se jeter a l'eau

Cela faisait des années que Franck Londbat était amoureux d’Alice. Depuis la quatrième année, plus précisément. Ce n’était pas un amour soudain, ni un coup de foudre, mais quelque chose de plus profond, de plus subtil. Un sentiment qui s’était installé lentement, au fil des semaines et des mois. Un regard échangé en classe de Métamorphose, un sourire dans les couloirs, une main effleurée par accident lors d’un échange de livres. Rien de particulièrement exceptionnel. Pourtant, chaque petit geste, chaque moment partagé avec Alice, semblait renforcer cet amour silencieux, qui lui faisait si mal à chaque instant, mais qu’il chérissait secrètement.

À l’époque, il avait essayé de se convaincre que ce n’était qu’une passade, qu’il finirait par se concentrer sur ses études, qu’il n’aurait plus à penser à elle. Mais au contraire, plus il passait de temps à la voir, plus il la désirait. Pas seulement physiquement, non, c’était plus que cela. Il la respectait, l’admirait, et son amour pour elle grandissait à chaque instant. Mais la peur… la peur de ce que cela impliquait, la peur de l’engagement, la peur des souffrances possibles dans ce monde en guerre, le retenaient.

Il savait, au fond de lui, que la guerre marquait la fin de la douceur. Il avait vu des amis partir, des proches se perdre, et il avait peur. Peur que la guerre prenne Alice, ou pire encore, qu’il ne puisse la protéger. Les pensées de Franck étaient un tourbillon constant : “Si je lui avoue, que va-t-il se passer ? Si elle m’aime, qu’en sera-t-il si la guerre emporte tout ? Si je lui dis et que tout s’effondre ?”

C’était une nuit froide de décembre. La salle commune des Gryffondor était calme, les crépitements du feu dans la cheminée étaient les seuls bruits qui troublaient le silence. Remus Lupin et Sirius Black étaient là, assis dans un coin, comme s’ils attendaient de pouvoir parler à Franck. Ils savaient. Ils savaient que quelque chose n’allait pas. Et ils connaissaient aussi le cœur de Franck, son amour secret pour Alice.

Remus était le premier à briser le silence.

— "Franck, tu ne peux pas continuer à fuir," dit-il calmement, ses yeux brillants d’une compréhension profonde. "Tu as vu ce qui se passe autour de nous. La guerre, la souffrance… mais tu as aussi vu ce que l’amour peut apporter, même dans les moments les plus sombres."

Franck tourna son regard vers Remus, mais il n’arrivait pas à répondre. Ses lèvres étaient sèches, son cœur battait la chamade. Il se sentait vulnérable, trop vulnérable.

Sirius, de son côté, n’avait pas l’air aussi patient.

— "Remus a raison, Franck. Tu ne peux pas continuer à te cacher. Regarde-nous, regarde Remus et moi." Sirius se tourna vers son partenaire avec une tendresse évidente, avant de revenir à Franck. "On a fait des erreurs, des sacrifices, mais au moins, on a vécu notre amour. Et même si tout est incertain, tu as le droit de vivre ce que tu ressens. Tu n’es pas seul dans cette guerre. Si tu attends que tout soit parfait pour agir, tu risques de ne jamais le faire."

Les mots de Sirius frappèrent Franck comme une cloche. Leurs regards, remplis de sincérité, de conseils, de vécu, semblaient l’envelopper d’un réconfort qu’il n’avait jamais osé demander. Remus, bien qu’il soit plus réservé, était également d’une grande douceur, son regard chargé de conseils non dits, mais pleins de vérité.

Franck se leva brusquement, marchant quelques pas, son esprit tourbillonnant de pensées contradictoires. Il avait peur. Peur de la guerre. Peur de la souffrance. Peur de l’avenir. Mais, au fond de lui, il savait qu’il y avait une vérité qu’il ne pouvait plus ignorer : son amour pour Alice n’était pas une passade. C’était quelque chose de plus grand que lui, quelque chose qu’il devait affronter, même si cela signifiait se confronter à ses propres peurs.

— "Et si je lui dis et qu’elle ne ressent pas la même chose ?" murmura-t-il, comme une interrogation silencieuse qu’il n’avait jamais pu formuler à voix haute.

Remus se leva et s’approcha doucement de lui, posant une main sur son épaule.

— "Si tu lui dis et qu’elle ne ressent pas la même chose, tu ne perds pas tout, Franck. Oui, la douleur sera présente, mais elle ne sera pas plus forte que la douleur de ne pas avoir agi. Il faut prendre le risque, même si c’est difficile."

Sirius, plus direct, ajouta avec une conviction tranquille :

— "L’amour n’est pas une garantie. Il n’y a pas de certitude. Mais il vaut mieux essayer et vivre ce que tu ressens maintenant que regretter de ne pas avoir dit un mot, un simple mot qui pourrait tout changer."

Franck regarda ses deux amis, profondément touché par leur soutien. Il avait toujours admiré leur relation. Malgré la guerre, malgré les difficultés, Remus et Sirius étaient ensemble. Leur amour était une force tranquille, une promesse de quelque chose de plus grand que la peur et la douleur.

Ce soir-là, après une discussion longue et pleine de conseils bienveillants, Franck se sentit prêt. Il savait que l’avenir était incertain, mais il ne pouvait plus vivre dans l’ombre de ses propres peurs. Il devait avancer. Il devait lui dire.

Le lendemain, en début d’après-midi, alors que la neige tombait doucement sur Poudlard, Franck chercha Alice dans les couloirs. Il la trouva enfin, seule, dans le hall principal, en train de regarder les flocons tomber par la grande porte en verre. Lorsqu’elle tourna la tête et aperçut Franck, elle lui sourit doucement, ce sourire qui avait le pouvoir de faire fondre toutes ses craintes.

Il s’approcha d’elle lentement, son cœur battant fort contre sa poitrine. Tout en marchant, ses pensées étaient en ébullition, mais il savait ce qu’il avait à faire. Il n’avait plus de temps à perdre.

— "Alice," dit-il d’une voix un peu plus rauque qu’il ne l’aurait voulu, mais pleine de sincérité, "il y a quelque chose que je dois te dire. Depuis longtemps, je… je ressens des choses pour toi, des choses que j’ai du mal à expliquer. Mais je ne peux plus les garder pour moi. Je t’aime, Alice. Et je sais que la guerre est là, que tout est incertain, mais je ne veux plus vivre dans l’ombre de ce sentiment."

Alice, surprise par ses mots, le regarda longuement, son visage figé dans une expression indéchiffrable. Franck sentit un frisson parcourir son corps, mais il ne détourna pas les yeux. Il attendait sa réponse, qu’elle vienne ou non.

Puis, après ce qui lui parut une éternité, Alice lui sourit doucement. Un sourire qui brilla dans ses yeux, un sourire qui était tout sauf incertain.

— "Je savais, Franck. Je savais depuis longtemps." Elle s'approcha de lui, un peu hésitante, mais ses mains tremblaient légèrement, comme si elles voulaient se rapprocher de lui, mais avaient encore besoin de cette assurance. "Je t'aime aussi. J’ai attendu que tu le dises. Mais j’avais peur aussi. Peur de ce que cela signifierait, avec tout ce qui se passe…"

Franck sentit un poids s’envoler, comme si un nuage de doute se dissipait dans l’air froid de l’hiver. Il la regarda, les yeux brillants.

— "Alors, ensemble ?" demanda-t-il, sa voix pleine d'espoir.

— "Oui, ensemble." répondit-elle, ses mains enfin prenant les siennes.

Le vent soufflait doucement sur les pierres du château, un murmure lointain qui venait se mêler aux battements frénétiques du cœur de Franck. Après les mots échangés, après cette confession brisée par la peur et l’espoir, ils étaient restés là, tous les deux, dans une sorte de suspension. La neige tombait plus lourdement maintenant, recouvrant lentement les terrasses et les arbres environnants d’un manteau blanc. Le monde semblait s’être arrêté autour d’eux, comme si Poudlard elle-même retenait son souffle.

Alice baissa les yeux, un léger sourire au coin des lèvres, comme si elle n’en revenait pas vraiment. Puis, lentement, elle leva les yeux vers lui, et dans ce regard, Franck sentit son âme s’apaiser. Les mots étaient inutiles à ce moment-là. Ils s’étaient déjà dits tout ce qu’ils avaient à dire.

Il sourit, nerveusement, mais son regard était fixé sur elle, une lueur d’espoir qu’il n’avait pas ressentie depuis longtemps. Il n’avait jamais eu l’impression que quelque chose d’aussi simple pouvait être aussi beau.

Il s’avança légèrement, puis, dans un élan qu’il n’avait pas prévu, il prit sa main. Ils étaient si proches, l’odeur du bois de la cheminée qu’ils avaient laissée derrière eux dans la salle commune se mêlant à la fraîcheur de l’air extérieur. Franck sentait le souffle d’Alice se mêler au sien, et c’était tout. C’était suffisant.

Puis, dans un geste lent et hésitant, comme si l’univers tout entier attendait le moment parfait, Franck se pencha vers elle. Il n’y avait plus de guerre, plus de peurs, juste cet instant suspendu. Alice ferma les yeux, et sans même y penser, elle se laissa guider par le mouvement de Franck.

Leurs lèvres se rencontrèrent.

C'était doux. Doux comme la neige qui tombait autour d’eux. Doux comme un rêve qu’on n’ose pas réveiller. Les mains de Franck se posèrent timidement sur ses hanches, cherchant la chaleur de son corps, comme si ce baiser pouvait dissiper tous les doutes qui subsistaient encore dans son cœur. Les lèvres d’Alice, si proches, si tendres, lui apportaient une chaleur réconfortante, presque irréelle. Il ne s’était jamais imaginé que ce moment pourrait être aussi pur.

Alice, elle, répondit lentement, timidement au début, comme si elle avait attendu que ce moment arrive aussi, mais une fois qu'elle sentit Franck, tout s’éclaira. Elle se rapprocha de lui, ses mains venant se glisser autour de son cou, ses doigts effleurant ses cheveux, comme si elle voulait capturer l'instant, comme si elle ne voulait plus jamais s’en séparer. Leurs cœurs se battaient ensemble, et c’était comme si le monde entier avait disparu.

Ils se séparèrent doucement, mais le contact entre eux ne s’effaça pas. Franck posa son front contre celui d’Alice, les yeux fermés, sentant encore la douceur de ce baiser sur ses lèvres. Il avait le sentiment d’être complet pour la première fois de sa vie.

— "C’était… parfait," murmura Alice, son souffle chaud effleurant sa peau.

Franck sourit, un sourire fragile mais sincère, comme s’il venait de vivre un miracle.

— "Je crois que… je ne savais même pas à quel point j’en avais besoin."

Elle rigola doucement, une petite touche de légèreté dans son rire qui sembla effacer un peu la gravité des jours qui les attendaient.

— "Moi non plus," répondit-elle. "Mais maintenant, je sais que peu importe ce qui va arriver, j’aurai toujours ce moment avec toi."

Franck la serra un peu plus contre lui, comme pour l’emprisonner dans cette douce certitude. La guerre, la douleur, tout ce qu’ils avaient pu craindre ou imaginer, n’avait plus d’importance dans cet instant précis. Ils étaient là, ensemble, et c’était tout ce qui comptait.

Leurs lèvres se retrouvèrent encore une fois, plus doucement cette fois, comme si chaque baiser était un serment silencieux qu’ils se faisaient, qu’ils seraient là l’un pour l’autre, peu importe ce que l’avenir leur réservait.

La neige continuait de tomber en silence, recouvrant Poudlard d’un manteau froid, mais, pour eux, c’était comme si le monde venait de renaître, comme si la chaleur de leur amour pouvait tout éclipser, même l'ombre de la guerre qui planait au-dessus d’eux.
...

Dans leur chambre commune, alors que la nuit commençait à s'étendre sur Poudlard, Sirius se laissa aller à son côté espiègle habituel. Il s'approcha de Remus avec un sourire malicieux et, d'un geste rapide, passa une main autour de sa taille, le tirant doucement vers lui.

— "Tu sais, Moony," murmura Sirius, son souffle effleurant l'oreille de Remus, "on pourrait en profiter, tous les deux. C’est pas tous les jours qu’on a un moment comme ça, sans personne autour pour nous déranger…"

Remus, un peu surpris par l'audace de Sirius, se tourna vers lui avec un sourire en coin, ses yeux brillants de malice.

— "Tu es vraiment incorrigible, Padfoot," répondit-il en caressant doucement les cheveux de Sirius, avant d'ajouter, taquin : "Mais bon, peut-être qu’un baiser ne ferait pas de mal…"

Sirius, toujours aussi imperturbable, se pencha vers lui, son visage à quelques centimètres de celui de Remus, un éclat espiègle dans les yeux.

— "Tu veux dire un petit baiser… ou plus ?" dit-il avec un sourire large, sa voix teintée d'humour et d'une touche de défi.

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