Arc The Artist : Sayuri et Lana.


June, Jude, Lana ainsi que Sayuri visitent le complexe en silence. La détentrice observe les grands dômes dont de la fumée s'échappe en voyageant au gré du vent. Dans ce labyrinthe atomique, le duo jette des œillades furtives en espérant voir le nom "Solaris".

 — Donc une partie de Link fonctionne à l'énergie nucléaire... 

— Oui ! rétorque le jumeau en souriant. Mais de ce que j'ai compris, c'est dangereux, on a pour mission de veiller à ce que personne ne s'infiltre. 

— Et comment ça se fait que vous ne soyez pas en prison ? Vous étiez avec Sora, non ? 

La fratrie relève la manche droite de leur veste bleu nuit, un bracelet électrique se reflète dans les pupilles de Lana, comprenant pourquoi ils se tiennent à carreau.

— Monsieur Keith nous a inscrit à une formation de réinsertion. Donc, on suit un cursus militaire avec ce truc.  

— Je vois, il est sympa. Moi, je vous aurais tué à sa place. 

Les jumeaux, ne sachant pas que répondre à cette phrase, cousent à jamais leurs lèvres. Un silence s'installe tandis que Lana continue d'épier le moindre indice dans cet immense campus.

Peu à peu, le groupe s'éloigne des bâtiments renfermant les réacteurs nucléaires et les salles des machines. C'est alors qu'au milieu de ce complexe, la sœur de Leyla constate une tour blanchâtre.

Intriguée par la bâtisse, elle s'y approche et perçoit des gardes faire des rondes autour. Elle ferme les yeux et sent la moindre trace d'électricité dans l'air. Malgré sa vision perdue, elle voit toutes sortes de circuits électromagnétiques et d'énergies. Elle se concentre vers la tour, constate des machines et des salles en dessous celle-ci.

Sans un mot, elle prend la direction de son nouvel objectif, Solaris.

— Qu'est-ce que tu fais ? On n'a pas le droit d'aller là-bas ! s'écrie June en tenant le bras de Lana.

L'intéressée tourne la tête vers la fille, ses pupilles marines l'emportent dans les eaux profondes et dangereuses de son esprit tourmenté. Instinctivement, la jumelle recule tandis que Lana reprend son chemin sous le regard ravi de Sayuri, camouflée par son masque.

Une fois à l'entrée de la tour, la détentrice se rend compte qu'elle a été laissée à l'abandon, des traces d'érosion sont visibles de part et d'autre du bâtiment.

— Il n'est pas entretenu et l'électricité que je ressens est faible. Ça fait plusieurs mois qu'il n'est pas utilisé et plusieurs années qu'il existe. 

La porte d'entrée, faite de métal, se déchire en deux sous la pression électromagnétique de la main de Lana. Une fois entré, le groupe traverse un portique à détecteur de métaux dysfonctionnel. Le hall, teinté de blanc, est vidé de son âme et de ses composants. 

— Ils sont partis avec tout leur matériel. constate Jude en marchant dans la grande pièce circulaire.

Lana ne prend pas compte de ses dires et se rend dans l'ascenseur faisant face à l'entrée du bâtiment, suivie de près par Sayuri.

— Restez ici, je n'ai pas besoin de vous.

 La fratrie ne rétorque rien, le garçon s'assoit sagement par terre en se tenant la tête grâce à son bras.

— Pourquoi tu ne dis rien ! Tu as vu comment elle nous parle ?! s'énerve June en secouant les épaules de son frère. 

Jude repousse les mains de sa sœur avec les siennes et se redresse en la fixant d'un air terrifié.

— Parce que je n'ai pas envie de mourir. Je ne sais pas ce qui lui est arrivé, mais pendant tout le temps où on était avec elle, son bras était collé à son sabre. Elle se retenait clairement de nous tuer.

Une fois la porte de l'ascenseur fermée, Sayuri enlève son masque.

— Ah ! Ça fait du bien de respirer tranquillement !

D'un signe de doigt, Lana ordonne à la féline de se taire.

— Ne parle pas trop fort, ils peuvent encore t'entendre. 

La femme-chat soupire pendant que Lana active l'ascenseur grâce à son électricité, celui-ci descend au lieu de monter. Après quelques secondes, l'accès s'ouvre et laisse place à un immense couloir lugubre et teinté de noir. Une odeur rentre dans les narines de Sayuri qui se les bouche instantanément avec ses mains.

— Ça empeste le cadavre ! 

— On avance. annonce Lana, nullement gênée.

— Tu ressembles à l'exterminatrice Arya ! Tu le sais ça ?!

La détentrice s'arrête et se retourne vers sa camarade en s'approchant dangereusement d'elle.

—  À cette femme complètement barrée ? 

— Oui, miaou ! On dirait un robot sans émotions ! À moins que tu t'obliges à être comme ça ?  

Malgré son empressement, l'adolescente prend le temps de réfléchir aux dires de sa partenaire.

— Non, je ressens des choses. J'aime ma sœur, j'accepte ta présence. Mais pour le reste, la colère est plus forte, donc je tente comme je peux de réprimer mes sentiments. C'est peut-être pour ça que tu crois que je suis comme cette folle.

Sayuri réfléchit en tournant autour de Lana en réfléchissant, jusqu'à ce que son expression s'illumine.

—  Tu devrais essayer de laisser libre cours à ce que tu ressens ! Comme moi ! 

—  Hein ? Mais je n'ai pas envie de devenir comme un chat décérébré. 

La féline fonce sur Lana, les deux filles tombent à la renverse.

— Miaou ! Comment ça ?! Je ne suis pas aussi stupide que ça ! affirme-t-elle en chatouillant le ventre de son interlocutrice qui se met alors à rigoler. 

L'ancienne membre de l'Hydre émet une exclamation.

— Tu as rigolé ! Miaou, regarde, tu as rigolé ! Dans un endroit qui empeste le sang en plus !

Lana se surprend elle-même en se relevant, comme si elle venait de se remémorer quelque chose d'important.

— Quand Leyla avait le contrôle sur son propre corps, je n'étais présente que par le biais de l'instinct qui prenait le dessus. Ça faisait perdre le contrôle à ma sœur, donc peut-être qu'inconsciemment, j'ai réfréné mes émotions pour mieux me gérer, jusqu'à ce qu'il ne me reste que la colère par moment. 

Sayuri reprend son sérieux et prend les mains de Lana.

—  Miaou, tu sais... Je pense que tu es comme ta sœur, quelqu'un de gentil au fond de toi. Tu es sûrement plus sérieuse et plus mature qu'elle, mais tu t'inquiètes et tu la fais passer avant ta propre santé ! Seule une personne aimante pourrait faire ça ! Moi, je n'y arrive pas encore en tout cas.

— Sayuri... murmure la détentrice, émue. Tu as raison, je vais faire des efforts. Merci beaucoup, toi aussi, tu t'améliores. Tu n'as rien à voir avec ce que j'ai comme souvenir de toi grâce à Leyla.

Les iris jaunes de Sayuri brillent intensément dans le noir environnant.

— J'ai toujours vécu dans un laboratoire ou dans la rue. Je n'ai pas spécialement été traumatisé, mais j'ai appris à toujours faire passer mes envies avant celle des autres. C'est ce que tout le monde a fait avec moi, donc avec le temps, je me suis habituée à ça, miaou. Puis le fait que je sois aussi une féline doit y jouer ! 

Lana sourit et prend sa nouvelle amie dans les bras.

— Chat décérébré ou non, tu commences quand même à ressentir les choses comme une humaine.

Les secondes s'écoulent en même temps que les larmes de Sayuri, prise au dépourvu. Instinctivement, elle rend le geste à sa partenaire en l'enlaçant à son tour.

— Miaou, je ne pensais pas que ça faisait autant de bien... 

Après quelque temps, les filles finissent par se lâcher. Lana brise le silence en s'étirant.

— Bien... Maintenant qu'on s'est toutes les deux rapprochées dans un lieu sans doute rempli de cadavres... Je pense qu'on va pouvoir reprendre les recherches, non ?

Sayuri pouffe de rire en commençant à marcher.

— Oui, tu as raison.

**

Durant leur recherche dans cette fourmilière abandonnée, les filles tombent sur des macchabées avec un badge, la féline se penche et l'arrache au mort.

— Polaris... C'est un laboratoire sur lequel avait enquêté Mark ! C'est là-bas qu'il a su pour votre mort ! 

Le visage de Lana reste de marbre, sans émotions. Son esprit, plus honnête, se mélange entre nostalgie et perdition.

—  Les trois laboratoires sont intimement liés, j'avais raison. Link a fourré ses affaires dans nos vies...

Un souvenir de Leyla s'implante directement dans l'âme de sa sœur, tombant à genoux, le corps en nage. Sayuri s'alerte et prend son amie par les épaules.

— Tu vas bien ?

—  La docteure Kiiara, elle était à vos côtés ? interroge Lana, prise d'une forte migraine. 

La féline réfléchit pendant que la détentrice se pose, dos contre-mur, en respirant irrégulièrement. Soudainement, la chatte émet une exclamation et se retourne vers l'adolescente.

— Oui, miaou ! C'est celle qui a aidé Mark à devenir plus fort ! Elle a relié un cerveau à lui dans une sorte de cuve. 

Les battements de cœur de Lana reprennent leur harmonie habituelle, elle se pose sans prendre compte du tumulte causé par son instinct.

"Rediriger la colère... La canaliser... Gérer ses émotions..."

Elle respire, inspire, respire, inspire. 

Elle répète cette action, encore et encore, comme si c'était son mantra, comme si c'était sa voie à suivre. Ses pensées se remettent dans l'ordre, ses souvenirs vont comme un guépard gambadant dans la savane. La magie opère et illumine tout son théâtre interne.

— Kiiara était donc bien de Link, de toute façon...

—  Tu n'aurais jamais pu le savoir étant donné que vous étiez enfermées à Forsaken !

—  Oui... Il faudrait donc que je fasse des recherches sur Karine et Edward Pownd... Les chercheurs responsables du centre. Dans les souvenirs de Leyla, ils étaient présents dans la plupart de ses tests. Mais pour quelles raisons récupéraient-ils des données... Ce projet Leyla me fait de plus en plus peur. Bref... Il faut qu'on aille à Polaris.

— D'accord ma petite Lana ! 

**

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