9. Je ne peux pas ignorer ce que j'ai sous les yeux


🦊 SS 🦊

On a marché toute la journée dans cette foutue forêt à la recherche de notre chemin, mais impossible de savoir où nous sommes. Je suis certain que nous avons quitté Oxford.

Comment ? Je n'en sais rien et je suis sûr que monsieur grincheux, devant moi, s'en est rendu compte lui aussi et qu'il doit se demander, tout comme moi, ce qu'on fait là. Néanmoins il préfère m'ignorer et continue de marcher, comme si ça pouvait nous aider. Depuis que nous avons décidé de faire route ensemble, il est devenu distant et j'ignore pourquoi.

Je soupire, je suis crevé, j'ai mal aux pieds, j'ai faim et soif et j'en ai plein le dos de cette forêt qui n'est pas la mienne, en plus on crève de chaud et je suis tout humide. J'essaye de le rattraper.

- Derek ? 

- Continue d'avancer.  

Il me donne des ordres sans prendre la peine de se retourner, son loup ouvrant la marche devant nous. Ce que ça peut m'agacer quand il prend ce ton avec moi. Il décide sans même me consulter mais moi j'en ai décidé autrement, je n'ai plus envie de l'écouter. Il arrive dans une clairière couverte de fleurs quand mon corps m'oblige à m'arrêter, à bout de force. Je m'adosse à un tronc et étends mes jambes fatiguées, posant mon sac à dos à côté de moi. Jeriko se couche à mes pieds en silence, toute autant épuisée que moi.

Je le regarde poursuivre sa marche et l'interpelle.

- Ça ne sert à rien de continuer, tu vois bien, tout comme moi, que nous ne sommes plus à Oxford !

Il s'arrête et se retourne, me dévisage et pince les lèvres en soupirant. Il revient en arrière, les poings serrés et la mine déconfite.

- Et qu'est-ce que tu proposes, génie ?

- Qu'on trouve un coin pour passer la nuit, le soleil va se coucher, regarde.

Je pointe l'horizon du doigt tout en lui faisant un signe de la tête. Derrière-nous, au loin, on voit les rayons du soleil lécher la falaise qui prend une couleur orange et mystérieuse.

A cette vue il soupire et vient s'asseoir à côté de moi, l'air aussi abattu que nous tous pourtant je sens dans son ton du reproche.

- Si nous ne sommes plus à Oxford, tu peux me dire où on est ? 

- Tu crois vraiment que je le sais ? Si je le savais ça voudrait dire que j'ai un moyen de rentrer chez nous, ce qui n'est pas le cas !

- C'est toi qui nous a emmener ici, je ne sais pas comment ! 

Il râle en me dévisageant avec ses sourcils levés. Pourquoi ce serait encore de ma faute bordel ?

Ses yeux, pourtant si magnifiques d'habitudes semblent si intimidants et froids à cet instant que je détourne le regard.

- Je ne sais pas ce qui s'est passé, je te le jure.

Il soupire et se retourne en croisant les bras sur son torse. Ne sachant pas quoi faire, je joue nerveusement avec mes doigts. Son daemon, calme jusque là, nous conseil de trouver un coin à l'abri avant la nuit, il sent un orage s'approcher. Il gambade quelques mètres plus loin et trouve un arbre au feuillage épais qui pourrait nous servir de parapluie géant. On décide de s'y installer. J'ouvre mon sac à dos et lui propose de l'eau et une barre énergétique qu'il accepte volontiers.

- Est-ce que tu as de quoi faire du feu dans ton sac ? 

Il parle la bouche pleine, visiblement affamé. Je me retiens de rire et farfouille parmi mon bardas et trouve enfin des allumettes. Sauvés, on va pouvoir faire du feu pour se réchauffer. Je ne sais pas si la nuit va être froide mais ça me rassurerait de pouvoir au moins éloigner les bêtes sauvages qui pourraient rôder dans le coin.

Sans attendre Derek part chercher du bois et moi je sors les deux bananes que je gardais pour plus tard, une idée me vient en tête et en plus j'ai trop faim. Quand il revient et me vois massacrer ces pauvres fruits il me demande ce que je fais.

- Je vais préparer le meilleur dessert que tu auras mangé de toute ta vie !

- Ca ne ressemble à rien ton truc, ajoute-il quand il me voit planter des carrés de chocolats au milieu de la banane.

Moi je souris, fier du résultat.

- Occupes-toi de faire le feu et laisse-moi cuisiner au lieu de râler.

Une demi-heure plus tard, les bananes sont prêtes à être dégustées, chacun prends la sienne et à voir sa tête je crois qu'il apprécie.

- Je m'excuse pour ce que j'ai dit avant, c'est un régal.

Il semble plus détendu et me fait un grand sourire avant de continuer sa dégustation. Moi je l'observe du coin de l'œil, m'imprégnant de chaque expression de son visage. Il semble tellement différent quand il n'est pas sur la défensive, je suis presque sûr qu'au fond il doit être quelqu'un d'appréciable, si seulement il n'était pas aussi distant avec moi.

Je ne comprends pas son comportement envers moi. Je sais que lui avoir volé son titre de capitaine de l'équipe de basket l'a beaucoup déçu, à sa place j'aurais réagis exactement comme lui. J'avais remarqué que sa colère avait passé quand je lui ai rendu sa place mais il continue, par moment, de m'en vouloir et je ne sais pas pourquoi !

Maintenant son attitude a changé, mais je ne comprends toujours pas cet être humain aussi renfermé que distant mais tout aussi attirant quand il baisse ses barrières. Il a un caractère compliqué, il est secret et son humeur change tout le temps, c'est déstabilisant. Je n'ose pas lui demander pourquoi il a changé, pourquoi il est différent depuis quelques temps.

Au lieu de ça je me contente de l'observer. Surtout sa bouche pleine de chocolat. J'ai envie de rire en le voyant comme ça, il a l'air si innocent, on dirait un gamin.

Il me dévisage tout à coup bizarrement.

- Quoi ?

- Rien, t'as du chocolat jusque sur la joue.

J'étais obligé de le lui dire même si je trouvais ça mignon. Il tente de s'essuyer avec sa main mais il en étale encore plus, je ris malgré-moi et lui rougit comme un enfant pris en flagrant délit de bêtises. Je prends ma gourde et m'approche de lui, il me dévisage mais me laisse faire. Je m'agenouille à ses côtés, prends de l'eau dans ma main et essaye avec mon pouce d'enlever le chocolat sur sa joue.

Je sens une douce chaleur s'insinuer en moi à son contact, je soupire et lui semble ne plus respirer du tout. Je ne sais pas si lui aussi ressent cette tension entre nous mais j'ai l'impression de m'envoler loin de ce monde à cet instant. Je sens son regard sur moi mais je n'ose pas le regarder, troublé. Je me dégage de lui et m'assoit plus loin le cœur tambourinant dans ma poitrine.

- Merci.

- De rien.

Un long silence gênant s'installe entre nous, j'observe les nuages approcher au loin et la nuit qui commence à tomber. Tout à coup Jeriko se lève et se dirige du côté de la clairière, je la suis du regard et me lève à mon tour, subjugué par le spectacle qui se joue sous nos yeux.

Les unes après les autres, lentement, toutes les fleurs de la clairière se ferment en se roulant sur elles-mêmes, comme si elles fermaient leur long manteau pour se protéger du froid. Des lucioles par dizaines sortent d'entre les végétaux maintenant fermées complètement, illuminant le ciel.

- C'est magnifique.

Jeriko a raison, c'est sublime, presque magique.

- Et ce n'est pas tout.

Je me retourne sur Derek qui nous a rejoint et mes yeux s'ouvrent en grand devant tant de beauté. Chaque plante, chaque feuille, chaque champignon et autres végétaux présents dans cette forêt luisent par bioluminescence. La forêt semble illuminée pour nous accueillir et nous rassurer. Il ne fait plus nuit grâce, aussi, à la pleine lune haute dans le ciel à présent.

Je m'accroupis et curieux, touche du bout du doigt une fleur, sa lumière tremble comme si elle avait ressenti mon contact, comme si elle était vivante, c'est magique !

C'est alors que je me rends compte d'autre chose maintenant la nuit tombée. J'observe Derek qui me dévisage sans comprendre pourquoi mon visage se crispe tout à coup. J'hallucine, je dois rêver, ce n'est pas possible ! J'ai l'impression d'être dans un des contes de fée que me racontait ma mère quand j'étais petit.

Je ne suis pas sûr de ce que je vois mais une petite voix me dit au fond de moi que les légendes existent pour expliquer ce que la science ignore encore. Moi je ne peux pas ignorer ce que j'ai sous les yeux et me demande comment ça peut être possible ! Comment les histoires de ma mère peuvent-elles être vraies ! J'en ai le souffle coupé, incapable de savoir ce que je ressens à cet instant.

Ai-je peur ? Suis-je euphorique ? Inquiet ? Fasciné ?

Un mélange d'émotions m'oblige à m'asseoir pour reprendre mes esprits. Derek s'accroupit près de moi, l'air inquiet.

- Stiles respire.

Je me relève doucement et me rapproche de lui, je lui tourne autour en essayant d'assimiler ce que je vois mais surtout ce que je ne vois pas. 

- On peut savoir ce qui se passe ? 

Tout en me regardant marcher autour de lui, il croise les bras sur son torse. Il semble méfiant, mais moi aussi.

- Il est où ton daemon ?

Ça y est je l'ai posée cette question qui me brûle les lèvres depuis que la nuit est tombée. Depuis que j'ai vu et constaté l'impensable.

- Il est là.

Il m'observe en grimaçant, tout caressant la tête de son loup, faisant mine de ne pas comprendre, nerveux tout à coup.

Je secoue la tête de gauche à droite en pinçant les lèvres, incapable de sortir un mot. Je m'approche encore, plus près du loup, mon nez touchant presque son museau. Il détourne maintenant le regard comme s'il était gêné. J'en étais sûr, ce n'est pas lui.

- Non, ton vrai daemon...

- Mais c'est lui ! 

Il insiste, sur la défensive. Bordel il me prend vraiment pour un con ou quoi ?

- Je vois bien votre lien, pourquoi je ne vois pas ton daemon ? Il est où ? Il est mort ? T'es un putain de zombie ou quoi ?

Derek me dévisage comme si j'étais complètement fou ! Il bégaye et semble ne pas savoir où se mettre. Puis timidement il me demande :

- Comment ça tu vois notre lien ? 

- Arrête de me prendre pour un con ! Votre lien, celui qu'on a tous avec notre daemon, cette espèce de filament argenté qui nous réunis, ce fil d'Ariane qu'on ne voit que les nuits de pleine lune entre un humain et son âme ! Putain mais... Tu le fais exprès ou quoi de pas comprendre ?

Je respire fort, je suis à bout de nerf, je fais les cents pas en l'observant, attendant qu'il dise quelque chose. Il m'énerve !

- Je ne sais pas ce que tu vois Stiles... mais moi je ne vois rien ! Et Azgaar est mon daemon !

Bordel, il m'énerve à me prendre de haut avec assurance alors que je sais très bien que j'ai raison. Je vais lui prouver que je ne dis pas de conneries, je sais que je ne peux pas toucher son daemon mais je le ferais s'il le faut. Je m'approche de lui et le regarde dans les yeux. Je pointe mon doigt près de son cœur, sur son torse, là où commence notre lien à tous.

- Je te parle de ce lien-là, que je suis avec mon doigt.

Je m'accroupis et il suit mon doigt des yeux, qui part de son torse. Je continue et regarde au bout du filament argenté, là où pour l'instant je ne vois rien et touche quelque chose du bout du doigt, ce qui le fait sursauter et me dévisager en grimaçant.

- Arrête ! Tu n'as pas le droit de faire ça.

Je le sens frissonner mais je continue et caresse ce qui ressemble à une petite tête, j'en ai des frissons dans le dos moi aussi, puis soudain un petit fennec beige et blanc apparaît devant moi, me surprenant, j'en tombe sur les fesses, incapable de regarder ailleurs que dans son regard malicieux. La pointant du doigt je lui demande nerveusement.

- Et elle c'est qui ?  

Derek semble paralysé, il m'observe en silence quelques instants puis s'agenouille devant-moi tremblant à son tour de la tête aux pieds.

- C'est Zoya, mon deuxième daemon.

Il soupire en baissant la tête, la serrant contre son torse comme si c'était une petite chose fragile, ce qui est vrai si on y pense, puisque c'est son âme.

Je le regarde dans les yeux et j'y vois de la peur, il semble terrifié.

- Derek n'aie pas peur, je ne le dirais à personne si ça peut te rassurer.

Il ne dit rien mais je me dois d'insister sur un point.

- Azgaar n'est pas un daemon Derek, je ne suis pas sûr de savoir ce qu'il est, mais votre lien n'est pas pareil, le filament qui vous relie est différent et t'englobe comme si tu avais une espèce d'aura. Il me dévisage les yeux ronds, cherchant des réponses et moi je me demande pourquoi il semble si surprit. Je lui demande prudemment : Tu ne le savais pas ? 

- J'ai toujours cru que j'avais deux daemons. Mais toi comment fais-tu pour voir tout ça ?

Il semble vraiment perturbé. Je ne sais pas comment le rassurer car je suis tout aussi surpris que lui. 

- Je ne sais pas, je croyais que tout le monde le voyait... 

- Stiles je crois que tu as des réponses que je n'ai pas et que j'ai des informations que tu ne connais pas... Je ne sais pas ce qui se passe vraiment, mais je crois que quelque chose, l'univers je ne sais pas, à voulu nous réunir pour une bonne raison. Je crois que je sais ce que tu es ! 

Son regard est brillant de fascination et de respect et moi je suis complètement paumé et j'ai la conviction que ma mère sait beaucoup de choses qu'elle a précieusement gardé pour elle. A ce moment je donnerais tout pour lui parler, pour savoir et comprendre pourquoi elle me cache tant de choses depuis mon enfance.

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Hello, 

Quelques révélations dans ce chapitre, on avance gentiment mais j'étais obligée pour la compréhension de l'histoire.

Les choses vont s'accélérer par la suite...

Bonne journée à vous 

Bisous, Mellie 🥰

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