Je me débattis dans tous les sens, voulant échapper à cette poigne forte. Je savais bien que quelque chose se tenait devant moi, je voyais la silhouette, mais j'étais trop concentrée à me libérer que je n'y faisais pas plus attention.

«Hey! Calme toi, je ne vais rien te faire.» m'annonça une voix en état d'alerte.

Trouvant cette voix étrangement normale, je me risquais à y jeter un coup d'œil. Devant moi, accroupi, se trouvait un jeune homme aux cheveux en bataille, aux yeux verts surmontés de sourcils froncés. Son visage était sale, sans toutes fois qu'il soit méconnaissable.

«Ok, ok» soupira-t-il en me fixant droit dans les yeux. «Ne panique pas, je suis comme toi, d'accord?»

«Comme moi?» demandai-je toujours méfiante.

Qu'est ce qu'il venait faire ici?

«Ouais, tu...tu es dans la forêt malgré toi, non? Je veux dire, tu ne fais pas partie de cette forêt.» débita-t-il de sa voix incertaine.

«Et toi?»je plissai les yeux, le scrutant du regard dans le but d'y voir un quelconque indice suspect.

Il prit une profonde inspiration avant de secouer la tête.

«Je ne fais pas parti de la forêt.» me rassura-t-il plus calme, n'entraînant cependant pas le mien.

«Qui es-tu alors?»

Je ne savais pas encore si je devais baisser mes gardes ou non.

«Une personne normale comme toi qui s'est faite piéger par la forêt.»

Le silence anormal habituel de la forêt devint une fois de plus pesant tandis qu'il me scrutait à son tour. Ses mains étaient encore posées sur mon bras et il les retira en voyant mon regard lourd sur celles-ci.

«Ton prénom?»

«Maelly.» je lui répondis et il hocha la tête avec un rictus.

«Non! C'est pas vrai? Je m'appelle Maël!» cria-t-il quasiment.

«Ha. C'est bien.» répondis-je sans intérêt.

Il me regarda en riant, s'attendent sûrement que je le rejoigne à mon tour. Je ne trouvais rien de drôle là-dedans. Il soupira fortement et perdit son sourire tout comme ses fossettes. 

«C'est une blague, tu es supposée rire.»

Je le regardai avec mon visage le plus sérieux jamais vu; il ne m'amusait pas.

«Je m'appelle Matt si tu veux vraiment savoir. Oh allez! Je voulais juste détendre l'atmosphère.»

Je l'ignorai en me concentrant sur son nom; je l'avais déjà entendu quelque part. Est-ce qu'il serait...

«Matt? Matt Irwin?»

«Oui, tu connais mon nom?» plissa-t-il ses yeux du même vert que le feuillage des arbres autours.

«Il y a quelques mois, tout le monde ne faisait que parler de toi. Tout le monde croit que tu es mort.»

J'avais la bouche ouverte sous le choc en parlant. Je croyais moi aussi qu'il était mort depuis des semaines, voir des mois.

«Pourquoi n'es-tu pas sorti?» lui demandai-je d'un ton pressé.

«Ce n'est pas aussi simple, crois-moi.» il se laissa tomber au sol face à moi.

Il joignit ses mains par dessus ses genoux et les entortilla ensembles.

«Tu n'as pas pensé au gens dans la ville? Tu as foutu la frousse à tout le monde avec ta disparition et tu restes ici? C'est quoi? Tu veux avoir le maximum d'attention quand tu vas revenir?»

J'étais hors de moi. Avait-il une conscience?

«Arrête. Tu ne comprends pas.» continua-t-il tout aussi calme.

«Bien-sûr que je comprends, espèce de lâche.» l'insultai-je sans remord. «Tu...»

«C'est impossible de sortir d'ici!» cria-t-il en me coupant la parole. «On est condamnés, tu comprends? Tu ne pourras plus sortir d'ici si tu survis. C'est fini.» il prit sa tête dans ses mains en ignorant mon regard intense.

Je retins mon souffle en le voyant si bouleversé. Il avait les larmes aux yeux, ce qui faisait briller le vert encore plus. Je ne savais plus quoi penser de lui, de ce qu'il disait.

«Il doit y avoir un moyen de-Ah!» je m'arrêtai d'un coup en sifflant à travers mes dents serrées.

Mon bras s'était mit à brûler atrocement. Je serrais les dents en me plaignant.

«Les effets commencent.» marmonna Matt dans sa barbe. «Évite de bouger ton bras et la douleur passera plus vite. Ça va durer une dizaine de minutes.» il reprit plus fort pour que je l'entende.

Tout ce que j'avais le goût de faire était de serrer mon bras contre moi pour diminuer la douleur. J'arrivai à lui demander ce qu'il se passait malgré mes dents serrées.

«Tu as reçu de l'eau sur ton bras, ce sont les effets. Quand je t'ai vu, je voulais te prévenir, mais l'eau avait déjà pénétrée ta peau. Désolé.»

Je me pinçais les lèvres en l'écoutant, mon bras brûlant extrêmement.

«L'eau?» demandai-je doucement.

«Ouais, il y a pleins de pièges ici et l'eau en fait partie.»

Si l'eau n'était pas accessible, comment allais-je assouvir ma soif? Je me voyais déjà en train de mourir lentement de soif, une mort horrible.

«Oh! Il y a de l'eau potable comme dans toutes forêts, il faut juste la repérer.» reprit-il comme s'il avait lu dans mes pensées.

Peut-être que je n'étais pas subtile dans mes songes.

«Le truc est le reflet. Si l'eau te reflète, tout va bien, tu peux la boire. Si l'eau ne te reflète pas, ni touche surtout pas, ça provoque des brûlures.» lança-t-il en pointant mon bras avec son menton. «J'imagine que si tu tombes dedans, il n'y aura pas de prochaine fois.» termina Matt, les yeux dans le vide.

Des frissons parcoururent mon dos rapidement en l'entendant parler. S'il n'était pas arrivé à temps, j'aurai bu cette eau, même s'il s'agissait de quelques goûtes. Je n'imaginai pas les dégâts alors que la brûlure persistait sur mon bras. Je pensais à le remercier, mais changeai vite d'avis quand il osa toucher mon bras.

«Aïe! Merde, tu es fou?» criai-je dans ses oreilles.

«Désolé, je voulais voir si c'était encore sensible.» s'excusa-t-il rapidement.

«Tu aurais pu le demander.» grognai-je.

Je respirai doucement en faisant de mon mieux pour ignorer la douleur persistante.

«Au fait, comment as-tu su qu'il ne fallait pas bouger?» pointa-t-il mon bras prit dans l'arbre.

J'y jetai un rapide coup d'œil avant de lui répondre. J'avais presque qu'oublié mon bras coincé.

«Et bien, je ne sais pas trop. J'avais soif, vraiment soif et je me suis dit que je m'en occuperai après avoir bu.» je me rendis compte en le disant que c'était idiot.

J'aurais pu perdre mon bras, mais je m'en foutais, car j'avais soif. Une façon plus qu'idiote de raisonner.

«Tu as bien fait. La première fois que je me suis fait prendre par un de ces arbres, j'ai arrêté de bouger quand la moitié de mon corps avait disparu.» il rit sans humour.

«Et comment on fait pour se déprendre?» demandai-je curieusement, mon bras étant en danger. 

«Il faut couper l'arbre, le tuer en quelque sorte. Quand je l'ai coupé la première fois, j'ai dû le faire en vitesse maximale parce qu'à chaque fois que je bougeais, je m'enfonçais encore plus. Par chance que l'arbre était petit et facile à abattre.» il me regarda, s'attendant à ce que je dire quelque chose puis repris.  «Comme c'est ton jour de chance et que je suis gentil, je vais couper l'arbre et tu n'auras pas à bouger.» finit-il en souriant exagérément. 

Je n'attendais que ça.

¨¨¨

Troisième petit chapitre de rien du tout. Le contenu n'était pas grand, j'avais comme idée de seulement intégré Matt dans l'histoire.

Que dîtes-vous de Matt?

Pensez-vous qu'il est innocent? Qu'il n'a rien à voir avec la forêt?

-Magiquee