux de la feuille qu'il devait signer, regarda Dorian. Que voulait-il ? Il n'allait tout de même pas foutre ses vacances en l'air, et refuser de payer au dernier moment ?

-Est-ce qu'il me serait possible d'emménager plus tôt que prévu ? Demanda Dorian en se tournant vers Levi, j'ai déjà vendu mon appartement, et payé l'hôtel alors que quelques jours après j'aurai une maison, ça ne m'arrange pas vraiment.

-Mais ca m'embête, moi ! Intervint le noiraud en jugeant le brun d'un regard sombre, j'y vis toujours. Et j'y resterai jusqu'à fin décembre !

Dorian commença à jouer avec ses doigts. Le voila dans une position fâcheuse : il pouvait se retrouver à la rue d'une minute à l'autre. Levi n'avait qu'une chose à refuser, et tout son petit monde s'écroulerait.

-De ce que j'ai compris, vous n'y êtes jamais, non ? Qu'est ce que ça vous coûte, alors que vous êtes aux Etats-Unis, de me laisser pour quelques jours à l'avance votre cottage ? Demanda Dorian en persévérant.

-C'est que j'y passe les fêtes.

Le plus jeune soupira longuement. C'est qu'il ne savait pas quoi faire, maintenant. Il avait placé toutes ses économies dans ce cottage, et il y aurait quelques travaux en plus. Payer l'hôtel pendant un mois, ne lui paraissait pas dans ses cordes, actuellement.

-S'il vous plaît, M. Freeman. A part cette maison, je n'ai plus rien. Je verse toutes mes économies afin de me la payer, mais si je dois en plus avoir des frais d'hôtel... je ne tiendrais pas jusqu'en janvier.

Ce fut au tour du jeune Freeman de soupirer. Le notaire, lui, s'amusait de la scène. Ce n'était pas tous les jours qu'il se passait quelque chose d'intéressant dans cette ville perdue dans le Surrey.

-Que proposez vous, alors ? Que je reparte a New York pour votre bon plaisir ? J'ai vécu dans cette maison toute mon enfance, je ne peux pas la céder du jour au lendemain ainsi, surtout alors que j'y habite en ce moment.

-Vous pourriez rester en collocation jusqu'en janvier, proposa le notaire qui suivait la discussion comme un match de tennis de table.

Dorian jeta un regard suppliant a Levi, qui ne put s'empêcher de mordre sa lèvre inférieur. Que devait-il faire dans ce genre de cas ?

-Où habitez vous en ce moment, M. Evans ?

-J'ai pris une chambre pour la nuit dernière et celle encore d'avant, expliqua-t-il en jouant nerveusement avec son tee-shirt, si vous le souhaiter je peux y rester encore deux jours. Mais la proposition de M. Smith me paraîtrait être un bon compromis.

Le noiraud sortit son téléphone et se leva prestement.

-J'ai besoin d'y réfléchir, s'excusa-t-il alors qu'il sortait de la pièce.

Levi composa le numéro de Keith, et tomba évidement sur la messagerie. Ce dernier devait être dans l'avion, bien loin des problèmes de notaire, en train de penser à sa petite famille qui l'attendait au Texas.

-Allo Keith, c'est Levi. Le mannequin là, Dorian, il aimerait s'installer plus tôt que prévu dans le cottage. M. Smith nous propose une colloc' jusqu'à la fin du mois. Ça me parait une bonne idée mais je voulais ton avis. Enfin, parti comme c'est, je te parlerai pas avant ce soir à 18h...

Levi fut interrompu par un long « bip », qui indiquait la fin de l'appel. Pas plus de quelques minutes sur les répondeurs, c'est la règle d'or.

Le noiraud passa une main sur son visage, songeant à son avenir. Que risquait-il à partager son cottage avec un mannequin durant une quinzaine de jours ? Et puis après, il n'en entendrait plus jamais parler. Alors à quoi bon trop réfléchir ? Après tout, il n'était là que jusqu'à Noël, pour des vacances. Il ne pouvait pas se permettre de quitter le secteur du luxe trop longtemps.

Une main dans ses cheveux, les remettant en ordre, et une main sur la poignée de la porte qu'il poussait, Levi entra de nouveau dans le bureau.

Les deux têtes se tournèrent vers lui. L'une curieuse, l'autre attendant le verdict comme s'il s'agissait de sa vie qui était mise en jeu.

-Je veux bien essayer cette collocation de fortune. Si ça ne marche pas, on laisse tomber.

-Je ne vois pas pourquoi ça se passerait mal.

-Je n'avais pas fini, continua le noiraud en assassinant le mannequin du regard. Je partirai le 26 décembre. D'ici là, le cottage est toujours à moi. Je vous héberge par gratitude le temps de la vente officiel. C'est compris ?

Dorian Evans hocha vivement la tête en se tournant vers M. Smith.

-Vous pouvez toujours signer le contrat ? Demanda ce dernier en rendant la feuille et deux stylos Bic bleus vers eux.

-Absolument, valida Levi en souriant.

Une fois la signature recouchée sur papier, Levi se rendit compte.

Ça y est, plus que 14 jours et le cottage de sa mère, le paisible cottage de son enfance, ne serait plus à lui.

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