Chapitre 5

Remake de Chuck Bass

Greyson — 26 ans

Je contemple rapidement le grand hôtel aux dizaines d'étages en descendant de mon taxi jaune bien cliché des virées new-yorkaises. Encore une nouvelle acquisition de mon idiot de père : soit des millions de dollars pour pas grand-chose au final, si ce n'est le bling-bling.

Je regarde rapidement mon téléphone portable pour voir si j'ai des mails importants qui se sont cachés entre les nombreuses demandes d'interview ou de réunions administratives que je déteste tant, mais rien en vue, je peux souffler un bon coup.

Enfin pas pour longtemps, le portier me fait comprendre d'un coup d'œil nerveux que je dois entrer si je ne veux pas qu'il perde son job. Et je n'en ai littéralement rien à foutre.

Je prends le temps d'observer la façade en pierre beige aux milliers de fenêtre, regorgeant sûrement de centaines de stars en tout genre. En même temps, il n'a pas fait semblant en tapant dans l'Upper East Side de New York. Le gratin de pigeons à baratiner avec des prix exorbitants est incalculable, tout comme le nombre de ragots à récupérer.

Pris d'une brève pitié pour le portier au teint étrangement blanc pour sa peau bronzée, je le salue et passe la porte tournante. Il me sourit de gratitude, au point que je vois une goutte de sueur tomber de ses cheveux blonds plaqués en arrière.

Je suis ingrat, le pauvre, il doit morfler avec toutes les célébrités qu'il croise. Souvent, on sous estime leur importance mais c'est bien tout le personnel de l'hôtel qui empêche des scandales : paparazzi, caprice de star, entrée de maîtresses, tout y passe ! Je reviens sur mes pas et lui offre un pourboire généreux, conscient que je n'ai pas été le plus agréable des clients. Il l'accepte avec étonnement, avant de me remercier mille fois si bien que s'en devient gênant. En même temps, je viens sûrement de lui payer une journée de salaire sans que ça ne fasse un trou dans mon compte bancaire. BA de la journée, c'est ok.

Depuis que mon père a acheté cet endroit qui tourne à plein régime, je n'ai pas pris le temps de venir visiter. Le catalogue devient trop grand dans la famille pour que je prenne la peine de tout regarder, même si quelques demeures me donnent envie de prendre des vacances. Donc je garde dans un coin de ma tête d'aller faire un tour en Sicile, où il s'est offert une villa pour les 20 ans de mariage avec ma mère. Liam et Emily Myers, propriétaires de 12 villas au 4 coins du monde, et d'une vingtaine d'hôtels luxueux.

Croyez-moi, il n'y a pas un jour où la famille Myers ne fait pas le tour des journaux, dans la catégorie presse à scandale en gros titres. Mon père raffole de ça ! Il doit au moins voir son nom une fois dans la semaine pour apaiser son égocentrisme maladif. Il a de la chance d'avoir ma mère qui est beaucoup plus discrète et saine d'esprit.

Seul héritier d'une fortune monstre, je n'échappe pas aux caméras à mon plus grand désespoir. Ma vie est épluchée à la pince à épilée, si bien que je la passe à fuir la célébrité et tout ce qu'elle entraine.

Les gros titres ne m'intéressent pas, les hôtels non plus, encore moins les nanas qui souhaitent prendre un selfie à chaque coin de rue.

Je passe le grand haul d'entrée, cherchant l'étage à atteindre dans mes mails. Entre temps, on me propose une coupe de champagne, 6 petits fours et 4 fois de porter ma sacoche, comme si j'étais trop faible pour porter un ordinateur à main nue. Bien sûr, je refuse tout.

Je ne serais pas contre, mais pas dans une entrée, épié par une dizaine de personnel, souvent féminin, prêt à tout publier sur les réseaux sociaux quand j'aurai tourné le dos. Ça serait déjà un miracle que je puisse sortir de l'hôtel sans que des journalistes se soient agglutinés devant comme une pauvre meute de chiens enragés.

Quand je trouve enfin le bon mail, je me presse pour atteindre l'ascenseur avant qu'on ne propose une autre bouchée de crevette. Lui aussi est d'un luxe inédit, aux miroirs impeccables et moulures dorées au plafond.

Tiens, ça me fait penser à une vidéo avec un certain Kevin...

Quand j'arrive au bon étage — le dernier, évidemment —, je me dirige directement vers la porte, ignorant royalement la secrétaire de mon père. La pauvre semble totalement paniquée à l'idée qu'on pénètre dans l'antre de Liam Myers sans être annoncé, mais je m'en fous. Elle trouvera facilement du boulot autre part si mon père la vire, je lui ferai une lettre de recommandation. Et puis, avec son beau visage et ses grands yeux verrons de biche, elle trouvera facilement. Faut se calmer un peu dans la vie quand même ! Mon père n'est pas si dur comme patron, je crois...

J'entre dans la pièce bureau de mon père, curieux de voir à quoi il ressemble. Mais rien de surprenant, encore : le bureau massif en chêne noir trône au centre, entouré de bibliothèques bondées de livres jamais ouverts ou de dossiers administratifs — beurk. Mon père est sur son siège tout aussi impressionnant, dos à une façade de verre donnant sur tout New York.

Je reconnais que la vue est à couper le souffle. Et il en faut beaucoup pour me surprendre maintenant.

- Greyson ! S'exclame mon père en se levant. Je ne t'attendais pas si tôt. Tu n'es pas souvent matinal en général.

- J'ai à faire aujourd'hui. Je devais passer ici avant, comme tu dois me parler je crois.

Mon père me rejoint pour me saluer, replaçant droit sa cravate noire.

Il a tout de l'homme d'affaire hors pair : un costume propre à des milliers de dollars, des cheveux poivre et sel coiffés en arrière et une barbe bien taillée. Il faut dire qu'avec son mètre quatre-vingt quinze, il en impose plus que moi. On pourrait presque croire qu'il a fait de la MMA, et ça ne m'étonnerait pas que ça soit le cas.

Malgré son goût pour le luxe et son caractère discutable, j'aime mon père. Il est parti de rien, créant un empire en éliminant un par un ses adversaires. Pas littéralement, bien évidemment. Je le respecte plus que quiconque, mais ses projets pour moi ne me plaisent pas forcément ; la vie sous les projecteurs, je ne suis pas fan, vous l'aurez deviné.

- Je sais que tu n'aimes pas ça, dit-il comme s'il avait lu dans mes pensées. Mais, fils, tu vas devoir faire une apparition dans les médias. Et avant que tu râles, laisse-moi t'expliquer.

Un mini bar se trouve dans un coin de la pièce, rempli d'alcool en tout genre, très onéreux. Il nous sert deux verres de whisky que je n'ose pas refuser même si, à 9 heures du matin, ça pique.

- Tu es très demandé dans les médias. Trop même, il continue en buvant une gorgée du liquide doré. Tu es rare à photographier, discret sur tes déplacements et tes projets. Chaque fois que tu apparais, les femmes se jettent sur les revues si bien que tu vas sûrement être nommé homme le plus sexy du monde l'année prochaine. Je suis un peu vexé, mais je ne le dirais pas, sinon ta mère va faire la gueule.

Dans ma tête je souffle, tellement il exagère.

- Bon, où tu veux en venir ? J'ai un rendez-vous important dans dix minutes.

- Calme, calme, fils. Chaque chose en son temps. Ce que je veux dire, c'est que tu n'aimes pas la presse. Mais c'est important. Reprendre la fortune de ton père, porter son nom, ça ne suffit pas. Tu dois faire tes propres projets, tu travailles dessus, et j'en suis fier. Mais rappelle-toi : en échange de cette liberté, tu dois faire quelques sacrifices quand je te le demande. Je ne suis pas chiant comme père, mais aujourd'hui, tu dois en faire un.

Je me tais, posant mon verre sur son bureau en silence. Je préfère admirer la vue en écoutant ses paroles, car je sais quelles ne vont pas me plaire.

- Tu dois être plus accessible, plus proche des gens. C'est pour ça que demain tu vas te rendre dans l'Etat du Mississippi. Ce n'est pas très loin mais je t'ai déjà réservé un avion en première classe. Pas de jet, ça va intriguer les gens que tu partages un avion avec le « peuple ». Une école un peu défavorisée organise des rencontres avec des professionnels, pour les inciter dès l'adolescence à travailler. Beaucoup vivent de la drogue, de magouilles en tout genre alors ils essayent d'influencer les générations futures à changer ça. Tu viendras donc présenter ton travail, ton domaine, mon empire, à des enfants.

- Pardon ? Je demande en me retournant vers mon père, pas certain de ce qu'il me demande de faire.

Je n'ai pas la patience, ni le temps, d'aller faire un aller-retour pour des jeunes délinquants en quête de reconnaissance. Mes projets sont nettement plus urgents que ça.

- Tu n'as pas le choix, sinon je ne financerais pas ton projet. Ce n'est que quelques heures, rien de plus. Ta mère est déjà tout excitée de te savoir à la une des journaux. « Greyson Myers, héritier de Liam Myers, apprend son métier à des jeunes défavorisés », tu vas faire les gros titres pendant des jours ! Et après, tranquille pendant un temps.

- Ou alors au contraire, on va me solliciter deux fois plus.

- Ne te plains pas, Grey. Tu n'as pas le choix de toute façon.

Je souffle fort mais ne dis rien de plus. De toute façon, je ne peux rien y faire. On s'est déjà engagé auprès d'une école à ma place.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top