■36■
Cinq minutes, c'est le temps que Wakasa reste dans le silence. Il a demandé à Lana de le pardonner. Mais de quoi ? Il ne lui a rien dit. Elle ne sait même pas de quoi il parle. Comment peut elle pardonner quelque chose, qu'elle ne connaît pas ?
Elle commence à vraiment avoir peur. Ça a l'air d'être quelque chose de grave, pour qu'il se mette dans un tel état. Il a ses coudes sur les genoux et son visage dans ses mains. Qu'est ce qui est aussi horrible ?
- Waka... s'il te plaît. Dis moi.
Elle va finir par devenir folle à force de s'imaginer tout et n'importe quoi. Elle se fait des films tellement poussés que ça en est surréaliste.
Il relève son visage et fixe le plafond. C'est comme si les mots ne voulaient pas sortir de sa bouche. Dire tout ça à voix haute, rendrait cette horreur encore plus réelle.
"Un enfoiré, un putain d'enfoiré. C'est tout ce que je suis."
"J'ai même pas les couilles de te regarder."
Il doit le lui dire. South le fera s'il ne le fait pas. Il ne peut pas la laisser découvrir ça, par quelqu'un d'autre que lui. Il fixe le sol et commence son récit.
- Tu te souviens, je t'avais parlé d'une certaine époque où j'acceptais... des contrats... illégaux ?
- Hm. Fait elle, les sourcils froncés.
"C'est maintenant ! Maintenant que tu vas me détester. T'auras raison, en plus."
Il se racle la gorge par nervosité. Il a du mal à déglutir, tant sa gorge est serrée.
- Il y a cinq ans... on est entré en contact avec moi... pour aider un homme à... échapper à la police. Il devait être arrêté le jour même. Merde... Jure t'il. Si seulement j'avais dit non. Je ne savais pas Lana... je ne savais pas ce qui se passerait, je te le jure.
Lana est complètement perdue. Elle ne l'a jamais vu comme ça. Comme si une douleur presque visible le rongeait continuellement.
- J'ai honoré ce contrat. J'ai... mis KO les officiers qui étaient venu le chercher et... il a pu s'enfuir. C'était le 24 janvier. Je ne savais pas... je ne savais pas... ce qui allait se passer.
Alors c'est ça. Cette chose qu'il avait si peur de lui dire. C'est lui... qui a fait ça ? Non... c'est impossible. Pas lui.
La respiration de Lana est difficile. Impossible presque. Son ventre est sujet à une douleur atroce. Une grande nausée s'empare d'elle.
Sans qu'il n'ait besoin de le lui dire, elle sait qu'il parle de Kaïto Naoki. En hackant la police, elle a su qu'il devait être arrêté, pour le même genre de fait, le jour où il a croisé sa route.
C'est une des raisons pour laquelle, on ne l'a pas cru. Pour eux, il était en détention. Ils ne s'étaient toujours pas rendu compte que ce n'était pas le cas. La communication entre les services, n'était pas d'une grande efficacité à ce moment là.
Sa douleur s'intensifie. Elle se lève, restant légèrement courbée, cherchant en vain sa respiration. C'est comme si le ciel venait de lui tomber sur la tête. Rien ne lui serait arrivé, si Wakasa l'avait laissé se faire embarqué.
La tête de la jeune femme tourne. A tel point qu'elle en a la nausée. Une nausée puissante qui lui fait mal.
"Comment j'ai pu être aussi conne ?"
"Comment j'ai pu croire que je pouvais être heureuse ?"
"Comment j'ai pu lui faire confiance ?"
"Comment j'ai pu croire qu'il m'aimait ?"
"Il le savait depuis le début, j'en suis sûre !"
"Ça l'a amusé de me voir tomber amoureuse de lui ?"
"Comment est ce qu'il a pu être aussi cruel ?"
Toutes ses questions se bousculent dans la tête de Lana. Elle se sent mal, comme si elle allait faire un malaise. Comme si son corps était là, mais pas son esprit.
Voyant son état Wakasa se lève et tente de l'approcher. Le voyant faire, elle reprend ses esprits.
- Ne m'approche pas ! Ordonne t'elle, entre ses dents.
- Lana...
Elle tient ses cheveux dans ses mains, faisant quelques pas sur place. Sa respiration est désormais bruyante et horriblement douloureuse.
Elle se pince les lèvres entre elles, ses sourcils se froncent malgré elle et elle sent de douloureuses larmes, monter à ses yeux.
- Non.... t'as pas fait ça... c'est un cauchemar. Fait Lana, le suppliant presque du regard, de lui dire que c'est faux.
Elle a l'impression que tout s'écroule autour d'elle. Une partie d'elle se dit encore qu'elle hallucine. Qu'elle a mal comprit. Elle donnerait tout, pour que ce ne soit pas réel en cet instant.
Comment il a pu lui cacher ça ? Elle a réussi à lui faire confiance. A l'aimer aveuglément. Aujourd'hui, en cet instant, c'est comme si on venait de la plonger dans le néant.
Devant l'expression dévastée de Lana, Wakasa a l'impression, qu'un trou béant s'est fait en lui. Il a une douleur insupportable au ventre, une atroce nausée et un bon nombre de sueurs froides le traversant sans relâche.
Elle sait. Il a tellement honte. Jamais il n'aurait pensé, qu'ils en arriveraient là. Jamais, il n'aurait pensé être sur le point de la perdre. Dans le regard de la jeune femme, luit à présent, une certaine détermination.
Il sait. Elle veut s'en aller. Elle ne veut plus le voir. Comment la blâmer ? Qu'est ce qu'il pourrait bien lui dire ? Rien ne saurait apaiser cette douleur en elle. Ce cruel et atroce sentiment de trahison.
- S'il te plaît... Commence le jeune homme, dans un soupir tremblant. Souviens toi de ce qu'on a vécu, Lana.
Faire appel à ses souvenirs. A ces moments heureux qu'ils ont partagés. A leurs amour ayant mit tant de temps à se construire.
Plus elle se souvient, plus la trahison s'agrandit. Plus elle le revoit lui sourire, l'embrasser, la toucher, plus tout cela semble faux. Tous ces mois passés avec lui, dans ces bras, ne sont qu'une illusion de bonheur, qu'il a eu la cruauté de lui faire vivre.
- On a vécu un mensonge Waka... Ton putain de mensonge. Déclare t'elle, la machoire tellement serrée, qu'elle lui fait mal.
Tout lui fait mal à vrai dire. Même le voir en face d'elle, tentant vainement, d'arranger les choses, lui donne la sensation d'un puissant coup dans la poitrine.
- Non... l'homme que tu as en face de toi, c'est celui que je suis vraiment. Celui qui t'aime et qui est prêt à n'importe quoi pour toi. J'ai fais de la merde... je sais. Mais rien de ce qu'on a vécu n'est faux.
Il pourrait lui dire n'importe quoi, c'est comme si aucun de ses mots ne trouvait écho en elle. Elle ne peut tout simplement pas admettre qu'il l'aime vraiment. Pour elle, c'est impensable après ça.
- C'est pour ça que tu t'es mis avec moi... pour soulager ta conscience ? Pleure t'elle à présent.
Cela semble plus une affirmation qu'une question à vrai dire. Elle n'arrive pas à voir les choses autrement.
- Non... non, non, non, pitié ne crois pas ça. Je... je ne savais rien de tout ça, avant que tu m'en parles... que tu... me donnes son nom. Et... quand j'ai réalisé.... c'était trop tard... pour te le dire.
- Pourquoi trop tard ? Demande t'elle, haussant le ton.
- J'étais.... déjà... amoureux de toi. Je ne voulais pas te perdre.
C'est une gifle résonante, que Lana n'a pas pu contrôler, qui se pose violement sur le visage de Wakasa. Comment ose t'il dire ça ? Comment ose t'il penser, qu'elle peut le croire à présent ?
Wakasa ne réagit pas. Il le mérite. Il en a parfaitement conscience. Il reste juste planté là, la tête sur le côté. Comment l'apaiser ? Comment lui faire comprendre, que jamais, il n'aurait fait ça s'il avait su ce qui lui arriverait.
- Et tu as encore le culot de me mentir ? Hurle t'elle.
Ses pleurs font dérailler sa voix. Comment pourrait on, être amoureux d'une femme et lui cacher ça ?
- Je ne te mens pas... je ne t'ai jamais mentit sur ce que je ressens pour toi. Crois moi, s'il te plaît. La supplie t'il. Lana... si j'avais su... jamais... jamais je n'aurais accepté.
- Est ce qu'au moins tu t'en aies soucié ?! Est ce qu'au moins tu t'es demandé... pourquoi il devait être arrêté ? On ne m'a pas cru... on ne m'a pas cru quand je l'ai raconté... parce qu'il devait être arrêté ce jour là... personne ne m'a cru... on m'a salie... traitée de menteuse... de tous les noms d'ailleurs... à cause de toi.
Cette dernière phrase fait mal. Très mal. Wakasa se sent vide. Sa respiration devient difficile. Il sent sa gorge se nouer et son cœur se serrer.
"T'as raison, je suis le dernier des connards"
"Mais je peux te jurer que je l'aurais tué de mes propres mains, s'il était encore en vie."
"A quoi bon te dire ça... tu me regardes déjà comme la dernière des ordures et je le mérite"
Il doit le reconnaître, non. Il ne s'est soucié de rien. A cette époque, il se moquait totalement du reste du monde. Mais aujourd'hui, il donnerait cher, trés cher, pour effacer cet évènement.
Sa douleur est encore plus vive, lorsqu'il voit Lana, entrer dans la chambre et rassembler frénétiquement ses affaires. Il tente de la stopper. Peine perdue. Dès qu'il tente de l'approcher, elle menace de le frapper de nouveau.
Il pourrait la laisser faire, si ça pouvait la calmer. Malheureusement, ce ne serait même pas suffisant pour entrevoir l'ombre d'un apaisement.
Elle est détruite. Elle ne le voit plus comme l'homme qu'elle aime, mais comme le monstre, responsable de son malheur.
- Ne t'en vas pas.... s'il te plaît... princesse....
- Ne m'appelle pas comme ça ! Hurle t'elle, de nouveau, continuant à rassembler ses affaires.
- Pardon... pardonne moi. Dis moi... dis moi ce que je peux faire... tout ce que tu voudras... n'importe quoi... tout ce que tu voudras... dis moi qu'il y a un moyen d'arranger ça. L'implore t'il, tentant de contrôler sa douleur lancinante.
- Rien... je ne veux plus rien de toi. Crache t'elle, pleine de rage. Je ne veux plus... je ne peux plus... rester ici. Termine t'elle, fermant son sac et se dirigeant vers la sortie.
Sans vraiment comprendre, il se plante devant la porte de la chambre, l'empêchant de passer. Il n'a même pas contrôlé ses mouvements, l'empêcher de partir est instinctif.
Il ne peut pas se résoudre à la regarder s'en aller, sans rien faire. Il doit tenter quelque chose, n'importe quoi, pour la retenir.
Lorsqu'il croise son regard, il s'aperçoit qu'il a changé. De la haine. C'est ce qu'il voit dans ses yeux. Cette haine en elle est contre lui. Jamais, il ne se serait douté qu'elle le regarderait ainsi un jour.
- Pousse toi ! Ordonne t'elle, d'un ton des plus glacial.
- S'il te plaît... laisse moi t'expliquer.
- M'expliquer quoi, hein ? Que t'es désolé ? Que tu as fait de ma vie un enfer ? Que tu me mens depuis qu'on se connaît ? Ça je l'ai comprit !
Ses pleurs sont semblables à une crise d'hystérie. Elle frappe son torse pour essayer de le faire bouger. Rien à faire il ne bronche pas.
Elle est persuadée qu'il lui ment, quand il lui dit qu'il ne le savait que depuis une dizaine de jours. Elle n'en démord pas. C'est cette pensée, aussi fausse soit elle, qui lui fait le plus mal. Elle se sent trahie, humiliée et tellement idiote.
Wakasa a beau lui assurer que c'est faux, qu'il n'avait aucune connaissance du lien entre elle et ce contrat, rien ne lui fait entendre raison. Elle reste butée dans cette idée. Elle a oublié l'homme qu'elle connaît et s'est forgé une autre image de lui, en à peine quelques instants.
- Dégage ! Crit elle, épuisée d'essayer de le faire bouger. Va te faire foutre ! Casse toi ! Laisse moi m'en aller ! Je veux plus te voir ! Plus jamais ! Je te déteste !
- Je t'en supplie... Ecoute moi... Je t'aime... Je suis prêt à tout, pour que tu restes. Laisse moi le temps de trouver une solution.
- Y a pas de solution ! Pleure t'elle. Y a plus rien à faire, t'en a assez fait comme ça.
La jeune femme est sourde à toute complainte et explication et il ne peut que le comprendre. Mais bon sang, qu'est ce que c'est douloureux, de la voir ainsi.
Elle baisse la tête, prend une grande inspiration et tente de contrôler les foutus tremblements, qui s'emparent d'elle et menacent de la faire s'effondrer.
Soudain, c'est comme si Lana était devenue une autre personne. Son visage, son regard et même sa voix, sont d'une froideur sans nom. Elle plante son regard dans le siens et reprend.
- Je continuerai à chercher la taupe chez Manjiro et à vérifier ce que le Naichō a sur lui. Mais, à partir de maintenant, toi et moi c'est terminé. Y a rien, absolument rien à sauver entre nous. Maintenant laisse moi passer.
Sur ces mots, il capitule. Il ne peut rien faire et c'est bien ça, qui le blesse le plus. Il la voit s'en aller en claquant la porte.
Arrivée devant sa voiture, elle ouvre la portière arrière et jette littéralement ses affaires sur les sièges. Elle démarre en trombe et s'arrête au coin d'une rue, à l'abri des regards.
Elle reprend difficilement son souffle et pose son visage entre ses mains. Soudain, tout remonte en elle. Ses pleurs sont à fendre le cœur. Elle hurle presque de désespoir. Elle n'arrive presque pas à respirer tant ses pleurs sont incessants.
Elle a perdu cette nouvelle vie qu'elle avait eu tant de plaisir à construire, en un claquement de doigt. Elle se sent vide, tellement vide. Comment surmonter ça ?
Ce qui lui fait le plus mal, c'est qu'elle sait très bien qu'elle n'arrivera pas à l'oublier, malgré tout ce qu'elle sait.
Pourtant, elle doit y arriver. Elle ne peux plus penser à lui. Il faut qu'elle l'oublie et elle compte bien y parvenir.
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