Chapitre 42
Imaginez Greyson en mode petite maison dans la prairie.
Greyson — 34 ans
Qu'est-ce qu'il vient de se passer ?
Assis contre le sol froid de la salle de bain, j'ai envie de tout péter.
La sensation de ses lèvres contre les miennes et de mes mains sur ses courbes ne me quitte pas quand je donnerais tout pour oublier. Mettre mes actions sous le compte du choc ne serait pas correct. Mêler Kabir et Noah à tout ça serait trop facile.
J'imagine Harper seule sur ce grand lit, en train de me maudire de la laisser seule après une scène si torride. Son visage est davantage dur que doux, blessée de mon abandon, les joues rosies par la honte. Tirant sur ce long t-shirt, elle cache ce que j'ai chéri pendant quelques instants, et rêvé d'avoir contre moi. Pour moi seul.
Mais c'est impossible, elle le sait.
Malgré ma langue dans sa bouche, j'ai eu un éclair de lucidité quand elle a grogné en sentant l'expression de mon désir contre elle. Ce que nous étions en train de faire n'était pas bien. Je ne pouvais pas me laisser aller de telle sorte.
Elle me rendrait dingue.
Je me relève pour me débarrasser de mon bas, profitant d'avoir une douche à disposition pour la prendre glacée et me remettre les idées en place.
Quand les premières gouttes tombent sur mon torse, je ne bronche même pas. Un torrent de larmes gelées me pleut dessus, apaisant le désir ardent que j'éprouvais.
Il s'est passé trop de chose dans cette soirée. C'est pour cela que j'ai succombé au baiser d'Harper, que j'ai été pétrifiée quand elle s'est déshabillée ou que j'ai profité de notre situation pour l'embrasser à ma guise sous le feu des projecteurs.
L'embrasser à ma guise ? Non. Non, je mens, ce n'est pas possible.
Je me laisse tomber comme une masse contre la paroi de la douche, observant les gouttes tomber sur mon corps recroquevillé.
Pourquoi c'est autant le bordel dans ma tête ? Je devrais peut-être demander une consultation à Elena, la psychologue du Milady ?
Non. Je n'en ai pas besoin : tout est clair à présent.
Nous avons de bonnes pistes pour Kabir, si ce n'est pas même la fin de l'histoire. Cette photo a dû tomber entre les mains de mon père, peureux que cela fuite dans la presse, il a laissé un ultimatum à mon ami. Mais ce que je ne comprends pas, c'est la finalité de la chose. Harper ne comprend pas le pourquoi mon père agit comme ça. Moi je sais. Mais je ne comprends pas ce que Kabir a choisi.
Il ne se serait pas suicidé, Natsu en est tout autant convaincue que moi. Alors soit Kabir a fait le choix de partir en signant ce contrat, mais ce qui coince, c'est qu'il n'est pas en vie à mes côtés maintenant. Sinon, il a refusé et F.F. l'a tué en faisant passer le tout pour un suicide.
Mon gros dilemme, c'est que la deuxième solution est la meilleure.
Liam est intouchable, le seul moyen de l'atteindre serait de trouver F.F., mais qui est-il ? Qui est cet enfoiré capable de tuer de sang froid un homme qui n'a rien fait de mal hormis exprimer ses sentiments ? C'est dégueulasse pour Kabir. Si mon père a agi par rapport à ce que je pense, ce n'est plus le même combat qui se joue.
Quand Harper me parlait de Noah, j'ai eu une sorte de déclic. La piste de M. Tumlin n'a rien donné car il a refusé de nous en parler, confirmant indirectement qu'il y'a bien eu un mort par balle dans sa société. Ce que nous avons, c'est Thomas Davis qui était concerné par ce contrat.
La seule solution est de se rendre à la station, et espérer trouver des archives de vidéos surveillance. Mon contact m'a affirmé que toutes en possédaient une mais à partir d'une certaine date, rien ne nous garantit de trouver des vidéos de ce jour.
En gros : soit on a le jackpot et on trouve quelque chose qui nous permette d'identifier le tueur à gage, soit retour à la case départ et on devra interroger Thomas ou mon père.
Autant vous dire que j'aimerais éviter de faire un choix entre la peste et le choléra.
Et y a toute cette histoire de média qui semble profondément angoisser Harper. Je comprends qu'elle ne supporte pas cette mise en avant soudaine, même si je pensais qu'elle le vivrait bien. Habituée à la scène et au show, j'étais persuadé que tout cela serait une formalité, mais je ne pensais pas que ça prendrait autant d'ampleur.
Mon retrait de tout réseaux, ma quête de fuir les journalistes, aujourd'hui nous nuit. Qu'est-ce que je peux y faire ? Strictement rien. Le monde n'attend plus, il a besoin de savoir qui a pris mon cœur pour exposer ses opinions et fouiller le passé de ma dulcinée. Même si je repousse ce moment au maximum, je crains que le discours de Maryse ne nous ait pas aidé, bien au contraire.
Je trouverais une solution. En attendant, je ne peux qu'être présent pour soigner ses crises d'angoisses que je ne connais que trop bien.
L'arrière de mon crâne tape contre le mur, laissant les gouttes me tomber sur la figure.
Je commence à avoir froid, moi.
***
Quand je rentre dans la grande pièce trop luxueuse qui nous sert de chambre, toutes les lumières sont éteintes si bien que je discerne à peine une masse sous les draps.
Harper n'a même pas bronché quand je lui ai montré notre chambre dans l'hôtel de mon père. Elle n'a rien dit, rien admiré, comme si toute cette extravagance la dépassait. Elle a observé la pièce avec le même regard que moi, lassé et même pas étonné. Je suis presque sûr qu'elle s'est demandée à quoi rime autant d'espace si ce n'est que pour dormir ? Si elle avait su le prix de la suite, je pense qu'elle n'aurait même pas voulu y dormir.
À pas de loup, je contourne la pièce et le lit à droite pour me glisser sous les draps. Son corps menu repose dos à moi, des reflets de cheveux que je devine tombant de mon côté.
Recroquevillée dans la couverture, elle semble dormir profondément à entendre sa respiration régulière.
Je m'installe à ses côtés sur le dos en laissant une distance respectable, mais je n'ai absolument pas sommeil.
Les yeux grands ouverts, je cherche une position confortable pendant de longues minutes, sans parvenir à m'apaiser. Les rouages de mon cerveau travaillent tellement que j'hésite presque à retourner sous la douche.
Soudain, Harper bouge légèrement en faisant déplacer la couverture et plisser le matelas sous son poids. En fait, elle ne change pas de position, seule sa tête se trouve plus haute sur son coussin et les draps plus bas sur son corps. Malgré la nuit, je devine ses épaules et la courbure de ses hanches. En position fœtale, elle semble si petite et fragile que j'hésite un instant avant de me rapprocher.
Le matelas se creuse quand j'approche mon torse de son dos, elle tombe même inconsciemment en arrière pour que son corps soit collé contre le mien. Dos contre poitrine, je prends la même position qu'elle, attrapant doucement sa taille pour l'enlacer. La chaleur de son corps réchauffe me cœur, et je la serre contre moi en reniflant les parfums fleuris qui s'échappent de ses cheveux.
Sans bouger, je lui chuchote très bas pour ne pas qu'elle se réveille.
- Je suis désolé.
Je ferme les yeux, me concentre sur les battements réguliers de son cœur et le gonflement de ses poumons qui respirent correctement, et me laisse sombrer dans les bras de Morphée, rêvant d'un jardin de fleurs printanières.
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