Chapitre 33

En vrai, plus que du mauve et on fait un remake de La Petite Sirène

Greyson - 34 ans

Je salue un nouveau couple d'invités en leurs montrant le bar pour qu'ils puissent étancher leur soif. Le couple d'homme me remercie puis s'éclipse pour rejoindre la cuisine où se trouve le barman que j'ai embauché.

Depuis trente bonnes minutes, de nombreuses personnes remplissent le salon en venant me saluer et me souhaiter mon anniversaire. Même si aucun dress code n'a été imposé, chaque personne porte une tenue très convenable, mise en avant par des dizaines de bijoux à des centaines de milliers d'euros ou des montres de luxe pour les hommes, le plus souvent.

Je salue encore un couple d'amis qui ont fait le déplacement depuis l'Allemagne, mais tout ce qui leur importe c'est de me montrer leur cadeau sur la pile en coin de pièce. Maintenant, c'est une vingtaine de paquet qui tient en une tour bancale prête à tomber, tous plus gros les uns que les autres.

En fait si, il y a un thème : regarde-moi, c'est moi qui aie la plus grosse !

Je souris en les remerciant du présent et de leur venue, puis les quitte en voyant mes réels amis passer le pas de la porte. Courtney et John sont les premiers à immerger, bras-dessus bras-dessous, très élégants. Mon amie porte une robe rouge prêt du corps qui lui va à merveille, accessoirisée de bijoux en or qui rehaussent son teint. John est quant à lui fidèle à sa personnalité, et porte un costume très simple. Ses yeux d'un bleu si pâle qu'ils sont presque blancs transpercent la foule jusqu'à qu'ils se posent sur moi. Je fais un geste dans sa direction et il me sourit. Courtney me repère aussi, replace une mèche rebelle qui s'échappait de son carré parfait et entraine son mari vers moi.

Derrière eux, Eden semble totalement émerveillée. Sa robe noire m'étonne, elle qui est si colorée a changé de look ! Son maquillage sombre fait ressortir le vert de ses iris, si bien que je devine qu'elle s'est faite maquillée. La précision du trait et la patte qui en ressort est exactement le type de maquillage que les filles se font au travail.

Elle semble nerveuse, scrutant la moindre personne qui s'approche trop d'elle. Son regard fuit tous les yeux de la pièce, et je devine qu'en réalité elle n'en fuit que deux.

Gareth m'a tanné toute la semaine sur la soirée désastre qui a eu lieu quelques jours auparavant. Stéphanie, la mère d'Eden que j'ai eu l'occasion de croiser, a décidé d'organiser un dîner réunissant les amoureux, et la famille de Gareth. Quand je dis famille, je parle de Thomas, son connard de frère arrogant que je hais. J'ai déjà pu me confronter à cette crapule de la pire espèce lors de ses débuts dans le journalisme. Il a sûrement écris quelques articles à succès sur ma famille, qui n'ont pas été une partie de plaisir à lire pour moi.

La soirée a tourné au désastre à cause de ce con qui est persuadé que Gareth a frappé son ex-copine, à l'époque. Je ne le connaissais pas encore, mais quand on le connait un peu, on sait qu'il n'aurait jamais pu le faire.

Il a pris pour 2 ans de prison, violences conjugales sous état d'ivresse. La réalité : c'est elle qui le frappait, il s'est juste défendu. Elle a changé sa déposition au bout de 2 ans, lui permettant d'être libre.

Je ne dis pas que toutes les dépositions sont fausses, Gareth ne voulait pas qu'on ait une mauvaise image des plaintes. Alors il s'est sacrifié au lieu de défendre sa propre cause, sans jamais porter plainte contre elle. Cette sorcière.

Si Thomas avait écrit sur son frère, je parie que son journal de merde aurait décollé plus vite.

Depuis la soirée au restaurant, Eden a disparu des radars de Gareth, l'ignorant royalement. Le pauvre avait le cœur brisé et broyait du noir comme quand tu ne nourris pas ton chat toutes les deux heures. Mais quelque chose me disait qu'elle allait revenir. Elle a beaucoup encaissé, je peux comprendre qu'elle ait eu besoin de temps pour digérer toutes ces informations. Apprendre que son copain a fait de la prison pour violences conjugales, ça marque.

J'aurais fait pareil.

Je m'avance un peu plus pour aller à leur rencontre, et cette fois je vois la tignasse rousse d'Harper. Ses cheveux bouclés retombent sur ses épaules nues, une robe verte les faisant ressortir. Le décolleté est assez discret, mais la connaissant, elle doit avoir un dos nu vertigineux.

Je veux tellement qu'elle se retourne pour voir ça.

Quand elle me voit, son sourire s'étire discrètement et du rose lui monte aux joues. La pauvre doit être en stress complet quant à ce soir ! Mais je lui fais entièrement confiance. Habillée comme elle est, tout le monde est obligé de l'adorer.

Regardez ma fiancée, bande de cons pourris gâtés.

Oups, j'en fais partie.

-    Greyson ! Me crie Harper en agrandissant son sourire.

Je comprends qu'elle brouille les pistes pour nos amis, se comportant exactement comme elle le ferait habituellement. Elle me saute dans les bras et je la serre fort pour qu'elle détende ses muscles. Ses épaules sont tellement raides qu'on dirait un épouvantail.

-    Ça va bien se passer, fais-moi confiance, je lui chuchote à l'oreille en attrapant sa taille pour la reposer correctement.

Elle semble m'entendre car je la sens sursauter légèrement contre moi. Elle s'écarte pour m'embrasser la joue, puis les autres me saluent en me souhaitant mon anniversaire.

-    Merci c'est vraiment génial que vous soyez venus ! Je m'exclame avec gaieté. Bon, c'était un peu évident mais on peut avoir des surprises parfois.

Je recoiffe mes cheveux quand Harper s'éloigne de mes bras pour rester présentable, et jette un coup d'œil autour de moi. À droite, madame Maryse Tumlin est aux bras de son mari, saluant le couple d'Allemands de tout à l'heure. Merde, faut qu'on se dépêche avant qu'ils ne disparaissent dans la foule.

-    Allez vous servir quelque chose à boire si vous voulez, on a installé un bar dans la cuisine et j'ai embauché quelqu'un pour le service, je dis rapidement pour me libérer de mes amis. Il fait vraiment de chouettes cocktails mais il n'a pas voulu rejoindre le club... Bref ! Je dois saluer encore quelques personnes et je reviens vous voir.

Courtney hoche la tête et prend son mari pour rejoindre la cuisine. Eden a un instant de panique puis finit par les rejoindre, sachant qu'elle ne trouvera jamais la pièce si elle part seule.

Je retiens discrètement Harper par le poignet pour qu'elle reste avec moi, son regard vert se pose sur moi. Je fais un coup de tête vers la droite pour lui montrer le couple d'octogénaire. Elle plisse les yeux mais semble comprendre car elle passe son bras sous le mien.

Je me retourne à son bras, et nous allons saluer Maryse. La vieille femme semble plus ridée que dans mes souvenirs, une robe bouffante cachant ses formes. Son mari, un homme très grand et maigre, nous repère et me salue poliment.

-    Miss Maryse Tumlin, je m'exclame en ouvrant les bras.

Le visage de la vieille femme s'illumine, et elle accepte ma brève étreinte.

-    Greyson, elle dit d'une voix aiguë, très joyeux anniversaire. Quel âge avez-vous ? J'ai l'impression de vous voir encore en couche culotte !

Je ris doucement et lui donne mon âge, si bien qu'elle commence à partir dans un monologue de l'époque où je n'étais encore qu'un enfant et qu'elle m'offrait des sucettes dans le dos de mes parents.

Je n'ai pas le cœur de lui dire que je ne m'en souviens plus. Pour moi, cette femme est comme un vieux papier peint : présente depuis toujours, un vieux souvenir d'enfance, mais c'est tout.

-    Il y a notre paquet sur la table à cadeau, dit-elle en montrant de son éventail à fleur le coin de la pièce. Nous ne savions pas ce dont tu aurais besoin, donc c'est très basique.

-    C'est très gentil Maryse, j'apprécie. Mais je ne vous ai pas présenté Harper ?

La femme toise ma « fiancée », l'observant de haut en bas avec lenteur. Elle contient un rictus de dégoût mais ne dit rien sur la tenue de mon amie, ce qui me soulage instantanément. Elle est passée sous les radars.

-    Enchantée, elle dit simplement à Harper en penchant la tête. Vous êtes une amie de Greyson ?

-    Oui...

-    En fait, je la coupe, je voulais profiter de cette soirée pour annoncer quelque chose. Je ferai une déclaration tout à l'heure mais puisqu'on en parle tous ensemble...

Maryse semble pendue à mes lèvres. Je me retiens de rire tellement son air béat me fait rire, et je lance un regard entendu à Harper pour qu'elle comprenne ce que je m'apprête à faire. Une lueur passe dans son regard, alors je continue pour ne pas voir Maryse mourir avant d'avoir su le ragot du siècle avant tout le monde.

-    J'ai demandé la main d'Harper il y a quelques jours maintenant, je déclare dans un sourire. Personne n'est au courant mais je souhaite l'annoncer ce soir.

Un couinement de surprise échappe à la femme qui semble au bord de la crise cardiaque. Le bras de son mari se place dans son dos pour la soutenir tandis qu'elle pose une main sur son cœur.

Je jette un regard remplit d'amour à Harper, qui m'observe de la même façon depuis tout à l'heure, l'air presque simplette.

Ne rit pas.

-    Félicitation, dit M. Tumlin en souriant.

-    Tout le meilleur ! La coupe Maryse qui se remet de ses émotions.

Des têtes se tournent quant au vacarme que nous faisons, et je sens déjà les regards lourds de sous entendus se poser sur nous, ainsi que des chuchotements plus ou moins discret.

Dans ce genre d'évènement, il ne faut jamais dire quelque chose de personnel ou de confidentiel, des oreilles traînent toujours comme des petits rongeurs posant leurs crottes au fond des placards.

-    Merci, je leur dis en déplaçant mon bras sur la taille d'Harper.

Son corps se tend d'un coup à ce contact, et je place mieux mes doigts pour serrer ses hanches.

-    Excusez-nous, nous avons encore beaucoup d'invités à saluer, j'annonce en me reculant déjà pour partir.

-    Mais bien sûr, s'étonne la vieille femme, nous vous avons trop gardé pour nous. Filez !

Je baisse la tête en signe de reconnaissance, et me retourne en emportant Harper avec moi. Elle se laisse simplement faire sans rien dire.

-    Ça va être plus facile que ce que je pensais, je déclare tout bas pour qu'elle seule m'entende.

-    Tu rigoles ou quoi, tout le monde nous regarde maintenant, elle réplique sur le même ton.

Ce qu'elle bafouille me fait sourire, alors j'en profite pour le laisser afficher sur mon visage.

-    Dégage ton bras, elle me dit entre ses dents. Sinon je te coupe les couilles.

Je prends sa menace au sérieux pour une fois, et replace mon bras sous le sien. La connaissant, elle serait totalement capable de faire du mal à mes bijoux de famille par pur sadisme.

-    À 10 heure, je chuchote plus bas encore. Le plus dur commence.

Elle regarde discrètement à ma gauche, et je me recule légèrement pour qu'elle puisse me voir. Ses sourcils se froncent en scrutant la foule, puis se redressent avec étonnement en voyant mes parents. Elle ne peut pas avoir de doute sur eux vu comment je ressemble à ma mère.

-    Ce sont eux ? Elle demande.

-    Fais exactement comme tout à l'heure, on doit aller les saluer avant que tout le monde ne leur crie la nouvelle.

Elle hoche la tête et nous tournons à gauche, contournant la foule pour rejoindre mes géniteurs. Fidèle à lui-même, Liam Myers porte un costume trois pièce noir et une montre hors de prix de sa collection. Sa barbe grisonnante semble plus courte que la dernière fois que je l'ai vu, ses cheveux poivre et sel coiffés en arrière comme d'habitude. À son bras, ma mère est rayonnante. Elle porte une longue robe dorée qui colle à son buste puis s'évase vers le bas, remplie de paillettes. On dirait une déesse. Ses cheveux couleur miel sont rassemblés en un chignon serré en bas de sa nuque, contrastant avec ses lèvres rouge bordeaux.

Quand ses yeux vairons tombent sur moi, elle me lance un sourire radieux en me désignant à mon père. Lui aussi se met à sourire, mais il ne me fait pas le même effet.

Son regard calculateur se pose sur la femme à mes côtés. Il ne dit rien, mais la façon dont il plisse imperceptiblement les yeux me met la puce à l'oreille.

Ce n'est pas gagné.

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