Retrouvailles
Jean mis quelques temps avant de retrouver ses esprits. Il était sonné par ce qu'il venait de se passer. Il avait tué. Il avait tué quelqu'un. D'habitude, c'était Christian qui le faisait, pas lui. Lui il était trop peureux. Il avait toujours était faible comparé à lui. Il avait toujours était le second, l'inutile... Et voilà qu'il avait tué. Il tenta de calmer le tremblements de ses mains et s'ébroua.
Puis, il détacha son cousin et Alexei. Quand il s'approcha de Aiden, le brun tenta de le mordre et de le frapper comme il pouvait, grognant tel un animal sauvage. Le châtain soupira et lui laissa donc les menottes, par sécurité, avant de partir retirer les liens du corps sans vie de Marc, faisant redoubler les cris du manager. Il refusait qu'il touche son soumis. Il l'insultait allègrement et tenta de l'en empêcher mais ses entraves ne le lui permettait pas. Christian, après avoir repris un peu ses forces, se leva et rejoignit Alexei qui avait les yeux encore et toujours rivés sur Marc. Il se laissa tomber auprès du blond et passa son bras valide autour de ses épaules pour l'attirer contre lui. Il se pencha à son oreille et murmura, la voix cassée :
- Alexei... Alexei, c'est fini... c'est fini... reviens avec moi, petit chat... Allez... C'est fini.
- M-Marc...
- Je sais... crois-moi, ce sacrifice était nécessaire. Je suis désolé que tu es eu à voir ça.
Alexei finit par s'accrocher à ce qui restait de la chemise autrefois blanche de Christian et cacha sa tête dans son cou, libérant ses larmes. Il sentit la main du châtain remonter sur sa tête et caresser tendrement ses cheveux, l'apaisant un minimum. Pendant ce temps, Jean avait enfin réussi à détacher Aiden. Le brun serrait Marc contre lui, pleurant dans sa tignasse bouclée, et demandant sans cesse pourquoi on l'avait tué lui. Ils furent long à enfin sortir, Alexei soutenant son dominant, Jean juste derrière eux et Aiden portant son soumis, une main sous ses jambes et l'autre autour de sa taille. Ils allèrent jusqu'aux voitures en silence, Jean prenant délicatement le corps de Mélissa au passage, devant les yeux des hommes de mains de son oncle. Ces derniers ne disaient rien. Ils semblaient avoir compris ce qui s'était passé dans le cabanon et aucun d'eux ne bougeait, respectant les deux cousins comme étant leurs nouveaux chefs. À la porte de la maison, Maria regardait passer son fils et son neveu. Elle ne dit rien non plus, mais Alexei cru voir de la peine passer dans ses yeux verts. Elle avait compris que son mari était mort, apparemment. Et cela semblait l'attrister....
Une fois arrivé aux voitures, dans un silence de plomb, Jean et Aiden montèrent à l'arrière d'un van avec les corps, Alexei alla au volant et Christian à côté de lui. Le mannequin démarra et, suivant les indications de son dominant, se rendit chez Morgane. Quand ils arrivèrent, ils furent accueillis par la vieille femme. Elle ne fit aucune remarque en voyant les corps des défunts et aucune remarque sur le sang qui les recouvrait. Elle se contenta de leur sourire sous le soleil levant et proposa avec douceur :
- Je vous ai fait un déjeuner et j'ai préparé mes chambres d'amis... malheureusement, Jean, je pense que tu vas devoir dormir avec ce jeune homme. Ça ne te pose pas de problème ?
- Moi si, grogna Aiden, je vais prendre le canapé.
Jean baissa la tête, conscient que maintenant le brun le détestait. La femme soupira puis les guida jusque-là cuisine où elle leur servit une bonne tarte aux poires sortie du four accompagnée de thé, café ou chocolat chaud selon les goûts. Elle évalua l'état de chacun du regard avant de s'asseoir à table avec eux.
- Vous voulez les enterrer ici ?
- Je ne sais pas, Morgane, soupira Christian.
- Je préférerais les savoir à Paris, avoua Aiden qui semblait s'être un peu calmé, mais ramener les corps risque d'être compliqué... puis Marc aurait sûrement aimé cet endroit...
- On leur fera une tombe à Paris, Aiden, tu pourras y aller plus facilement, intervint avec douceur Alexei en caressant son bras.
Aiden hocha la tête et termina d'une traite son café noir, tentant tant bien que mal de retenir ses larmes sous le regard désolé et impuissant de son meilleur ami. Il se leva de la table sans un mot pour partir dans le salon. Il fut cependant stoppé par Jean alors qu'il était à la porte :
- Prend la chambre, Aiden.
- Si tu crois que je vais te pardonner avec ça tu te fourres le doigt dans le cul. Voir même les deux poings.
- Très classe. Je n'espère pas que tu me pardonne. Je sais que tu aimais Marc mais je n'avais pas le choix. Quelle que soit la personne choisie, je serai forcément le méchant pour quelqu'un.
- Alors pourquoi tu ne t'es pas choisi toi, hein, cracha amèrement le brun en plongeant ses yeux sombres dans ceux vert forêt de Jean.
- Parce que personne n'aurait pu tuer mon oncle. Et parce que je suis un égoïste et un peureux.
- Pourquoi tu ne l'as pas tué directement ?! Pourquoi tu as dû tuer Marc ?!
- Parce que la pièce dans laquelle on se trouvait était piégée, intervient Christian, si Jean pointait son arme sur mon père, il activait une bombe. Il a dû sacrifier quelqu'un pour qu'il relâche sa vigilance et qu'il puisse le tuer.
- J'aurais préféré crever, répliqua Aiden avant de sortir.
- Je vais le voir.
- Fais attention, Alexei. On ne sait pas comment il peut réagir.
- C'est bon. C'est mon meilleur ami depuis qu'on est gosse. Il ne me fera rien.
Suite à ces mots, le jeune blond se leva et partit rejoindre son manager. Ce dernier était sorti à l'extérieur. Il se mit à côté de lui et marcha silencieusement à ses côtés en regardant les jolies teintes violettes, bleues et orangées que prenait le ciel. Il se passa un long moment où Aiden ne dit rien. Il retenait ses larmes. Il se stoppa enfin près d'un vieux chêne et souffla :
- Il ne le méritait pas...
- Personne ne le méritait, Aiden. Si Jean avait tiré sur Christian, je serais sûrement comme toi. S'il avait tiré sur moi... je n'ose même pas imaginer ce que vous lui aurait fait.
- Il m'a dit qu'il m'aimait. Quand le canon s'est posé sur sa tête. Il a bougé les lèvres. J'aurais aimé que le temps s'arrête pour pouvoir le prendre dans mes bras, l'embrasser, lui dire que tout allait bien se passer, que je l'aimais... Mais ça été trop vite.
- Je suis désolé, Aiden. Si seulement il y avait eu une autre solution...
Alexei arrêta sa phrase là. Il n'y avait pas eu d'autres solutions. Et égoïstement, il était heureux que se soit Marc qui ait dû y passer. Parce que Christian était toujours là. Parce que Aiden l'était toujours aussi. Mais il avait peur pour lui. Son meilleur ami nourrissait sa colère pour tenter d'oublier sa peine... Et il craignait que tout cela ne dérape.
- Tu veux bien m'aider à les enterrer ? Je n'ai pas trop envie de voir Jean et Christian est blessé alors...
- Aucun problème. Choisis l'endroit que tu préfères, je vais chercher des pelles.
Le brun hocha la tête et ne fut pas long à choisir un endroit. Le chêne devant lequel ils s'étaient arrêtés était le lieu idéal. Il était entouré de rosiers magnifiques, dont les fleurs rouges et blanches auraient sans doute plus à son amant. De plus, il était pile en face du lever de soleil, même si ce dernier commençait à être déjà haut dans le ciel.
~~~
Deux heures plus tard, les amis avaient fini d'enterrer les deux victimes de l'assaut et venaient de rentrer dans la maison campagnarde de Morgane. Cette dernière les accueillit avec son éternel sourire, des biscuits à la cannelle sortis du four entre les mains. Ils se restaurèrent sommairement puis chacun alla dans sa chambre. Quand Alexei entra dans celle que Morgane avait préparé pour lui et Christian, il fut surpris de voir le châtain profondément endormi dans le lit, les cheveux en bataille et pas encore rasé. Cette vue lui arracha un petit sourire et il souleva le drap pour vérifier que ses plaies étaient bien pansées. Cela ne sembla pas l'éveiller le moins du monde. Il reposa donc la grosse couverture sur son corps. Il prit des affaires que la veille femme avait déposé sur le bureau et sortit de la chambre pour aller dans la salle de bain. Sur le chemin, il croisa Jean. Ce dernier lui lança un regard impuissant et désolé mais, alors qu'il allait continuer son chemin, le blond dit avec douceur :
- Ils sont sous le chêne. Aiden est parti, alors tu peux y aller si tu veux.
- Merci, souffla tristement le châtain.
- Jean ? Je peux te demander pourquoi tu as directement pointé ton arme sur lui ?
- Parce que je le connaissais moins. Parce qu'il avait déjà trahi sa sœur et que rien ne pouvait indiquer qu'il ne nous ferait pas faux bond à nous aussi si on se sortait de là indemne. Parce que mon oncle avait tué Mélissa. Et aussi parce que... j'étais jaloux.
- Jaloux ?
- De toute manière, ça n'a plus aucun intérêt maintenant, répondit-il avant de s'éloigner, la tête basse.
- Je vois...
Le mannequin soupira longuement et reprit sa route vers la salle d'eau. Il se lava, retirant le sang et la terre sur son corps, puis s'habilla et repartit dans la chambre. Là, il se laissa tomber à côté de Christian, toujours endormi, et se lova avec précaution contre lui. Il ferma les yeux, respirant à plein nez la douce odeur de gel douche qui émanait de l'homme près de lui. C'est pourquoi il fut surpris lorsqu'il entendit sa voix grave lui demander :
- Vous avez fait quoi, avec Aiden ?
- On a enterré Marc et Mélissa...
- Mm... Tu aurais dû venir me chercher, je vous aurais aidé.
- Ne sois pas stupide, Christian. Tu es blessé.
- Hé... Tu viens de me manquer de respect là, grogna le châtain.
- Peut-être bien, rigola Alexei, tu comptes me punir avec ton bras en écharpe ?
- Tch... tu ferais mieux de reprendre les vieilles habitudes, ça t'évitera des ennuis quand je le récupérerais.
Alexei ricana. C'était la première fois qu'il se lançait dans une joute verbale contre Christian. Il adorait faire ça et apparemment son dominant avait autant de répondant que lui. Toutefois, il reprit son sérieux rapidement. Il fixa les magnifiques yeux émeraudes de l'homme en face de lui avant de demander :
- Tu le pensais vraiment ? Ce que tu as dis dans la lettre...
- Je te l'ai déjà dit, grommela Christian qui détestait se mettre à nu.
- Je veux t'entendre le dire.
- Tu le sais.
- Oui... Mais c'est mieux quand on le dit, il se pencha à l'oreille du châtain et chuchota, je t'aime, Christian.
- Idiot, souffla-t-il en le serrant de son bras valide, je t'aime aussi.
- Quoi ? Je n'ai pas entendu...
- Ne pousse pas ta chance, Kitty. J'ai peut-être un bras inutilisable mais je peux toujours te faire pleins de choses.
Le blond pouffa puis mit la tête dans le cou du gérant du club. Ce dernier ferma les yeux et caressa sa hanche, un léger sourire aux lèvres. Plus rien ne pourrait l'empêcher de serrer le corps de son soumis dans ses bras et de l'embrasser toute la nuit, désormais. C'est avec cette idée qu'il déposa un léger baiser sur les lèvres du mannequin, dont le cœur s'emballa et dont les joues prirent une adorable teinte rosée. Tout allait bien se passer désormais.
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