Reggie 📖
Le silence pesait lourd dans la vieille maison Black.
La poussière tapissait les meubles anciens, les rideaux lourds filtraient à peine la lumière lunaire, donnant à la pièce un air irréel. Sirius se tenait devant la cheminée, ses traits tirés par la fatigue et les souvenirs. Sa silhouette élancée semblait frêle dans l’ombre vacillante, comme s’il portait le poids du monde sur ses épaules.
Il tenait un verre à moitié vide, mais il n’avait pas bu une goutte. Ce n’était pas ce qu’il cherchait ce soir. Ses doigts jouaient machinalement avec le bord du verre, son esprit ailleurs. Chaque fois qu’il fermait les yeux, il revoyait ce visage, ces yeux sombres qui lui rappelaient des choses qu’il préférait oublier.
Un bruit presque imperceptible retentit derrière lui.
- Encore en train de t’apitoyer sur ton sort, Sirius ?
La voix était douce, presque moqueuse, mais il y avait une pointe d’amertume qu’il connaissait trop bien. Sirius tourna lentement la tête, et son cœur se serra.
Regulus.
Il était là, adossé au mur, les bras croisés sur sa poitrine. Toujours aussi jeune. Toujours aussi... intact. Il portait une chemise sombre, simple, qui contrastait avec son teint pâle. Ses yeux noirs fixaient Sirius avec une intensité qui lui était propre, comme s’il cherchait à percer ses pensées.
Sirius resta figé, incapable de parler. Il n’était pas surpris, pas vraiment. Ce n’était pas la première fois qu’il voyait son frère ici, dans cette maison qui leur appartenait autant qu’elle les avait brisés.
- Tu ne dis rien ? continua Regulus, haussant un sourcil. Ce n’est pas ton genre, grand frère. D’habitude, tu trouves toujours quelque chose à dire.
Sirius serra les dents, détournant les yeux.
- Pourquoi tu es là, Reg ? Pourquoi tu reviens, encore et encore ?
Regulus soupira, se détachant du mur pour s’approcher. Ses mouvements étaient lents, presque fantomatiques. Il s’arrêta à quelques pas de Sirius, les mains dans les poches.
- Je pourrais te poser la même question. Pourquoi toi, tu es encore ici ? Dans cette maison. Devant ce feu.
Sirius serra le verre dans sa main jusqu’à ce que ses jointures blanchissent.
- Tu crois que c’est facile ? Que je peux juste... avancer ? Tu sais très bien pourquoi je suis ici.
Regulus esquissa un sourire triste.
-Oui, je sais. Mais ça ne change rien. Tu te raccroches à quelque chose qui n’existe plus.
Le regard de Sirius se durcit.
-C’est toi qui n’existes plus, Regulus.
Le silence tomba dans la pièce, lourd, presque oppressant. Regulus ne répondit pas tout de suite. Il se contenta de regarder son frère, comme s’il voyait au-delà de ses mots, au-delà de sa colère.
- Je suis parti, oui, finit-il par dire, sa voix plus douce. Mais toi, tu restes coincé ici, dans ce passé qui te ronge. Tu crois que ça me ramènera ?
Sirius détourna les yeux, incapable de soutenir ce regard. Son cœur battait trop fort dans sa poitrine, comme si ces mots arrachaient quelque chose en lui.
- C’est toi qui m’as abandonné. murmura-t-il finalement. Tu es resté, avec eux, avec leur foutu manoir, leurs idéaux pourris. Moi, j’ai fui. Je pensais que tu me suivrais.
Regulus eut un léger rire, sans joie.
-Tu savais que je ne pouvais pas, Sirius. Je ne pouvais pas fuir comme toi. J’ai fait ce que je pouvais, à ma manière.
Sirius releva la tête, la colère et la douleur se disputant dans ses yeux gris.
-Et regarde où ça t’a mené.
Il n’y eut pas de réponse cette fois. Regulus se contenta de le fixer, son expression neutre. Mais dans ses yeux, il y avait quelque chose... une tristesse profonde, un regret qu’il n’avait jamais exprimé de son vivant.
La porte derrière Sirius s’ouvrit doucement, mais il ne s’en aperçut pas tout de suite.
- mon amour appela une voix familière, douce mais inquiète.
Remus.
Il entra dans la pièce avec précaution, ses yeux ambrés se posant immédiatement sur Sirius. Ses cheveux grisonnants retombaient en mèches désordonnées sur son front, et il portait un pull usé, comme à son habitude. Il s’arrêta en voyant l’état de son compagnon.
- Tu es encore ici... murmura-t-il en s’approchant.
Sirius tourna lentement la tête vers lui, ses traits ravagés par une douleur qu’il ne pouvait plus cacher. Remus posa une main sur son épaule, cherchant son regard.
- Ça fait deux ans, Sirius. Deux ans que Regulus est parti.
Le monde sembla basculer autour de Sirius. Ses yeux s’écarquillèrent, son souffle se bloqua. Il chercha Regulus du regard, mais son frère avait disparu. La pièce était vide. Seuls lui, Remus, et le poids insupportable de ces mots restaient.
- Non... murmura-t-il, presque inaudiblement. Non, il était là. Juste là.
Remus s’agenouilla devant lui, attrapant ses mains pour les empêcher de trembler.
- Il n’est plus là, Sirius. Tu le sais. Regulus s’est suicidé. Il y a deux ans. Mais tu refuses de l’accepter.
Sirius secoua la tête, des larmes coulant sur son visage sans qu’il s’en aperçoive.
- Il était là, Remus... Je lui ai parlé... Je...
Remus serra doucement ses mains, ses yeux brillants d’une tristesse infinie.
-C’est toi qui refuses de le laisser partir. Tu le vois parce que tu ne veux pas admettre qu’il est parti. Mais il n’est plus là, Sirius.
Le verre glissa des mains de Sirius, tombant au sol dans un bruit sourd.
- Je n’ai jamais pu lui dire au revoir... murmura-t-il, la voix brisée.
Remus se redressa et l’attira doucement contre lui, passant une main dans ses cheveux noirs ébouriffés.
- Tu peux le faire maintenant. Regulus aurait voulu que tu sois en paix. Et moi aussi.
Sirius enfouit son visage contre son épaule, tremblant, et pour la première fois depuis deux ans, il laissa enfin sa douleur éclater. Remus resta là, immobile, serrant l’homme qu’il aimait dans une étreinte silencieuse, lui offrant le seul réconfort qu’il pouvait donner : sa présence.
Le feu dans la cheminée crépitait doucement, comme une promesse que, peut-être, un jour, Sirius pourrait enfin trouver la paix.
..
Dédié à @Camethyste une superbe écrivaine qui me fait sourire et pleurer avec ses œuvre ❤️
( ❤️la suite est au chapitre suivant ❤️)
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