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Après avoir pleuré pendant de longues minutes, dans les bras hésitants de Manjiro, Lana se sent vidée. Elle ressent enfin la fatigue de ces deux dernières semaines. Elle la ressent comme un poids immense sur ses épaules. Comme si elle était dans un état second.
Se détachant de Mikey, elle se laisse glisser le long de la façade de l'hôpital, prenant une longue et douloureuse inspiration. C'est comme si tout son corps se réveillait. Elle a mal partout. Certaines courbatures chez elle, sont des plus douloureuse.
Alors c'est ça avoir le cœur brisé ? Tout nôtre corps nous lâche, nôtre moral aussi. Cette douleur commence à être insupportable pour la jeune femme. N'importe quel mouvement lui fait atrocement mal.
Elle a enfouit sa souffrance tellement longtemps, que tout ressort maintenant. Elle aurait préféré que ça n'arrive pas. Elle est à présent recroquevillée sur elle même, la tête dans ses genoux pour tenter de s'apaiser, un minimum.
Mikey lui, est encore plus perdu. Il s'assoit à côté d'elle, analysant son comportement.
"Qu'est ce que je peux faire pour elle ?"
"Normalement, c'est elle qui est rassurante."
"De quoi peut elle avoir besoin ?"
- J'adore manger des taiyakis. Tente t'il. Tu veux des taiyakis ? Tu sais c'est en forme de poisson et...
- Je sais ce que c'est. Lui dit elle doucement. T'en fais pas... ça va aller. Assure t'elle, la tête toujours sur les genoux.
Il est un peu déçu, que son idée n'ait pas fonctionné. Toutefois, il comprend qu'elle n'ait pas forcément envie de parler de tout ça.
Elle redresse enfin la tête et tourne son regard fatigué vers lui.
- Tu as dit que tu voulais me parler de quelque chose, toute à l'heure ? Lui demande t'elle.
- C'est peut être pas le moment... tu as vraiment besoin de repos.
- Une autre façon de dire que j'ai une sale tête. Rit elle un peu, la tête baissée.
Mikey partage un peu son rire et l'aide à se relever après s'être redressé.
- Du repos je vais en avoir... après ça. Constate Lana.
- Ne t'en fais pas pour ça. Sanzu est resté avec elle.
- Et ?
- Alors ça m'étonnerait que tu perdes ton travail. Lui explique t'il, préférant éluder quelques détails.
En effet, quelques instants plus tard, Lana apprend que le nez de sa collègue a saigné, à cause d'une mauvaise chute.
Toutefois, son directeur l'a renvoyé chez elle pour une semaine, jugeant qu'elle avait beaucoup trop travaillé et qu'elle avait grandement besoin de faire une pause.
C'est alors, que pour la première fois en deux semaines, elle s'affale de tout son long sur son canapé, faisant le point sur sa vie et sur elle même.
"Et quoi que je fasse, je n'arrête pas de penser à toi, Waka."
"C'est sûrement pas ton cas."
Elle soupire et part enfin dormir. Elle a beaucoup trop de sommeil en retard et s'endort presque instantanément.
De leur côté, le lendemain, les membres du Brahman s'inquiètent. Voilà deux semaines que Wakasa ne sort quasiment plus de chez lui. Il ne passe même plus au gymnase, que Benkei gère en attendant qu'il se décide à le faire.
Seulement aujourd'hui, ils sont tous fatigués de le voir ainsi, s'enfoncer dans la solitude et le mutisme. Ils sont donc réunis au gymnase, afin d'en parler et d'essayer de trouver une solution.
- Il ne sort quasiment plus. Explique Benkei, le regard grave. Les seules fois où il met le nez dehors, c'est pour les réunions et pour surveiller l'hôpital, pour que personne ne s'en prenne à Lana.
- Il devrait juste l'oublier, si tu veux mon avis. Intervient Takeomi.
- Il l'aime. Proteste Draken. C'est pas juste un flirt de vacances, qu'on peut oublier comme ça. Perdre quelqu'un qu'on aime... c'est très douloureux.
- Je ne minimise pas ses sentiments. Se justifie Takeomi. Mais, il doit aller de l'avant. Elle lui a clairement fait comprendre qu'elle ne voulait plus le voir. Ça lui a fait mal, je l'ai bien compris quand il nous l'a dit. Mais si elle ne veut plus le voir, il ne va pas la forcer ! C'est injuste ce qui est arrivé, je suis d'accord. C'est même dégueulasse. Personne ne devrait vivre ça. Mais à part essayer de continuer sa vie, je ne vois pas ce qu'il peut faire.
- Je comprend ce que tu veux dire. Malheureusement, on le connaît. C'est l'espoir qu'un jour elle revienne, qui le fait tenir. Ajoute Benkei.
- Alors c'est certainement pas en se la jouant, zombie dépressif qu'il aura une chance de la récupérer. Poursuit Takeomi. S'il tient vraiment à la revoir, qu'il y aille mais il faut qu'il fasse quelque chose. C'est pas une vie, ce qu'il s'inflige.
- Dans tout les cas, il faudrait que l'un de nous lui parle. Propose Draken.
- On a déjà essayé. Répond Benkei. Les seules réponses qu'on a c'est des "Hm" et des haussements d'épaules. Déplore Benkei.
- Non je veux dire... vraiment lui parler. Précise Draken. Le secouer. Takeomi a raison sur une chose. Il ne peut pas continuer comme ça.
Tout les trois ont un regard entendu. Le regard de Draken et Takeomi se pose longuement sur Benkei, qui comprend le message.
- OK... j'y vais. Mais si je reviens avec des bleus vous me paierez mes soins ! Les prévient il.
- Marché conclu. Sourit Draken, plutôt soulagé de ne pas être celui qui doit affronter Wakasa.
Benkei soupire et se rend chez Wakasa. La porte n'est pas vérouillée, comme d'habitude. En même temps, si des cambrioleurs entrent pendant qu'il est là, c'est plutôt eux qui sont à plaindre. A toujours pensé Benkei.
L'appartement est vraiment silencieux. Benkei se dit qu'il doit dormir. Alors, il se rend dans sa chambre. Aucune trace de Wakasa. Assez curieux. Pense t'il.
Il le cherche dans les autres pièces. Il n'y est pas non plus. Où est ce qu'il peut bien être ? Ils ne l'ont même pas vu sortir.
Dépité, ils rejoint les autres qui lui lancent des regards surpris.
- Déjà ? Fait Takeomi.
- Il n'est pas là. Explique Benkei.
- Comment ça, pas là ? Où il peut être alors ? Demande Draken.
En vérité, Wakasa erre dans la ville sur sa moto. Il avait besoin de se vider la tête. Ce n'est pas un franc succès, il doit le reconnaître. Il crève d'envie de la voir.
Elle a ignoré la totalité de ses appels. Il ne peut pas lui en vouloir. Il la comprend même. Mais, tout son être la réclame. Plus le temps passe et plus son absence à ses côtés, est douloureuse. Plus elle l'ignore, plus ce qu'il lui reste d'amour propre se dissipe. Tout est de sa faute. Il le sait et c'est ce qui fait mal.
Dans son trajet, il s'arrête à l'étang de Shinobazu, là où il l'a emmené une fois. Son visage émerveillé avait été le plus beau spectacle qui lui avait été donné de voir.
A travers les lumières de la nuit, elle était tellement belle. Regardant l'étendue d'eau devant eux, elle était si paisible. Dans ses bras, elle avait l'air si heureuse.
"Tu me manques tellement, princesse."
Accoudé au ponton, il laisse son regard se promener sur l'eau, beaucoup plus paisible que lui en ce moment. Il voit son reflet déformé dans les flots et sa machoire se serre.
"Il faut que je te vois, princesse. Même si c'est pour que tu te défoules sur moi."
"J'ai besoin de toi."
Il passe sa main sur son visage et souffle un bon coup. Il enfourche de nouveau sa moto et roule à vive allure, vers sa destination.
Il a déjà emmené Lana chez elle, pour qu'elle récupère d'autres affaires à elle. Ainsi, il se souvient où elle habite.
Il y arrive au bout d'une quinzaine de minutes. Il met de temps avant de descendre de sa moto. Il cherche quoi lui dire.
"Pourquoi m'embêter avec ça ? Si ça se trouve, elle me claquera la porte au nez."
Il se donne interieurement du courage et descend finalement de sa moto. Il marche d'un pas hésitant vers l'entrée de l'appartement de Lana.
Soupirant fortement, il se décide à donner trois petit coups dans la porte et à sonner.
Au bout d'une trentaine de secondes, la porte s'ouvre. Enfin. Il peut enfin voir son visage face à lui.
Comme il l'avait prévu, elle tente de refermer la porte mais il la retient, plaçant son bras en travers.
- S'il te plaît... je veux qu'on discute. Lui dit il.
Elle souffle du nez. Qu'est ce qu'ils peuvent bien avoir à se dire ? Elle ne voit aucun mot, venant de lui, qui serait capable d'apaiser cette douleur que lui même a provoqué.
Toutefois, elle le connaît assez bien pour savoir qu'il ne bougera pas, tant qu'il n'aura pas eu la discussion qu'il est venu chercher.
C'est dans un grognement d'agacement, qu'elle relâche la pression qu'elle exerce sur la porte.
- On a rien à se dire. Mais si tu tiens à perdre ton temps. Soupire t'elle, se décalant pour le laisser passer.
Le regard qu'elle pose sur lui est glacial. Bien loin de celui qu'elle posait sur lui avant. Elle semble avoir oublié, l'amour qu'elle lui portait, selon Wakasa.
Une chose est sûre, cette discussion ne sera pas paisible.
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