Arc Secret of Arcane : Je serai toujours là pour toi.
— Un léger problème ? Que veux-tu dire par là, Sayuri ? s'enquiert Mark, les yeux habités par un faucon.
Sayuri se gratte la tête, le jeune homme sait d'ores et déjà qu'il ne s'agit pas seulement d'un léger contretemps. Il invite Sayuri à se rendre dans la salle de réunion du deuxième étage tandis qu'il prend l'escalier menant au sous-sol.
Il ouvre une porte faite d'un alliage de titane imprégné d'un gûzen de renforcement. Il découvre une salle blanche, le sol détruit, les murs parsemés de cratères, les robots de combats anéantis ainsi que Lana, seulement vêtue d'un legging noir et d'un crop-top sportif de la même couleur. Son esprit divague quelques instants avant qu'il ne se reprenne et racle sa gorge.
La détentrice tourne la tête vers lui, le corps dégoulinant de sueur, son visage exténué manque de faire tomber Mark à la renverse.
— Ah, tu es là... dit-elle, la voix camouflée par sa fatigue.
L'homme se dirige dans le fond de la salle, vers l'un des bancs, il prend une serviette et la jette en direction de Lana qui la rattrape.
— Alors ton gûzen ? Tu as encore du mal à ce que je vois.
L'adolescente s'essuie la tête en respirant fortement, tend ses bras vers le sol et lève la tête au plafond.
— Je perds le contrôle trop facilement, ce pouvoir est instable...
Mark s'assoit derrière Lana et l'invite à prendre appui sur son dos, elle s'exécute et se pose sur son épaule.
— Mais quand tu auras pris la main, tu pourras même concurrencer Leyla à pleine puissance. Tu es déjà une bête sauvage, imagine un prédateur comme un tigre avec des bombes nucléaires en lui.
La détentrice éclate de rire malgré sa fatigue, arrachant ainsi un sourire à l'ancien terroriste.
— Quelle image de merde... Même si tu as raison. Au fond, si je n'avais pas trouvé ce pouvoir, je n'aurais été qu'un oiseau qui ne peut pas voler.
— C'est sûr qu'après avoir goûté au pouvoir de Leyla, ne plus rien avoir, c'est... Frustrant. J'ai ressenti ça quand je suis revenu d'entre les morts. Une sensation d'impuissance, de perte. J'espère juste que tu prendras la même route que ta sœur et que moi actuellement.
Lana regarde à nouveau le plafond, ses pupilles se remplissent d'un vide profond. Elle imagine un tableau dans lequel elle utilise le sang comme peinture.
Le sang de ses ennemis, de ceux qui l'ont fait souffrir.
Ses yeux se vident de ce rien pour se surcharger de colère. Une ire pouvant réveiller un volcan sous-marin, puis soulever les plaques du monde et créer un tremblement si puissant qu'il renverserait l'ordre établi.
— Je ne sais pas Mark. Je ne suis pas fait pour pardonner. Même sans cet indésirable qui était en moi, chaque nuit, je rêve du laboratoire, chaque seconde, des voix me hurlent de trouver mes bourreaux, de leur arracher les intestins. Ça me répète encore et encore de les torturer, de les démembrer.
L'homme reste pensif, il ferme ses mirettes, se remémore le trio qu'ils étaient.
"J'étais seul, amené dans un laboratoire où la noirceur des âmes était telle, que je ne voulais plus ouvrir mes prunelles au monde. J'ai rencontré deux filles à l'apparence semblable, seule la couleur de leurs yeux était différente. Un gris hivernal contrastant avec un bleu estival éclatant. Leyla et Lana, le laboratoire a été créé pour cette fille aux capacités électriques débordantes.
Elle était si lumineuse, blanche, pure. Elle était aussi très pleurnicharde, c'est pour ça qu'ils ont été obligés de nous mettre ensemble. Nous étions destinés à être séparé, mais les tests étaient trop lents, Leyla n'arrivait pas à se développer seule. Lana était toujours à l'écoute de sa sœur, elle était là pour la rassurer et l'amenait toujours faire des bêtises. Son âme avait une teinte violette dans sa blancheur, une haine prédisposée et une instabilité infantile.
Les expériences qu'ils ont faites sur Lana ont dû renforcer cet instinct destructeur qu'elle avait déjà... Moi-même, j'ai perdu pied en apprenant leur fausse mort, alors je n'imagine pas la violence qui règne dans la psychologie de Lana."
— Ça va, Mark ? s'enquiert l'adolescente, ramenant ainsi l'ancien chef de l'Hydre à la réalité.
— Oui, je repensais à nous, plus jeunes... Ça ne m'étonne pas que tu ressentes ça, j'ai toujours vu en toi, une instabilité émotionnelle... Comme Leyla d'ailleurs, même si vous l'extériorisez différemment.
Lana se replie sur elle-même, joignant sa tête et ses bras sur ses genoux. Le doute s'empare d'elle, la faiblesse qu'elle ne veut montrer à personne fait un coup d'État et prend le pouvoir.
— J'ai peur de perdre le contrôle... J'ai toujours appris à être forte, mais ça me fait si mal... Des fois, j'ai envie de...
— De lâcher prise ? complète Mark, le ton doux.
— Oui.
L'homme se relève et se positionne devant la détentrice, toujours recroquevillée sur elle-même, bercée par l'instinct peureux du Bernard l'Hermite. Il pose sa main sur les cheveux de Lana, les caresse. L'intéressée finit par lever la tête, ses pupilles marines se perdent dans les vortex nébuleux de Mark.
— Tu n'es pas mauvaise, Lana. Tu fais la forte, tu as envie de te venger. Mais en soit, n'importe qui serait pareil, dans ton cas.
Les yeux de la fille deviennent le théâtre d'un phénomène rare, un climat humide sur un lieu auparavant asséché.
— Tu le penses vraiment ? s'enquiert-elle, la voix plus aiguë. Je ne suis pas bizarre ?
Un rictus s'étend sur le visage de Mark, ce sourire est un anti-cyclone pour l'esprit brisé par la tempête, de Lana. Il descend sa main vers la joue de la détentrice et la palpe délicatement.
— Si tu l'es, tu n'es pas dans la normalité. Mais tu es normale dans ta façon de vouloir te venger. Il faut juste que tu apprennes à refaire confiance, il y a de très bonnes personnes dans notre entourage, désormais. Tu as même réussi à changer Sayuri, tu es exceptionnelle, Lana.
Les joues rougissantes, la sœur de Leyla plonge dans les bras de Mark. Elle l'enlace de toute son âme, de toutes ses forces.
— Merci...
L'ancien terroriste finit par reculer, laissant son amie sécher ses larmes en se relevant.
— Quand on est tous les deux, reprend Mark en se redressant à son tour, tu peux me montrer tes faiblesses de temps à autre. Sayuri sera aussi heureuse de t'aider, elle aime découvrir de nouveaux sentiments.
— Même si elle a toujours cette lubie pour le sang.
Mark et Lana fusionnent leur regard avant de rire aux éclats, ils sortent ensuite de la pièce et commencent à monter les escaliers.
Le jeune homme prend l'adolescente par le poignet, le visage plus doux que les pattes de velours d'un chat, il jette un nouveau coup d'œil à Lana.
— Je serai toujours là pour toi. Tu es la plus importante à mes yeux.
**
La salle de réunion est un vrai capharnaüm, des cartons entreposés ici et là, des ordinateurs au sol, des pochettes de papiers ainsi que des tablettes sur la table blanche prenant une majeure partie de la pièce.
La féline, stylo en main, pointe le mur, éclairé par un projecteur mettant en avant la ville de Link.
— Alors, miaou, j'ai fait des recherches dans toute la ville à la recherche des Pownd.
Le laser se dirige vers le 1ᵉʳ district, le 5ᵉ district, le 8ᵉ district, ainsi que le district portuaire.
— Pourquoi ces zones en particulier ? interroge Mark, le bras posé sur la table tandis que son menton est collé à son poing.
— Grâce à ma petite enquête et à mes effusions de... et à mes interrogatoires... J'ai pu accéder à des informations intéressantes. Ces scientifiques venaient souvent à des conventions dans l'un des stades de Link. Ils avaient aussi un contact avec l'hôtel de ville et avec les unités scientifiques à côté du territoire des Vandergrift.
— Et donc, c'était dans le passé, non ? s'impatiente Lana, tapant nerveusement du pied.
Le visage de Sayuri s'illumine tandis qu'elle prend une pose d'idole en furie.
— Tu as tout compris ma petite Lana d'amour ! C'était dans le passé ! Depuis un an, il n'y a plus aucun signe d'eux... À part dans un endroit ! L'ancien aéroport de Forsaken, on en a un, j'ai même demandé à Leyla de le pirater, mais il n'y avait rien. Par contre ! Je pense que les Pownd ont réussi à s'enfuir avant l'explosion des centrales nucléaires de la ville !
Lana se lève brusquement, faisant ainsi tomber sa chaise.
— Et tu peux me dire en quoi c'est une bonne nouvelle ?! Ça veut surtout dire que je n'ai aucune chance de les retrouver...
Mark semble quant à lui pensif, un détail lui vient en tête.
— N'en sois pas si sûr, Lana. Je me souviens d'un détail important quand j'ai été aux laboratoires. Dans les dossiers que j'ai effacés, l'un parlait d'une île appartenant à Link. Cet endroit contiendrait une force presque comparable à celle des détenteurs, elle était très étudiée par les grands scientifiques de la ville.
Lana se rassoit et se perd, elle aussi, dans ses pensées.
— Surtout qu'ils n'abandonneraient pas leurs recherches, ils sont bien trop curieux pour ça, ils aiment découvrir de nouvelles choses, ils aiment les expériences et la nouveauté. Un échec n'est rien pour eux. J'appelle Leyla, il faut qu'on y aille.
Mark se redresse et se rend vers Sayuri en posant sa main sur son épaule.
— Tu as été très efficace, bravo.
La féline accourt sur Lana, l'air resplendissant, avant de lui sauter dessus.
— T'as vu ! Même Mark dit que je suis incroyable, miaou !
— Oui, oui, sourit la détentrice, non sans une certaine joie en elle.
**
Un noir complet qui contraste avec le ciel extérieur éclatant malgré un mois d'octobre froid.
Froid à l'égal de son cœur transformé en un lac de givre.
Une fraîcheur éternelle, une tempête de glace perpétuelle.
Dans un bureau, des bouteilles d'alcool faisant office de parcours d'obstacle.
Sur une chaise, un homme affalé, ronflant comme un buffle, perdu dans un rêve rempli d'ivresse, loin de ce qu'il subit ordinairement. Un monde factice, créé par l'ébriété pour ne pas revivre à l'infini ce cauchemar.
Il finit néanmoins par se réveiller, la descente en Enfer reprend son cours.
La douleur de la vie quand on veut la douceur du trépas. La chaleur d'être vivant quand on veut la froideur d'être mort. Une sensation de trop plein quand on se perd dans l'immensité du vide.
Alors que l'individu émerge, ses cauchemars reprennent, des bribes de souvenirs, des morceaux de mélodies ainsi que les émotions reviennent à la charge.
Charge qui est bien trop violente, puissante, destructrice, annihilatrice, pour un humain. Il se lève et titube. Il perçoit son stylo plume sur sa table de travail, parsemée de documents.
Son aura se déploie, dans un même temps, un cri strident déchire son esprit, semblable au croassement du corbeau. Il se retourne avec l'envie d'éliminer le moindre être vivant, c'est ainsi qu'il constate des plumes noires ondoyer autour de lui.
"Chéri, mon Keith..."
"Papa ! Je t'aime !"
— Fermez la ! hurle le fondateur en explosant si fortement que les volets et les fenêtres explosent sous la puissance du choc.
Le soleil s'introduit, telle une danseuse classique, dans son bureau, il illumine son obscurité et le réveille complètement de ses songes infernaux.
Keith tombe à genoux, face à l'immense ville de Link, les larmes perlent de ses yeux tandis que ses pupilles observent sa création remplie d'imperfections à l'image de l'homme qu'il est.
— Maïa, Isa... Je vais vous rejoindre...
Des murmures se plantent dans son âme fragmentée, elles lui sourient, lui susurrent des mots doux, l'encouragent.
Le bruit d'une personne qui toque sur une porte attire l'attention de Keith qui se tourne vers l'entrée de sa pièce, il se relève tandis qu'une secrétaire entre.
D'abord troublée par le bazar engendré par son supérieur, elle se reprend pour parler.
— Monsieur, le directeur du CCI du premier district, demande votre autorisation pour abattre plusieurs indésirables.
L'homme soupire en ramassant un verre vide, il se rend vers son bar et le remplit d'alcool.
— Natacha, tu me déranges vraiment pour un problème qu'ils peuvent régler seuls ? Bien sûr qu'ils peuvent les descendre...
La femme s'incline légèrement vers l'avant.
— Excusez-moi, il n'y avait pas que ça. Vous avez reçu un appel de votre disciple, étant donné l'état de votre bureau, vous n'avez pas du le recevoir sur votre téléphone de travail.
Le fondateur de la ville hausse les sourcils, il ne s'y attendait nullement.
— Vous savez ce qu'elle voulait ?
La secrétaire acquiesce d'un signe de tête, toujours sans montrer ne serait-ce qu'un semblant d'émotion.
— Oui, elle dit avoir des informations sur les scientifiques que vous recherchez.
Les yeux de Keith s'écarquillent, il n'avait plus entendu parler des Pownd depuis maintenant un an. Il finit son verre et le jette par terre.
— Très bien, je vais la contacter. Envoyez une équipe de nettoyage, je veux que ce soit fait dans l'heure.
— bien.
**
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