Chapitre 7 AYMERIC

Une dizaine de jours sont passés depuis notre conversation. Avoir parlé de Léo m'a fait bizarre : c'est la première fois que j'en parle à quelqu'un d'autre qu'à un psy... Charlie est plutôt sympa et on s'entend bien. Pendant les cours, il sort des obscénités ou alors il fait des grimaces. Je dois me pincer pour ne pas rire. Une fois, il est monté sur le bureau du prof et il a dansé le tcha-tcha-tcha. Toutes les feuilles présentes sur le bureau ont volé dans la salle. Et il parle beaucoup, c'est une vrai pipelette. En même temps, après avoir passé autant de temps seul, c'est compréhensible. Cela fait déjà un mois que les cours ont commencés et dans deux jours, c'est les vacances. Je vais rentrer chez moi, revoir mon oncle. Je suis tellement content. Et surtout, ça veut dire deux semaines sans Baptiste ! Ce mec est devenu une plaie. Il me chercher constamment et il frappe beaucoup de gens de notre classe. Seulement les profs ne font rien grâce –ou plutôt à cause- de son père. En parlant de lui, il est obligé de rester ici pendant les vacances, son père est en voyage d'affaires. Donc il va rester ici. Et Charlie aussi. Oups. Je le sens moyen, par contre. Il faudrait que je lui parle de ça avant de partir...

-Looper !

Je sursaute. Le prof est devant moi. Je tourne la tête et aperçoit un surveillant à l'entrée de la salle.

-Tu pourrais répondre quand je t'appelle !

-Désolé, m'sieur.

-Tu vas avec le surveillant, il doit te parler.

Je vois Charlie qui fronce les sourcils. Je hausse les épaules et me lève. Je suis le surveillant (Jérémy, je crois) jusqu'au bureau de la directrice.

-Bonjour, Aymeric. Assieds-toi, je te prie.

La directrice est la seule à nous appeler par nos prénoms. Les autres doivent penser que notre nom est notre prénom.

-J'ai fait quelque chose de mal ?

Charlie pouffe.

-Ne t'en fait pas, elle n'a pas fermé la porte. Sinon, tu serais déjà mort.

Je lève les yeux au ciel.

-Non, bien sûr que non. Je voulais te transmettre une information.

Je hausse un sourcil. Sérieux ?

-Et pourquoi vous n'avez pas attendu la fin des cours ?

Cette fois, Charlie explosa franchement de rire. Je vois la directrice se raidir. Elle l'a entendue. Je la fixe.

-Désolé, un courant d'air. Et non, je ne pouvais pas attendre. C'est plutôt... important. Ça concerne ton oncle.

C'est à mon tour de me crisper. Charlie pose sa main sur mon épaule.

-Il a eu un accident de route et il est à l'hôpital. Il va bien, ne t'inquiètes pas. Seulement, il va devoir y rester pendant un mois. Du coup, tu devras passer les vacances ici.

Un accident de route ? À l'hôpital ?

-Tu m'as compris ?

Je hoche la tête. Je m'excuse et sors du bureau.

-Euh... Aymeric, la salle de cours est par là.

Je ne réponds pas et me précipite dans les toilettes. Je me penche au-dessus de la cuvette pour y vomir mon repas de midi.

-Beurk.

Je m'adosse au mur froid des toilettes. Charlie s'assoit en face de moi.

-Ça va ?

-Oui... C'est juste que...

-Ça a fait remonter des souvenirs ?

Je respire à fond. J'ai encore envie de vomir.

-Non. Je ne me souviens pas de l'accident. Pas en lui-même. Les médecins ont dit que j'étais trop jeune pour ça. Seulement, je me rappelle les photos de mes parents que la police avait dans son dossier et j'ai vu des images de l'accident aussi. On appelle ça un syndrome de stress post-traumatique.

-Ah. Ben le bon point, c'est que tu restes avec moi !

Je souris faiblement. Je me relève et retourne en classe. Après m'être excusé auprès du prof, je m'assois. Baptiste me fixe. Oh non. Il prépare un mauvais coup... j'en suis sûr.

PDV CHARLIE.

Aymeric avait raison à propos de Baptiste. Il s'est tenu tranquille pendant deux jours. Maintenant, il ne reste qu'une dizaine d'élèves à l'internat. On retourne dans la chambre après le dîner. Il faut qu'Aymeric appelle son oncle. Quand on arrive dans le couloir, il s'arrête. Et je lui rentre dedans.

-Mais c'est une manie chez toi ?!

Il ne répond pas. Baptiste et ses chiens sont là et ils bloquent le passage.

-Dis, Looper, tu te souviens du début de l'année ?

-Tu veux dire ce moment où la porte a claqué et que tu as pissé dans ton froc ?

Je pouffe. Et Baptiste rougit.

-Oui, ce jour où tu m'as manqué de respect. Je voulais te donner un truc.

Il lui tend une photo. Je regarde par-dessus son épaule. Une voiture fracassée dans un fossé. Elle a été prise de nuit. Je ne comprends pas. Cette photo... C'est la même...

-Ah l'enfoiré ! Je m'exclame.

Aymeric se met à trembler.

-Comment as-tu eu ça ?

-Le par feu de la directrice est semblable à un gruyère. Rien de plus facile que de la pirater. Tiens, tu as perdu ta langue ?

Il tremble comme une feuille. Cet espèce de crétin... Baptiste s'est approché et je vois sa main se lever. Je n'ai rien vu. Aymeric tombe à terre sous la violence du coup. Je commence à voir rouge. Je m'avance.

-Non !

Aymeric se relève en souriant. Attends, il sourit ?

-Pourquoi tu ris, tu trouves ça drôle ?

-Nan, c'est toi que je trouve drôle. Ou plutôt pathétique.

Aymeric le regarde dans les yeux et déchire lentement la photo. Il laisse tomber les morceaux et ferme le poing.

-Qu'est-ce que tu vas faire, le nain ? Me frapper ?

Le sourire de mon ami s'élargit encore plus. Il lève son poing et le lui enfonce dans le nez. Baptiste recule en criant. Aymeric se précipite jusqu'à la chambre et la referme.

-Karaté ?
-Instinct de survie.

Il traine des pieds jusqu'au lit et s'affale dessus.

-Ça va ?

Il faudrait vraiment que j'arrête de poser cette question. Il ne répond pas. Ses épaules bougent. Il pleure ? Bon je commence à en avoir vraiment marre de ce petit fils à papa ! Je commence à m'énerver. La goutte d'eau a fait déborder le vase. Je sors de la chambre et me dirige vers celle de Baptiste. Je l'entends se plaindre.

-J'te jure, ce mec va me le payer ! Il a osé me frapper !

Je te rassure. Ce n'est rien comparé à ce qui va suivre.

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