Arc Den of Fear : Une douleur omniprésente.




La brise fraiche du ciel nocturne accompagne les battements d'ailes d'Eve, volant en quête de liberté. Les pupilles écarlates de la jeune fille se dirigent vers le sol parsemé de miasmes.

Ce liquide sombre où des bulles semblant sur le point d'exploser se forment. Au milieu de cet Enfer artificiel, l'usurpateur de ce monde factice observe sa proie. Un geyser se forme à ses pieds, suivi de nombreuses trombes faites de cette substance étrange.

— Il ne va jamais me lâcher !

"Eve, ne t'éloigne pas."

La voix de Sora traverse son inconscient, s'immisce en son esprit. Elle devient le ver qui s'ancre dans la pomme, jusqu'à la dévorer entièrement.

La jeune Vandergrift manque de tomber en plein vol, se reprend à la dernière seconde et continue de fuir. Les miasmes se sont propagés dans tout le district, créant ainsi la panique et la désolation.

Au milieu de tout ça, un chemin de glace se crée, poursuivant à son tour la vampire affaiblie.

— Cette chatte de merde ! s'exclame-t-elle, désespérée.

Sans avoir le temps de réfléchir davantage, un énième geyser se forme devant elle. L'adolescente s'arrête brusquement et parvient à éviter de peu l'impensable. Sora ne s'arrête pas là et réitère les attaques à répétition. Eve esquive en volant de plus en plus vite, jusqu'à se faire toucher brutalement.

Ses forces la quittent, s'enfuient comme elle a voulu le faire. Ses ailes disparaissent à son tour, elle s'écrase violemment dans un bâtiment.

Sayuri et Sora se rejoignent devant les décombres, tandis qu'Eve, en proie à des maux de têtes, reste clouée au sol. Son ombre se meut étrangement, l'aîné de la famille Atami perçoit une présence anormale.

Il se précipite dans la bâtisse en quête de sa victime, en observant qu'il n'y a plus personne, les veines de son bras se contractent.

— Il y a un intrus, Sayuri, trouve-le.

Les yeux jaunâtres de la féline brillent dans l'intensité obscure de la nuit. Elle se rue vers l'immeuble le plus proche et l'escalade jusqu'à se percher au point le plus haut. Ses pupilles se dirigent dans toutes les directions d'une vitesse effarante. Elle quadrille rapidement la zone, sans trouver sa cible.

"Miaou... Disparaître comme ça..."

Au bout de quelques secondes, la femme-chat se décide à retourner auprès du jeune homme, impatient.

— Dans leur groupe, il y en a un qui peut se déplacer ou se téléporter à travers les ombres, miaou.

— Je trouvais ça étrange qu'il n'y ait pas de riposte cet après-midi. Il avait donc prévu de n'envoyer qu'une personne. Il tient plus à sa fille que je le croyais, mes informations étaient donc dépassées.

Malgré son air contrarié, Sora absorbe peu à peu les miasmes libérés lors de l'évasion d'Eve. Le district, plus abimé qu'auparavant, semble reprendre un minimum de répit.

— On ne la suit pas ?

— Non, c'est inutile, j'ai déjà eu ce que je voulais. répond simplement l'aîné de la famille Atami, satisfait malgré cet échec.

Sayuri hausse les sourcils et approche son visage de celui de son camarade.

— Tu ne serais pas un schizophrène ? Tu la voulais tellement que tu n'en dormais pas ! Je sais... Tu es tombé amoureux de moi, miaou !

L'aura du jeune homme se décuple subitement, les moustaches de la féline frémissent devant son énergie. La femme s'excite devant cette démonstration de force qui se transforme en jeu de séduction malgré Sora.

Il soupire et se dirige vers leur quartier-général.

— Qu'est-ce qui m'a pris de m'associer avec cette folle.

— Sora ! Sora ! crie la voix de la chatte. Refais ce que tu as fait ! Miaou, Sora !

**

Quelques kilomètres plus loin, à l'entrée du 14ᵉ district, Rafaël tient fermement la Vandergrift dans ses bras.

Un immense mur sépare les zones de non-droits de Link, surveillé par des caméras de surveillance ainsi que des gardes en haut des tours de contrôles. Une puissante lumière se dirige vers les deux fuyards.

— Qui-va-là ?! s'exclame une voix à travers un mégaphone.

— Un homme de l'ombre au service d'un bel hombre... Si, je parle un peu espagnol, yo...

Plusieurs hommes descendent prudemment, certains d'entre eux, armés, le tiennent en joue. Celui qui semble être le chef, s'avance en premier.

— Brigade du CCI du 14ᵉ district ! Identifiez-vous ou nous serons dans l'obligation d'user de la force !

Rafaël cesse ses plaisanteries et pose délicatement Eve au sol, il lève les mains en signe de paix et prend la parole.

— J'étais en mission pour les Vandergrift. Leur fille avait été kidnappée par le criminel Sora. Je suis avec elle, vous pouvez la voir si vous le voulez.

Des exclamations retentissent parmi les soldats, leur capitaine prend son téléphone. Après une attente paraissant être une éternité pour le rappeur, les armes dirigées vers lui se baissent.

— Nous voulons voir la fille, reculez.

L'escadron s'approche prudemment du corps inerte de la benjamine des Vandergrift. Ils sortent un scanner portable et le passent sur le visage d'Eve.

— Taux de correspondance à cent pourcents. Il ne s'agit pas d'un gûzen de transformation. Contactez sa famille !

**

Une silhouette aux cheveux gris se déplace dans un labyrinthe mécanique, entre les murs blanchâtres, donnant une sensation obscure à la jeune fille.

Dans tout cet Enfer teinté d'une couleur blanche, Lana découvre une porte sur le côté droit du couloir. Elle se rend vers celle-ci, le cœur paré à l'explosion.

Sa main se pose sur la poignée et ouvre la porte.

— Respiration, ok. Puissance de l'aura, ok. Optimisation de ses muscles, ok, affirme la voix d'un homme. Tout est plutôt bon Karine, tu en penses quoi ?

— C'est encourageant Edward. Mais elle doit s'améliorer encore. L'aura doit atteindre un niveau immesurable pour qu'on puisse passer à l'étape supérieure.

Lana se rapproche des scientifiques sans qu'ils puissent la voir. Une jeune femme, aux cheveux neiges et aux yeux gris protégés par des lunettes rondes couleur nuit. Une silhouette fine, des traits fins sur le visage, un ange déguisé. À côté, un homme à la carrure de rugbyman, en costume, les cheveux frisant l'obscurité elle-même. Mâchoire carrée, yeux marins.

Des informations remontent dans le cerveau de la jeune fille qui manque de tomber à la renverse.

« Les Pownds... Ils étaient scientifiques... »

Les yeux de l'adolescente se dirigent vers le sujet de leur étude, ils s'écarquillent en apercevant leur miroir aux prises avec un homme. L'adversaire du cobaye dispose de deux matraques grises. Ses cheveux pourpres longs et sales font ressortir une sauvagerie profonde.

Chacun des coups qu'il met à la version miniaturée de Lana pourrait détruire un mur. La jeune fille esquive les attaques de son bourreau. La spectatrice invisible, troublée par son souvenir, observe le corps de celle qu'elle était. Des hématomes, des griffures, de nombreuses lésions.

Elle continue de regarder son passé éviter les coups comme si c'était devenu un automatisme.

— Leyla, tu peux utiliser ton gûzen, mais seulement pour augmenter ta vitesse et ta puissance. Enveloppe ton corps entier !

Sans un mot, la petite fait circuler une aura électrique dans tous ses muscles. Ses mouvements prennent une autre dimension. Elle parvient à donner un coup dans le visage de Travis qui ne recule pas. Il subit son enchaînement sans faillir et continue de lui rendre au triple.

— C'est très bien Karine... Les chiffres sont prometteurs, elle commence à avoir une maîtrise de son gûzen à un si jeune âge. Travis ! On peut s'arrêter là. On amène Leyla à la docteure Kiiara.

Le paysage se déforme lentement, avant de s'évaporer sous forme d'une brume mystérieuse. Lana retourne dans la réalité, son corps transpire abondamment et son crâne lui fait affreusement mal.

— Ça ne s'arrête plus depuis un moment.

Elle se lève de son lit, marche dans les immenses couloirs du domaine Vandergrift. Ses pas brisent le silence de la nuit alors qu'elle se dirige vers la cuisine pour manger un fruit. Le visage dénué d'émotion, elle descend dans les sous-sols pour rejoindre la salle d'entraînement.

Au fin fond de la pièce, un sac de frappe d'une centaine de kilos n'attend que d'être frappé par son propriétaire. Lana se positionne devant, le regard prêt à en découdre. Elle donne des coups à répétition, comme si c'était son ennemi.

Comme si elle devait le tuer.

Chaque coup lui rappelle ce qu'elle est, ce qu'elle a fait.

Les paroles de Mark lui reviennent en tête.

"Il avait raison... Il aurait mieux valu que j'abandonne. »

— Putain !! Hurle-t-elle en frappant le sac si fortement qu'il explose.

Haletante, Lana se rend compte du flux d'émotions qui la tiraille. Un ruissellement négatif, mais présent.

Elle tombe à genoux, ses mains se contractent sur sa tête. Comme si elle allait imploser, se détruire le crâne. Les cris de douleurs résonnent dans son âme, son esprit.

Depuis qu'elle a retrouvé ses souvenirs, les images de son passé s'enchaînent encore et encore dans sa tête. Elle revit le meurtre de sa sœur à répétition. Sans pause, sans respirer, sans s'arrêter. Elle se sent à chaque scène maculée de sang.

— Sors de ma tête... murmure Lana, épuisée par la voix lointaine qu'elle entend. Tu n'existes plus... Je suis toi désormais...

« C'est le seul moyen que j'ai... Pour me pardonner. »

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