Arc Den of Fear : Mémoire de l'Enfer ! La vérité sur Lana !




Deux silhouettes marchent aux abords du 5ᵉ district, cachées par leur cape noire. Ils traversent la zone militaire abandonnée, les ruines de Néo-Labo ainsi que les nombreux domaines scientifiques de Link. Les habitants observent les visiteurs d'un mauvais œil, comme s'ils n'étaient pas les bienvenus.

— Ils mériteraient tous de mourir. Je devrais tuer ces moins que rien, s'énerve une voix suave faisant contraste à ses idées.

— Miaou... Tu dois prendre sur toi, il faut rester concentré sur notre mission, rétorque Sayuri en scrutant l'iconique mur des Vandergrift.

— Et comment comptes-tu passer cet obstacle ?

La température ambiante chute drastiquement les secondes qui suivent la dernière parole de Sora. Les lèvres de la féline s'étendent sur son visage, le jeune homme expire de l'air condensé. La femme-chat se penche, pose délicatement ses mains par terre avant de glacer le sol sur plusieurs kilomètres.

— On va glisser jusqu'à là-bas et se servir de la glace pour sauter par-dessus leur muraille.

Sayuri et Sora s'apprêtent à glisser sur le gûzen de l'ancienne membre de l'Hydre, néanmoins, les flammes de l'Enfer expriment leur désaccord et embrasent la givre environnante.

— Ça alors, mon cher frère ! s'exclame la voix de Calista, au sommet du mur donnant sur le domaine Vandergrift. Ne serait-ce pas cette folle de Sayuri et le connard qui veut notre petite Eve ?

— Flamboyant, ma chère sœur ! Il va voir de quel feu je tiens ! rétorque Hakan, torse nu à ses côtés, le corps en ébullition.

**

Zéphyr combat ardemment Édith, enfermée dans le monde des cauchemars de Daren, Lana, non loin, observe la nature se déformer aux rythmes des coups du Vandergrift.

L'amnésique scrute les arbres qui l'entourent, elle tressaille en voyant un trou au milieu de chacun d'entre eux.

"Un trou... Dans le ventre..." chuchote une voix semblant si proche.

Elle s'approche du tronc, touche celui-ci, le sang s'écoule de la blessure profonde des bois maudits. La jeune fille s'écarte subitement, les yeux tremblants. Les battements de cœur de la détentrice lui procurent une douleur sans faille, sans fin, sans répit.

Chaque pulsation est une frappe, chaque seconde est une souffrance, chaque pas est une torture.

— Lana ? s'inquiète le géniteur d'Eve en se tournant nerveusement vers elle.

Il manque de se faire mettre à terre par son adversaire, se remet en position et analyse la position de la disciple de Keith. Il ne perçoit que trop tard le gûzen de Daren.

— Elle ne devrait avoir peur de rien normalement...

L'adolescente marche à travers le paysage écarlate maculé de liquide écarlate. Entourée de cadavres, elle manque de tomber sur l'un d'eux. Le visage suintant de peur, elle s'enfonce rapidement dans l'Antre de la peur.

"Leyla... Pourquoi..." murmure une voix étrangement familière.

Une douleur traverse l'esprit craquelé de Lana, elle tombe à genoux en se tenant fermement la tête. Les murmures se répètent tels des échos dans la montagne, ils prennent vie, dansent diaboliquement autour de la fille aux cheveux grisâtres.

Ses yeux se teintent peu à peu en bleu marine.

Un battement de cœur.

Un battement de trop.

Un trou se creuse dans sa poitrine, une énième affliction sur son corps meurtri, un hurlement macabre, plus tranchant que la lame d'un katana.

Lana parvient à ouvrir un œil, la forêt a laissé place à un enfer blanchâtre et métallique. Une prison scientifique qu'on nomme laboratoire.

Les lumières clignotent difficilement alors que l'adolescente se lève non sans mal. Elle se tient à un mur, la respiration haletante, sa main touche un liquide écarlate. Un rire retentit, Lana tourne la tête et perçoit du sang partout.

Un couloir de sang, des murs de sang, son propre corps en sang.

— Ma poitrine... murmure-t-elle en observant le trou sur son torse.

La détentrice avance dans ce monde cauchemardesque, elle suit pas a pas les rires qui résonnent dans l'enceinte de l'établissement.

De longues minutes passent alors qu'elle reste dans l'ignorance inquiétante qu'est l'amnésie, sans repère, sans boussole, sans rien.

Les rires se transforment en pleurs, Lana finit par arriver au bout de l'allée, épuisée. Une porte l'invite à l'ouvrir, la fille ne se fait pas prier et tombe littéralement sur elle.

L'amnésique découvre une salle en ruine, le sol maculé de sang. Des traces de violents combats sont visibles dans ce cauchemar ambulant.

Les sanglots continuent, plus proches.

Si proches qu'elle a l'impression d'être à côté, elle s'approche, le pas lourd comme le flot de pensées qui coule en son sein. Sa respiration, aussi forte que la peur se transmettant dans la moindre parcelle de ses cellules, résonne en reine dans ce lieu décadent.

Lana constate soudainement deux silhouettes, l'une allongée sur les genoux de l'autre. La première rigole nerveusement tandis que la deuxième se vide de sa tristesse.

— Ne t'en veux pas... C'est de leur faute...

— Non... Non... Je suis désolée... Je voulais pas... Je voulais pas...

Subitement, les filles disparaissent, la détentrice reçoit de nombreuses informations dans son crâne. Elle tombe à nouveau par terre en se tenant fermement la tête en hurlant.

Des bribes de souvenirs vont et partent de sa tête, des images virevoltent dans son esprit. Des cris, des pleurs, des visages apeurants, terrifiants. Des blouses blanches, des salles blanches, elle perçoit Mark, sa sœur. 

Le tsunami s'arrête brusquement, Lana ouvre les yeux, prend connaissance de son environnement, elle reconnaît la chambre où elle s'est réveillée presque un an plus tôt.

— Mais qu'est-ce qui se passe... Eve... Lily... Hakan...

Un nouveau hurlement la fait sursauter, elle fait rapidement volte face, perçoit un homme battre une petite fille. Un peu plus loin de la scène, trois personnes observent le combat à sens unique en prenant des notes.

L'adolescente reconnaît alors Kiiara. Son regard se rempli d'une incompréhension jusqu'alors inégalée, comme si elle venait à nouveau de naître, comme si elle venait de se faire de nouveau trahir. Les deux scientifiques qui l'accompagnent ne lui disent rien, néanmoins, l'amnésique continue de rester clouée sur place.

Le film se rembobine, Lana subit un nouveau mal de crâne. Une autre scène fait alors son apparition, Lana perçoit une ombre au loin transperçant le cœur de son opposante.

La détentrice se décide à s'avancer avec l'impression de suffoquer, d'imploser. Son cœur souffre, son âme se meurtrie, ses organes lui crient de s'arrêter.

— Arrête toi là... Je sais que ce n'est pas toi... murmure une voix féminine que Lana reconnaîtrait entre mille.

Son adversaire s'arrête subitement, sort son bras de sa la poitrine ensanglantée de la victime. La coupable observe ses bras avant d'hurler si fort que Lana semble perdre ses tympans. Les deux silhouettes tombent au sol, l'adolescente revit le moment une nouvelle fois.

L'une pleure tandis que l'autre tente de sourire malgré la douleur. Lana prend une partie de leurs émotions et sanglote avec elles.

— Ne t'en veux pas... Ce n'est pas ta faute...

— Non... Non... Je suis désolée... Je voulais pas... Je voulais pas...

La jeune au corps meurtri lève sa main et caresse la joue de sa proche.

— On est soeur... Si je dois me sacrifier pour toi c'est comme ça... Je t'aime.

— Lana... Me quitte pas... Je voulais pas faire ça... affirme la coupable sous le regard rempli de désarroi de l'amnésique.

— Vis pour moi... Leyla.

L'esprit de Lana se disloque, se brise en mille morceaux, avant de se retrouver au cœur d'un ouragan sans fin.

Les images s'enchaînent rapidement, bien trop rapidement, pour elle, la détentrice se remémore son enfance, ses moments passés aux côtés de Mark, les scientifiques, les tortures.

Les peurs, les cauchemars, le trou dans la poitrine, tous les souvenirs reviennent comme s'ils attendaient depuis des décennies ce moment.

Un voile sombre entoure le conscient embrumé de Lana qui commence à tituber, le corps transpirant, elle panique, sa respiration devenant irrégulière.

Elle finit par s'évanouir en ayant qu'une pensée en tête.

« Je suis Leyla... »

**

Leyla marche au milieu d'un monde sans lumière, son environnement à elle.

Elle qui a tué son frère, elle qui a tué sa sœur.

Une voix camouflée l'appelle, elle continue sa route dans les abysses de son esprit.

Au bout de ce qu'elle lui semble être une éternité, l'adolescente perçoit une part de lumière dans les abîmes.

Une zone de sécurité parsemée de lys blanches, au milieu de celles-ci, une fille aux cheveux blanchâtres reste assise, recroquevillée sur elle-même.

Leyla s'avance vers elle, les larmes coulant le long de ses joues.

— C'est ça que Mark voulait dire... Je ne suis pas Lana... Elle est en moi... Je l'ai tué...

La détentrice se penche vers sa jumelle, colle son front à sa tête.

— Trou dans le coeur... murmure celle-ci tandis que Leyla tressaille.

Leyla s'écarte lentement de sa sœur qui se lève, le visage transformé par la folie. D'un vif mouvement, Lana tente de griffer les yeux de son clone.

— Arrête ! Je voulais pas te faire du mal... réagit Leyla, les larmes aux yeux.

Sans prendre compte de ses émotions, son adversaire fait pleuvoir la foudre sur elle.

— Comment elle peut utiliser mon pouvoir ? s'étonne-t-elle en esquivant d'un pas en arrière.

Lana et Leyla fondent l'un sur l'autre, les deux entourées d'électricité.

Le combat entre deux âmes pour profiter du réceptacle qu'est le corps commence.

**

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