La mer et la mère
Après leur discussion, Alexei et Christian étaient allés prendre un repas dans le restaurant qui bordait la crique. Ils se baladèrent encore un peu avant de décider de rentrer à l'hôtel, quittant les rochers et la plage de sable. Cependant, à peine furent-ils entrés dans le hall de l'hôtel qu'une femme dans la soixantaine aux cheveux noirs grisonnants, se jeta comme une furie sur le châtain en s'exclamant :
- Christian ! Tu aurais pu me prévenir que tu revenais par ici !
Christian ne comprit pas immédiatement ce qui se passait, pourtant, quand il reconnu la veille femme, il passa par plusieurs émotions. La colère, la panique et la tristesse. La raison de sa venue n'était pas anodine, il le savait. Quand elle se racla la gorge, attendant quel'homme régisse, il soupira :
- Désolé, Morgane, je ne comptais pas rester longtemps. Je voulais avoir des vacances tranquilles...
- Ah ! Enfant ingrat, le coupa-t-elle ce qui fit pouffer Alexei qui était un peu en retrait, tu aurais au moins pu passer nous voir nous !
- De nouveau, je m'excuse. Je peux savoir pourquoi tu es ici, d'ailleurs ? Personne ne savait, mis à part Jean.
- Justement, ton cousin a... révélé à ton père que tu étais ici. Il veut que je te ramène à la maison...
Le châtain grimaça légèrement. Alexei leva un sourcil, surpris de voir cette expression sur son visage. Apparemment, il n'était pas le seul à vouloir éviter ses parents. Il ne remarqua cependant pas l'échange de regard silencieux entre les deux. S'il avait vu, il aurait compris que quelque chose de grave se tramait. En effet, Christian demandait silencieusement à la sexagénaire le contenu du dialogue entre son père et son cousin et il comprit à son œillade désolée que Jean n'avait pas eu le choix. Comme toujours, son père l'avait manipulé... Il serra les dents et nota pour lui-même qu'ils devraient en discuter dès le lendemain.
- Mais dis-moi,qui est ce jeune homme ? C'est ton petit copain, s'exclama Morgane en jetant un coup d'œil vers le blond qui patientait toujours derrière lui.
- Oui, on peut voir ça comme ça. Morgane, je te présente Alexei. Alexei, Morgane,la gouvernante de mes parents.
- Enchanté, madame, la salua le blond avec son plus beau sourire, amusé par ce petit bout de femme qui osait tenir tête aussi facilement à son maître.
- Oh, je t'en prie, appelle-moi Morgane, mon petit. Bien, maintenant allez chercher vos valises. Ta mère veut t'avoir pour dîner et ton père sera furieux si nous arrivons en retard ! Ils veulent que tu restes jusqu'à la fin de la semaine...
- Mais la chambre,tenta-t-il de protester.
- Je m'en suis déjà occupée, répondit-elle en pinçant l'oreille de Christian qui faisait pourtant trois têtes de plus qu'elle, je sais que vos relations ne sont pas au beau fixe, mais il faut faire un petit effort ! Allez !
- Je te préviens,on repart dès demain, soupira le châtain avec une légère grimace.
La femme lâcha son oreille, satisfaite, et Christian fit signe au mannequin de le suivre pour aller chercher les valises. Ils montèrent dans l'ascenseur, l'un sourcil froncé par l'énervement et l'autre se mordant furieusement la lèvre pour ne pas exploser de rire. Quelques minutes plus tard, il retrouvaient Morgane dans le hall. La gouvernante un peu rondouillarde enfila son manteau rose poudré et sortit de l'hôtel, suivie par les deux hommes. Elle parlait de tout et de rien, demandant à Christian des nouvelles d'un tel ou d'un tel,questions auxquelles le dominant se contentait de répondre par un grognement agacé. Ils allèrent à leur voiture et Morgane à la sienne, les saluant de la main alors qu'ils entraient dans le véhicule. À peine sa ceinture eut-elle été attachée que le mannequin ne put s'empêcher d'exploser de rire en entendant le long soupir désespéré du châtain. Ce dernier le fusilla du regard et demanda :
- Je peux savoir ce qui te fais rire ?
- La manière dont elle vous mène à la baguette ! Je ne pensais pas quelqu'un capable de ça ! Vous êtes très marrant !
- C'est ça... Marre-toi. En attendant, j'ai quelques consignes à te donner pour la suite.
- Je vous écoute, répondit Alexei en reprenant son sérieux tandis que Christian démarrait la voiture.
- Bien. Mes parents sont beaucoup moins ouverts que Morgane, ne t'étonne pas si je te présente comme un ami. Aussi, il faudra que tu m'appelles Christian et que tu me tutoies, autant devant eux que Morgane. Compris ?
- Oui, Maître, répondit le soumis en grimaçant légèrement.
Le châtain lui caressa rapidement la tête et reporta son attention sur la route. Le blond posa sa joue contre la vitre froide et fixa l'extérieur. Il s'attendait à tout, sauf à ce que son Dom ait honte de s'assumer devant ses parents. Et puis, comment pourrais-t-il se faire passer pour un ami à lui ? Si Christian connaissait des choses sur lui, c'était loin d'être son cas, et il pouvait difficilement se faire passer pour son ami. En tout cas, un ami assez proche pour partir en vacances avec lui. Il soupira légèrement et regarda le paysage défiler tout en réfléchissant pendant que Christian était concentré sur la route.
Le trajet ne fut pas très long. Le châtain entra dans une grande propriété au bord de la plage. Alexei regarda le somptueux manoir typiquement normand, émerveillé par les roses qui montaient le long de ses murs en pierres. Ils sortirent de la voiture et récupérèrent leurs bagages. Le véhicule de Morgane arriva juste après et la petite femme s'empressa de venir les aider malgré les protestations de Alexei. Le châtain rigola et fit signe à son soumis de le suivre en se dirigeant vers la porte, ce que fit le mannequin avec un petit soupir. Ils entrèrent à l'intérieur de la bâtisse qui semblait beaucoup moins chaleureuse à l'intérieur qu'à l'extérieur. Les décors et les vieux meubles étaient sombres, froids, et pas le moins du monde accueillant. Si il avait pu, le blond ce serait blottit contre son dominant, mais il se retint et se contenta de jeter des œillades effrayées de tous les côtés en marchant derrière le plus grand. Ils se rendirent dans un salon dont la grande fenêtre donnait sur l'extérieur et la plage. La pièce paraissait lumineuse mais le décor restait toujours aussi froid.
Dans la pièce,assis sur des fauteuils de style ancien autour d'une table en bois sombre sur laquelle étaient posées une théière et des tasses, se trouvait un homme et une femme que le plus petit devina sans mal être les parents de son maître. Sa mère avait les cheveux teint en brun foncé, ramassé dans un chignon banane très sophistiqué et les mêmes yeux verts que son fils. Sa tenue beaucoup trop stricte la vieillissait de plusieurs années, si bien que le mannequin ne parvint pas à réellement estimer son âge. Son père quant à lui,avait des cheveux grisonnants, et le mannequin fut bien incapable de deviner leur couleur d'origine mais ses yeux étaient noirs. Il portait lui aussi une tenue qui lui rajoutait des années. Au moins,il savait d'où venait les goûts étranges de son dominant... Le couple se leva et posa son regard sévère sur les deux nouveaux arrivants. Christian leur renvoya leur regard sans ciller, tandis que Alexei tentait de disparaître derrière un meuble, intimidé.
- Ça faisait longtemps, fils.
- Pas assez à mon goût, répondit sèchement le châtain à son père qui ne cilla pas le moins du monde.
- Oh, Christian,ne parle pas de cette manière à ton père, intervint sa mère avant d'aller vers lui, tu aurais pu me dire que tu venais.
- Je suis accompagné. Je ne voulais pas passer. D'ailleurs nous repartons dès demain...
- Vraiment ? Quel dommage... je pensais te présenter la fille d'une amie, souffla sala femme en posant sa main sur son bras.
- Hors de question, répondit-il en se dégageant.
- Maria a raison,tu as bientôt trente-deux ans, il serait peut-être temps de te marier, intervint son père, le faisant grogner.
- Je n'ai pas besoin d'une cruche à mes côtés, soupira le châtain en jetant un petit coup d'œil à son soumis qui avait les yeux fixés sur le sol et les poings serrés, j'ai déjà quelqu'un pour l'instant de toute manière.
Le blond releva la tête vers lui, ouvrant légèrement la bouche et sentant ses joues rougir légèrement, mais Maria ne laissa pas à son fils le temps de continuer puisqu'elle enchaînait déjà :
- Oh ! Tu sors avec une petite parisienne ?
Christian contracta sa mâchoire, énervé. Une main discrète vient caresser doucement son dos pour le calmer. Alexei. Il jeta un discret coup d'œil vers lui puis inspira lentement. Une fois un peu plus détendu, il répondit :
- Non.
- Ah ? Mais tu as dit que...
- Mère, c'est un petit parisien, soupira-t-il en prenant un air excédé, bon sang, je croyais que vous aviez compris.
- Ce n'est qu'une passe, Christian, dit son père en haussant les épaules. Cette fois même la main de Alexei dans son dos ne parvint pas à le calmer
- Une passe ?! Vous vous foutez de moi ?! Ce n'est pas une passe ! Je suis gay ! Ouvrez les yeux à la fin, cria-t-il.
Ses parents s'apprêtaient à répliquer alors il saisit le poignet du blond en soupirant bruyamment et partit en direction de sa chambre en tirant son soumis derrière lui. Il entra dans la pièce et ferma la porte à clefs, tout son corps tremblant de colère.
- Maître...
- Tais-toi !
Alexei baissa la tête avec un léger soupir à l'entente de l'ordre. Christian était furieux. Encore plus que la première fois qu'il l'avait puni. Il ne pouvait pas nier que cela l'effrayait mais il devait essayer de le calmer. Alors, après une petite hésitation, il se mis dans son dos et l'enlaça doucement. Il sentit ses muscles se crisper à son contact puis doucement se détendre avant qu'un chuchotement ne le fasse s'éloigner :
- Tu comprends que je ne peux pas te présenter autrement...
- Ne vous en faites pas. Je comprends.
- Mes parents se voilent la face, soupira-t-il avant d'aller s'asseoir sur le lit en lui faisant signe de le rejoindre.
- Au moins, les miens n'en avait rien à faire étant donné que je suis parti après leur avoir avoué, répliqua-t-il en allant s'installer contre son dominant.
- On part dès demain matin, c'est promis... ensuite, on ira chez moi.
- D'accord...
Christian caressait les cheveux doux du blondinet sur ses genoux qui se collait à son torse, se calmant peu à peu. La présence de Alexei l'apaisait si facilement, personne ne lui avait fait cet effet avant...
- Maître ? Je peux... vous dire quelque chose ?
- Évidemment, Kitty.
- Je... je commence... enfin, je crois... que j'ai des sentiments pour vous.
- Oh... Peut-être que moi aussi, Kitty, répondit le châtain après une petite réflexion, peut-être, oui...
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