■4■
C'est épuisée, que Lana sort du dispensaire ce matin là. Elle ne sent pratiquement plus ses jambes.
Cette nuit a été vraiment éprouvante. Les urgences se sont retrouvées, saturées. Apparemment, les nuits de festival, sont sujettes à de nombreux débordement.
Elle soupire longuement. Elle est assez soulagée, de ne pas travailler ce soir. Elle a grandement besoin de repos. La fatigue aidant, elle est frigorifiée.
Elle qui pensait que ses habits, d'une largeur sans nom, allait la protéger de la sèche froideur du matin, la voilà parcourue d'intenses frissons.
Marchant rapidement vers le parking, elle sent ses dents, s'entrechoquer. Elle grogne un peu, sachant qu'elle va devoir rentrer en moto.
Elle aperçoit Wakasa, perché sur sa moto, guettant son arrivée. Elle baisse la tête et se résout à arriver à sa hauteur.
Seulement, au lieu de lui tendre un casque, c'est une veste qu'il tient dans ses mains. Elle arque un sourcil.
- Il fait un froid de canard, ce matin. Explique t'il, avec son éternel flegme.
Elle ne répond rien et monte à l'arrière, lui laissant sa veste dans les mains. Il soupire. Elle compte le contredire à chaque fois ? Il se résigne, finalement, à lui donner un casque, qu'elle pose sans aucune délicatesse, sur sa tête.
Il soupire de nouveau, la voyant tourner la tête sur le côté et, s'aggriper fermement à sa moto. Il se demande ce qu'il a fait de mal.
En vérité, elle ne veut aucun geste de sa part. Elle veut seulement savoir, ce qu'il lui veut. Elle se sent prise au piège. Elle est obligée d'accepter son aide et rien, ne peut la rendre plus en colère.
Elle déteste ce sentiment d'impuissance. Elle sait que c'est son erreur de débutante, qui l'a mise dans cette situation. Elle se maudit. Elle a l'impression que ça donne à Wakasa, un certain pouvoir sur elle.
Wakasa lui, ne réfléchit pas aussi loin. Il lui a fait une promesse, qu'il compte tenir, ni plus ni moins. Il a besoin d'elle. Alors, pour lui, s'il veut qu'elle l'aide, il doit l'aider aussi. Ce n'est d'ailleurs pas grand chose, comparé à ce qu'il attend d'elle.
Il a décidé, de lui expliquer pourquoi, il a besoin de ses talents, uniquement quand ses ennuis seront derrière elle et surtout, quand elle lui fera assez confiance.
A ce rythme, ce n'est pas demain, qu'il le lui expliquera. Même une veste, elle ne veut pas la prendre. Pourtant, il a bien vu qu'elle était gelée. Interieurement, il râle.
Il râle d'ailleurs, tout le long du trajet. Il pensait sincèrement, que ce serait plus simple. Qu'elle verrait facilement, qu'elle n'a rien à craindre de lui.
Apparemment, elle a dû avoir un sacré passif, pour se méfier autant de lui. C'est ce qu'il en déduit, en tout cas.
Il n'est pas le genre d'homme, à s'en prendre à une femme. Il a des principes. Il serait même plutôt du genre à, corriger sévèrement, ceux qui le font.
Il aimerait qu'elle baisse un peu sa garde. Peine perdue pour le moment.
Il est encore tôt quand ils pénètrent dans l'appartement. Wakasa ne commence le travail, que dans une heure.
Il la voit garder son sac, s'assoir sur le canapé et lutter fortement, pour garder les yeux ouverts.
Pourquoi ne dort elle pas, tout simplement ? Quelque chose semble le frapper. Il repense aux paroles de Benkei la veille.
Il se rappelle aussi, qu'elle a dormi hier, mais uniquement, parce qu'il est partit. Cette peur des hommes est bien réelle, alors. Conclut il, pour lui même.
Cette peur doit être bien ancrée en elle, pour qu'elle en soit à se forcer à rester éveillée, en sa présence.
- Dure soirée ? Tente t'il.
- Assez oui. Dis... Commence t'elle, sortant un récipient de son sac. J'ai... prit un peu de café, à l'hôpital... est ce que... je peux le faire ? Termine t'elle désignant la cuisine, devant laquelle il se trouve.
- Bien sûr. Fais comme chez toi. Répond t'il, se décalant légèrement.
Elle avance vers lui, semblant guetter la moindre des réaction du jeune homme. C'est la première fois, qu'ils se retrouvent, uniquement tout les deux, dans un lieu clos. Alors, elle se sent vulnérable, presque à sa merci.
- On ira en acheter, si tu veux. Propose t'il.
Elle hoche timidement la tête, commençant à réchauffer sa boisson. Elle surveille tout de même, dans un discret regard en coin, qu'il ne s'approche pas trop.
Il la regarde faire, tout en gardant une distance raisonnable.
- Tu... tu en veux ? Demande t'elle, se servant dans une tasse.
- Pourquoi pas.
Ce n'est pas vraiment, un grand adepte du café. Mais, si ça peut lui permettre de la détendre un peu, il le boira.
Laissant la tasse, qu'elle a servit au jeune homme, sur le plan de travail, elle va s'assoir, autour de la table, trônant juste devant la cuisine, en profitant pour se réchauffer les mains, autour de la tasse.
Hésitant, il tire la chaise en face d'elle, observant ses réactions. Elle ne semble pas refuser. Il s'installe donc, prenant une gorgée de café. Il fait une petite moue. C'est vraiment pas son truc, le café.
- Pourquoi, "Fox" ? Tente t'il, une nouvelle fois.
- Je voulais, absolument, avoir un renard quand j'étais petite. Répond t'elle, sans lever ses yeux, de sa tasse. Je les trouvais vraiment beaux.
- C'est vrai qu'ils sont beaux. Approuve Wakasa. Ça aurait fait pas mal de dégâts dans une maison, quand même.
Elle rit légèrement. Enfin, une réaction positive. Wakasa semble un peu soulagé.
- Oui, on a essayé de me le faire comprendre, mais j'en démordais pas. Une fois... je suis même allée, quand j'avais neuf ans, toute seule au zoo pour essayer, d'en prendre un en douce. Sourit elle. Pas vraiment un succès. Rit elle un peu, avec une certaine nostalgie.
- Tu avais... un plan ? S'amuse t'il.
- Ouais... Commence t'elle. En fait, je voulais en prendre un petit.... pour qu'il rentre dans mon sac. Résultat.... j'ai été bannie du zoo.
Wakasa rit un peu, l'imaginant plus petite, mettant son plan en action. Il est persuadé, que les gardiens du zoo ont dû bien rire.
Elle relève enfin, son regard vers lui et partage un peu son rire. Analysant son visage, il se rend compte que Yuna avait raison. Ses yeux sont magnifiques. Ils sont d'un gris très clair. Ces cils, naturellement longs, les mettent merveilleusement bien en valeur.
Cet instant de détente et de courte durée. En effet, ils entendent, avec surprise, la porte d'entrée s'ouvrir. Y apparaît Takeomi, s'avançant franchement vers eux.
Wakasa a l'habitude que son ami, entre dans son appartement sans prévenir. Toutefois, il aurait dû lui demander de ne plus le faire. Il pensait que leur discussion d'hier l'aurait dissuadé. Il pensait mal, visiblement.
Takeomi se trouve aux côtés de Lana, il s'est assit près d'elle. Elle le regarde, pleine de méfiance. Wakasa ne sait pas vraiment, comment se sortir de cette situation.
- Ah enfin je te rencontre ! Alors, tu es bien ici. Fait il, entourant ses épaules de son bras. Benkei a pas mentit. T'es vraiment belle pour une geek.
Wakasa voit Lana se crisper et ouvrir de grands yeux. Elle tremble, mais Takeomi, ne semble pas l'avoir remarqué.
Elle se crispe tellement, qu'elle a mal partout. Même sa respiration a du mal à sortir.
- Dehors ! Intervient, sévèrement, Wakasa, se relevant de sa chaise.
- Quoi ? Mais...
- Dehors ! Répète Wakasa. Sors d'ici !
Wakasa est en colère contre Takeomi. En a peine une minute, il vient de ruiner, le peu de choses, que le jeune homme, à réussit à faire.
Takeomi, voit cette colère si inhabituelle chez Wakasa. Il lui obéit sans plus un mot.
Se tournant vers Lana, Wakasa constate qu'elle est toujours aussi tendue. Cet abruti, lui a fait peur. Râle Wakasa.
- Je suis désolé. Lui assure t'il, sincèrement.
- C'est pas grave. Fait elle, évitant son regard.
- Ça a l'air de l'être, pourtant.
Cette phrase, énerve Lana. Ce n'est pas son problème. Elle se sent ridicule en ce moment. Peu de femmes, réagissent de manière aussi vive, à un simple contact. Elle a l'impression qu'il se moque d'elle.
Il n'en est rien pourtant. Il est surtout remonté contre Takeomi. Il se promet de lui dire le fond de sa pensée, quand il le verra.
- Je vois bien, que tu as eu peur. Reprend t'il.
Une fois de plus, elle se recroqueville sur elle même.
- Je ne travaille pas aujourd'hui.... j'irai ailleurs.
- Si c'est à cause de lui, je te promet que tu n'as pas à le craindre. Je t'ai dit que tu pouvais rester ici. Je ferai plus attention, maintenant. Si je te promet, qu'il ne viendra plus à l'improviste, ça te rassurerait ?
- Laisse tomber. Dis moi ce que tu veux de moi. Dis moi le maintenant, comme ça t'auras plus à te soucier de moi.
- Je t'ai fait une promesse. Je suis un homme de parole.
- Je te libère de cette promesse, tu ne me dois rien. Tu pourras avoir la conscience tranquille. Maintenant dis moi ce que tu veux !
- Écoute... peut être que les... hommes que tu as connu sont des enfoirés... mais...
- Tu ne sais rien de moi, Wakasa ! S'énerve t'elle, les larmes au yeux.
- Alors, racontes moi. Propose t'il, d'une voix, qu'il tente de rendre rassurante.
Elle n'a jamais, parlé de ça à qui que ce soit. Pourquoi le ferait elle, devant un homme qu'elle connaît depuis avant hier ? Parce qu'il a l'air gentil ? Tout le monde a l'air gentil, de toute manière.
Sa fatigue l'empêche de contrôler, au mieux, ses émotions. Un mélange de colère et de mal être, l'envahit en cet instant.
Ses poings se serrent. Elle sent la pression de ses ongles, sur les paumes de ses mains et arrive à se reprendre, de cette manière. Elle soupire fortement, retrouvant un visage neutre.
Wakasa désespère. C'était peut être pas le bon moment, pour lui demander de se confier.
- On va faire en sorte que tu n'aies plus d'ennuis. Une fois que ce sera réglé, je te parlerai de ce dont j'ai besoin. Tu veux bien, qu'on fasse comme ça ?
- Des hackeurs, y en a à la pelle. Sans ennui en plus. Alors, pourquoi ne pas en chercher un autre ?
- Parce que j'ai besoin, du meilleur des hackeurs. Jusqu'à preuve du contraire, c'est toi. Je comprend que tu sois méfiante. Tu ne me connais pas, je sais. Ce qu'il s'est passé avec cet idiot, ne se reproduira plus. J'y veillerai personnellement. Dis moi ce que tu veux que je fasses, pour que tu aies moins peur et je le ferai.
- Un verrou. Répond t'elle, baissant la tête. Juste... un verrou, sur... la porte de la chambre.
- Un verrou, très bien. Je le poserai dans la journée. Promet il. En attendant, reposes toi. Je vais descendre à la salle. Tu peux dormir tranquille.
Elle hoche la tête, murmure un bref merci, et se dirige vers sa chambre. Elle a en effet, grandement besoin de repos.
Arrivant, dans sa salle de sport, Wakasa voit Benkei et Takeomi discuter. Il est temps pour lui, d'apprendre à Takeomi, à se tenir.
- Espèce d'abruti ! Lui lance Wakasa, un peu sur les nerfs, attrapant son col.
- Qu'est ce que tu as encore fait ? Souffle Benkei, s'adressant à Takeomi.
- Ça va ! Proteste Takeomi. J'ai tué personne non plus. Conclut il, essayant vainement de se détacher de Wakasa.
- Mais tu écoutes, quand on te parle ? S'emporte Wakasa. Tu peux pas faire ce que tu veux, avec tout le monde !
- Je voulais juste la rencontrer !
- On prévient dans ces cas là ! S'exclame Wakasa, le lâchant violement.
Takeomi râle un peu, mais il sait que Wakasa a raison. Il s'excuse brièvement, sous les soupirs exaspérés du jeune homme.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top