Chapitre 15
«Parle moi de ta sœur.»
La phrase sortie presque toute seule de ma bouche. Cela faisait un moment déjà que ni Matt ni moi ne parlions et je m'étais mise à réfléchir sur un peu tout jusqu'à arriver au sujet de sa famille. Pour moi, il était évident que celle-ci était importante pour Matt.
«Que veux-tu savoir?» il demanda, l'air suspicieux et un sourcil levé en ma direction.
«Comment la perçois-tu? Je n'ai jamais eu de frère ou sœur alors...» je haussai les épaules.
Il hocha la tête, comprenant où je voulais en venir.
«Et bien, je dirais que c'est...spécial. Des fois, j'aimerais ne jamais avoir eu de sœur, d'autre fois, c'est la personne que j'aime le plus au monde. Étant donné que je suis le plus vieux, je n'aime pas trop montrer l'exemple même si je suis content qu'elle me voit comme tel.» il sourit fièrement, faisant apparaitre de petites fossettes.
«Comment elle s'appelle?»
«Sandrine. C'est un beau prénom, hein?»
J'acquiesçai, souriant en le voyant parler d'elle comme si c'était sa fille.
«Tu l'aimes beaucoup, ça se voit.» je lui fis la remarque.
«Je crois que si tu avais un frère ou une sœur, tu comprendrais. Même si elle me tape sur les nerfs la plupart du temps, c'est ma famille et j'aimerai toujours ma famille qu'elle soit pauvre, riche, belle ou laide.»
C'étais touchant. Moi aussi j'aurais aimé avoir une petite sœur, ne plus être si seule.
«Et comment elle est?»
Il allait parler, mais s'arrêta juste avant et me lança un regard.
«Je t'en parle si tu en fais de même avec Anaëlle.»
«Bien.» je ne m'opposai pas à son idée.
Je n'avais rien à cacher sur la relation changeante entre elle et moi.
«Sandrine est toujours de bonne humeur. Elle aime tout ce qui est rose et elle a des tonnes de paillettes sur ses vêtements.»
«Comme la plupart des petites filles, je suppose.» je ris.
«Nous n'avons pas le même père, mais elle me ressemble énormément. Elle a des fossettes comme moi et des cheveux bouclés.»
Je souris en le regardant parler alors qu'il continuait de me parler de sa sœur. J'aimais bien le voir dans cet état, souriant et les yeux pétillants. Ça changeait de hier, en tout cas. Pendant un bon cinq minutes remplies, il me raconta les fois où Sandrine avait fait ses premiers pas ou quand elle l'avait appelé par son prénom. Son amour pour sa petite sœur me rendait presque jalouse.
Quand ce fut mon tour, je pris une grande inspiration, sachant très bien que j'allais gâcher l'ambiance que Matt avait installé.
«Anaëlle n'est pas mon genre d'amie.» je m'arrêtai, ne sachant pas quoi dire de plus.
«Quel est ton genre d'amie?»
Je pouffai, ayant l'impression d'être chez le psychologue.
«Heum...» pris-je le temps de réfléchir. «Assez à la mode et pas coincé.»
«Pourquoi?» il pouffa, me faisant sentir ridicule.
«Et pourquoi me poses-tu toutes ces questions?»
«Pour mieux te connaitre. Je ne sais pas grand chose à ton propos.» il haussa les épaules.
Je soupirai faussement, lui montrant mon ennui.
«Tu n'as pas besoin de savoir mon type d'ami pour me connaitre, Matt.» je fis tourner la phrase à l'évidence.
«J'essaie seulement de t'aider, tu n'as pas à t'emporter de cette façon.» il se défendit en levant ses mains vis-à-vis de son torse.
«Qui te dis que j'ai besoin d'aide? » je ris. « Je n'ai pas besoin d'aide. »
La situation tournait de plus en plus au ridicule.
« J'en sais rien, je veux juste me rendre utile. » Il haussa les épaules. « Je crois que Anaëlle est une bonne amie pour toi, que tu fais semblant d'être bien sens elle. »
« N'importe quoi! Je connais mieux mes émotions, mes sentiments que tu ne le pourras jamais et je n'ai pas besoin d'elle dans ma vie. J'ai évoluée et changée au fil des années, comme tout adolescent typique. » je m'emportai face à son jugement à mon propos. « Maintenant, je te pris d'arrêter de te mêler de ma vie et de retourner à la tienne. »
« Je conçois que l'adolescence soit difficile et qu'elle soit le moment où tu te trouve une personnalité propre à toi-même, mais ce n'est pas ce que tu fais. Tu as changée, comme tu le dis, pour les autres et non en fonction de toi-même. Je reste donc sur mon opinion et mes dires qu'Anaëlle est une bonne amie pour toi au lieu de ce groupe de présumés amis qui t'ont lâchement abandonnée à ton sort dans la forêt. »
Ce fut l'eff d'une claque en plein visage.
«Ne te mêles plus jamais de mes relations. » je lui crachai à la face et me levai le plus rapidement que mon dos me le permettait.
Je me dirigeai vers l'abri avant de dévier ma trajectoire pour avoir plus d'espace pour moi-même. J'étoufferais sûrement dans l'espace contenue de l'abri. Je me rendis à une vingtaine de mètres de Matt et finis par m'écrouler contre un arbre en faisant attention à mon dos.
Je laissa à contre coeur couler une larme épaisse qui traversa mon visage en entier. Une larme de colère, de tristesse ou de réalisation, je ne savais pas.
J'étais en colère contre Matt pour se mêler autant de mes affaires, de mes propres choix et de ma vie personnelle.
J'étais triste parce qu'autant parler d'Anaëlle me donnait l'envie de la revoir, de la serrer dans mes bras même si les accolades n'étaient pas dans mes habitudes.
J'étais aussi perdue au sujet de mon groupe d'amis, de Allissa et de Jeremy. N'étais-je pas assez importante pour eux pour qu'ils essaient au moins de me sauver? À leurs yeux, j'étais déjà morte, je le savais et j'aimerais savoir qui en pleurait. Même si l'évènement c'était passé il y avait plusieurs jours, je voyais encore clairement les yeux de Alissa qui me regardait sans rien faire. Elle me regardait disparaître, peut-être même mourir de son point de vue et elle n'avait pas bouger sa petite orteille. C'était une triste vérité.
Toute cette agitation dans mes pensées désordonnées me mena à réfléchir sur ma personne. Pourquoi me tenais-je avec ce groupe d'amis? La plupart, je ne les connaissais que par leur prénom, pas plus. Qu'est-ce qui m'avait mener à quitter ma meilleure amie? Je l'aimais, ça, c'était certains alors pourquoi changer du jour au lendemain?
Plusieurs personnes affirment que l'adolescence est difficile et je crois que je venais de le comprendre avec l'effet d'un coup de poing dans le ventre. Je doutais de ce qui j'étais, de ce que j'aimais.
Je sursautai quand Matt posa une main sur mon épaule. Une main toutefois réconfortante qui me faisait savoir qu'il était là pour moi. Timidement, je m'accrochai à sa chemise et finis par sangloter dans ses bras qui frottaient mon dos. Je me calmai cependant vite quand un atroce mal de crâne m'attaqua; pleurer me donnait toujours mal à la tête.
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