■21■

Le lendemain matin, ceux sont les tendres caresses de Wakasa contre son bras, qui réveillent Lana.

Elle prend un petit temps pour réfléchir. Elle a l'impression que ce qu'il s'est passé hier soir est un rêve. Comme s'il était impossible que quelqu'un ait été capable d'une telle douceur avec elle.

Pourtant, blottie contre lui, elle se rend compte qu'il s'agit bien de la réalité. La peau du jeune homme est d'une agréable chaleur.

Elle pourrait rester ainsi toute la journée. De ses doigts elle parcourt légèrement le torse du jeune homme, avant de se réveiller complètement.

- Bien dormi. Lui demande t'il, jouant avec les cheveux de la jeune femme.

- Très bien. Sourit elle. Dis... est ce qu'on peut... dormir ensemble... à partir de maintenant ? Hésite t'elle.

Peut être ne souhaite t'il pas être dérangé pendant son sommeil ? Peut être préfère t'il dormir seul ? Puis quatre jours par semaines, elle travaille de nuit. Peut être qu'il ne veut pas qu'elle le réveille tant son rythme de sommeil est différent du siens ?

Oui, elle ne peut pas s'empêcher de se poser toutes sortes de questions, sur toutes sortes de chose. Cogiter à outrance a toujours fait partie de la personnalité de Lana. C'est assez épuisant à la longue.

Toutefois Wakasa semble enclin à la rassurer sur ce point. Il embrasse son front et lui répond.

- J'y compte bien. Rit il un peu. Rien de mieux que de dormir dans tes bras. Lui murmure t'il à l'oreille.

Ses murmures font frissonner quelque peu la jeune femme. A t'il toujours eu cet effet sur elle ? Connaît elle de nouvelles sensations depuis ce matin ?

- Je dois y aller. Annonce Wakasa, à contre cœur. Benkei va sûrement piquer une crise si j'arrive pas rapidement. Soupire t'il. Je suis déjà bien en retard.

- Pourquoi t'es pas partit plus tôt alors ?

- J'avais envie que tu te réveilles avec moi. Répond t'il, embrassant sa joue avant de se lever.

C'est un incontrolable sourire qui s'empare de Lana. Elle rougit violement et tente de le cacher, ramenant les draps jusque sur son visage. Wakasa rit un peu, la voyant agir.

-  Oh ? Alors j'arrive à te faire perdre tes moyens ? La taquine t'il.

- Benkei t'attend. Fait elle, le visage toujours sous les draps.

Il rit de nouveau, se rassoit sur le lit et relève délicatement les draps, pour dévoiler le visage de Lana, toujours d'une rougeur évidente.

- A plus tard, princesse. Sourit il, embrassant sa tempe.

Il s'en va finalement, laissant la rougeur de Lana, croître considérablement. Il faut vraiment qu'elle apprenne à gérer ça. Se dit elle. Elle ne peut pas perdre ses moyens à chaque fois qu'il lui parle.

Même elle ne comprend pas ce qu'il lui prend. Elle ressemble à une adolescente, connaissant ses premiers émois. Elle ne supporte pas d'avoir ce genre de comportement.

Elle retrouve ses esprits après plusieurs minutes. Elle décide de boire un café, ça lui fera le plus grand bien. Savourant la première gorgée, elle ouvre son ordinateur.

Elle tiens à vérifier que les renseignements du Naichō sur ce fameux Mikey, n'ont pas évolué.

Elle se rassure. Elle sait que tant qu'ils ne connaissent pas son visage, il ne risque rien. Il n'y en a aucun signe pour le moment. Pour combien de temps ? Se demande t'elle.

Voilà des années que le Naichō recherche Lana. Pourtant ils ne savent pas à quoi elle ressemble. Pour cause, ce n'est pas une femme qu'ils cherchent.

Ce sexisme l'agacerait en temps normal. Seulement dans ce cas, c'est clairement ce qui la sauve. Elle a beau savoir qu'elle détient plusieurs éléments qui la protégeraient au cas où ils finissaient par découvrir son identité, elle ne peut s'empêcher d'avoir une certaine apréhension.

Le Naichō, ce n'est pas la police. Ils ne sont soumis à aucune loi. Quelques soient les actes qu'ils commettront, on fermera les yeux, sous couvert de la "sécurité nationnale".

Si le monde savait ce qu'elle a vu de tout ce qui a été fait sous ce prétexte, il serait fortement ébranlé. Elle a pensé tellement de fois à diffuser les secrets d'Etat qu'elle détient.

Malheureusement, il s'agit là de son assurance vie. Elle le sait, si elle n'avait rien de tout ça, ils la tueraient à coup sûr, pour que jamais elle ne menace la réputation de ce pays.

Alors, elle se console en s'attaquant à toutes les institutions qu'elle trouve. Ils méritent bien ça. Une petite frayeur qui n'est que peu chère payée, comparée à ce qu'ils ont fait.

Ce qui inquiète le plus Lana, n'est pas le danger pour sa vie. Ceux sont ses parents. Comment réagiraient ils, s'ils savaient que leur fille, est considérée comme une criminelle et qu'elle est recherchée ?

Elle a tellement tout fait, pour passer pour une fille modèle, que ses parents ont finit par le croire. Ils seraient profondément blessés s'ils savaient ce qu'elle est en réalité.

Toutes les fois où ils ont entendu parlé de Fox à travers les actualités, ils lui ont dit que ses actions étaient certes louables, mais qu'ils ne toléraient en aucun cas la délinquance.

Parce que c'est ce qu'elle est, une délinquante. De grande envergure certes, mais une délinquante ni plus ni moins.

Elle ne supporterait pas qu'ils sachent que c'est leur fille, qui est cette personne dont ils ont une piètre opinion. Elle ne veut pas les décevoir. Ils ont tant fait pour elle.

Elle chasse ses mauvaises pensées de son esprit et une fois sa méticuleuse vérification effectuée, elle décide de prendre une douche.

Pendant ce temps, au gymnase, Yüna râle fortement.

- Mais, c'est vraiment pas cher payé quelques mois gratuits, Wakasa ! Se plaint elle.

- Donc c'est juste par intérêt, que tu aides les gens ? Tente Wakasa, assez amusé.

- Pas du tout ! Mais tu me dois quand même une fière chandelle, Imaushi ! Si je n'étais pas là, tu serais encore en train de te faire un ulcère, en pensant que Lana ne s'interesse pas à toi ! Tout ces derniers mois où tu es comblé, tu me les dois ! Un peu de reconnaissance enfin !

- Mon éternelle amitié, ne constitue t'elle pas une reconnaissance suffisante ? Demande t'il, encore plus amusé.

- Tu es vraiment un radin !

Wakasa soupire et rit un peu.

- Ça te fait rire en plus ? S'agace Yüna.

- Si tu vérifiais tes comptes de temps en temps ? Ça fait déjà deux mois que je ne te prélève plus rien. Mais... j'aimerai pas te faire mentir, alors...

- Non ! Fait moi mentir autant que tu veux. Aussi longtemps que tu veux en fait. Dit elle, un peu gênée de s'être emportée.

Un peu honteuse, Yüna retourne s'entraîner.

- De rien, hein ? Fait Wakasa, sans obtenir de réponse.

C'est alors Benkei, qui s'approche de Wakasa.

- Depuis quand tu es aussi généreux ? Rit il.

- Elle a pas tort, je lui en dois une. Je vais même être encore plus généreux et lui rendre un service gratuitement.

- Ah oui ? S'étonne Benkei.

- Oui... invite la au resto. Soupire t'il.

- Pourquoi ? Demande Benkei, surprit.

- Et elle m'a dit que j'étais aveugle. Souffle Wakasa, un peu désespéré. Invite la c'est tout. Termine t'il, se dirigeant vers ses clients, sous le regard perdu de son ami.

Apparemment, on est aveugle pour soi même mais pas pour les autres. La preuve en est que Wakasa Imaushi, à vu depuis un certain temps, que Yüna est assez proche de Benkei.

Le soir même, Lana est à pied d'oeuvre aux urgences du dispensaire. Elle ne sait pas ce qu'il se passe cette nuit, mais tout les patients se sont blessés de façons rocambolesques et ridicules.

C'est assez marrant, mais surtout très fatigant. De plus, beaucoup viennent aux urgences avec rien d'autre qu'un léger rhume.

Cette soirée est vraiment épuisante. Toutefois, elle ne relâche ni ses efforts, ni sa bienveillance. Une fois qu'elle peut enfin prendre sa pause obligatoire, c'est sans compter sur une tête familière qui vient à sa rencontre.

Ce fameux petit blond, qui a l'air déterminé à lui parler. Assez étrange qu'il soit là. Surtout maintenant, qu'elle fait ce qu'elle peut pour le protéger. Il a les oreilles qui sifflent ?

- C'est bien toi, l'infirmière qui a aidé Haruchiyo ? Lui demande t'il, le ton froid.

- Oui. Répond t'elle, très intriguée.

- Je sais que je t'en dois une, mais j'aurais besoin de ton aide, une nouvelle fois. Mais, je paye toujours mes dettes, ne t'en fais pas.

- Tu es blessé ?

- Moi non. Beaucoup de mes gars, par contre... je ne peux pas les emmener ici, les médecins auraient vite fait d'appeler les flics. Tu ne le feras pas je le sais.

- Qu'est ce qu'il s'est passé ?

- Je pense que tu peux le deviner seule.

Bien sûr qu'elle le peut. Wakasa lui a tout dit des gangs, et un peu de l'histoire de Mikey. De plus, elle a promit a Wakasa de l'aider à veiller sur lui.

Elle se demande tout de même, si elle doit accepter ? Elle est tiraillée entre la peur que cela lui inspire tout de même, et sa vocation.

Aider les autres, quelque soit leurs activités ou leurs personnalités, c'est ce qu'elle s'est toujours juré de faire. C'est ce côté là qui prend le dessus.

- Très bien. Souffle t'elle, regardant sa montre. Il me reste une heure avant que je doive reprendre du service.

- Ça devrait aller. Affirme t'il. Ils ne sont pas très loin de toutes façons.

Elle lui demande de patienter quelques instants. Elle se dirige vers la réserve, prenant de quoi soigner ce qu'elle devine être, des blessures de baston.

C'est exactement ce à quoi elle doit faire face, en arrivant dans un entrepôt abandonné, oú Mikey l'a conduite, non loin de l'hôpital.

Plusieurs adolescents sont remplis de bleus et de marques de coups. C'est assez désolant comme spectacle selon elle. Certains saignent et c'est d'eux qu'elle doit s'occuper en premier.

- Ce n'est pas grand chose. Constate t'elle, s'occupant de l'arcade sourcilière, d'un d'entre eux. L'arcade ça saigne énormément. Ça ne veut pas dire que c'est profond.

- Ça fait un mal de chien pourtant, idiote ! L'agresse l'interessé.

- Un peu de respect ! Le coupe Mikey. Elle te soigne, alors ferme la. Gronde t'il, dans un regard noir.

Lana ne semble pas se formaliser. Elle en a entendu des pires. Bien pires que celle là. Lorsque ses patients ont mal où ont peur les insultes fusent, en général. Elle s'y est habitué. Elle sait que c'est dit sur le coup de la douleur.

- Estimes toi heureux, moi elle m'a planté ! Intervient Sanzu, venant d'arriver, dans un grand sourire.

Lana soupire. Il n'en demordra pas visiblement. Elle se tourne vers lui. Il n'est pas non plus blessé, quelques marques de coups tout au plus. A côté de lui, elle reconnaît le brun qui l'avait accompagné lors de son overdose. Lui aussi, semble aller bien.

Après plusieurs longues minutes, elle finit enfin de soigner tout le monde. Certains sont sacrément amoché. Elle juge utile de leur conseiller un médecin si rien ne s'arrange. Elle est juste une infirmière, ses capacités ne sont pas aussi élevées.

- Il faut que j'y retourne. Dit elle à Mikey.

- Très bien, je vais te ramener.

Une fois qu'ils sont sur le parking, Mikey la retient un peu.

- Je te remercie. Si tu as besoin de quelque chose...

- Ça va aller. Lui dit elle, une certaine apréhension dans la voix.

Depuis qu'il est venu lui demander de l'aide, une boule dans son ventre ne l'a pas quittée. Même si ça semble être malgré lui, ce garçon fait peur.

- Je sais que tu sais qui je suis. Je ne sais pas ce que Wakasa t'a raconté, mais je suis réglo. J'ai une dette envers toi. Je tiendrai parole. Et... je ne te ferai rien. Alors... si tu as besoin de quelque chose... quoi que ce soit... n'hésite pas. Affirme t'il, lui tendant la main.

Elle ne comprend pas vraiment, ce qu'il cherche en lui tendant une main vide. Il éclaire sa lanterne quelques secondes plus tard.

- Donne moi ton téléphone. Si je veux honorer ma dette, il faut que tu aies un moyen de me contacter.

Un peu hésitante, elle le lui donne tout de même.

- Merci encore. Alors, comme ça tu es la meuf de Wakasa ? Demande t'il, lui rendant son téléphone.

Elle paraît méfiante suite à sa demande.

- Je n'ai pas enquêté sur toi, ou quoi que ce soit, rassure toi. Il était là quand on a emmené Sanzu aux urgences Koko et moi. Comme il n'était pas blessé, je me doute que c'est pour toi qu'il était là.

- Je vois. Souffle t'elle.

- T'as pas l'air d'être une délinquante pourtant. Constate Mikey.

Elle rit interieurement, s'il savait.

- Je dois vraiment y aller. Est ce que... tu comptes me redemander de l'aide ? S'inquiète t'elle.

- Dans la mesure du possible, j'éviterai tu as ma parole. Là... je ne voyait pas comment faire autrement. Désolé si ça te cause des problèmes.

- Ce sera pas le cas, ne t'en fais pas. Faites attention à vous. Dit elle, s'en allant.

Dans un bruit reconnaissable entre tous, Mikey démarre sa moto et se rend de nouveau à l'entrepôt.

- Bougez vous, vous allez mieux maintenant. Lance t'il, froidement.

- Tu nous a emmené une infirmière, pour nous montrer notre prochaine cible ? Demande l'un de ses hommes, dans un petit rire.

- Ose y penser encore une fois, et je t'assure que tu deviendras ma cible personnelle. Assure Sanzu.

Mikey acquiesce en hochant la tête. Ils ne s'en prendront pas à elle. Elle les a aidé sans poser de question. Hors de question qu'un seul des membres de son gang lui fasse le moindre mal. Même si c'est la copine de Wakasa.


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top