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Les clientes de la salle de sport, sont en colère. Voilà quelques temps maintenant, que l'attention de leur coach se porte plus, sur cette jeune femme réservée, plutôt que sur elles.
A chaque fois que Lana passe la porte du gymnase, voilà que Wakasa les abandonne pour une durée plus ou moins longue.
L'indifférence de Wakasa pour elles dans ses moments là, a le don de les agacer fortement. De plus, il a ce sourire avec Lana, qu'il n'arbore pas avec elle. Qu'à t'elle de si spécial, pour mériter un tel traitement ?
Juste pour ça, Lana semble être devenue l'ennemie publique numéro un. Si on lui avait dit qu'elle devrait craindre une bande de femme, amourachées d'un coach sportif, elle ne l'aurait pas cru.
Pourtant, c'est bien leurs regards sur elle qui est assez effrayant. Elle a presque l'impression, qu'elle leur vole quelque chose. Ce n'est pourtant pas le cas selon elle.
Une fois Wakasa reparti vers ses clientes, non sans un certain flegme, Lana décide de parler de ce malaise avec Benkei.
- Qu'est ce que je leur ai fait à celles là ? Grogne la jeune femme.
- Honnêtement ? Je pense que c'est juste parce qu'elles se sentent délaissées, quand tu es là. Rit un peu Benkei.
- On dirait qu'elles sont prêtes à me fusiller.
- Elles te font peur ? S'étonne Benkei.
- J'ai surtout peur pour leur santé mentale à ce stade.
Suite à cette vanne bien sentie, Benkei et Lana partage un rire, assez remarqué. Soudain, ce n'est plus uniquement le regard des clientes qui est particulier, il y a aussi celui de Wakasa.
Son expression est identique à celle de ses clientes, quelques instants plus tôt. Sauf que c'est sur Benkei, que son regard se pose.
Lana le remarque et arque un sourcil, en le fixant. Il secoue la tête et se remet au travail. Il est assez étrange ces derniers jours. Pense Lana.
Peut être qu'il est fatigué ? C'est ce qu'elle se dit, en tout cas. En effet, il travaille la journée, l'emmène au travail et se lève tôt pour venir la récupérer. Ça doit sûrement jouer sur son comportement. Est ce qu'il lui en veut ? Se demande t'elle.
- T'as rien remarqué de bizarre chez Wakasa ? Demande Lana à Benkei, espérant qu'il ait une explication.
- Non... enfin il a quelques réactions inhabituelles en ce moment, mais rien d'alarmant. De toutes façons même si tu lui demandes, il te dira que tout va bien. Soupire Benkei.
- Je vois. Fait Lana, toujours aussi perplexe.
Croisant le regard de Wakasa, elle lui fait un timide sourire. Contrairement à ce qu'elle pensait, il le lui rend. Il ne semble donc pas énervé contre elle. Alors, qu'est ce qui lui prend ?
C'est l'arrivée tonitruante de Senju, suivie par un Takeomi au bout du rouleau, qui force Lana à abandonner sa réflexion.
Cette fille impressionnera toujours Lana. Quelque soit le moment de la journée, Senju déborde toujours d'énergie. Elle n'est jamais fatiguée.
Takeomi en revanche, c'est une autre histoire. Il a clairement l'air de subir. Lana trouve le contraste assez amusant.
Voyant que Senju se rue littéralement, sur le fauteuil où il est assis, Benkei se lève sans perdre une seconde.
Senju prend place face à Lana, la fixant dans un grand sourire. Lana arque un sourcil, l'air amusé.
- Dis....Commence Senju, agrandissant son sourire enfantin. Comment t'arrives à faire sourire Waka ?
- Oh... euh... Fait Lana, un peu perplexe.
- Parce que franchement... c'est compliqué. Rajoute Senju. J'aimerai bien y arriver.
Lana ne s'attendait pas du tout à ça. Surtout, elle ne voit pas en quoi c'est compliqué de le faire sourire. Il sourit souvent, de ce qu'elle a pu voir.
- Arrêtes de l'embêter, Senju. Intervient Benkei, riant un peu.
Benkei a pu voir l'embarras chez Lana. Pour être honnête, il s'est posé la même question que Senju. Il pense que Lana ne s'aperçoit même pas, qu'il ne sourit pratiquement qu'avec elle.
Abandonnant sa question, Senju se relève à la recherche d'un adversaire volontaire. Elle en trouve un. En vérité, Senju a un peu oublié le concept du volontariat. Elle l'a pour ainsi dire traîné, pour qu'il se batte avec elle.
Cette constante énergie que Senju dégage, semble fasciner Lana. Comme souvent, elle la regarde se battre et remporter une victoire écrasante.
- Elle va finir par abîmer, tous les hommes qui s'entraînent ici. Soupire Benkei.
- C'est vrai qu'on a plus revu celui avec qui elle s'est battu, il y a trois jours. Rajoute Lana.
- Il avait beaucoup trop honte. Se moque Benkei.
Lana partage son rire, continuant à observer Senju, défier n'importe quel homme croisant son regard.
Le soir arrive rapidement. Wakasa et Lana sont chez le jeune homme, attendant Benkei, ayant quelques courses à faire avant de les rejoindre.
Lana remarque que Wakasa se fait plus silencieux que d'habitude. Elle se dit qu'elle avait sûrement raison toute à l'heure. Peut être qu'il est fatigué de devoir s'adapter à son rythme à elle. Elle décide donc de l'alléger un peu.
- Tu sais... t'es plus vraiment obligé de m'accompagner au travail et de venir me chercher. Ça devrait aller maintenant.
- Pourquoi tu me dis ça ? Demande Wakasa, ne comprenant pas trop.
- En fait... peut être que ça te fatigue... puis maintenant que j'ai accepté de t'aider... t'as plus vraiment besoin de le faire.
- Qu'est ce que tu veux dire ? L'interroge Wakasa, encore plus confus.
- Tu ne m'offres ta protection que par intérêt, on le sait tout les deux.
- Tu penses vraiment, que j'en suis encore là ? S'étonne Wakasa.
Sincèrement, il est plutôt vexé qu'elle ne voit pas les choses autrement. Ça fait un moment maintenant, qu'il a arrêté de faire ça par intérêt.
Lana n'a pas le temps de répondre. Pour cause, Benkei entre dans l'appartement, les saluant tout les deux.
Le jeune homme sent bien le petit froid qui s'est installé entre ces deux là. Il préfère ne pas leur en parler. Il invite donc Lana à lui expliquer ce qu'elle cherche, dans les photos qu'ils vont devoir observer.
Une fois les critères donnés, tout trois s'installent confortablement, prêt à observer minutieusement les centaines de photos défilant devant eux, sur l'écran la télévision, sur lequel Lana à transféré le contenu de son ordinateur.
Pendant plus d'une heure, ils scrutent les images. Aucun intérêt dans les premières. Quelques conversations étranges tout au plus. Ils tombent même sur une tentative de drague assez grotesque, sur un chat en ligne.
- Ouais... c'est pas un casanova celui là. Souffle Benkei. Il a aussi... des délires vraiment bizarres. Normal que cette fille ne lui réponde plus. J'aurais préféré éviter de lire ça.
- Ouais... désolée c'est les mauvais côtés de ce plan. S'excuse Lana.
Wakasa reste silencieux, alors que les images continuent à défiler. C'est une autre conversation, qui s'affiche à l'écran qui va ternir cette soirée.
"Joyeux anniversaire de première raclée"
"T'as fini avec ça"
"Quoi ? Cinq ans jour pour jour que tu t'es fait botté le cul par Fox, ça se fête non ?"
"Je sais reconnaître quand quelqu'un est meilleur que moi. Ce que Fox a fait mérite tous les honneurs, mais de là à le fêter."
Lana se fige. C'est la première fois en cinq ans, qu'elle oublie cette date. Cinq ans... c'est long. Pourtant ça lui paraît cinq jours. Elle repense instantanément, à ce qui l'a poussé, à hacker la police. Son humeur s'assombrit grandement.
Les deux jeunes hommes à ses côtés, le remarquent assez vite. C'est Wakasa, qui pour la première fois de la soirée, prend la parole, tentant de l'apaiser.
- C'est... assez fair play de sa part.
- Ouais... on a beaucoup de respect entre hackeurs. On sait reconnaître le talent des autres.
Les yeux de Lana regardent dans le vide. Aucune expression ne se lit sur son visage lorsqu'elle répond. Pour cause, elle essaye de se contenir. Le flots de mauvais souvenir qui la traverse est presque insoutenable.
- Tu as piraté sa webcam, pourtant. Rajoute Benkei.
- Si je n'avais pas de respect pour lui, j'aurais été beaucoup plus offensive. Mais... il aurait pu être accusé de trahison. Je ne veux pas ça... je n'ai jamais rien voulu de tout ça.
Sa dernière phrase semble parler d'un sujet différent. Elle souffle se passe la main dans les cheveux et se redresse.
- Arrêtons là pour ce soir, vous voulez bien ? On trouvera rien, il devait être en repos. Je vais prendre une douche, d'accord.
Les deux autres, hochent la tête. Ils ont vu ses lèvres trembler elle était sur le point de pleurer. Rapidement, elle disparaît.
Ils sont chamboulés de l'avoir vu ainsi. Ils soupirent à l'unisson. Ils ont un peu mal au cœur, ils doivent le reconnaître.
- Tu penses que c'est lié à la date ? Demande Benkei.
- Je pense surtout que c'est lié à la raison qui l'a amené à faire ça. Soupire Wakasa. Ce mec, qu'elle a fait arrêter, a dû lui faire quelque chose d'horrible. Vraiment horrible.
Il semble qu'un peu de colère monte en Wakasa, quand il évoque son hypothèse. Quelques minutes plus tard, Benkei prend congés.
Wakasa s'avachit encore plus sur son fauteuil. Il se demande s'il ne devrait pas pousser Lana à en parler. Peut être, que ça lui ferait du bien. D'un autre côté, il ne veut pas la brusquer.
C'est lorsqu'il entend la porte de la salle de bain se rouvrir, qu'il va à sa rencontre. Ils se font face. Elle a des yeux rouges à faire peur. Ce n'est pas uniquement la douche qu'elle vient de prendre qui en est la cause, il s'en doute.
Elle se fige de nouveau face à lui. Ses lèvres tremblent de nouveau. En serrant ses poings, enfonçant ses ongles dans la paume de ses mains, elle tente de se ressaisir. Cette fois, rien à faire. Elle va craquer.
- Lana... Commence Wakasa, pas vraiment sûr de ce qu'il doit dire.
Soudain, c'est comme si tout ce qu'elle avait enfouit en elle, ressortait. Ses larmes sont incontrôlables, sa respiration est difficile et son corps tout entier tremble.
Wakasa s'avance doucement vers elle, guettant la moindre de ses réactions. Elle ne bouge pas et ne lui demande pas de reculer. Il s'avance alors encore plus.
Elle plante son regard plus qu'humide, dans celui de Wakasa. Elle s'avance un peu plus elle aussi.
Le jeune homme cherche en elle, une silencieuse permission, qu'elle lui accorde en se rapprochant de nouveau.
Il passe délicatement ses bras autour d'elle et l'attire doucement contre lui. Elle ne refuse pas, bien au contraire. Elle enfouit son visage dans le torse du jeune homme, qui resserre quelque peu son étreinte.
Les mains de Lana, s'aggripent de plus en plus fermement au T-shirt de Wakasa. Ses pleurs semblent ne pas vouloir s'arrêter. De son pouce, Wakasa carresse son dos.
- Ça va aller. Commence t'il. Il ne t'arrivera plus jamais rien, je te le promet.
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