Reggie (2)📖

Regulus,

Cela fait deux ans. Deux ans que tu es parti. Et je ne sais toujours pas comment vivre avec ça. Peut-être que je n’y arriverai jamais. Peut-être que je suis destiné à être ce frère brisé, coincé dans un manoir rempli de fantômes. Je ne sais même pas pourquoi je t’écris cette lettre. Tu ne la liras jamais. Tu ne peux pas. Mais il y a tellement de choses que je n’ai jamais pu te dire. Des choses que j’aurais dû dire quand tu étais encore là.

Je t’ai abandonné.

Il n’y a pas d’autre mot. Je t’ai laissé avec eux, avec leur haine, leurs idées pourries, leurs attentes impossibles. Quand je suis parti de cette maison, j’ai cru que je pouvais te sauver en te montrant qu’il y avait une autre façon de vivre, une autre manière d’être. Mais j’ai été égoïste. J’ai fui pour me sauver, sans jamais me retourner, sans jamais penser à ce que ça signifiait pour toi.

Tu étais si jeune. Trop jeune.

J’aurais dû comprendre. J’aurais dû voir que tu n’avais pas les mêmes armes que moi pour affronter nos parents. J’aurais dû voir à quel point tu te débattais dans leur ombre, à quel point tu essayais de trouver ta place dans un monde qui te broyait. Mais je ne l’ai pas vu. Ou peut-être que je ne voulais pas le voir.

Je t’en ai voulu. C’est ça, la vérité.

Quand je suis parti, j’ai cru que tu allais me suivre. Mais tu es resté. Et ça m’a mis tellement en colère, Reggie. Tellement. Je ne comprenais pas pourquoi tu ne voyais pas les choses comme moi, pourquoi tu ne te rebellais pas, pourquoi tu choisissais toujours de faire ce qu’ils attendaient de toi. Je t’en ai voulu pour chaque "oui, Père", pour chaque "oui, Mère", pour chaque fois où tu faisais semblant d’adhérer à leurs conneries. Je t’en ai voulu de ne pas être comme moi, de ne pas être assez fort.

Mais maintenant, je vois les choses différemment. Tu n’étais pas faible, Regulus. Tu étais juste… toi. Tu avais ta propre force, une force que je ne comprenais pas à l’époque. Je sais maintenant que rester, c’était ta manière de te battre. Que derrière ces apparences de parfait petit fils Black, tu faisais tout pour survivre.

Et puis tu as fait ce que moi, je n’ai jamais eu le courage de faire.

Tu as affronté ce monstre. Voldemort. Tu as découvert ce qu’il était vraiment, et tu as sacrifié tout ce que tu avais pour l’arrêter. Et moi, où j’étais pendant ce temps-là ? Je buvais dans un bar. Je me battais contre James pour savoir qui pouvait tenir le plus longtemps sans vomir après trois shots de Whisky Pur Feu. Toi, tu t’enfonçais seul dans les ténèbres, et moi, je t’avais déjà oublié.

Je me souviens encore de la première fois que j’ai entendu parler de ton… de ce que tu avais fait. Ce n’était qu’un murmure, une rumeur, un nom dans une liste de disparus. Personne ne savait où tu étais passé, et moi, j’ai fait semblant de ne pas m’en soucier. Mais à l’intérieur, Reggie, à l’intérieur, quelque chose s’est brisé. Parce que je savais. Je savais que je ne te reverrais plus jamais.

Et maintenant, je reste là, dans cette maison vide, à imaginer ce que j’aurais pu dire si j’avais su que tu allais partir. Si j’avais su que je ne te reverrais jamais.

Je t’aurais dit que j’étais fier de toi.

Pas seulement pour ce que tu as fait contre Voldemort, mais pour tout ce que tu étais. Pour ta manière de voir les choses différemment. Pour ta manière de me comprendre quand personne d’autre ne le pouvait. Pour ta manière de survivre, même quand le monde entier semblait contre toi.

Je t’aurais dit que je suis désolé.

Désolé de t’avoir laissé seul avec tout ça. Désolé de ne pas avoir été là pour toi quand tu avais besoin de moi. Désolé de ne pas avoir vu à quel point tu souffrais. Désolé de t’avoir jugé, de t’avoir rejeté, de t’avoir abandonné.

Et surtout, je t’aurais dit que je t’aime.

Je t’aimais, Reggie. Je t’aime toujours. Et je sais que je ne te l’ai jamais dit. Dans cette maison, les sentiments étaient des faiblesses, et dire "je t’aime" était un acte de trahison puis j'ai rencontré remus et il m'a fait comprendre que l'amour peut aussi être une force, je veux que tu saches que tu étais tout pour moi, même si je n’ai jamais su te le montrer. Tu étais mon frère. Mon petit frère. Et rien ne changera jamais ça.

Tu sais, parfois, je t’imagine encore ici. Je t’entends dans cette maison. Je te vois dans l’ombre, comme ce soir. Parfois, je me demande si je deviens fou. Mais la vérité, c’est que je ne veux pas te laisser partir. Parce que si je le fais, j’ai peur de t’oublier.

J’ai peur que le monde t’oublie.

Parce que tu mérites mieux que ça, Reggie. Tu mérites qu’on se souvienne de toi, pas comme du fils Black parfait, ou du Mangemort repenti, mais comme du garçon courageux, intelligent et loyal que tu étais. Tu mérites qu’on raconte ton histoire, qu’on sache ce que tu as fait, ce que tu as sacrifié.

Et moi ? Moi, je ne sais pas comment avancer. Je ne sais pas comment te dire au revoir. Mais je vais essayer.

Je vais essayer, parce que je crois que c’est ce que tu aurais voulu. Tu aurais voulu que je vive, que je trouve une raison de continuer.

Alors, je vais essayer. Pour toi.

Adieu, Reggie

Je t’aime.

Sirius

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