Chapitre 13

Je massai discrètement ma gorge qui me brûlait et fermai les yeux pour ne plus que le soleil les brûle. Nous restâmes une dizaine de minutes sans bouger à reprendre notre souffle. Mes vêtements mouillés n'aidaient pas mon état gelé, mais ce n'était rien comparé à ce que je ressentais dans le dos. Ma joue brûlait un peu aussi. Je puisai dans mes forces restantes pour tourner mon corps et ainsi être allongé sur le ventre.

«Matt, peux-tu regarder s'il y quelque chose, s'il te plaît?» ma voix sonnait rauque et plaignante.

Je l'entendis bouger en poussant de petits bruits d'efforts. Je tournai ma tête de sorte que ma joue gauche soit au sol et que je puisse le voir. Il souleva mon chandail trempé en grimaçant.

«Il ne t'a pas raté.» il dit entre ses dents, parlant sûrement de l'oiseau.

«Peux-tu faire un bandage? Tu m'as parlé d'en faire un la dernière fois.» je demandai en cherchant un soulagement pour la brûlure.

«Je ne sais pas si c'est sûr.» il répondit à regret. «J'ai peur que ça s'infecte, il ne faudrait pas que ça se produise.»

Je grognai en mordant mon poing.

«Et bien, pour l'instant, si tu ne fais rien, ça va définitivement s'infecter.»

«Je le sais bien.» il grogna à son tour, un combat intérieur se jouant dans sa tête.

Je le voyais réfléchir à toute allure et ses yeux inspectaient tous les recoin de ma blessure.

Soudain, alors que je m'étendais dans mes pensées moi aussi, un frisson d'horreur parcouru ma nuque.

«Est-ce que l'infection peut me tuer?» je demandai rapidement, paniquée. «Est-ce que c'est trop tard pour me sauver? C'est une peine perdue?»

Mes yeux se remirent à m'offrir une vision flouée par les larmes. Je ne voulais pas mourir. Pas maintenant.

«Non!» je l'entendis presque crier. «Détend toi, May. Tu n'as pas à t'inquiéter.» il reprit ensuite plus calme. «Ce n'est pas assez profond où large pour te tuer. Ce l'aurait peut-être été si ton preux chevalier n'était pas intervenu, par contre.» il blagua légèrement.

Je ne ris pas. J'avais failli mourir il y avait à peine quelques minutes et il osait déjà en rire. Si bouger ne me faisait pas autant souffrir, je lui aurais fait regretter ses mots déplacés.

«Fait quelque chose au lieu de rire!» je l'agressai presque. «Je ne veux pas laisser ça à l'air libre, le sang, en séchant, risque de collé à mon chandail et ça rouvrira éventuellement la plaie.» me surpris-je moi-même de mon savoir.

«Tu as raison. Je vais te fabriquer quelque chose.» dit-il en se levant.

«Où est-ce que tu vas? Ne me laisse pas seule! L'oiseau est proche.» ma respiration s'accéléra.

«Je vais juste trouver quelques feuilles, je reviens vite. Tu n'as pas à t'inquiéter pour l'oiseau, il n'est pas en état pour t'approcher.» il termina rapidement et s'enfuit hors de ma vue.

Je cherchai un moment la bête de mes yeux, mais je n'arrivais pas à voir le champ derrière moi.

En attendant Matt, je séchai rapidement mes larmes pour ne plus y voir une seule trace de leur passage. J'avais assez pleurer comme cela aujourd'hui, surtout devant Matt, et je n'aimais pas ça. Je ne voulais pas qu'il voit ce côté de moi.

Alors que je commençai à douter de son retour, Matt revînt vers moi avec de grosses feuilles vertes dans les mains ainsi qu'une substance visqueuse sur le bout de deux doigts. Je grimaçai, mais le laissai faire. Je lui faisais assez confiance pour qu'il ne me blesse pas plus que je l'étais déjà.

À partir de ses touchers dans mon dos, je pus dire qu'il appliqua la substance autour de mes plaies et colla ensuite les feuilles dessus pour qu'elles restent en place. Il appuyait lentement pour ne pas me faire de mal et j'appréciais le geste et sa gentillesse. Je commençai même à croire qu'il me faisait un petit massage délicat, mais il retira ses mains et m'annonça qu'il avait terminé.

«As-tu mal quelque part d'autre?» il me demanda doucement.

«Non, ça va.» je mentis en quelque sorte.

Ma joue brûlait, mais n'était pas si douloureuse et ma gorge était dans le même état. Je ne croyais pas qu'il pouvait y faire quelque chose.

«On va passer la nuit ici. C'est assez pour la journée.» il m'annonça ce que je rêvais d'entendre.

Puis, une image sortie de nulle part passa rapidement dans ma tête.

«Où est l'abri?»

«Encore sur l'eau.»

J'essayai de me tourner une nouvelle fois pour voir l'endroit qu'il me pointait, mais j'abandonnai pour ne pas empirer ma douleur.

«Je vais rapidement aller le chercher.»

«Quoi? Et l'oiseau? Ne retourne pas là!»

«Je te l'ai déjà dit, nous ne risquons rien pour l'instant. L'oiseau est toujours inconscient.» il me rassura une fois de plus. «En plus, nous sommes à l'abri, ici, suffisamment sous les arbres.»

Je soufflai, pas convaincue, mais le cru quand même.

«Je reviens vite.»

J'entendis ses pas de course s'éloigner et je fis la moue.

J'avais le cœur qui débattait un peu, la peur au ventre. Je ne voulais pas le perdre. Je perçus un peu plus loin le son de l'eau qui éclaboussait, me signifiant que Matt avait plongé. Il revint essoufflé quelques minutes plus tard avec en sa possession les branches mouillées de l'abri.

Moi, pendant ce temps, je ne bougeai toujours pas.

«Je vais le monter autour de toi. Tu n'auras pas à te déplacer.» il parla de l'abri.

Je le remerciai, touchée de sa pensée.

«Attention.» il dit doucement en enjambant mon corps sur le sol.

Il déposa les premières branches devant ma tête en veillant à ne pas m'accrocher accidentellement. Bientôt, je fus en dessous des branches.

J'entendis Matt rire.

«Quoi?» je demandai, le sourire aux lèvres rien qu'à entendre son rire.

«Je ne vois que tes jambes dépasser de l'entrée.» il pouffa.

Je n'y voyais rien de drôle, mais me força à rire avec lui.

«Alors aide moi à les rentrer, idiot.» je blaguai.

Matt termina de rire doucement et je l'imaginai même essuyer une larme imaginaire.

«D'accord, d'accord.» il se glissa à l'intérieur, dans l'espace restreint qu'offrait l'abri. «Comment je fais ça?» il demanda en pouffant une nouvelle fois.

«J'en sais rien, moi!« je réfléchis. « Aide moi à me tourner sur le dos.»

«Tu es sûre? Je ne veux pas que tu es plus mal.» il veilla à mon bien et je fus encore plus touchée que quelques minutes plus tôt.

«Je suis sûre.» je confirmai.

Il déposa délicatement une main sur mon épaule et l'autre sur ma hanche. Il fit un petit décompte et me poussa alors que je grognai le plus silencieusement possible. La tâche fut rapide, mais l'élancement dans mon dos témoignait de la douleur qui venait avec.

Ensuite, Matt souleva mes jambes par l'arrière de mes genoux, les plia et les déposa soigneusement sur le côté dans la cabane.

«Voilà!» il sourit, surement fier de lui.

«Génial, merci!» je me forçai à ignorer l'épuisement que ces simples efforts m'avaient apportés.

«Je vais aller te faire cuir un œuf.» il commença à s'activer, mais je l'arrêtai.

«J'ai froid. Reste avec moi.» je le tirai difficilement par la main jusqu'à moi. «Ne me quitte pas.» je marmonnai, à peine audible.

Il s'allongea à côté de moi, l'un de ses bras passant au dessus de mon corps.

«Je ne te quitterai pas.» il m'assura, un peu comme une promesse.

Je savais qu'il avait compris le double sens de ma requête. Je ne voulais pas qu'il me quitte, pas pour l'œuf, mais dans le sens de m'abandonner, de me laisser seule dans la forêt.

Il se colla encore plus à moi et souffla un peu dans mon coup, son souffle chaud créant des frissons partout sur mon corps.

Des frissons dû à mon état congelé, bien sûr.

¨¨¨

Pouvez-vous laisser un petit commentaire?

Un seul me ferait terriblement plaisir!

-Magiquee

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