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Lana a toujours su, qu'un jour elle se ferait attraper. Elle avait beau espérer qu'il n'en soit rien, au fond d'elle, elle savait que ça arriverait.
Toutefois, elle ne s'était pas attendu à se rendre elle même. Outre ce détail, elle a toujours pensé à un plan pour s'en sortir.
Elle a toujours été ainsi. Elle a toujours anticipé et prévu le pire, pour pouvoir trouver une solution à n'importe quelle situation.
Alors, quand Wakasa lui a demandé de pirater le Naichō, elle a aussi prévu un plan au cas où ça tournerait mal. Elle sait comment ils fonctionnent.
La première étape, était de se faire arrêter par la police. Ainsi, ils seraient obligés de venir la chercher ici, dans un poste de police.
La première étape étant passée, il ne lui reste plus qu'à réaliser la deuxième rapidement. Elle interpelle donc l'officier qui lui a passé les menottes aux poignets et l'a faite s'assoir sur ce banc.
- Excusez moi. Je sais que j'ai le droit de passer un coup de téléphone. Mais je n'ai pas prit mon téléphone.
Ça aussi elle l'a fait exprès. Avant de se rendre, elle a prit soin de détruire son téléphone et son ordinateur. En revanche, elle a fait des copies de tout ce qu'elle peut avoir de compromettant. Elle sait que ça lui servira.
L'officier lui indique donc un téléphone fixe, qu'elle peut utiliser. Elle revient se rassoir cinq minutes plus tard, ayant enclenché la phase deux de son plan.
- Ils vont vous emmener au tribunal. Si c'est trop tard, vous serez en détention jusqu'à demain. L'informe l'officier.
"Oh non. C'est pas ce qu'il va se passer. C'est pas des policiers qui vont venir me chercher. Mais ça t'en sauras rien."
Elle sait pertinemment que c'est le Naichō qui va venir la chercher. Selon comment ils opèrent, elle sera interrogée sur ce qu'elle peut détenir et ses liens avec Wakasa et Manjiro dans un lieu, que personne ne connaît.
C'est d'ailleurs quelques minutes plus tard, que deux agents déguisés en policiers viennent la chercher. Lorsque tous trois passent la porte du poste de police, Lana a un sourire satisfait face au spectacle qui s'offre à eux.
En effet, plusieurs dizaines de journalistes sont sur leur chemin. Toutes les chaînes étaient beaucoup trop avides de scoop et surtout, impatientes d'avoir enfin le visage de Fox.
- Qui a appelé ces vautours ? Enrage un des agents.
- C'est moi. Répond Lana.
Les regards furieux de ceux qui l'escortent se posent sur elle.
- Ça va être compliqué d'expliquer une disparition, maintenant que tout le monde a vu mon visage. Déclare t'elle, un petit sourire aux lèvres.
Leur mine est défaite. Elle a gagné une bataille et ils le savent très bien. Les journalistes se précipitent vers eux, une tonnes de questions, quittant leurs lèvres.
"Est il vrai que vous détenez des documents compromettants sur le gouvernement ?"
- Vous voulez que je réponde ? Nargue t'elle, les agents.
Agacés et profondément en colère, les deux agents pressent le pas, évitant habilement les journalistes, pour s'engouffrer avec Lana, dans leur voiture. Une fois les portes fermées et la voiture en marche, ils laissent parler leur frustration.
- Espèce de petite garce. S'emporte l'un d'entre eux.
- Calme toi ! Intervient l'autre. Elle nous a bien eu, mais c'est fini maintenant. Il faut qu'elle arrive en un seul morceau, rappelle toi.
C'est au bout de deux heures, dans un silence de plomb qu'ils arrivent dans un endroit reculé, que Lana ne connaît pas. Ils la forcent à baisser la tête et l'entraîne à l'intérieur de ce qu'elle décrit comme une usine désaffectée.
Pourtant lorsqu'elle y entre, elle voit que tout y est rénové et sûrement à la pointe de la technologie. Elle observe minutieusement autour d'elle.
La phase trois de son plan, consiste à avoir assez de temps et de discrétion pour trouver un moyen de communiquer sa position.
Toutefois, elle n'en est pas encore là. On l'entraine dans une salle vide. En son centre, se trouve uniquement un bureau et une lampe. C'est maintenant, qu'on va commencer à l'interroger.
On lui retire les menottes et on lui ordonne de s'assoir la laissant seule. Jusqu'ici, tout se passe comme elle l'avait prédit.
Reste à savoir, qui l'interrogera en premier. Elle aurait dû s'en douter. Lorsque la porte s'ouvre de nouveau, c'est le visage de Mao Suzuki qui apparaît.
- Alors comme ça, tu es une femme ? Lance Mao, rentrant dans la pièce.
Il s'assoit face à elle. Le visage de la jeune femme est neutre, sans expression. On ne pourrait en aucun cas deviner ce qui se passe dans sa tête.
- Déçu ? Lui demande t'elle
- Intrigué plutôt. Le hacking est un milieu d'homme en général.
- C'est ce genre de stéréotypes à la con, qui m'ont assurée une totale sécurité pendant des années.
- Tu marques un point. On m'a envoyé t'interroger. Ils se sont dit qu'on se comprendrait, on est pareil après tout.
- On n'est pas pareil ! Toi tu protèges ceux que pourtant tu avais juré de faire tomber. Pourquoi ? Pour sauver tes fesses ?
- Parfois... il faut savoir s'avouer vaincu.
- Et moi qui t'admirais... faut croire que tous les héros meurent un jour. Soupire t'elle, s'appuyant un peu plus, sur le dossier de sa chaise.
- Pourtant, tu t'es rendue de ton plein gré. Pourquoi tu as fait ça ? On était pourtant bien loin de t'attraper.
- Vous pensiez que c'était quelqu'un d'autre, qui avait piraté le Naichō. Hors de question que ce mérite ne me revienne pas. Répond t'elle, haussant les épaules.
- Oui, un certain... Wakasa Imaushi. Tu le connais ?
Elle hausse de nouveau les épaules. Elle ne dira rien. Elle s'est rendu pour le sauver et elle compte bien y arriver.
- Non ? Tu veux savoir ce que je pense ?
- J'ai pas vraiment le choix. Souffle t'elle.
- Je pense qu'effectivement, le hacking c'est ton œuvre. Lui... il s'est compromit pour te protéger. J'ai vu juste ? Si oui... il est complètement fou ! Le Naichō ne tolèrera pas qu'on se foute de sa gueule. Encore moins pour une amourette. Personnellement, je pense qu'il faut être sacrément amoureux pour prendre le risque de se faire buter. Ils le tueront tu le sais ça ?
Il semble réfléchir, suite à ses propres paroles. Soudain, c'est comme si quelque chose venait de le frapper.
- Bien sûr que tu le sais ! Rit il nerveusement. Tu t'es rendue, pour le sauver ! Tu prends le risque d'y laisser ta peau pour sauver la sienne ! Parce que toi aussi.... tu l'aimes !
- C'est fini la psychanalyse ? S'agace t'elle.
Mao remarque que le regard de Lana a changé. Une tristesse profonde à semblé le traverser. Ensuite, son regard s'est fait d'une noirceur sans nom.
- Je ne prend aucun risque. Vous ne me tuerez pas.
S'il y a bien une chose dont elle n'est pas sûre, c'est de ce qu'elle vient de dire. Si elle en sortira vivante, elle n'en sait absolument rien. Toutefois, elle donne le change. C'est sa seule arme pour l'instant.
- J'ai fait assez de bruit pour garantir ma sécurité. Je veux juste négocier.
Elle plante son regard dans celui de l'homme qui lui fait face. Son apparente assurance, est presque déstabilisante pour Mao. Cette femme a vraiment du cran.
- Je t'écoute. Soupire Mao.
- Je veux que vous renonciez à nous. A moi, à Wakasa Imaushi et à Manjiro Sano.
- On peut te laisser tranquille. Mais... pas eux. Ce que mes supérieurs veulent savoir, en premier lieu, c'est où se trouve Wakasa Imaushi ?
- J'en sais rien. Affirme t'elle.
- Bon... pour lui je veux bien essayer de comprendre, pour le moment. Manjiro Sano, alors ?
- J'en sais rien. Répète t'elle.
- Fox... il est dangereux, très dangereux.
- Pour le Naichō, toi et moi aussi on est considérés comme dangereux. Tu penses qu'on mérite la mort pour autant ? Ouvre les yeux, ils ne cherchent pas des gens dangereux, ils cherchent ceux qui sont contre eux. Les plus dangereux dans cette histoire... c'est le Naichō. Personne d'autre. Si Manjiro s'en était prit à des citoyens lambdas on ne serait même pas là.
Après ces paroles, criantes de vérité, et un bon moment de vaines questions, la porte s'ouvre dans un fracas sans égal. Un homme d'une cinquantaine d'années entre dans la pièce, une veine sur le front prête à exploser. Voilà plus d'une heure qu'il attend derrière cette porte, que cette femme daigne parler.
- Si tu ne veux pas nous parler à nous, peut être qu'avec eux, ce sera plus simple.
Il désigne la porte et Lana aperçoit avec stupeur, ses parents. Ses yeux s'écarquillent. Sa respiration se coupe et des larmes montent à ses yeux, sans qu'elle ne s'en rende compte.
- Espèce de fils de pute ! Rage t'elle, la machoire serrée.
C'est dans un sourire triomphant, que l'interessé s'en va.
- Je te promet que je n'y suis pour rien. Lui assure sincèrement Mao.
Il s'en va à son tour. Lana voit ses parents s'avancer vers elle. Leur regard en dit long sur la surprise, la déception et la tristesse qu'ils ressentent en ce moment. Ils prennent place face à elle. Un silence de plomb s'installe jusqu'à ce que sa mère prenne la parole.
- C"est quoi cette histoire Lana ? C'est pas possible... tu ne peux pas avoir fait tout ça.
- Maman, je suis désolée. Fait elle, ne pouvant retenir ses pleurs plus longtemps.
La douleur lancinante dans le ventre de Lana, ne fait que croître lorsqu'elle voit sa mère pleurer à son tour. Son père tient la main de sa femme, tentant de la calmer.
- Ils disent que tu protèges quelqu'un. Commence son père. Est ce que tu penses que ça en vaut la peine ? Je ne veux pas voir ma fille enfermée ! Dis leur ce qu'ils veulent savoir ! Ils nous ont assuré que tu serais tranquille après ça.
- Je peux pas. Répète t'elle plusieurs fois, secouant la tête.
Ses pleurs lui brûlent la gorge. Elle s'en étoufferait tant ils sont abondants. Voir ses parents devant elle, dans cette situation était sa pire crainte.
- Mais enfin Lana ! S'emporte sa mère. Qu'est ce qui t'a prit ? Tu te rend comptes de ce que tu as fais ? Les services secrets t'ont capturés ! Ça ne te suffit pas ? Tu veux quand même garder le silence ?
- Pardon maman. Pardon. Je ne peux pas faire ça. Sanglote t'elle.
- Lana... Fait son père, d'une voix plus calme que celle de sa femme. Pourquoi tu ne veux rien dire ?
- Je l'aime. Avoue t'elle, tremblante.
Son père baisse la tête, soupirant profondément. L'amour, il sait ce que c'est mais à ce point là, c'est inédit pour lui.
- Te mettre dans une situation pareille, pour un homme ? S'énerve sa mère. Est ce que tu penses qu'il ferait ça pour toi, lui ? Où est il maintenant que tu as des problèmes ? Nous sommes là nous. Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose. Alors parle leur. Pleure t'elle cette fois.
Lana secoue la tête faiblement, pour signifier son refus. Elle ne parlera pas. C'est la chose la plus dure qu'elle ait eu à faire, depuis des années. Affronter le regard de ses parents, les décevant encore plus.
- Je ne te reconnais plus, Lana. Tu t'es attaquée au gouvernement, tu nous as mentit je ne sais combien de fois et aujourd'hui tu protèges des criminelles ? Qu'est ce qu'on a mal fait ? Pleure de nouveau sa mère.
Le cœur de Lana se brise littéralement. Voir sa mère dans cet état est insupportable. Encore plus, quand elle sait que c'est à cause d'elle. Mais, elle ne peut pas se résoudre à lui obéir. Pas cette fois. Elle ferait n'importe quoi, pour sauver Wakasa.
- C'est pas vôtre faute, maman. Je... je suis comme ça.
- Non ! Crit sa mère. Tu n'es pas comme ça. La fille que j'ai élevé ne se serait jamais embarquée dans une histoire pareille !
Son père intervient, priant sa femme de se calmer. Elle pleure toujours mais ne parle plus. Il voit bien la douleur qu'inflige les paroles de sa femme à sa fille. Ça lui est insupportable de voir les deux femmes qu'il aime le plus au monde souffrir ainsi. C'est donc lui qui prend la parole.
- Est ce que tu penses que ta cause est juste ? Lui demande t'il, dans un ton qui se veut rassurant.
- Oui. Assure t'elle. Crois moi papa... elle l'est.
- Très bien. Capitule t'il. Dans ce cas... fais en sorte qu'elle le reste.
Lana hoche la tête, pleurant à chaude larmes. Des coups contre la vitre sans teint, somment ses parents de s'en aller. Ils se lèvent. Les voyant partir, Lana a encore plus mal.
- Maman... Semble t'elle implorer.
La femme se retourne, les yeux noyés dans les larmes.
- Je t'aime Lana. Mais... c'est beaucoup trop à accepter.
Lana baisse la tête, honteuse de faire vivre ça à sa mère. Elle tente de reprendre ses esprits, lorsque l'homme ayant emmené ses parents revient dans la pièce.
Elle lui lance un regard assassin, qui gèlerait l'enfer lui même.
- Vous me paierez ça. Vous me paierez ça très cher. Assure t'elle, plus déterminée que jamais.
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