4. Jai plus du tout envie d'y aller
🐺 DH 🐺
Cette première véritable journée de cours commence, avec Isaac et les jumeaux nous allons assister à tous nos cours. Si l'on veut faire partie d'une équipe sportive, on doit aussi être présent et montrer notre implication en classe.
En première heure on a tous mathématique, on se rend donc dans la salle et on s'installe au fond, tout en haut de l'amphithéâtre. La vue d'ici donne le vertige, c'est immense car adapté aussi à nos daemons.
Durant la première moitié de l'heure on subit les réponses parfaites du fils du directeur, assit au premier rang tel le lèche-botte qu'il est. Il m'énerve, depuis que je sais qu'il peut me prendre la place de capitaine de l'équipe de basketball, je le déteste, c'est viscéral. Il n'y peut rien le pauvre, je ne le connais même pas, je ne connais même pas son prénom ! Mais je le déteste, c'est comme ça.
Ma curiosité me pousse à embêter Isaac. Je lui chuchote :
- Isaac ?
- Quoi ?
- C'est quoi le prénom du lèche-botte ?
Isaac rit et secoue la tête, il a bien remarqué que depuis hier cette histoire m'obsède.
- Il s'appelle Stiles, pourquoi tu veux le savoir ?
Stiles ? C'est un prénom ça ? Ok...
- Pour rien...
Les jumeaux assis devant nous se retournent. Aiden, sourire malicieux aux lèvres, chuchote à son tour :
- Et si on lui pourrissait un peu son heure de math ?
J'ai dis qu'on allait assister à tous les cours, pas qu'on y serait sage, nuance. Mais Isaac n'a pas l'air d'accord avec Aiden et nous met en garde.
- Non, faites pas les cons les gars. C'est le premier jour, tenez vous comme il faut.
Mais Ethan ne l'écoute pas et prend sa gomme et la balance sur Stiles, il vise bien et le projectile lui arrive en pleine tête. Le lèche-botte se frotte l'arrière du crâne mais ne se retourne pas, trop absorbé par ce que dit le prof.
Déception.
Ethan recommence avec la gomme de son frère, cette fois Stiles réagit, il se retourne et remarque tout de suite d'où ça vient, vu que les jumeaux sont morts de rire. Il a les sourcils froncés et l'air vraiment contrarié.
Rire diabolique mental.
Etonnement c'est moi qu'il regarde, ça me met mal à l'aise, j'aime pas qu'on me fixe comme ça. Je détourne le regard et le reporte sur ma feuille pour cacher mon trouble.
Après ça, le voisin de Stiles n'arrête pas de nous surveiller, du coup on se concentre sur nos cours pour ne pas se faire sortir par le prof. L'heure se termine enfin, je range mes affaires dans mon sac en faisant attention à ne pas écraser Zoya. J'ai vingt minutes avant le prochain cours alors je ne me presse pas et laisse sortir les premiers élèves puis je sors de la salle, mon sac à la main et au moment où je m'y attends le moins le lèche-botte me plaque contre le mur.
Son bras sur mon torse, il me crie dans les oreilles pour bien me faire comprendre qu'il est énervé, ce qui n'est pas compliqué à voir mais je ne comprends pas pourquoi il déverse sa colère sur moi.
- Putain mais c'est quoi ton problème ? T'as l'intention de me pourrir tous mes cours ?
Bordel, je ne lui ai rien fait moi, pourquoi il m'agresse ?
Je le prends par le bras, le retourne et à mon tour le plaque contre le mur, mon visage à quelques centimètres du sien. Sur le même ton, je lui fais comprendre mon point de vue.
- Oh tu vas tout de suite te calmer ! Je ne t'ai rien fais !
Il plante ses prunelles ambrées dans les miennes et ses yeux papillonnent, je le lâche instantanément, surpris par sa réaction. Il déglutit puis s'en va sans un mot. Je reste planté là, au milieu du couloir quand Isaac me demande si ça va.
Je soupire en observant mon agresseur s'en aller.
- Ouais, je crois... quel abrutit.
Le reste de la journée se passe sans que je m'en rende vraiment compte. Cette histoire m'agace, m'intrigue, m'interpelle. Je ne comprends pas la réaction qu'il a eue. Et pourquoi ça m'énerve autant ? J'essaie d'oublier cet incident mais quelque chose m'en empêche et je ne sais pas quoi, ni pourquoi.
Après le repas du soir, les jumeaux et Isaac, qui sont devenus inséparables, décident d'aller faire un tour. Je les quitte et rejoins ma chambre, fatigué par cette journée. Je me pose sur mon lit et sens Zoya qui se frotte contre ma joue. Elle ronronne contre mon oreille.
- Elle était longue cette journée.
Je la plains, je sais que c'est difficile pour elle.
- Oui t'as raison, tu veux qu'on aille voir le coucher du soleil ? J'ai envie de monter sur le toit pour admirer la vue.
Elle hoche la tête. J'ouvre la fenêtre et sort prudemment. C'est haut, heureusement que je n'ai pas le vertige. Le vent fait voler mes cheveux alors que j'observe l'horizon. Azgaar, lui, reste dedans, il préfère le sol. Je monte à l'échelle, Zoya sur l'épaule et arrivé sur le toit, je me rends compte qu'il est plat en son centre et que je ne risque pas de tomber, je suis rassuré.
Je m'assieds et appuie mon dos contre l'extérieur de la lucarne. Vu d'ici Jordan Collège paraît encore plus grand, on voit tous les bâtiments et même au-delà. J'aperçois même le canal où habite la communauté gitane.
Zoya observe les jardins en bas, ses yeux pétillent d'envie.
- C'est magnifique.
Je vois bien qu'elle aimerait aller y gambader mais je ne peux pas prendre le risque qu'on la voit. Demain après-midi je suis libre, je pourrai aller marcher en forêt et la libérer.
Après quelques instants à regarder en bas, Zoya revient vers moi et me dévisage la tête penchée sur le côté, elle semble inquiète. D'une petite voix elle me demande :
- A quoi tu penses ?
- Je pense à demain et aux sélections pour l'équipe de basketball. J'espère que je serai pris.
Elle s'approche de moi et s'assied sur mes genoux. Posant ses petites pattes sur mon torse, elle me regarde fixement et ajoute avec détermination tout en attendant ma réaction :
- Tu as surtout peur qu'il te vole ta place.
Quoi ? Non ! Oui... je ne sais pas à vrai dire.
- Peut-être, je ne sais pas.
- C'est un prétentieux, je suis sûre que tu es plus doué que lui, j'ai confiance en toi !
Comment sait-elle que, malgré-moi, je pense à Stiles et à ses avantages ?
J'ai confiance en moi mais pas en lui, ni en son père d'ailleurs, je suis sûr qu'il fera tout pour que son fils ait la meilleure place dans l'équipe. J'enrage rien que d'y penser. Foutue injustice.
Croyez-moi je connais très bien. Quand on est un gitan, cela fait partie de notre quotidien, on est dénigré et considéré comme des bons à rien la plupart du temps. On nous prend souvent pour des mendiants, allez savoir pourquoi ?
Je repense à ce qu'a dit ma mère et à ce que mes parents biologique ont fait pour moi.
Qui étaient-ils pour pouvoir payer l'entier de mes études et me laisser une somme considérable d'argent ?
Cette révélation a soulevé encore plus de questions que je n'avais déjà. Je me sens perdu, triste mais surtout seul et abandonné.
🦊SS 🦊
J'ai beau avoir la plus grande chambre de Jordan Collège, je m'y sens à l'étroit, ma chambre me manque, mon grand lit surtout et ma salle de bain. Scott ronfle en plus, c'est insupportable.
Je décide de me lever et observe par la fenêtre le lever du soleil, c'est brumeux, j'ai pas l'habitude d'avoir cette vue-là. Je suis un peu déçu, mais concernant la chambre, j'ai pas eu le choix, mon père voulait que je me fasse des amis et que je vive sur le campus, j'ai pas eu mon mot à dire.
Après une douche rapide, je prépare mes affaires de sport, ce matin il y a les sélections. J'appréhende beaucoup. Je sais que mon père a tout prévu pour qu'on m'offre la place de capitaine, malheureusement, je ne sais pas si je serais à la hauteur, je ne suis pas franchement le plus doué. Je ne pense pas la mériter et encore moins la vouloir.
Il le saurait s'il était venu me voir jouer. Mais il n'a jamais pris le temps de le faire, alors il ne le sait pas et moi je ne lui ai pas vraiment parlé de mes prouesses sportives. J'aurais peut-être dû, ça m'aurais évité une possible humiliation ce matin.
Je ne suis pas du tout serein, je ne sais pas ce que je vais faire si je me plante et qu'à côté de ça je suis nommé capitaine, c'est ma plus grande crainte. Mon père et ses idées de génie, il veut bien faire mais ne se rend pas compte qu'il me met dans des situations que je préfèrerais éviter croyez-moi.
Je réveille Scott, qui râle, et nous allons prendre notre petit déjeuner. Après avoir repris des forces, il m'accompagne au gymnase, il a décidé de tenter sa chance lui aussi. Arrivés sur place on file aux vestiaires quand Scott me glisse à l'oreille.
- Regarde, il y a les quatre emmerdeurs !
C'est à ce moment-là que je reconnais l'énorme loup noir que j'ai dessiné hier, à côté du grand noiraud, c'était donc le sien.
Super, ils font tous au moins une tête de plus que moi, je sens que ça va être ma fête ce matin. J'ai plus du tout envie d'y aller tout à coup, mes mains tremblent et j'ai le cœur qui tape. Je ne peux m'empêcher de les observer du coin de l'œil tout en me changeant, l'air manquant soudain dans mes poumons.
Le noiraud, comment il s'appelle déjà ? Me dévisage d'un regard noir. C'est pas possible, il ne peut pas me lâcher cinq minutes ?! Mon cœur s'arrête un instant quand je le vois torse nu, bordel il est impressionnant. Cette fois c'est sûr, mon heure est arrivée.
Je me traîne sur le terrain, pas vraiment motivé quand je remarque que le grand blond est assis dans les gradins, un de moins, je suis presque soulagé. En fait non, je balise, j'ai la trouille et ça doit se voir sur ma tronche, vu comment Scott me regarde. Ses sourcils me prouvent qu'il est inquiet.
- Ca va mec ? T'es tout pale.
En y réfléchissant je crois bien que j'ai la nausée, tellement mon estomac est noué par la peur. Allé Stiles tu peux le faire, accroches-toi bon sang ! C'est pas le moment de flancher.
J'ai du mal à respirer tout à coup. Jeriko, qui était restée au bord du terrain jusqu'ici se permet de venir me voir.
- Stiles, respire ou tu vas tomber dans les pommes, ne te laisses pas impressionner, fonce !
Elle m'encourage d'une léchouille puis reprend sa place au bord du terrain, près des autres daemons.
Le coach nous rassemble d'un coup de sifflet, il nous explique comment ça va se passer et forme deux équipes. Evidemment je me retrouve avec Scott qui est, faut l'avouer, pas plus doué que moi et quelques autres que je ne connais pas. En face de nous, je vous laisse deviner ; Derek ! Oh j'ai retrouvé son prénom ! Et les jumeaux, génial.
On se met en place et le coach siffle le début du match.
Un des jumeaux et Scott sont à l'engagement, mon ami le gagne et passe le ballon de notre côté, on le fait circuler assez facilement et je réussi à marquer le premier panier à deux points. Ça commence pas trop mal. Pourvu que la chance reste avec moi.
Deuxième engagement, le ballon part cette fois-ci, de l'autre côté, je tente de contrer mon adversaire mais il joue physique, me pousse et je m'étale parterre. Scott m'aide à me relever et l'équipe adverse marque à leur tour.
Ça continue comme ça, chaque équipe marquant quelques points chacune puis à un moment je me retrouve en face de Derek, qui a le ballon, il est un peu plus grand que moi et me bloque avec son bras, il court plus vite et me distance facilement. Il saute le ballon en main et marque à son tour. Il jubile. Ça m'agace, je vois bien qu'il est bien plus fort que moi, je savais que la concurrence allait être rude mais je ne pensais pas tomber sur un gars comme lui.
Il est vraiment rapide, il a une technique incroyable, il est fluide et précis dans ses gestes. Bordel, pourquoi il est aussi parfait ? Je fais comment moi pour qu'on me remarque maintenant ?
A ce moment je maudis mon père, il doit avoir les oreilles qui sifflent. Je sens la colère monter en moi et visiblement ça ne m'aide pas à me concentrer. Je viens de me faire stopper net par un dos musclé et me retrouve sur les fesses. Je relève la tête et je le vois. Je rougis. Evidemment il fallait que soit lui, Derek, il se retourne et me tend la main, que je refuse, baissant les yeux, honteux.
Je me relève tant bien que mal et enrage tout seul. Je suis dans la merde, dans quelques minutes le coach va donner la composition de l'équipe, je voudrais être une souris et me planquer sous terre, je vais me payer la honte de ma vie c'est sûr.
Le moment tant redouté arrive, le coach me dévisage bizarrement, mal à l'aise lui aussi, je tente de lui faire un NON de la tête, espérant qu'il comprenne mon geste. Mais je sais très bien que mon père lui a donné des ordres, je ne sais pas où me mettre.
Le coach annonce les futurs joueurs, je n'écoute pas, je ne veux pas savoir, j'ai envie de partir en courant et ne plus jamais revenir.
Ce que je craignais arrive, il me nomme capitaine ! J'ai envie de vomir. Je soupire et vois Scott m'applaudir suivis du reste de l'équipe. Je remarque bien qu'ils le font par politesse et à contre cœur, je ne suis pas débile et à voir leurs têtes, ça ne leur plaît pas plus qu'à moi.
Je sors en dernier du terrain, suivi du coach qui me fait un sourire désolé, merci pour le soutien ça fait toujours plaisir !
Scott m'attends à l'entrée du vestiaire et me demande pourquoi je tire une gueule pareille !
- Honnêtement Scott, toi aussi tu l'a vu, je suis mauvais.
Il ouvre la bouche puis la referme dans une drôle de grimace. Mais il ne me répond pas, ce qui confirme bien ce que je dis !
Je m'assieds sur le banc en dehors du vestiaire, je vais attendre qu'ils soient tous sortis, je peux pas y aller maintenant et les voir se foutrent de ma gueule. J'ai pas le courage de les affronter.
J'ai la tête dans mes mains et regarde mes chaussures, j'ai toujours la nausée et le sentiment de n'être qu'un immonde imposteur.
Et je maudis mon père, il va falloir que je lui parle, je peux pas devenir leur capitaine, ils sont tous meilleurs que moi, surtout Derek. C'est lui qui devrait avoir cette place, pas moi.
En parlant de lui, il sort du vestiaire, suivi de son loup, je sens leur regard sur moi. Je relève le visage et remarque qu'il a les cheveux encore mouillés et collés sur sa tête, ce qui fait encore plus ressortir ses yeux ou plutôt, son regard noir. Mais en voyant mon désarroi, son expression change et s'adoucit. Mais c'est encore pire, j'y vois maintenant de la pitié.
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