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- Burger ou poulet frit ? Demande Benkei à Lana, s'asseyant en face d'elle.

Elle fronce les sourcils et a un réflexe, que Benkei trouve étrange. Elle rapproche, encore plus, ses genoux de son corps et resserre l'étreinte qu'elle exerce autour d'eux.

- Waka m'a demandé de te commander quelque chose. S'explique t'il.

- Je ne suis pas une enfant. Proteste t'elle.

- Disons qu'il est prévenant... Benkei. Se présente t'il.

Il préfère, en ayant vu son comportement de défense, ne pas lui serrer la main. Il resterait sûrement la main tendue, sans réponse de sa part.

- Lana. Répond t'elle, froidement.

Elle se doute qu'il sait qui elle est, en réalité. Elle préfère juste qu'il l'appelle par son prénom, quand ils sont entourés.

- Je suis assez admiratif de ce que tu fais. Lui dit il.

- Hm. Fait elle simplement, resserrant encore plus ses bras, autour de ses genoux.

Benkei se dit qu'il va sûrement devoir, trouver une autre stratégie pour établir le contact, avec elle.

Avant qu'il ne puisse penser à une alternative, la porte d'entrée s'ouvre, laissant apparaître une habituée, brune, élancée et fin prête à s'entraîner.

- Salut Benkei. Fait cette dernière, affichant un grand sourire.

- Salut. Fait il, imitant son sourire.

La jeune brune porte son regard sur Lana, qui lève la tête. Benkei s'aperçoit qu'en voyant cette femme, la jeune hackeuse relâche ses jambes, s'asseyant normalement et se tournant vers elle.

- Merde, tes yeux sont magnifiques. Dit la cliente, à Lana.

- Oh. Merci. Sourit elle.

- Désolée... je m'appelle Yuna. Se présente t'elle, lui tendant sa main.

Lana prend la main de Yuna, dans la sienne. Elle se présente, gardant ce sourire.

- Je ne t'ai jamais vu ici. Tu viens t'entraîner ? Demande Yuna.

- Euh... non, j'ai fini pour aujourd'hui. Ment Lana.

- Très bien. Peut être à plus tard. Dit la jeune femme, enjouée.

Une fois que Yuna est loin d'eux et que Lana, se retrouve de nouveau seule avec Benkei, elle reprend sa position initiale. Ce mécanisme semble être naturel chez elle, selon Benkei. Il pense comprendre un peu, pourquoi elle agit comme ça.

- Donc. Soupire t'il. Burger ou poulet frit ?

- Comme tu veux. Souffle Lana.

Elle ne l'a pas regardé une seule fois dans les yeux. Ce constat, ne fait que confirmer ce que Benkei pense. Ça lui fait un peu mal au cœur de se dire, qu'il a sûrement raison.

Une quart d'heure plus tard, la commande de Lana arrive. Elle déballe, sur la table devant elle, sa nourriture.

Benkei a donc, opté pour un burger. Elle mange calmement, continuant inlassablement d'observer autour d'elle.

Elle ne semble pas réaliser, le paradoxe qu'elle crée en mangeant de la nourriture aussi grasse, au beau milieu d'une salle de sport. Elle a surtout l'air d'en avoir rien à faire.

Du moins, c'est ce que pense Wakasa, la regardant faire de loin. Intèrieurement, ça le fait rire. Il se moque un peu de ce qu'on pourrait dire, face à ce spectacle.

Si c'est ce qu'elle aime manger, qu'à cela ne tienne. Il ne va pas lui faire la morale.

Elle a l'air de se méfier de tout. Elle ne mange même pas tranquillement. Elle s'arrête entre chaque bouchée, pour observer les personnes qui l'entourent.

Wakasa aimerait bien qu'elle se détende, un peu. Il a besoin qu'elle lui fasse confiance, pour ce qu'il compte lui demander.

Tant qu'elle semblera aussi méfiante, une association entre eux, sera compromise.

Même pour elle, ce serait bien qu'elle s'apaise. Ce doit être épuisant, une méfiance constante. Pense le jeune homme.

Il doit tenter quelque chose. Peut être que s'il faisait en sorte qu'elle se sente comme chez elle, ça aiderait ?

Il va donc s'assoir de nouveau face à elle. Il peut s'accorder une pause pour le moment. Autant en profiter pour essayer d'établir un lien.

Lorsqu'elle remarque sa présence, elle pose son burger et, comme avec Benkei, se replie encore plus.

- Tu peux continuer à manger, tu sais ? Dit il, assez intrigué par son comportement.

Elle reprend le sandwich, mais ne se détend pas pour autant. Elle le fixe. Il est étrange, selon elle. Il a besoin d'elle, mais ne lui dit pas pourquoi. Plus il retarde le moment de lui dire, plus elle imagine tout et n'importe quoi.

- Je me disais. Reprend Wakasa. Si tu veux, on peut... décorer ta chambre. Peut être que tu te sentirais plus à l'aise.

- C'est pas vraiment ce qui m'aidera. Reconnaît elle.

- Alors, qu'est-ce qui t'aiderait ? Je suis de ton côté. J'ai besoin que tu te sentes en confiance, avec moi.

- Écoute... je te suis reconnaissante, pour ton aide. Vraiment, reconnaissante. Je t'assure. Mais, je suis obligée d'habiter avec toi alors que tu es... un inconnu. En plus, je ne sais pas ce que tu me veux.

- J'ai besoin que tu te détendes, pour te parler de ça. Demande moi ce que tu veux, sur moi. Je te répondrai.

Lana trouve ça, plutôt intéressant. Toutefois, rien ne lui vient en tête. Elle est beaucoup plus à l'aise à l'hôpital, ou derrière un ordinateur. Face à face, c'est une autre histoire.

Il a l'air de vouloir faire un pas vers elle. Les relations sociales, ne sont pas vraiment le fort de la jeune femme. Alors, elle se penche, saisit sa barquette de frites et la tend à Wakasa.

Il devrait s'estimer heureux. Lana ne partage que très rarement sa nourriture. Encore moins, avec un homme.

Il n'a pas vraiment envie de manger ça. Mais, s'il doit en passer par là, pour établir une relation de confiance, il fera une entorse à ses habitudes alimentaires.

Il soupire et s'empare de quelques frites. Décidément, il n'aime vraiment pas ça.

- C'est.... gras. Constate t'il, dans une petite moue.

- C'est pour ça que c'est bon. Souffle t'elle, reposant la barquette sur la table.

- Au moins, tu coches une case dans les clichés, sur les geeks. Fait il, dans un petit sourire.

Elle hausse les épaules. Elle se demande si tous ceux qui ont entendu parlé de Fox, ont aussi ce genre d'idées reçues en tête.

- T'as pas chaud ? Demande Wakasa, faisant référence à ses habits beaucoup trop larges.

- Non. Répond t'elle, froidement.

Elle semble se refermer à nouveau. Note à lui même : ne plus lui parler de sa tenue. Une vraie galère, dans laquelle il s'est embarqué. Se dit il, en soupirant.

- Est ce que... tu veux essayer... de l'exercice. Tente t'il.

- Je déteste le sport. Réplique t'elle. Je vois pas l'intérêt de suer.

- Pourtant, beaucoup de femmes viennent ici, elles aiment bien. Explique t'il.

- C'est pas pour le sport qu'elles viennent ici. Le contredit Lana.

Wakasa fronce les sourcils, faisant mine de ne pas comprendre.

- Au moins je sais quelque chose, sur toi. Soupire t'elle. Tu es aveugle.

Il ne l'est pas vraiment. Il sait qu'il a du succès. Parfois il se laisse tenter, il le reconnaît. Personne ne dit non à une agréable compagnie, de temps en temps.

Puis, le fait qu'il attise la convoitise, fait marcher ses affaires. Il ne va pas s'en plaindre.

- Comment tu as réussi à te payer tout ça ? Demande Lana, désignant la salle du regard. Ton passé dans les gangs ?

- Pas vraiment. Plusieurs petits contrats, par ci, par là, en fait.

Wakasa ne lui dit pas tout. Il a un peu honte, de cette partie de sa vie. A une certaine période, il a en quelques sortes, sombré.

Alors, il a cherché un moyen de se sentir vivant. Vaine tentative. Il a accepté plusieurs contrats, pas du tout légaux, touchant une prime intéressante à la fin.

Il s'est donc servit de cet argent sale, pour s'offrir cet endroit. Il n'en a rien dit à la majorité de ses amis. Il a dû faire certaine choses, qu'avec le recul, il trouve répugnantes.

Il ne peut pas révéler tout ça, à Lana. Il veut qu'elle lui fasse confiance, pas la faire fuir.

Lana semble se contenter de cette réponse. Toutefois, elle revoit se poser sur elle, les regards assassins de certaines clientes. Agacée, elle leur adresse un doigt d'honneur qu'elle garde dressé, jusqu'à ce qu'elles détournent le regard.

- Je vois que tu sais te faire apprécier. Rit un peu Wakasa.

- Je déteste qu'on me prenne pour ce que je ne suis pas. Répond t'elle. Tu es tout à elles, si elles veulent.

- Et mon avis, dans tout ça ? Fait il, arquant un sourcil.

- Tu n'as qu'à le leur donner. Réplique t'elle, haussant les épaules. J'ai juste l'impression, d'être ambiguë avec toi, quand elles me regardent comme ça. C'est énervant.

- Je comprend. Soupire t'il. Pardon pour ça. A partir de demain, on essaiera de trouver des solutions, pour cohabiter au mieux. En attendant qu'on trouve, si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas. Si je ne suis pas là, demande à Benkei, il t'aidera.

Elle pose son regard sur Benkei, discutant avec Yuna un peu plus loin. Elle fronce un peu les sourcils.

- Il n'a pas l'air comme ça, mais il est très gentil. Surtout.... il est assez impressioné par... tes talents. Avoue Wakasa.

Elle hoche la tête, bien qu'elle ne compte pas leur demander quoi que ce soit. On ne demande pas de service à des inconnus.

L'heure est enfin arrivée pour Wakasa, de conduire Lana sur son lieu de travail.

Une fois arrivée, elle le voit, non sans surprise, marcher à ses côtés jusqu'à l'entrée du bâtiment.

- Qu'est ce que tu fais ? Lui demande t'elle.

- Je m'assure que tu entres sans encombre. Répond t'il, son air flegmatique dans la voix. Je reviendrai te chercher demain.

- Qu'est ce que tu veux en échange, de tant de bienveillance ?

- Quand j'estimerai que c'est le moment, je te le dirai, ne t'en fais pas. Bon courage, pour cette nuit. Dit il, s'en allant.

Vingt minutes plus tard, Wakasa revient dans sa salle de sport. Il voit Benkei, en compagnie de Takeomi et s'affale à leur côté.

- Alors, tu lui as dit ce qu'on attend d'elle ? Demande Takeomi.

- On ? Que ce soit clair, c'est a moi qu'elle aura à faire si elle accepte. Seulement à moi. Précise Wakasa.

Benkei regarde Takeomi avec un air signifiant un, "Je te l'avais dit". Wakasa reprend.

- Mais non, je ne lui ai pas encore dit. Soupire t'il.

- Tu attends quoi, au juste ? T'as pas vraiment une éternité devant toi, Waka. Répond Takeomi.

- J'avais déjà compris ça tout seul, étonnant hein ? Rétorque Wakasa, légèrement agacé. Je lui dirai quand elle me fera confiance.

- Il paraît aussi, que tu assures sa protection. T'es sûr que c'est une bonne idée ?

- T'es mon boss, Takeomi ?

- Oh, je vois. C'est pas juste pour le hacking que tu t'intéresses à elle, hein ? Fait Takeomi, dans un rire gras.

- Tu me prends pour qui, au juste ? S'agace encore plus Wakasa.

- De toute façon. Intervient Benkei. Même s'il voulait tenter quelque chose avec elle, ce serait peine

Comment Wakasa Imaushi, pourrait ne pas avoir de chance avec une femme ? C'est ce que se demande Takeomi. Benkei reprend, face au silence qui s'est installé.

- En fait... je crois qu'elle a peur des hommes.

- Hm ? Fait Wakasa.

Benkei entreprend alors, de lui expliquer ce comportement étrange chez Lana. Ce repli sur elle même, quand ils étaient tout les deux. Son attitude sereine et son sourire, quand Yuna lui a parlé. Surtout, son retour à une attitude auto-protectrice lorsque Yuna, les a laissé.

- En même temps, t'es plutôt... imposant comme garçon. Constate Takeomi, regardant Benkei

Wakasa réfléchit aux paroles de Benkei. Il lui revient à l'esprit, leur petit déjeuner de ce matin. Il n'a pas rêvé. Elle a bien tremblé, lorsqu'il lui a attrapé le poignet.

Il repense aussi à son vif refus, quand il lui a proposé de l'héberger. A sa méfiance, quand il lui a assuré ne jamais entrer dans sa chambre, sans sa permission.

Sa façon de se refermer sur elle même, lorsqu'il essaye de la découvrir. Surtout cette façon de s'habiller. En fait, elle se cache derrière ses vêtements.

Alors non, la carrure de Benkei ne semble pas être le problème. Wakasa comprend donc, qu'il va devoir lui prouver qu'il ne lui fera aucun mal et qu'il ne représente aucun danger pour elle, s'il veut qu'elle accepte sa proposition.

Il se demande tout de même, ce qu'il a pu lui arriver, pour qu'elle ait une telle crainte des hommes. Une chose est sûre, ce ne sera pas agréable à entendre.

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