Arc The Artist : Le monde onirique.
Eve, Lily et Keyna laissent place à l'équipe d'analyse, celle-ci cherche le moindre indice pouvant mener au tueur en série.
La jeune Vandergrift, seule, fait le tour de la scène de crime. Non loin du vase, une espèce d'aura attire son attention. Un halo circulaire lui faisant penser à un portail.
— Déjà, il faudrait savoir comment il a transporté tout ça... On voit des choses sur les caméras de surveillance ?
Keyna d'un signe de tête, fait comprendre à Lily qu'elle a déjà regardé. La jeune agente se perd dans ses pensées.
— Madame, se prononce un analyste, arrachant ainsi, Lily à son esprit. Nous avons les résultats pour l'ADN des victimes. Il s'agit de Cindy Contenourt et de William Montreuil...
— Un couple ? interroge Keyna, en se mordant l'ongle de doigt.
— Ce sont deux étudiants de Panthéon... Mais on a pas d'informations, nous allons interroger leurs proches.
— Faites donc.
— Keyna, Lily ! Venez voir ! s'écrie la jeune Vandergrift en courant vers elles.
D'un mouvement commun, elles se retournent toutes les deux. Eve s'arrête, la respiration haletante.
— Il y a... dit-elle, la respiration saccadée. Une sorte de portail.
Ses deux partenaires réagissent au quart de tour et emmènent Eve en lui tirant le bras. Transformée en poupée sans âme, l'adolescente se laisse faire en ne laissant entrevoir aucune émotion.
Une fois sur place, les filles cherchent la chose vue par Eve, sans succès.
— Là ! s'exclame l'agente spéciale, positionnée à quelques mètres du halo sombre.
Les pupilles de la Vandergrift se font hypnotiser par la sinistre beauté du portail. Elle s'approche doucement, lentement, prudemment.
Un mantra rebondit à la manière d'une balle dans son esprit. Chacun de ses milliards de milliards de neurones se font percuter brutalement.
« Doucement... Lentement... Prudemment... »
— Qu'est-ce qu'elle a ? s'inquiète Keyna en observant l'amie de Leyla comme si elle devait être internée à vie pour folie.
« Doucement... Lentement... Prudemment... »
— Je comprends pas. Elle sait qu'il n'y a rien là où elle regarde cette tête d'abricot ? répond Lily, aussi ahurie que sa supérieure.
« Doucement... Lentement... Prudemment... »
Le monde extérieur se coupe à mesure qu'Eve s'approche de la sphère embrumée. Des hurlements lointains, terrifiants retentissent dans les oreilles de la jeune Vandergrift. Les doux murmures du Purgatoire l'accompagnent dans le brouillard, ses yeux se ferment doucement, lentement, imprudemment.
Son corps s'écroule au sol sous le regard éberlué de ses consœurs, accourant vers elle.
— Mais qu'est-ce qui lui arrive ?! s'écrie Keyna, tandis qu'une équipe de médecins sort d'un des véhicules du CCI.
— Je ne sais pas ! C'est la première fois qu'elle me fait ça, nom d'une pipe !
Les docteurs examinent le pouls d'Eve ainsi que sa tension, ils ne voient rien d'anormal. Ils l'emmènent ensuite dans leur camionnette pour des analyses plus poussées.
— Ses signes vitaux ne sont pas à la baisse. Mais grâce aux ondes qu'émet son cerveau, nous pouvons voir que malgré son coma, il est en pleine activité.
— Ce qui veut dire ? demande Keyna, concentrée sur la membre de son escouade.
Le médecin montre l'ordinateur, relié aux électrodes de la jeune Vandergrift. L'imagerie met en avant l'intérieur de son crâne.
— Elle est sous l'effet d'un gûzen. Nous pensons qu'il s'agit d'un pouvoir qui agit sur les rêves. La zone qui réagit est celle qui se trouve à l'arrière du cerveau. C'est la partie qui gère les songes.
Lily se souvient soudainement d'une information donnée par les Vandergrift, elle se retourne vers sa cheffe.
— Fichtre, ses yeux ! Sa famille possède des pupilles différentes de nous. Elle peut voir des choses qu'on ne remarque pas. Elle a du trouver quelque chose et c'est ça qui l'a mis dans cet état.
— On va devoir attendre qu'elle se réveille... En attendant, on rentre !
**
Eve ouvre les yeux dans un endroit à première vue inconnu, son cœur bat lentement. Le sol blanchâtre, semblant recouvert d'un revêtement, attire l'attention d'Eve. La salle, tout aussi lumineuse, fascine la jeune Vandergrift, prise dans un univers parallèle.
Elle se lève et avance dans une autre pièce, sans aucune porte, juste un espace laissé entre deux murs. Elle perçoit de nombreuses sculptures espacées d'au moins plusieurs mètres.
Elle s'approche de l'une d'elles avec l'impression d'entrevoir la pomme de la Tentation. Ses pupilles écarlates se posent sur le corps de la statue.
Une femme nue avec des roses à la place de ses yeux qui saignent abondamment.
— Beurk, c'est dégoûtant...
Elle s'éloigne de l'œuvre et s'approche des tableaux entreposés plus loin, le long d'un couloir blanc, relié à une autre pièce.
L'un d'entre eux attire son attention, elle le regarde de nouveau, joint ses pupilles à ceux de la Gorgone. Eve se rend compte qu'il s'agit d'un cadre contenant une photographie.
Une femme blanche aux cheveux noirs, habillée d'une robe écarlate, le visage et le corps couverts de point de suture. La bouche cousue, enfermée dans un silence éternel. Le regard d'Eve se porte sur les yeux marins de la victime, la peur s'imprègne dans ses veines, fusionne avec son corps.
— Il lui a cousu les yeux aussi... Pour qu'ils restent ouverts... C'est horrible...
Autour de la diva morbide volent de nombreux papillons sanglants faisant pleuvoir des gouttes de sang.
Une voix résonne brusquement dans le musée factice, arrachant Eve à l'œuvre horrifique.
— La peur... Un sentiment si irrationnel... Si pur... Si privé... N'est-ce pas magnifique de partager ses effrois, ses cauchemars avec autrui ?
— Je vois pas en quoi c'est beau !
Un rire retentit, des bribes de souvenirs assaillent violemment la jeune Vandergrift voyant de nombreuses scènes dans sa tête, prête à éclater comme un ballon trop gonflé.
Un animal mort, une femme fusionnée avec plusieurs bras, des cadavres, du sang. Toutes les images s'enchaînent à la vitesse de la lumière, emmenant Eve dans un univers bien trop puissant pour elle.
Elle finit par tomber au sol, sa vision se trouble tandis que la voix reprend de plus belle.
— Toi qui es entrée dans le monde de mes rêves... Comprends donc la beauté de pouvoir partager ce qu'on ressent, la magnificence de partager éternellement une émotion si intense que la peur... La peur de mourir, de ne plus jamais pouvoir parler, de ne plus exister... Comme cette femme... Comme moi...
L'homme s'arrête soudainement de parler, Eve parvient à se relever, elle perçoit du sang couler le long des murs.
— Le tableau... Il saigne ? Mais putain je suis tombée dans le Reflect World ou quoi ?
Encore une fois, l'œuvre appelle Eve, le serpent émet un sifflement qui percute le cerveau d'Eve. Elle s'approche lentement, doucement, imprudemment. Elle regarde avec une obsession presque malsaine les yeux de la femme.
Les pupilles de celle-ci bougent subitement, faisant sursauter la jeune Vandergrift qui recule d'un pas. La femme se meut alors sous l'œil effaré de la détentrice.
— Cinderella, mon œuvre, mon âme... Gardienne de mes rêves... Prends en chasse cette sotte incapable de comprendre la quintessence de mon esprit...
La poupée de chair s'avance vers Eve jusqu'à sortir une main du tableau, puis son bras et enfin sa tête, le regard imbibé de haine, de démence et d'afflictions.
Une fois tout son corps sorti, la brune observe Eve d'une manière terrifiante, presque comme si elle n'était qu'une bête sans fond. En silence, elle tend sa main droite vers la meilleure amie de Leyla qui observe une bouche dans sa main. Contractée de peur, la cavité buccale se met à hurler, créant une onde de choc propulsant violemment son adversaire.
**
Les signes vitaux de la Vandergrift dégringolent tandis qu'elle est amenée en urgence dans l'hôpital le plus proche.
— Mais qu'est-ce qui se passe à la fin ! s'écrie Lily tandis que son amie hurle de douleur.
Un médecin use de son aura pour tenter de soulager le mal d'Eve.
— Une aura fait pression sur son cerveau, ça doit être lié à son rêve. Je ne sais pas ce qu'elle voit mais ça doit être un sacré cauchemar.
Une fois dans le 1er district, quelques minutes de tensions passent avant qu'ils ne rentrent à leur objectif. Immédiatement, la fille de Zéphyr est emmenée au bloc opératoire.
— Amenez nos meilleurs manipulateurs d'aura ! Il faut qu'on empêche la pression de lui exploser sa cervelle ! hurle ce qui semble être le chef de l'équipe d'intervention médicale.
— Oui !! répondent les autres docteurs tandis que Keyna et Lily sont emmenées en salle d'attente.
**
Pendant ce temps là, Eve se relève après avoir été projetée par le cri de la Banshee, elle titube et manque plusieurs fois de tomber.
Sans réfléchir, elle se rue sur son ennemie et croise son regard au sien. Elle tente de l'immobiliser grâce à son gûzen, sans succès.
— C'est parce ce qu'elle est morte ? s'enquiert Eve alors qu'une moitié de paire de ciseau de la taille d'un sabre se crée à partir de fumée dans la main gauche de la diva.
La découpeuse née fond sur Eve avec la nette intention de la trucider en mille morceaux. Grâce à ses ongles, la jeune Vandergrift s'entaille la main. D'un vif mouvement du bras elle envoie le sang, transformé en pics rougeâtres vers Cinderella qui les détruit avec sa lame.
La détentrice ne se laisse pas impressionner et enchaîne en fonçant sur son adversaire malgré son arme plus tranchante qu'un katana.
La poupée tente un coup de lame horizontal qu' Eve esquive en bondissant par dessus avec la grâce d'un félin. Elle retombe sur le sol en gardant ses appuis et donne un coup de pied dans le ventre de la marionnette humaine.
Le choc l'envoie balader dans le mur qui se fracasse avec l'impact. Le sang forme un sabre dans la main de la meilleure amie de Lana qui s'approche de la Banshee. Celle-ci se relève et attaque son adversaire comme si elle n'avait jamais été violemment touchée. Les attaques s'enchaînent avec une intensité telle que chaque coup entre les lames engendrent des étincelles.
Le regard perçant, Eve continue de tenir bon face à la démence de Cinderella, donnant un coup de ciseau qu'Eve dévie en inclinant légèrement le manche de son sabre. Le cadavre ambulant perd l'équilibre, la jeune Vandergrift en profite pour entailler profondément tout le haut du corps de son ennemi. Instinctivement, la poupée de chair pousse un cri horrifique, brisant les tympans de la détentrice.
— Merde !!!! hurle l'adolescente en se bouchant trop tardivement les oreilles.
Désorientée, elle ne perçoit pas Cinderella s'approcher alors que celle-ci donne un puissant coup de pied dans son ventre.
Le sabre d'Eve tombe par terre et se transforme en vapeur. La marionnette en avale et celui se durcit en prenant de l'ampleur.
— Ça c'est de l'art, affirme la Vandergrift en observant l'arbre écarlate qui traverse le corps de la femme, dont les larmes coulent suite à sa libération par sa mort.
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