Chapitre 4 : Le meilleur même dans le pire.
Le bruit était assourdissant, les flashs aveuglant et les questions en rafales déconcertantes. Malgré tout Raphaël brillait. Il répondait avec humour, à l'aise tandis que les journalistes lui posaient chaque fois une question un peu plus indiscrète et déplacée que la précédente. Mais il jouait le jeu. C'était sa faute. S'il avait été concentré la conférence aurait été très différente. L'ambiance également. Bien que survolté, il flottait dans l'air un parfum de déception et les questions avaient un goût amer.
Raphaël répondit, se justifia et s'excusa pendant une bonne heure auprès des journalistes de toute l'Europe. Un véritable professionnel, tant et si bien qu'il parvint à amadouer les médias en un rien de temps. Ce n'était pas très étonnant d'ailleurs. Entre son physique de mannequin avec ces traits ciselés, ses yeux bleus tempétueux, ses longs cheveux blonds, les tribales qui lui couvraient les bras et son fier mètres 90 il se mettait toujours les femmes dans la poche. Toutes les femmes. Un sourire de sa part et elles écartaient les cuisses plus vite que leurs ombres. Il n'allait pas s'en plaindre, c'était un véritable atout pour lui. Son charisme et ses compétences finissaient le travail auprès des hommes.
- Tu vois, ricana Jeweel à son oreille, tout se passe bien. Ils ne nous en veulent pas. Il a suffit de mettre ça sur le compte de la malchance, de la fatigue et de la sévérité de l'arbitre et c'est oublié !
Le meilleur des meilleurs rit enentre choquant son poing avec celui de son ami.
Au final la conférence se déroula sans encombre, du moins jusqu'à ce qu'un journaliste qu'il n'avait jamais vu auparavant ne joue des coudes pour se trouver au pieds de l'estrade criant son nom à s'en déchirer les cordes vocales.L'instinct du joueur lui hurla de l'ignorer, de mettre un terme à tout ça, de retrouver Ella et de disparaître jusqu'à la prochaine saison. Mais le coach Lopez ne le laissa pas se dérober et accorda sa question au type d'un mouvement du menton :
– Raphaël, lança-t-il avec un sourire plein de mépris et les yeux brillants d'une joie vicieuse,confirmez-vous la rumeur qui court sur votre compte depuis ce matin ?
Le joueur fronça les sourcils. De quoi s'agissait-il encore ?
– Quelle rumeur, demanda-t-il avec un sourire confiant, refusant de montrer à l'adversaire qu'il venait de le mettre en position de faiblesse.
– Avez-vous une liaison avec Ella Maldi ?
Raphaël se décomposa tandis que Jeweel et le reste de l'équipe explosaient de rire, certains que leur capitaine n'aurait jamais fait une chose pareil.
– Vous n'avez pas une question en rapport avec le foot, rétorqua l'ami du sportif.
– J'y viens, acquiesça le journaliste, la visite de mademoiselle Maldi durant la mi-temps vous aurez-t-elle déconcentré ?
Jeweel se pencha au-dessus de la table de conférence, son visage marqué par la colère :
– Écoutez-moi bien monsieur le grand reporter, laissez Ella tranquille. Ce qu'elle est venue me dire pendant la mi-temps ne concerne que nous !
Le rapace explosa de rire en secouant la tête, clairement moqueur. L'enfoiré jubilait. Mais certainement pas Raphaël. Plus les secondes s'écoulaient et plus il perdait des couleurs. Il avait l'impression que la situation lui glissait entre les doigts. Il ne comprenait pas comment ce gars pouvait être au courant de cela, il était certain qu'ils étaient seuls dans cette salle de réunion. Il avait prit soin de fermer la porte. Il se passa plusieurs fois la main dans les cheveux, les emmêlant. Il ne savait pas quoi faire pour stopper cette catastrophe. Jeweel ne devait pas l'apprendre comme ça, Raphaël voulait lui parler, lui expliquer qu'il ne s'agissait pas qu'une vulgaire baise, qu'il était tombé amoureux d'elle et qu'il se détestait pour cela, le sportif voulait expliquer à son ami qu'ils avaient lutés pour résister à cet attirance mais que ça avait été trop fort.
– Vous n'êtes pas le seul qu'elle est venue voir Jeweel, se gaussa le journaliste, il se trouve qu'elle a aussi rendue visite à votre cher Raphaël.
– Quoi ? Pourquoi ?
Jeweel se tourna vers son ami,l'incompréhension marquant ses traits. Raphaël s'apprêtait à lui donner une explication, un truc qui le ferait patienter mais l'enfoiré lança sa bombe sans le moindre remord :
– Un des employé du stade les a surprit entrain de s'embrasser, photo à l'appuie. Je vais la publier en même temps que l'article et j'aurais souhaité obtenir un commentaire de la part du meilleur des meilleurs !
Jeweel, pâle comme la mort, se tourna vers son ami d'enfance :
– Il dit des conneries, hein, mon pote, lui souffla-t-il.
Raphaël fixa son ami intensément, le suppliant silencieusement de lui laisser une chance de s'expliquer, de ne pas faire de scandale maintenant. Bien sûr les fouilles-merdes autour d'eux s'en donnaient déjà à cœur joie mais il préférerait ne pas laver son linge sale en public.
– Jeweel...
– Tu te tapes pas ma femme, mec ?! Dis moi qu'il ne raconte que de la merde ? Rassure-moi !
Comme si cela ne suffisait pas, les journalistes se mirent à les harceler, les noyant sous les questions et sous les crépitements des flashs. Même ses coéquipiers ne lui laissaient aucun répit. Il ne savait plus où donner de la tête.
– C'est pas ce que tu crois, finit-il par répondre à Jeweel.
Raphaël n'avait absolument pas conscience qu'il s'agissait là de la pire réponse à donner, du moins jusqu'à ce que son ami se lève et lui saute dessus, le rouant de coup. À cause de la surprise Raphaël encaissa quelques coups bien mérités avant de se défendre lui aussi. Ils roulèrent sur le sol, s'agrippant et frappant tout ce qu'ils pouvaient sous une flopées de jurons tous plus originaux les uns que les autres.
– J'avais confiance en toi espèce d'enfoiré, hurla Jeweel en assénant son coude dans les côtes du meilleur des meilleurs.
Il répondit en lui frappant la tête contre la table à côté d'eux et en le repoussant.
– Tu as toujours tout eu sans le moindre effort ! Tout ! Tu aurais pu avoir n'importe qu'elle autre fille et c'est Ella que tu as choisi ? Espèce d'enculé , cracha Jeweel en se redressant une main pressé sur la tête. Ella est importante pour moi, je l'aime et tu le sais !Tu es censé être mon meilleur ami !
Raphaël, tremblant, secoua la tête.
– Et depuis combien de temps tu baise ma femme mon pote ? Depuis combien de temps me prends-tu pour un con ?
– Je...
– Réponds !
– Trois mois.
Jeweel fit un pas à l'arrière comme si son ami venait de lui asséner une droite en plein visage. Trois mois ?
C'est à ce moment que Jeweel prit conscience des gens autour d'eux. Les photographes, les journalistes, les caméras, l'équipe, le coach. Il secoua la tête et planta ses yeux dans ceux de son capitaine :
– Je veux plus te voir. Et je veux plus voir cette salope non plus !
Raphaël écarquilla les yeux. Non. Ella n'y était pour rien. Elle avait voulue s'éloigner, lui parler et le quitter depuis leur premier baiser. Il l'en avait empêcher. La presse ne se gênerait pas pour la faire passer pour la méchante.Ils allaient ruiner sa vie.
Il allait ruiner sa vie.
Sans attendre il se lança à la poursuite de son ami :
– Jeweel attend !
Son coéquipier s'était éloigné des médias et ils étaient seuls maintenant :
– C'est pas ce que tu crois,s'expliqua Raphaël, c'est pas juste une histoire de baise au détriment de notre ami. Je suis tombé amoureux d'elle et je te jure qu'on a tout fait pour ne pas céder !
Jeweel s'avança vers lui et lepoussa :
– Et vous auriez pas pu venir m'en parler ? Tu sais ? Entre deux sorties en boîtes, entre deux bouffes ou je ne sais ? Un « au fait, Jeweel, on s'envoient en l'air dés que t'as le dos tourné, mais on veux pas te perdre, on t'aime ! ». Tu es mon meilleur ami, on se connaît depuis toujours, si tu m'en avais parlé... c'est pour toi qu'elle m'a quitté ?
– Oui, non... je... c'est compliqué,bégaya-t-il. Mais c'est pas de sa faute, je te jure qu'elle voulait t'en parler. C'est moi qui l'en ai empêcher.
– Pourquoi, hurla-t-il, pourquoi tune l'as pas laissée être honnête ? Si tu l'aimes comme tu le prétends, tu dois avoir conscience du mal que ça à dû lui faire,non ?
Il lâcha un éclat de rire aigre en secouant la tête :
– Tu me diras, ça m'étonne pas,t'as toujours été un enfoiré d'égoïste.
Raphaël s'approcha de son ami en fronçant les sourcils. Il ne le laissera pas dénigrer l'amour qu'il portait à Ella
– De quoi tu parles, grogna-t-il d'un air menaçant.
– Que le meilleur des meilleurs n'a toujours vu que son profit personnel ! Dans le sport comme dans la vie. C'est un miracle que tu es accepté de « m'aider »à progresser. À moins que tu n'es eu besoin d'un faire-valoir ? Après tout, tu as toujours pris garde à me laisser dans ton ombre, non ? Bon mais jamais meilleur, aimé mais pas adulé, choisi mais après toi ! Et tu n'as jamais supporté qu'elle ne te regarde pas, hein ?
– Alors c'est ça ? Tu ne m'en veux pas seulement parce que j'ai eu le malheur de tomber amoureux d'Ella ? Tu es jaloux ?
– Tu vois, hurle Jeweel en le désignant du plat de la main, tu ne vois que par ton nombril !Je suis pas jaloux espèce d'enfoiré, je fais un constat. Ce qui est dingue c'est que même avec Ella, tu t'es montré égoïste !
– Tu ne l'as pas été, toi,peut-être, explosa finalement Raphaël. Tu l'as forcé à te surveiller comme un gosse ! Tu es parti en vrille mon pote, elle a dû faire des pieds et des mains pour que tu ne perdes pas tout ce que tu possèdes, et, pendant qu'on s'inquiétaient tout les deux pour toi, je suis tombé amoureux d'elle et j'ai eu la chance que cela soit réciproque ! Pendant que tu faisait la fête à droite et à gauche, ruinant ta réputation et massacrant tes matchs,c'est moi qui la soutenait et la consolait ! C'est dans mes bras qu'elle pleurait ! Et j'ai choisi de la forcer à ne rien te dire pour te protéger ! Ne viens pas me dire que je suis égoïste alors que j'ai préféré la faire souffrir un peu pour te préserver, pour ne pas te perturber alors que tu remontais tout juste la pente ! Et tu sais quoi ? Tu n'es pas le seul qu'elle a quitté pendant ce putain de match. Il se trouve qu'elles'en va en fin de semaine. Elle quitte le pays. Et elle nous laisse derrière elle.
Jeweel dévisagea son interlocuteur sans rien dire pendant de très, très longues secondes avant d'exploser de rire. Il en pleurait. Mais lorsqu'il se remit de son fou rire, ce fût pour le foudroyer du regard :
– Tu te cherches des excuses maintenant ? Tu sais quoi ? Ta raison, c'est pas sa faute.Mais la tienne. J'aurais accepté qu'elle me quitte pour toi si tu étais venu me voir en m'expliquant la vérité. La pilule aurait été dur à avaler mais j'aurais compris. Mais tu l'as forcé à garder le secret. Et maintenant ? Elle nous a quittés tout les deux, on a perdus le match, tu as ruiné ta réputation et tu as perdu le seul ami que tu n'ai jamais eu. T'as raison, t'es vraiment le meilleur des meilleurs. Même quand il s'agit de ruiner ta vie, tu excelles.
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