Chapitre 6
À l'entente de cette révélation, mes yeux s'écarquillèrent et ma bouche s'ouvrit de surprise : comment ça Louis Tomlinson n'était pas dans la base de données ?!
« Attendez, c'est impossible ça ! Vous avez bien cherché dans les personnes résidant ici au milieu du XXème siècle ? lui demandais-je, m'assurant qu'elle analysait les bonnes données.
- Oui, je suis dans le bon fichier. D'ailleurs les résultats s'étendent un peu après les limites de la ville et, viens voir si tu ne me crois pas, mais ton Louis Tomlinson n'est cité nul part... me répondit-elle en indiquant son écran d'ordinateur d'un geste de la tête. »
Je la croyais, mais je ressentais tout de même le besoin de jeter un coup d'œil. Alors je m'avançais et me plaçais en face de l'écran afin d'avoir un accès direct sur les résultats de la recherche. Et en effet, je pus constater de mes yeux que Louis Tomlinson n'existait pas. Un gros « Pas de résultats » inscrit en rouge me le prouvait.
« Pouvez-vous chercher seulement pour son nom de famille, s'il vous plaît ? insistais-je. »
Ça ne se pouvait pas, ce n'était pas logique, il y avait forcément une erreur quelque part. Louis n'avait pas pu inventer cette histoire. Il était bien un fantôme, et cette maison était la sienne, j'en étais certain. Était-ce possible que cette absence de résultat soit du fait de quelqu'un ? Que ce quelqu'un ait voulu effacer définitivement son existence ? Sa mort était peut-être réellement un assassinat en fin de compte. À cette époque, il était simple de falsifier les certificats de naissance, alors les détruire devait l'être tout autant.
« J'ai trois résultats. Liam Tomlinson, son frère cadet Henry, et l'épouse de ce dernier, Célestina, née Blackson. me dit-elle. »
Attrapant mon carnet, je notais attentivement ces trois noms.
« Merci beaucoup, c'est mieux que rien, je vais baser mes recherches là-dessus... »
La jeune fille me sourit puis ferma sa session sur l'ordinateur, par sécurité.
« Ça a l'air de te tenir à cœur... J'espère que tu trouveras les réponses à tes questions. En tout cas, si ça peut t'aider, revient demain dans la matinée. Mme Ronson sera là, c'est ma patronne, et elle pourra certainement t'être d'une plus grande aide que moi... Maintenant, si tu le veux bien, je vais noter ton nom dans le registre, c'est la procédure. m'informa-t-elle. »
Bon, c'était déjà ça de gagner. Tout en la remerciant, je lui emboîtais le pas. Après avoir griffonné rapidement mon nom et mon prénom sur une feuille vierge, je quittais ce magnifique lieu pour retrouver l'hostilité de la rue.
Sur le trajet, je passais rapidement à l'épicerie du coin où j'achetais du pain, quelques légumes, sans oublier les pommes, et je me dépêchais de rentrer dans ma nouvelle maison. Dans un sens, ça me faisait chaud au cœur de me dire que j'avais mon propre foyer, mon propre petit chez moi... Mais j'aurais aimé que mes parents puissent le voir.
« Harry, c'est toi ? »
La voix me fit sursauter : j'étais tellement plongé dans mes pensées, que j'en aurais presque oublié la présence de Louis.
« Qui voulez-vous que ce soit d'autre ? demandais-je en levant les yeux au ciel, tout en quittant mes chaussures dans l'entrée, et en apportant le sac dans la cuisine.
- Et bien, je ne sais pas, peut-être un chat, un écureuil, ou un autre fantôme, qui sait, peut-être existe-t-il des gens aussi malchanceux que moi... »
Ses paroles me firent rire. M'ayant entendu, Monsieur bretelles me rejoint.
« Je te fait rire ? demanda-t-il presque choqué que je puisse me moquer de lui.
- C'est juste que c'est la première fois de ma vie que j'entends un fantôme se plaindre ! pouffais-je. »
Il grommela et retourna dans le salon. Bon, au moins, il avait l'air de bonne humeur, c'était déjà ça !
« Ta sortie t'a été utile ? »
Je grimaçais. Comment allais-je lui annoncer que je n'avais rien du tout ? Moi qui lui avais promis de découvrir les raisons de sa mort, j'étais mal parti. M'en voudrait-il ? Je n'espérais pas.
« Hum, justement, vous ne vous souviendriez pas par hasard de votre date de naissance, du nom de l'école dans laquelle vous avez été, ou même de la date de votre mariage ? le questionnais-je, gêné. »
Ne voulant pas lui faire face, je faisais mine de ranger ce que j'avais acheté. Au moins, c'était une bonne excuse.
« Tu as mes pommes ? demanda-t-il, évitant ma question.
- Heu oui, je viens de les ranger à leur place... »
Je n'osais toujours pas aller le retrouver. Je me servais donc un verre d'eau que je posais sur la table, et m'installais sur l'une des chaises. Lorsque je l'entendis se lever, et ses pas s'approcher de moi, je ne pus m'empêcher de me tendre. Quand enfin il entra dans la cuisine, il se dirigea vers le plat où se trouvaient les fruits et prit une pomme qu'il essuya à l'aide d'un torchon, avant de croquer dedans.
« Miam, des Goldens ! Mes préférés ! dit-il en fermant les yeux, appréciant sa collation. Merci Harry !
- Derien... murmurais-je. »
À l'entente de ma voix, je le vis froncer les sourcils. Il s'assit à son tour sur une chaise, face à moi, et posa ses coudes sur la table.
« Que ce passe-t-il ?
- Rien ! m'exclamais-je un peu trop vite puisqu'il rigola.
- À d'autres. Bon, puisque tu ne veux rien me dire : je n'ai aucun souvenir précis de ma vie. Donc je ne me souviens ni de ma date de naissance, ni le nom de mon école, ni la date de mon mariage. Pour cette dernière, je dois avouer que c'est compréhensible puisque ça a été le pire jour de ma vie. »
Choqué par ces paroles, je posais brutalement mon verre sur la table, ce qui produisit un bruit strident, peu apprécié par mes oreilles.
« Peut-être n'étiez-vous pas heureux de vous marier, mais vous ne pouvez pas dire ça ! m'offusquais-je.
- Et pourquoi pas ? C'est la stricte vérité. Je ne connaissais pas cette femme, je ne l'aimais pas. En fait, j'avais même beaucoup de mal à la supporter...
- Comment s'appelait-elle ?
- Je n'en ai aucune idée ! »
Il avait dit cela sur un ton particulier, presque... enjoué, et cela renforça l'idée qu'il avait été malheureux de la décision de ses parents. Et même si c'était dur, je comprenais qu'il pouvait être heureux d'avoir oublié cette partie de sa vie. Pour moi, c'était difficile de me dire qu'à une époque, pourtant pas très lointaine, on mariait des gens qui ne s'aimaient pas. Mes parents m'avaient toujours renvoyé l'image du mariage heureux parfait, jalousé et surtout souhaité par beaucoup. Ils ne se disputaient que rarement et étaient très amoureux l'une de l'autre.
Louis n'avait pas vécu cela. Par son histoire, il me faisait remettre en question des choses qui me paraissaient pourtant très simple. Et c'était très déconcertant.
« Et donc, pourquoi cette tête tristounette ? demanda-t-il à son tour, le visage à nouveau pourvu de ce sourire insolent.
- Tristounette ? Sérieusement ? »
Il soupira et se leva théâtralement, feintant l'agacement.
« J'essaie d'être courtois. Répond.
- Vous aviez raison, je n'ai rien trouvé. Enfin si, j'ai trois noms, mais ça ne va pas beaucoup m'avancer. La fille m'a dit de repasser demain... Peut-être que j'aurais un peu plus de chance. »
Pendant un instant le fantôme garda le silence. Il baissa les yeux sur la table, avant de les relever pour les plonger dans les miens.
« Je t'avais dit que tu ne trouverais rien, Harry. Tu ferais mieux de te concentrer sur tes études, je te remercie d'avoir essayé, mais je savais que c'était peine perdue. »
Là, maintenant, tout de suite, cet homme me faisait de la peine. J'arrivais à lire sur son visage la tristesse qu'il ressentait : il ne pensait pas la moitié de ce qu'il venait de dire. Comme moi, il avait espéré pouvoir comprendre ce qui lui était arrivé, et comme moi, il était terriblement déçu.
Mais je n'avais pas dit mon dernier mot.
« Oh mais je ne suis pas découragé, je trouverai, je vous l'ai promis. Une promesse, ça se tient. Alors j'aurais une petite question à vous poser.
- Je t'écoute. soupira-t-il, abattu.
- Est-ce que Liam et Henry Tomlinson ainsi que Célestina Blackson vous dit quelque chose ? »
Je le vis froncer les sourcils, et se gratter nerveusement le front. Il essayait de se souvenir et de ce que je pouvais voir, il avait beaucoup de mal à se rappeler qui étaient ces personnes. Ou peut-être qu'il ne les connaissait tout simplement pas...
Soudain son regard s'alluma, et il se leva rapidement de sa chaise tendant un doigt vers moi.
« Oui, je me souviens ! Harry, Liam et Célestina étaient mes parents ! Et Henry était... mon oncle. s'écria-il. »
Il était tellement heureux que s'en était contagieux. Il avait peut-être oublié des détails comme les noms de sa famille, sa date de naissance, le nom de son école ou encore la date de son mariage, mais maintenant j'étais là, et il était hors de question que l'on ne découvre pas ce qu'il s'était réellement passé.
Souriant à mon tour, j'attrapais sa pomme qu'il avait laissée sur la table et croquais dedans.
C'était déjà un bon début.
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