Chapitre 6

Durant la nuit, je m'étais faite réveillée par un bruissement épeurant, signifiant la présence d'un animal à proximité. Je n'avais pas pris la peine de réveiller Matt, car je savais que j'étais à l'abri dans la cabane, du moins, je le croyais fortement.

La noirceur m'étouffait et je n'entendais que ma respiration haletante. Un léger cillement dans mes oreilles me témoignait du silence total. Pas un seul bruit ne me parvenait, aucun vent, aucun insecte, aucun animal. C'était à me demander si j'avais bien entendu un bruissement.

Je pris suffisamment de mon courage pour lever les yeux et regarder difficilement entre les petits troncs d'arbre qui constituaient la cabane. Il y avait bien entendu des espaces plus ou moins gros étant donné que les troncs et les branches n'étaient pas tous droits et bien alignés. Je ne voyais rien à par du noir et peut-être les dernière cendres du feu abandonné au couché du soleil.

Après avoir regardé et surveillé les alentours quelques minutes encore, je m'approchai de Matt pour ne plus être seule de mon côté. J'avais la chair de poule au moindre bruit, la noirceur n'aidant pas. Je m'imaginai pleins de visages effrayant qui me regardaient dans le noir sans même m'en rendre compte.

Je m'allongeai doucement à ses côtés et me collai de plus en plus jusqu'à être assez proche selon moi. Mon bras gauche touchait le sien alors qu'il était sur le ventre et moi sur le dos. Il ouvrit un œil subitement, me faisant sursauter plus que nécessaire. La tension était trop élevée pour moi à ce moment.

«Qu'est-ce qu'il y a?» il demanda lentement de sa voix rauque, encore endormi.

Il plissa ses yeux d'une façon tout à fait innocente et mignonne. Je me rassurai moi-même dans ma tête en soulignant que le geste était mignon et non lui.

«Je...» j'arrêtai, ayant peur qu'il me juge, mais après tout, je m'en foutais.

À qui pouvait-il le dire? Personne.

«J'ai peur du noir.»

Matt soupira en premier et je crus que je l'avais énervé ou fatigué avec ma peur, puis, il me tira par l'épaule et encercla mon cou de son bras, de sorte que je sois plus proche encore de lui en gardant un contact.

«Tu n'as pas peur du noir.» il commença en refermant les yeux comme pour se rendormir et terminer la discussion. 

«Si je viens de te le dire, c'est qu...» je commença d'un ton de voix énervé.

«Tu as peur de ce que se cache dans le noir.» m'interrompit-il sans pour autant bouger d'un poil, les yeux fermés.

Pour la deuxième fois de la journée, je me tus. Pourquoi me disait-il ça? Et d'où est-ce qu'il sortait ça?

«C'est pareil.» lui répondis malgré ma surprise.

Je savais bien que ma peur venait des images créées par mon subconscient et non du noir en tant que tel, mais le phénomène se produisait toujours dans le noir alors je m'y était prise plus large pour nommer ma peur. Cependant, j'étais surprise que Matt comprenne tout cela. Qu'il est autant réfléchit sur le sujet me faisait penser que, peut-être, son imagination lui faisait des tours à lui aussi. Nous n'étions pas si différent à bien y penser.

Après un moment réflexion, je me laissai aller et m'endormis en ne pensant plus au silence étrange de la nuit.

*

Le lendemain de ma nuit courte de sommeil, Matt préparait déjà son sac quand je me réveillai. Il y mettait toutes ses affaires, des noix et les deux gourdes d'eau qu'il avait.

J'avais presque oublié que nous faisions quelque chose aujourd'hui, mais pas sur une longue durée puisqu'il m'annonça qu'on se mettait en route dans quelques minutes.

«Pourquoi partir aussi tôt? Le soleil vient juste de se lever.» je demandai en me lamentant de mon manque de sommeil évident. 

«Je ne veux pas être surpris par la tombée de la nuit sans aucun abri. Il faut être sûr d'être de retour avant, donc plus tôt on partira, plus tôt on sera revenu.» il répondit rapidement, sans quitter son travail des yeux.

Encore une fois, il avait réfléchit à la chose et avait raison.

Je grognai et me levai en faisant craquer mes membres douloureux. Le soleil me réchauffa immédiatement en sortant de la cabane. Je passai ma main dans mes cheveux pour les ordonner un peu plus quand je remarquai à quel point ils étaient sales et gras. J'essuyai ma main sur mon pantalon dans une grimace. Dire que Matt, un garçon, m'avait vu ainsi. Il pensait peut-être à quel point je ne prenais pas soin de mon hygiène corporelle et je ne le voulais pas.

«Matt!» j'appelai assez fort pour qu'il m'entende.

«Quoi?» sortit-il sa tête seulement de l'abri.

«Est-ce que tu sais s'il y a un endroit où se baigner? Il faudrait que je prenne un long bain. Et toi aussi.» marmonnai-je discrètement la dernière partie.

«Il y a la rivière où je prend l'eau pour boire qui ferrait l'affaire. On pourrait s'y arrêter en revenant si on a le temps.» il hocha la tête et haussa les sourcils en parlant, soulignant ma bonne idée.

Je grognai, ne voulant pas attendre aussi longtemps maintenant que je me sentais sale.

Matt allait retourner à ses occupations quand il s'arrêta et se tourna vers moi.

«Oh! Et j'ai entendu.» il disparu ensuite dans la cabane, me laissant seule et rouge d'avoir été prise sur le fait.

*

Matt et moi marchions depuis beaucoup trop longtemps à mon avis, sans aucune pause. La forêt n'était pas facile à marcher; ça descendait, ça montait et ça redescendait encore avec des roches dans le chemin. Je n'osais pas m'accoter sur aucun arbre n'y rester trop longtemps dans les hautes herbes, ayant peur de ce qui s'y cachait. La sueur roulait sur mes tempes et avec le soleil bien trop présent, j'avais fini par attacher ma veste autour de ma taille. J'aurais tout donné pour plonger dans de l'eau fraîche et rafraichissante à ce moment.

Matt était à une bonne dizaine de mètres devant moi et malgré qu'il portait le sac à dos, il ne semblait pas se fatiguer, au contraire de moi. Quand Matt m'avait conduit jusqu'à sa cabane le premier jour, le chemin paraissait beaucoup plus court.

Je vis un peu plus loin Matt arrêter de marcher et se tourner vers moi pour m'attendre. Je ralentis le pas, ayant le temps de me rendre jusqu'à lui à mon rythme.

«Bien, c'est ici que je t'ai trouvée.» commença-t-il dès que j'arrivai près de lui.

Il fit un signe vers l'arbre abattu par lui-même auquel je m'étais accotée, tout près du ruisseau. Même si je savais que cette eau n'était pas bonne et qu'au moindre touché, elle brûlait, j'avais le goût de me jeter dedans. Je pris la gourde de Matt et en but quelques gorgées comme contentement.

«Maintenant, c'est à toi de me dire le chemin que tu avais pris pour en arriver ici.» il finit en attendant que j'ouvre la marche.

Je regardai autour, un peu perdue, et finis par me diriger derrière l'arbre mort, d'où j'étais arrivée. Il n'y avait aucun sentier, ce qui rendait ma coordination difficile.

Des fois, je reconnaissais des rochers que j'avais déjà vu ou même des formes d'arbres. La zone était de plus en plus rocailleuse et la marche devenait encore plus éprouvante qu'il y avait quelques minutes. Finalement, j'arrivai à l'endroit où j'avais passée une nuit sans fermer les yeux.

«C'est ici.» fis-je savoir à Matt, fière d'avoir trouvé le bon endroit. 

Aussitôt, il se mit à inspecter les lieux. Il plissa les yeux à chaque fois qu'il croyait apercevoir quelque chose d'étrange, il se pinça les lèvres entre elles et pencha légèrement la tête pour mieux écouter.

J'échappai un petit rire moqueur face à la situation, mais je l'eus vite perdu quand il me lança un regard noir.

«Je veux être sûr que l'endroit est sécuritaire.» il retourna son attention aux alentours en se justifiant.

«C'est bien.» souris-je en chassant un insecte qui bourdonnait près de mon oreille.

Matt s'approcha rapidement de moi et pris mon poignet dans sa main, l'air sérieux, me faisant froncer les sourcils. Il leva mon membre face à nos visages.

«Qu'est-ce que tu viens de faire?» demanda-t-il avant que je ne puisse dire un mot.

«Hmm...» réfléchis-je. «Je ne sais pas, que suis-je censé avoir fait?»

«Tu as éloigné un moustique, non?» il continua, toujours la main serrée autour de mon poignet.

«Heu, oui?» je répondis, ne comprenant pas où il voulait en venir.

«Dans le secteur de ma cabane, il n'y a pas d'insecte.» m'informa-t-il rapidement. «Ils peuvent être très dangereux, nous ferions mieux de partir.» il commença déjà à marcher.

«Mais c'est normal des insectes dans une forêt.» tirai-je mon bras vers moi, me libérant de son emprise et l'arrêtant dans sa lancée. 

Il secoua vivement la tête. On aurait pu penser qu'il devenait fou à regarder frénétiquement autour.

«Non, pas dans cette forêt.» appuya-t-il.

Je ne dis rien d'autre. Après tout, c'était vrai que je n'avais pas vu d'autres moustiques. Ça devenait légèrement inquiétant s'il n'y avait que des insectes dans ce secteur. Comme le disait Matt, ils étaient peut-être dangereux.

«Nous devrions partir maintenant, nous n'avons plus rien à faire ici.» j'entendis une pointe de déception dans sa voix avant qu'il ne se tourne dos à moi pour partir.

Il s'arrêta net car un rocher lui barrait le passage. Je fronçai les sourcils sûrement en même temps que lui.

«Il n'était pas là il y a deux minutes, Matt.» lui fis-je part de mes pensées.

«Je sais.» il répondit sans bouger d'un poil.

Nous savions tous les deux que quelque chose d'anormal venait de se passer. Je m'accrochai au bras droit de Matt, la peur m'inondant peu à peu.

«Sois prudente et regarde où tu poses tes pieds.»

Sur ses paroles, Matt prit les devant en marchant particulièrement vite. J'imaginais qu'il voulait retourner à l'abri le plus vite possible, tout comme moi.

Il se tramait quelque chose, mais aucun de nous deux de savait quoi, c'était le plus effrayant.

Je trébuchai soudainement quand mon pied percuta une assez grosse roche au sol que je n'avais pas vu. Je m'étalai de tout mon long au sol en grognant, attirant l'attention de Matt. Quand j'essayai de me relever, pleins de pierres s'étaient entassées autour de mon pied droit, le bloquant au sol. Toutes sortes de questions défilèrent dans ma tête à ce moment.

«Matt.» je l'appelai, ayant clairement peur. «Matt, je ne peux pas me relever.»

Il revînt sur ses pas rapidement. Il loucha sur mon pied enseveli.

«Mais qu'est-ce que..» il ne finit pas sa phrase tant la situation était étrange.

Il se déplaça à côté de moi et enleva les pierres d'autour de mon pied et de ma cheville. Ensuite, il ferma les yeux et mis ses mains sur ses tempes, réfléchissant. Aussitôt, mes deux pieds furent entourés de pierres, me faisant paniquer et réaliser en même temps. Tout semblait prendre forme dans ma tête. 

«Ouvre les yeux!» m'empressai-je de lui demander, ayant une idée derrière la tête.

Il m'obéit en regardant mes jambes, l'incompréhension lisible dans son regard. Il me faisait paniquer encore plus à ne rien comprendre, lui qui paraissait avoir toujours tout en contrôle.

«Quand tu as fermé les yeux, elles sont revenues.» je m'empressai de lui faire savoir.

«C'est quoi le rapport?» il me regardait en penchant légèrement sa tête pour comprendre.

«Dans ma série préférée, il y avait un épisode où les statues de pierre bougeaient quand plus personne ne regardait. Je crois que c'est pareil, il faut garder les yeux ouverts.»

«On est pas dans ta série préférée, Maelly.»

Malheureusement.

Il soupira en libérant une nouvelle fois mes pieds. Je veillai à garder les yeux ouverts malgré qu'ils picotaient légèrement.

«Ça ne coûte rien d'essayer.» repris-je. «As-tu d'autres explications ou solutions?»

«Non.» il souffla en mordant ses lèvres.

Je savais que ne pas savoir quoi faire le dérangeait.

«Garde tes yeux ouverts et lorsque tu dois cligner, fais le moi savoir pour je ne le fasse pas en même tant que toi.» expliquai-je en lui tournant le dos pour calculer le nombre de roches.

Il y avait des cailloux, des roches lourdes à porter et des rochers un peu partout.

Un halètement grave me fit me retourner à la vitesse maximale vers Matt, le responsable du bruit. Je hoquetai de surprise en le voyait presque écrasé par des gros rochers.

«Mais qu'est-ce que tu as fait? Je t'avais dit de ne pas fermé les yeux.» m'écriai-je.

Il me regarda, les yeux en forme de billes et la respiration saccadée.

«Oh! Mon Dieu! J'ai faillit être écrasé.» il marmonna pour lui-même. «Dépêche toi de les éloigner de moi, je ne peux pas bouger.» reprit-il plus urgemment.

Je roulai des yeux pour qu'il le remarque bien et fis le tour de lui. Comment étais-je censé bouger à moi toute seule d'aussi gros rochers? Matt ne pouvait pas m'aider étant coincé entre ceux-ci.

«Ne ferme pas les yeux, je vais chercher un bâton ou quelque chose pour te déloger.» je m'empressai de lui dire avec la peur coulant encore en moi.

Je m'éloignai rapidement pour ne pas le laisser seul trop longtemps. Il suffisait d'un clignement d'yeux et il serait mort écrasé.

Je trouvai rapidement une large branche assez solide et retournai auprès de Matt. Je l'avertis de ma présence pour qu'il puisse fermer les yeux un moment et me mis à la tâche.

Je plaçai le bout de la branche entre le base du rocher et le sol bien solidement. J'appuyai sur l'autre extrémité de la branche d'abord doucement, puis plus fort, et, finalement, j'y mis tout mon poids pour faire bouger la roche. Le résultat était minable et décevant; le rocher avait à peine bouger. Je m'essayai sur un autre plus petit qui bougeai un peu plus, sans pour autant s'éloigner.

«Si je fais ça...» je m'appuyai de tout mon poids sur le levier. «Es-tu capable de bouger un peu?» je finis, ma voix pleine d'efforts.

«Juste un peu, pas assez pour sortir.» il répondit rapidement.

Je jurai dans ma barbe, le travail s'avérant plus difficile que prévu. J'attrapai une seconde branche solide et la mis en position de levier à côté de la première. En appuyant de toutes mes forces dessus les deux, le rocher tanguait un peu plus.

«Et maintenant?» peinai-je à dire en pleine action.

«Je crois que...» il s'arrêta un moment pour essayer de se libérer. «C'est suffisant.» il finit en grimpant sur l'un des rochers, me permettant de relâcher ma prise.

Il sauta en bas et m'empoigna le poignet sans me laisser le temps de souffler. Il me murmura ses remerciements rapidement en partant le plus vite possible de ce secteur.  Il reprit le contrôle et nous préférions tous les deux que ce soit lui qui le fasse et non moi. Je n'avais pas l'étoffe pour être le dirigeant.

¨¨¨

Voilà le sixième chapitre!

Un petit mystère de résolu sur LE secteur.

Que pensez-vous de Maelly qui a prit la situation en mains pour quelques minutes?

Lequel de Matt ou Maelly préférez-vous? Pourquoi?<

**Je suis désolée de l'attente pour ceux et celles qui attendaient un nouveau chapitre, c'est un peu le bordel chez moi présentement. Il y a eu un dégât d'eau au sous sol et nous devons tout mettre en boîtes pour refaire le plancher et les murs donc je me retrouve à dormir dans le salon sur le divan. En plus, il y a l'école qui recommence bientôt et les préparatifs à faire sans oublier le stress énorme. Je n'ai pas eu le temps d'écrire et j'ai rapidement relu et amélioré ce sixième chapitre. Encore désolée! **

-Magiquee

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