Arc The Artist : L'enquête de Lana.


L'antre de la peur, un chapitre terminé qui recommence de lui-même, dans ce cauchemar, Alice se réveille lentement, la respiration saccadée. Rapidement, elle se rend compte d'une dissonance. 

— Qu'est-ce que je fais ici... J'ai dit au revoir à Samaël... J'allais rentrer dans le dortoir...

Elle observe le lieu où elle se trouve. Allongée sur un lit parfaitement installé, une table de chevet vide. Elle perçoit un placard plus loin, grâce au peu de lumière qui traverse la porte. Progressivement, le doute se propage dans son esprit. La peur devient le mille-pattes escaladant son corps, jusqu'à la terroriser complètement.

— Dean... Il faut que je sorte...

Elle se lève, manque de tomber de peu. Un corps fatigué, affamé, comme si ça faisait plusieurs jours sans manger. Une nouvelle question se pose, un nouveau problème apparaît.

— Je suis là depuis quand ? Ils savent que j'ai disparu ? Il y a quelqu'un ?! s'exclame-t-elle tandis qu'elle panique petit à petit.

Sa respiration s'accélère à mesure que les gouttes perlent de son visage. Elle s'avance jusqu'à la seule source de luminosité. Elle sent la poignée de la porte et tente de l'ouvrir, sans succès. La matière de son seul moyen de sortie lui rappelle la chair humaine.

Alice manque de dégurgiter avant de tomber à genoux.

— Je vous en supplie... Aidez-moi...

**

L'hydre, l'ennemie jurée de Link, les têtes appartenant à cette créature ont terrorisé les citoyens de cette ville contradictoire. Les muscles de Dean se contractent en observant le maître de ce monstre mythologique infâme. 

— Toi... Ce n'est pas possible, vous me mentez.

Lana sirote un verre de jus de pomme, en le reposant, elle fixe le nouveau venu d'un regard abyssal, comme si elle pouvait le trancher en mille morceaux avec ses yeux perçants.

— Dean. Je t'ai dit quoi avant de venir ? s'enquiert-elle, le visage presque déformé par la colère.

— Mais... Comment peux-tu...

Elle claque ses mains contre la table en se redressant brusquement, faisant en même temps sursauter le garçon.

— Je t'ai dit quoi ?

— De me tenir... balbutie le garçon face à l'aura horrifique de la détentrice.

— Bien. Encore une fois, je ne suis pas Leyla, mes relations ne sont donc pas les mêmes. Étonnamment, je m'entends très bien avec Sayu, je l'aime beaucoup. Même si ça ne fait que quelques jours qu'on vit ensemble, on s'est rapprochée et je trouve qu'on se ressemble.

— Et pour Mark ? Et tout ce qu'il a fait ? renchérit l'adolescent.

Lana se rassoit en soupirant, elle tente de ravaler sa colère, de réprimer son envie de l'étrangler, de le couper en deux, de le fracasser contre le sol sans la moindre pitié.

— J'ai vu ce qu'il a fait à travers les souvenirs de ma sœur. Sache que si je n'avais pas été enfermée dans ce corps, tu m'aurais aussi affronté. Nous détestons Link, mais Mark s'en est pris aux mauvaises personnes et il le sait. Il veut désormais se racheter et m'aider. Ils ont tous les deux changé en bien.

— Et s'ils te trahissent ? Tu as pensé à ça ?

Un sourire se trace sur le visage de Lana, les yeux brillants de destruction et de haine. Une mélodie dévastatrice se fait ressentir à travers l'aura qu'elle libère. La bouche entrouverte de peur, Dean ne peut se défaire de la pression du regard de son interlocutrice.

— C'est simple, je les tuerai tous les deux. Ils connaissent ma force, mais surtout.

Elle marque une pause en se levant et en se servant un autre verre de jus de pomme.

— J'ai confiance en eux.

Malgré toute la frustration que ressent le détenteur à l'égard de l'homme qui a tué Adam, il se résigne à ne rien faire en présence de Lana. Mark boit à son tour et tend la main vers le garçon. Un échange de regard, une analyse se fait entre les deux ennemis d'antan.

— Dean, je sais que j'ai pris un chemin que tu ne comprends pas. J'ai causé d'innombrables calamités, j'ai embrassé la destruction et la terreur. J'ai pris la vie à des innocents, notamment votre supérieur. J'ai aussi brisé Lily, je le sais. Avant de mourir, je me suis rendu compte de mes erreurs, puis j'ai découvert que je pouvais avoir une deuxième chance. Je serais le bourreau des bourreaux, ainsi que le médecin qui pansera les blessures causées par Link.

La mâchoire du nouveau se serre d'elle-même. Malgré son discours, l'adolescent se souvient de l'Enfer que lui a fait vivre l'homme en face de lui. Il se souvient de la peur que lui a inspiré cet ancien demi-dieu. Néanmoins, il prend la main de celui qui était auparavant son adversaire.

— Je ne te fais confiance. Mais je tiens à Alice plus que tout au monde, si elle meurt, c'est comme si je perdais une partie de moi.

— On fera de notre mieux, miaou !

Plus tard dans la soirée, tandis que Mark se repose dans sa chambre, Lana observe les images de caméras de surveillance installées dans l'Institut. Elle observe Alice se faire raccompagner devant l'entrée, sans perdre ne serait-ce qu'une seconde d'inattention, elle fouille chaque image, jusqu'à voir une anomalie.

"Bizarre... Normalement, d'après la chronologie des transmissions et la position des systèmes de sécurité, elle aurait dû être visible ici..."

L'adolescente prend son téléphone, se rend sur la carte de Link et pose un marqueur à un endroit précis dans l'ancien établissement de sa sœur.

— C'est ici qu'elle a disparu... La caméra a été trafiquée pour n'afficher aucun humain, ce qui veut dire qu'il s'est forcément passé quelque chose à l'entrée du dortoir. Maintenant... Pourquoi avoir été kidnappé ? Il doit y avoir une raison...

Lana pianote de nouveau sur son clavier à la recherche de réponses sur internet.

— Rançons... Desseins personnels, idéologies, terreur... Le kidnappeur a forcément un mobile... Il me faut plus d'informations sur elle.

Lana sort de sa piaule et se rend dans celle de Mark où Dean se repose sur le clic-clac.

— Alice a-t-elle été suspecte dernièrement ? Peut-être qu'elle a évoqué des problèmes ? Des élèves la harcèlent ? 

Dean se redresse en joignant ses mains, une seule chose lui vient en tête.

— Il y avait un garçon qui lui tournait autour, un mec du nom de Samaël, je l'avais prévenu de ne pas s'en approcher...

— Tu dois parler de celui que j'ai vu sur les caméras, pourtant il l'a bien juste raccompagné... Elle est riche ?

Le garçon acquiesce d'un signe de tête, Lana finit par sortir de la pièce en cogitant encore et encore. Elle finit par rejoindre Sayuri, allongée dans son lit. Elle toque à la porte de la pièce de la féline avant d'entrer.

— Tu as des sens plus élevés que nous.

Les sourcils de la femme-chat se lèvent tandis qu'elle bâille.

— Oui, miaou, pourquoi ? 

— Tu penses pouvoir affilier les restes d'une aura à une personne ? demande Lana, réfléchissant à un plan.

Larguée, Sayuri regarde Lana d'un air ahuri, sans un mot.

— Je voudrais voir s'il y a les traces d'un gûzen sur place et savoir si tu pourrais le reconnaître autre part et potentiellement le lié à une personne. Tu peux sentir mon aura si je ne suis pas trop loin de toi ?

— Ah oui ! s'exclame-t-elle, en se redressant énergiquement. Oui, je peux sentir à qui appartient quelle aura. Si jamais je sens des traces et qu'on croise la propriétaire dans la rue, je pourrais la reconnaître, miaou !

— D'accord, demain, on va à l'Institut, repose-toi bien.

**

Mark lit tranquillement un livre dans son lit, il porte néanmoins son attention sur l'âme bleuâtre de Dean, enfermé dans un esprit terrorisé par l'idée de perdre Alice. Dans son propre purgatoire, le garçon se détruit intérieurement à l'aide d'images plus horribles les unes que les autres.

Il finit par se redresser, les yeux enflés.

— Je ne pensais pas que Lana se mettrait au travail directement. Je ne suis qu'une merde, comparé à elle.

L'ancien chef de l'Hydre ferme son bouquin, la culpabilité prend le dessus sur sa raison. Il ne perçoit en face de lui, qu'un gamin perdu et attristé par la perte de celle qu'il aime. Pris de compassion, il se décide à lui répondre.

— Je pense que ton histoire la touche particulièrement. Elle tente désespérément de retrouver sa sœur disparue, quitte à tout détruire pour le faire.

Les ongles de l'adolescent s'enfoncent dans sa peau. Le poison qu'est la frustration se répand à travers son sang. Le venin se dirige jusqu'à son cœur pour le pourrir lentement, dans la douleur.

— Les filles la disaient sans cœur, je me suis tourné vers elle, car j'étais perdu. Et maintenant, je me retrouve avec mes ennemis jurés.

— Les ennemis d'hier sont les amis de demain. Si tu veux mon avis, Lana n'est pas sans cœur.

Dean lève la tête, sa surprise fait sourire Mark.

— Lana est ce que Leyla aurait pu être si elle avait gardé ses souvenirs dès le début. Moi-même, j'ai traversé ce chemin de haine causé par Link. Ces deux filles sont avant tout des victimes d'un monde sordide et injuste.

Le garçon se remémore les dires d'Eve sur l'état de Leyla avant sa disparition. Une ombre sans lumière dont la tristesse la plonge dans une obscurité totale, sans échappatoire.

— C'est vrai...  répond maussadement Dean, les larmes aux yeux. Elle était innocente, les évènements qui se sont enchaînés à Link l'ont détruite, jusqu'à ce que ses souvenirs la brisent complètement. Si seulement on l'avait remarqué...

— Elle-même ne savait sûrement pas au début qu'elle était au plus mal, rétorque l'homme, toujours dans une éloquence absolue. La destruction du subconscient se fait dans notre dos, sans qu'on s'y attende. C'est comme un serpent venimeux qui se faufile derrière ta jambe pour te mordre quand tu es le plus fragile.

— Je vois, merci Mark. Franchement, je ne t'aime toujours pas, tu as causé énormément de torts. Mais je ne me montrerai plus hostile à ton égard, jusqu'à ce qu'un jour, peut-être, je te pardonne.

— De rien, nous devrions dormir, une grosse journée nous attend demain.

**

Le lendemain matin, alors que les élèves de l'Institut sont actuellement en classe, Lana, Sayuri ainsi que Dean se retrouvent devant le dortoir des filles.

— La rue Edenwood, c'est donc ici qu'habitait ma soeur pendant son temps à Link. Eve et elle ont eu leur première conversation ici.

Un élan de nostalgie qui ne lui appartient pas s'implante en elle. Un bourgeon fait d'eau germe sur ses yeux sans fleurir. D'un mouvement de doigt, Lana retire la goutte et se concentre sur l'image de caméra qu'elle a observé hier.

La féline sent les odeurs aux alentours en se concentrant un maximum. Plusieurs jours ont passé, ce qui réduit l'efficacité dont fait preuve Sayuri malgré sa bonne volonté. Après quelques minutes à différencier les émanations provenant de cet endroit, elle réagit enfin.

— J'ai réussi à reconnaître l'odeur qui appartient à notre petite Alice ! Elle s'arrête ici et est mélangée à une autre, plus sanguinaire. Celle d'un tueur, l'arôme reste, il doit tuer régulièrement.

Les sourcils de Lana se fronçent en entendant les paroles de Sayuri, elle tourne en rond, le pouce posé sur sa lèvre inférieure. 

"C'est un détail important... Un parfum écarlate, meurtrier. Alice était la cible d'un criminel pas comme les autres. Quel était son motif ? Aux infos, ils parlaient de disparitions, il y a peut-être un lien... Si c'était le garçon avec elle, pourquoi ne pas l'avoir enlevé avant ?  Il faut que je le retrouve."

— Dean, tu as dit qu'Eve et Lily étaient sur une enquête. Je veux tout savoir sur ce qu'elles font et sur qui elles travaillent.

— D'accord, répond-t-il tandis que le ventre de Sayuri émet des sons tout droit sortis des enfers, mais d'abord, rentrons à l'hôtel pour manger.

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