Chapitre 8
La nuit fut longue et je n'avais pas arrêter de me réveiller pour aucune raison particulière. Je sentais de plus en plus la fatigue physiquement en plus du peu de nourriture que mon corps avait reçu ces derniers jours. Toute fois, je ne m'inquiétais pas de quoique ce soit en rapport, car Matt avait bien survécu des mois dans cet état. Bien sûr, il avait des joues creusées qui ne tarderaient pas à venir me rejoindre, mais ne donnait pas la mort.
Malgré mes paupières lourdes, je regardai, fascinée, le levé du jour qui se présentait à moi aux travers des branches et troncs qui constituaient la cabane.
Au fond de moi, j'aimais penser que ma mère puisse le regarder en ce moment en pensant à moi comme je pensais à elle. Je voulais en quelque sorte qu'elle s'inquiète de ma disparition, qu'elle ne reste pas les bras croisés, encore fâchée de notre dernière discussion. Je me paraissais moi-même égoïste à souhaiter une telle chose, mais c'était plus fort que moi. Je savais évidemment que je le souhaitais pour me sentir aimée quelque part, même si j'étais bien entourée. Je me sentais un peu mise à l'écart ou rejetée, comme la soirée où l'incident de la forêt c'était produit; personne ne m'avait invité à cette rencontre où tout le groupe était. J'en faisais souvent tout un plat pour finalement rien, alors je ne m'en préoccupais pas plus. C'était juste un sentiment que j'essayais de refouler.
J'entendis bouger derrière moi sans pour autant me retourner; je savais déjà qu'il s'agissait de Matt qui se réveillait.
«Bon matin.» il grommela en s'étirant.
Je ne pus m'empêcher de mordre doucement ma lèvre inférieur au son de sa voix rauque.
«Bon matin.» répondis-je retour sans lui faire croire que sa présence éveillée me plaisait.
Il me tendit ses noix par-dessus mon épaule.
«Sers toi.»
J'en pris quelques unes, même si j'en avais déjà pris plus tôt alors qu'il dormait. Bien sûr, je ne lui dirai pas.
Je mâchai lentement les noix qui devenaient de plus en plus pâteuses au fil des jours. Je m'en contenterai, c'est certain, mais s'il y avait autre chose, je le prendrai avec joie.
«Le plan pour aujourd'hui?» je demandai alors qu'il se mettait à mes côtés et regardait lui aussi le spectacle naturel sous nos yeux.
Je me surpris moi-même à observer le lever du soleil reflétant sur ses yeux verts fatigués.
«J'ai deux options.» il commença, déjà tout préparé dans sa tête. «Soit on essaye de faire un abri transportable, soit on cherche des noix.»
Ses options minables me firent grimacer. Quelle belle journée allions-nous passer!
«On va faire quoi avec un abri transportable?» soupirai-je, décidant de choisir la tâche qui paraissait la moins pire.
«Et bien, comme tu l'as dit, on va essayer de sortir de la forêt au lieu de rester ici pour, au final, rien.» j'eus un petit sourire alors qu'il parlait de réaliser mon plan. «J'imagine que la route sera longue...ou pas. Je ne sais pas à quoi m'attendre et je préfère avoir un abri pour chaque nuit. Je suis sûre que tu ne veux pas te faire dévorée pendant ton sommeil.» il fit une pause, me regardant lourdement. «Alors, pour faciliter le transport, il faudrait construire un abri facile à monter et démonter en plus d'être transportable.»
«Bien, et pourquoi les noix?» demandai-je alors que la réponse semblait évidente.
«On va bientôt être à court de noix.»
Je m'arrêtai un moment pour réfléchir. Dans ma tête, tout était clair. On faisait l'abri aujourd'hui pour partir au plus tard demain et, en chemin, on trouverait sûrement des noix.
«On fait l'abri transportable aujourd'hui.» décidai-je et il n'avait pas un mot à dire là-dessus.
Après tout, il m'avait laissé le choix.
«Très bien, on commence maintenant alors.» il tapa sur ses cuisses en se levant avec un petit grognement masculin.
*
Je soufflai alors qu'une énième racine d'arbre me causait de me tordre la cheville. Matt et moi cherchions depuis trop longtemps maintenant à mon goût des branches longues et légères pour la fabrication d'un second abri. Les seules que je trouvais étaient en haut des arbres, intouchables.
Je jetai un coup d'œil derrière moi et fit demi tour pour me rapprocher de la cabane. Les consignes de Matt avaient été claires: je devais en tout temps être capable de voir la cabane et il devait en tout temps être capable de me voir. J'avais presque l'air d'une enfant.
Pour en revenir au branches, j'en avais trouvées quelques unes, peut-être trois, tandis que Matt avait presque tout fait le travail. Il m'avait expliqué un peu avant comment il comptait construire l'abri; un peu comme celui du moment, c'est-à-dire en forme de tipi, mais qui pourrait se replier sur lui-même. Ainsi, le transport serait plus facile, il s'agirait d'un tas de branches. Je ne savais pas encore comment ou avec quoi il allait faire tenir les branches debout, mais il semblait sûr de sa tâche.
«May!» Matt m'appela de loin. «On en a assez!»
Je soupirai de soulagement, ne voulant plus poursuivre cette tâche. Une fois à la même hauteur que Matt, je remarquai un encore plus gros tas de branches que je l'avais vu plus tôt. Il devait en avoir ramené beaucoup alors que je n'avais pratiquement rien fait. Je me sentais peut-être un peu coupable, mais la sensation passa rapidement.
«Je n'ai rien trouvé pour attacher les branches ensembles, si ce n'est que des racines, mais elles sont presque impossibles à déterrer.» il m'informa, une fois près.
«La solution?» demandai-je, car je savais qu'il en avait déjà préparé une.
«Je vais probablement utilisé un bout de ma chemise si je ne trouve rien d'ici là.» il dit.
Je hochai la tête, me demandant si le tissu de sa chemise abîmée tiendrait le coup. Il en faudrait plusieurs épaisseurs, c'est sûr.
Matt se détourna de moi et commença à trier les branches. Il en mettait une fois de temps en temps de côté et, moi, je le regardais faire, les bras croisés. Je n'avais jamais vraiment apprécié le travail manuel. Il se mit debout avec une dizaines des morceaux de bois en main et les plaça une à une en un cercle au sol pour finir par les relier par le sommet, comme un tipi.
«Peux-tu tenir le haut, s'il te plaît?» il tourna sa tête vers moi.
«Ouais, je peux.» acceptai-je, n'ayant pas vraiment le choix.
Je pris le sommet des branches qui arrivait un peu plus haut que ma tête, réduisant extrêmement l'espace à l'intérieur. Le cercle au sol étais toute fois large, mais il était parfaitement impossible de s'allonger de tout son long. Nous devrions dormir repliés sur nous même et un peu trop collés à mon goût.
Matt ajouta de plus en plus de branches à l'abri, le rendant plus fermé. Il laissa un petit espace sans y mettre de bois pour pouvoir entrer et sortir de l'abri.
«Les animaux ne risque pas de rentrer avec une ouverture?» je demandai, la question ne m'ayant jamais effleuré l'esprit pour la cabane.
«Non, je ne crois pas. Rien n'est entré dans celle-là.» il pointa la cabane du doigt. «Alors rien ne devrait entrer dans celle-ci.» il haussa les épaules.
J'acquiesçai, ne me posant pas plus de questions.
«Il ne reste plus qu'à les attacher ensemble et ça devrait suffire.» il se frotta les mains ensemble en regardant l'abri.
Il allait déchirer l'une de ses manches avant que je ne l'arrête.
«On pourrait utiliser le tissu de ma veste. Il est plus épais et j'ai un autre chandail dessous, tandis que toi, tu n'as rien d'autre.» je recommandai sur un coup de tête.
Je ne savais pas trop pourquoi je lui proposais de détruire ma veste au lieu de sa chemise, mais je l'avais fait.
«Oh! Tu es sûre?» il demanda, visiblement ravi de ma proposition.
«Oui, je le suis.» essayai-je de me convaincre moi-même.
Cette veste était presque neuve et super belle, mais je me disais au moins que personne ne pouvait me voire avec, sauf Matt, alors à quoi bon continuer à la porter?
«C'est très gentil, merci.» il sourit et prit en charge les branches à ma place.
Pendant ce temps, j'enlevai ma veste presque difficilement et la donnai à Matt avant de reprendre le sommet du bois dans mes mains.
«Je ne vais pas l'utiliser au complet, une manche devrait suffire pour le moment.» il essaya de me consoler.
Je hochai la tête et il arracha d'un coup sec les coutures et la manche en même temps. C'était douloureux à regarder... et plaisant. Ses muscles se tendaient avec la force qu'il utilisait pour l'action.
Il fit un nœud ferme avec le tissu autour des branches et je pus lâcher mon étreinte. L'abri tenait bien, il ne restait qu'à savoir s'il était facilement démontable et transportable.
Matt se souffla à lui-même des mots d'encouragement et entreprit de démonter l'abri. Il prit le haut des branches reliées et le souleva à bout de bras pour que les bout de bois tombent verticalement, formant un tas cylindrique de branches. Par contre, le nœud formé par le tissu de ma veste était plus lousse par rapport aux positions des branches.
«J'aurais besoin de ta deuxième manche, si tu le veux bien.» il me jeta un regard de petit chiot.
Je soupirai et lui tendit ma veste. De toute façon, j'aurais eu l'air bizarre à n'avoir qu'une seule manche, autant enlever les deux.
Matt arracha le deuxième bout de tissu et l'enroula autour du bois, resserrant le tout.
«Voilà!» il dit en déposant l'abri replié au sol. «Il faudra seulement enlever ce nœud avant de l'ouvrir et c'est tout. Je ne pensais pas que ce serait aussi facile.» il reprit, les poings sur les hanches, admirant son travail tandis que je serrais ma veste contre moi.
«Est-ce que le poids est bon?» je demandai, ne voulant pas traînée une tonne de branches.
Cela ralentirait considérablement notre rythme.
«Oui, c'est le mieux qu'on puisse faire. Je crois que si on le transporte à deux, chacun à une extrémité, la tâche serra facile.»
Je m'accroupis après avoir mis la veste de côté et tentai de lever l'abri. Pas lourd?! Jamais je n'arriverai à porter cela sur une longue distance! J'émis un petit bruit qui témoignait toute la force que je mettais à soulever les branches et les remis au sol doucement pour ne pas les briser.
«Ça va?» demanda Matt, sûrement après avoir vu mon visage rouge.
«Oui, c'est...c'est pas trop lourd.» je croisai les bras comme pour me donner plus de crédibilité. «Tu as raison.»
Il me fit un petit sourire en coin et s'éloigna alors que je faisais des gros yeux dans son dos. «On a encore le temps pour les noix, viens.» il me jeta, un peu plus loin.
Je joggai jusqu'à lui en traînant quasiment des pieds à l'idée de chercher des noix.
Je me rappelai qu'il m'avait déjà dit qu'il trouvait les noix au sol, comme si un écureuil les avaient enterrées. J'orientai mon regard au sol pour essayer d'en trouver tout en marchant à ses côtés.
«La dernière fois que j'en ai trouvées, elles étaient par ici.» il me pointa une zone du doigt.
«Et tu crois qu'il y en a d'autres proches?»
«Et bien, c'est le seul indice que j'ai. Sinon, nous partirons de zéro.» il haussa les épaules.
Je soupirai et fit comme lui. D'abord il se pencha un peu en avant et inspecta chaque centimètre de terre qu'il trouvait. Lorsque je crus qu'il en avait trouvées, il se pencha et effleura le sol de sa main pour finalement se relever et recommencer un peu plus loin. Je me mis à faire la même chose que lui pour une durée bien trop longue. Je rasai chaque bout de terre légèrement bombé du regard et m'agenouillai à chaque fois que l'espoir surgissait en moi.
Après au moins plusieurs heures de recherche vaine, j'étais réellement et franchement tannée. Je n'aimais même pas les noix, alors pourquoi ne faisais-je qu'en chercher? Une bonne pièce de viande fumante ferait mon bonheur. En plus, des douleurs au dos et dans le cou m'empêchaient de bien fonctionner.
Je retournai au campement, si je pouvais l'appeler ainsi, et m'allongeai sans classe au sol. J'en avais marre. Je restai couchée, les yeux fermés pendant longtemps, à un tel point que je faillis m'endormir.
La seule chose qui me rendait éveillée était que Matt n'était pas encore de retour. Je l'avais perdu de vue après une heure environ et je ne l'avais plus revu. Je savais bien qu'il étai sauf, qu'il savais se débrouiller, mais je m'inquiétais un peu quand même. Je m'inquiétais probablement plus pour moi, car s'il m'arrivait malheur, Matt ne serait pas là pour m'aider, me protéger.
Enfin, c'est ce que je me disais.
*
Je me réveillai doucement avec une odeur étrange chatouillant mes narines. De la fumée se laissait emporter par le vent au-dessus de mes yeux et je trouvai Matt, dos à moi, face à la provenance de l'odeur. Je fronçai les sourcils, ne mettant pas rendu compte de mon état de sommeil. Au moins, Matt était sain et sauf.
Je m'approchai de lui doucement, pas totalement réveillée et posai une main sur son bras.
«Qu'est-ce que tu fais?» je demandai curieusement en regardant par-dessus son épaule.
Il sursauta et se retourna face à moi, un grand sourire aux lèvres.
«Je nous ai trouvé des œufs!»
«Sérieusement?» je le contournai et vu deux œufs cuir, du moins, essayer de cuire sur une roche. «Où les as-tu trouvés?»
Je souris, heureuse de pouvoir manger quelques chose de nouveau. En plus, les œufs vont nous apporter plus d'énergie que quelques noix.
«Je venais tout juste de trouver des noix et les œufs étaient à quelques pas.» il m'informa.
«C'est génial!» je m'écriai, plus que contente.
Il reprit sa place, le sourire collé au visage, et approcha son bâton en feu près de notre prochain repas. Sa méthode était quand même efficace, malgré la lenteur de la cuisson.
«Tu penses savoir de quel animal ils viennent?» je m'assis à ses côtés, les yeux fixés sur les œufs.
«Non, j'en ai aucune idée, mais rien n'était dans les parages alors j'ai pris le risque.»
Je repliai mes jambes à poitrine et les enveloppai de mes bras. Ça sonnait un peu étrange de ne pas savoir la provenance de ces œufs, mais je m'en fichais. Même si la mère était furieuse en voyant ses œufs disparus, je ne regretterais pas les avoir mangés. J'étais un peu cruelle; la faim prenant le dessus. C'était une question de survie.
«Ils sont bientôt près.» Matt m'avertit, toujours concentré sur sa tâche.
Je passai ma langue sur mes lèvres, mon ventre grognant de faim. J'espérais sincèrement qu'ils soient comestibles.
Ce qui me parut des interminables minutes plus tard, Matt me permit de prendre ma première bouchée. La chaleur de la nourriture qui descendait le long de ma gorge était tout simplement sublime. Mes dents me remerciaient sans cesse d'un aliment facile à croquer. Quant au goût, on pouvait faire mieux, mais c'était quand même mangeable. Il y avait un petit arrière goût bizarre, mais rien de plus. Je finis mon œuf en moins de temps que Matt en pris pour en arriver à sa deuxième bouchée.
«C'était délicieux!» exagérai-je un peu la chose. «Tellement mieux que des noix!»
«Tu n'aimes pas les noix?» Matt demanda, la tête penchée sur son côté gauche.
«Non, je donnerais tout pour ne plus en manger.» me lamentai-je, étant d'humeur à le faire.
Matt regarda son œuf à moitié entamé et porta son regard une nouvelle fois sur moi.
«Tu sais quoi? Moi, c'est le contraire; j'aime bien les noix, mais les œufs...» il grimaça en me laissant deviner la fin de sa phrase. «Je te le donne si tu veux.»
Je fis les gros yeux.
«Bien sûr que je le veux!»
Matt sourit et me laissa manger tandis qu'il sortait ses noix fraichement déterrées.
¨¨¨
Désolée pour la journée de retard.(Les maths fortes, c'est exigeant au niveau devoir :( )
Voyez-vous la légère différence avec Maelly? Sa façon de voir Matt, de le traiter?
Laissez un petit vote et des commentaires pour la suite. Les lecteurs habituels n'ont, pour la plupart, pas voter sur le dernier chapitre...
Merci énormément ralala12 pour tes commentaire toujours extrêmement gentils et constructifs! J'ai une surprise pour toi dans le chapitre 15 (si je me souviens bien)! xxx
-Magiquee
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