Mis à nu
Alexei reprenait peu à peu conscience du monde qui l'entourait en émergeant du sommeil, gardant encore quelques temps les yeux fermés. Il sentait son corps engourdi, comme s'il s'était battu et qu'on lui avait mis la pâté. Tous ses muscles et ses articulations le lançaient, mais le pire restait tout de même ses crampes de ventres. Il avait envie de se rouler en boule et de pleurer. C'est ce qu'il faisait avant, quand il avait une crise. Mais quand il voulut dégager sa main, il la sentit prise dans un étau de chaleur familier. Cette sensation lui fit ouvrir les yeux et il tourna son regard fiévreux et fatigué sur la personne à côté de lui, faiblement éclairée par les rayons du soleil automnal qui se levait à peine.
Christian était là, sa veste de costume anthracite posée sur le dossier de la chaise dans laquelle il était assis, et il semblait dormir. Le blond regarda sa main prisonnière de celles de son dominant et sourit faiblement, détaillant l'habituellement impeccable chemise blanche Versace que portait tout le temps l'homme, qui était légèrement froissée et dont les premiers boutons avaient été retirés au niveau de la cravate desserrée. Il n'avait jamais vu Christian aussi négligé, pourtant, il ne put s'empêcher de le trouver extrêmement sexy. Une soudaine douleur vrilla sa cuisse et il poussa un petit cri en serrant la main du châtain qui ouvrit les yeux avec un petit grognement. Il ne devait pas être si endormi que ça pour se réveiller aussi facilement. Son regard émeraude se posa sur Alexei, qui haletait légèrement et peinait à garder les yeux ouverts, mais il se contenta d'annoncer froidement :
- Tu as menti, Alexei, et tu m'as caché quelque chose. Dois-je te rappeler le contrat ?
- Le quatrième point, paragraphe quatre. Je sais. C'est celui qui m'a le plus tracassé. Aiden a failli me tuer quand je lui ai dit que t-vous n'étiez pas au courant.
- Pourquoi tu me l'a caché ? Imagine si c'était arrivé alors que tu étais dans l'armoire ?
- À quoi avez-vous penser, quand on vous a dit que je souffrais d'une maladie auto-immune ?
- Au SIDA, évidemment, répondit en toute franchise Christian, sachant que c'était ce qu'attendait le petit de lui.
- Comme tout le monde, souffla tristement le blond, mes derniers petits amis on tous fuit quand j'ai prononcé les mots maladie auto-immune. Parce qu'évidemment, tout le monde ne connaît que le SIDA. Alors on a beau expliquer que ce n'est pas ça, ils partent sans demander leur reste. Je ne voulais pas que ça se reproduise encore, finit-il par avouer.
- Je suis censé tout savoir de ton état physique, Alexei. Ça aurait pu être extrêmement grave si ça t'étais arrivé pendant une séance... Cependant... je dois avouer que ta raison est valable. Se faire jeter ainsi ne doit pas être facile à vivre.
- Je suis désolé...je... je voulais vivre normalement... sans me demander si on me refoulera. J'ai l'impression de pouvoir faire tellement de chose avec vous...
Christian hocha la tête et embrassa la main du blond avant de chuchoter :
- Tu veux qu'on prolonge le contrat ?
- P-pour combien de temps, répondit Alexei après une hésitation, les joues légèrement rouges.
- Un mois, pour essayer vraiment.
- Sérieusement ? Vous voulez encore de moi ?
- Ne soit pas idiot, il est évident que j'aurais pu briser le contrat dès que j'ai appris que tu me mentais. Mais il y a quelque chose chez toi qui m'attire plus que chez les autres soumis que j'ai eu... Peut-être cet air revêche que tu as mais qui une fois maîtriser, montre que tu es un excellent soumis.
- Merci, Maître... Je veux bien qu'on prolonge le contrat, toujours avec les mêmes conditions.
- C'est entendu.
Alexei sourit légèrement et ferma les yeux, fatigué par sa forte fièvre, mais une nouvelle vive douleur à la cuisse le fit se cambrer avec un léger gémissement, le rendant encore plus haletant. Le châtain caressa doucement sa tête pour tenter de le calmer, regardant les larmes monter dans ses jolis yeux. Il préférerait y voir des larmes de plaisir. Cette idée le fit sourire et il embrassa le front encore brûlant du blond, en repensant à la première fois qu'il l'avait pris. Quand il se redressa, il demanda :
- Aiden passe te voir, aujourd'hui ?
- Oui, il a dit qu'il viendrait vers neuf heures.
- Parfait, il pourra te surveiller pendant que je vais travailler, alors. Tu as besoin de quelque chose ?
- Je pourrai avoir mon PC et un livre ? Je risque de m'ennuyer...
- Pas de problème, donne-moi tes clefs, je vais envoyer Basile te chercher ça.
- Elles sont posées sur la table... Merci.
Christian alla prendre lesdites clefs et sortit de la chambre pendant que Alexei se réinstallait comme il faut pour pouvoir se reposer. Mais dès qu'il fermait les yeux, une douleur apparaissait au creux d'un muscle ou lui tordait l'estomac, lui mettant presque les larmes aux yeux alors qu'il tentait avec peine de retenir des cris quand la souffrance était vraiment insupportable. Le châtain revint dans la chambre pendant une de ses courtes accalmies et le découvrit en sueur, haletant, des perles salés prêtes à s'échapper de ses yeux. Il reprit sa place et, presque par réflexe, le blond vint loger sa main dans la sienne, qu'il serra de toutes ses forces en se cambrant quelques minutes plus tard. Son dominant grimaça et tenta d'apaiser la douleur en lui caressant la joue, alors que le petit mannequin tentait à nouveau de se rendormir. Christian détestait cette maladie qui rendait son soumis aussi faible, bien qu'il soit adorable quand il essayait de garder les yeux ouverts pour le regarder, il se tordait presque tout le temps de douleur. La moindre de ses articulations était devenue douloureuse et son ventre semblait décidé à lui en faire baver. Il ne pouvait pas se dire que sa présence calmait Alexei, ce serait cliché et totalement faux, mais il faisait au mieux, laissant le blond lui broyer la main à chaque nouvelle crampe. Il se devait d'être là pour lui, c'était son soumis, il ne pouvait pas l'abandonner.
Aiden et Basile arrivèrent en même temps dans la chambre d'Alexei, qui s'était enfin endormi, roulé en boule sur le côté et la main de Christian toujours dans la sienne. Ce dernier se tourna vers eux en leur indiquant de faire moins de bruit, ce que Basile respecta en posant les affaires demandées sur le bureau. Le brun se contenta de se mettre face à Christian et de chuchoter :
- Je suppose que tu vas aller travailler.
- Serait-ce un reproche ?
- Non, je comprends, tu reviens ce soir quand même ?
- Oui, je vais revenir. Mais je voulais te donner quelques consignes, avant.J'aimerais que tu le surveilles, il en va de soi, et que tu évites de laisser les médecins lui donner trop de bolus de morphine. Je sais que ça le soulage mais il en prend beaucoup trop, j'ai remarqué, je ne veux pas qu'il soit totalement drogué... et il a besoin d'une petite leçon.
- Je vois...
- Je ne fais pas ça par gaîté de cœur, Aiden, mais je sais quels effets peut avoir la morphine. Je l'ai déjà vu de mes propres yeux, sur le meilleur ami de Jean, et crois-moi les conséquences pour lui ont été désastreuses. C'est pour son bien que je fais ça.
La main de Alexei glissa mollement au sol mais alors que son dominant commencer à se rhabiller, il attrapa faiblement sa chemise, le faisant se tourner vers lui. Ses yeux bicolores l'interrogeaient de leur regard fatigué, et le châtain embrassa doucement sa joue avant de murmurer au creux de son oreille :
- Je dois y aller, Kitty, on se revoit ce soir. Aiden va s'occuper de toi, en attendant.
- Mm... D'accord... à... à ce soir...
- Repose-toi, ça va aller.
Le gérant se redressa et partit de la chambre, laissant seul les deux amis. Aiden se laissa tomber à sa place et regarda Alexei se rendormir, l'air paisible. Son ami allait regretter d'avoir menti, mais il ne pouvait pas aller contre l'avis de son maître. Il caressa la touffe blonde et soyeuse, savourant le doux toucher, avant de se remettre dans le fauteuil. Il n'avait plus qu'à attendre.
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