Chapitre 3 AYMERIC

Je retire immédiatement ma main après sa révélation puis je vais m'assoir sur le lit, les bras autour des genoux. Il me fixe toujours. Ce n'est pas Léo. Léo est partit. Mais c'est quand même un fantôme. Un autre.

-Comment tu t'appelles ?

Il sursaute. Le pauvre ne doit pas avoir l'habitude qu'on lui parle. Il me répond cependant.

-Charlie.

-Aymeric.

-Pourquoi ?

-Beaucoup de pourquoi. Jamais de parce que.

Il se tait un moment.

-C'est de qui ?

-De ma mère.

Autre silence.

-Pourquoi tu n'as pas l'air effrayé ? Tu ne me crois pas ?

-Je te crois.

-Alors quoi ?

Je l'observe un moment. Un air d'incompréhension flotte sur son visage. Bien sûr, que je le crois. Il suffit de le regarder. Il ressemble à un zombie. Son teint est pâle et ses yeux foncés sont cernés de noir. Ses vêtements semblaient plutôt vieux et étaient déchirés par endroits. Je souris.

-Pourquoi tu ris ?

Avant que je réponde, la porte s'ouvre pour laisser passer le gros bourrin de ce matin. Je sens que je ne vais pas aimer ce qui va suivre.

-Alors, t'es qui ?

Pas de bonjour, pas de ça va. Ok, je vois le genre. Je ne réponds pas et regarde Charlie. Si les regards pouvaient tuer, ce type serait certainement mort.

-Il y a un truc que dois savoir, si tu veux avoir une année tranquille ici. Je fais le tour des nouveaux pour mettre ça au clair. Il n'y a qu'une seule loi et elle s'appelle Baptiste, me dit-il en se pointant du doigt.

Je cligne des yeux. Ses deux acolytes ricanent. Débile.

-Ah bon ? je pensais qu'il s'appelait « règlement intérieur » ?

Charlie ouvre des yeux comme des soucoupes puis éclate de rire. Baptiste lui ne rigole pas. Je me demande parfois si le filtre dans mon cerveau est défaillant. Ou alors j'aime bien remettre les gens à leur place. Oui, ça doit être ça. On va dire que c'est ça. Léo me disait que ça aller m'attirer des ennuis à force. J'aurais dû l'écouter. Baptiste rentre dans la chambre. Ses deux toutous restent à l'entrée. Il s'avance vers moi. Je me lève. Pas pour l'impressionner, non. Ce serai peine perdu vu qu'il doit bien faire dix centimètres de plus que moi. Non, c'est juste que je n'aime pas parler quand quelqu'un est debout et moi assis. Je le regarde dans les yeux.

-Ne joues pas au petit malin avec moi.

-Mais je n'ai pas besoin de jouer. Vu que tu étais là l'année dernière c'est que tu as redoublé. Donc, statistiquement, je suis plus malin que toi.

Et flûte. Cerveau, arrêtes d'inciter Bouche à parler. Baptiste lève la main mais s'arrête net. Un rire s'élève dans la chambre et la température chute. La porte se ferme violemment, nous faisant sursauter. Je tourne la tête vers Charlie qui arbore un sourie narquois. Les bras croisés sur la poitrine, il semble focalisé sur Baptiste. La porte se rouvre, laissant place aux deux sous-fifres.

-Les pions font un tour des chambres, indiqua l'un d'eux, visiblement paniqué.

Le petit caïd me lance un regard plein de mépris et tourne les talons. Je lui fais un au revoir de la main en souriant. Puis je referme la porte. Qui se rouvre aussitôt sous la poussée d'un surveillant. Il inspecte ma chambre du regard.

-J'ai vu Baptiste partir. Il y a un problème ?

-Non. Il me disait bonjour.

Le pion me regard, suspicieux. Je lui offre un énorme sourire. Il soupire et s'en va. Je referme la porte pour la deuxième fois.

-Tu es suicidaire.

Je souris à la porte et me retourne. Charlie est assis sur le lit du haut, les jambes pendantes dans le vide. Il paraît plus pâle que tout à l'heure.

-Cet effort t'a épuisé.

Il agita la main comme s'il chassait une mouche.

-Ça va passer. Mais, plus sérieusement, fais attention à Baptiste.

-Les types dans son genre ne me font pas peur.

Je m'allonge sur le lit du bas et nous restons silencieux pendant un moment. J'observe ses jambes qui se balancent.

-Tu es bizarre.

-Tu peux parler, t'es mort.

-T'as une sacrée répartie, dis donc.

Ses jambes bougent et disparaissent au profit de sa tête. Je souris. Il faudrait que j'arrête de faire ça tout le temps. Ça fait mal aux joues.

-Réponds à ma question. Pourquoi tu n'as pas peur de moi ?

-Parce que je n'avais pas peur de Léo.

Il se tût un moment. Un trop long moment. La tristesse d'avoir quitté mon oncle et ma rencontre avec Charlie m'ont submergé d'émotions que je ne suis pas habitué à ressentir. Je ferme les yeux et s'en m'en rendre compte, je m'endors.

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