Chapitre 2
Si, les chiens font des chats.
Harper — 3 ans
Vite ! Vite !
Je m'élance à travers le couloir, mon ventre fait des guilis tellement je rigole et ma respiration commence à être difficile.
J'entends Noah qui se rapproche dangereusement de moi, tout aussi hilare malgré le calme qu'il dégage. Ses pas lourd de grand résonnent doucement pour ne pas déranger papa qui dort encore dans le canapé, mais moi je n'y pense pas vraiment.
J'aime bien le rire de Noah.
J'essaye de courir le plus vite possible avec mes petites jambes mais jamais je ne serais à la hauteur de Noah. Il est trop fort pour moi, mon grand frère.
Quand je débouche dans le salon, les pas de Noah se font encore plus silencieux qu'auparavant mais je le sens qui approche dangereusement comme un crocodile caché dans des eaux troubles. En passant près de papa, je suis sûre de gagner ! Je ris encore en allant vers la cuisine très encombrée, mais je sens deux bras puissants s'enrouler autour de ma taille pour m'attraper.
- Chut, Harper ! Me dit Noah en chuchotant. Papa dort, on ne doit pas être dans les parages ! Il faut qu'on retourne vite dans notre chambre, tu comprends ?
Je continue de rire comme un singe sans vraiment comprendre, profitant du parfum épicé de mon frère. Papa dort, il ne va pas me gronder cette fois ! Mais après tout, Noah a raison, j'ai peur de papa quand il se lève. C'est à peine si je peux voir sa tête toute rouge de colère à cause de son gros ventre tout dur.
Noah m'explique tout le temps que c'est à cause des canettes de bières qu'il boit en continu et abandonne sur la table basse près de son siège, mais je ne comprends pas trop ce que ça veut dire. Il boit, donc il fait pipi ? Donc pourquoi il a un gros ventre ?
Noah me soulève du sol, et m'entraîne dans notre chambre à quelques pas du salon. Notre caravane est toute petite donc maman nous oblige à dormir au même endroit, Noah et moi. J'aime bien parce que j'aime être avec Noah. Il est rigolo et lui me fait des câlins, alors que papa ne fait que crier et maman n'est jamais là. Mais parfois, j'ai l'impression que ça l'énerve d'être avec moi. Ça me rend triste.
Quand nous arrivons dans la petite chambre — composée d'un lit pour deux — Noah me lance dessus. Je rebondis après un court vol dans les airs et explose de rire : on dirait un trampoline ! Un grognement venant du salon nous rappelle à l'ordre, alors Noah met sa grande main de garçon sur ma bouche pour que je ne fasse plus de bruit.
- Moins fort, Harper ! Papa va venir ici si tu ne fais pas moins de bruit. Tu comprends ?
Je hoche la tête et il s'assoie en tailleur à côté de moi. Il prend un livre plein d'étoile qu'un ami d'école lui a prêté, puis commence à me le lire pour la 5ème fois. Je l'écoute tranquillement, ne pouvant pas m'empêcher de sourire.
***
Je me réveille doucement, frottant mes poings sur mes yeux qui font mal à cause du soleil. Quand j'arrive à regarder autour de moi, Noah est déjà debout. Il a l'oreille pressée contre la porte, le visage à la fois énervé et paniqué.
- Qu'est-ce que tu fais ? Je lui demande en descendant du matelas trop mou.
- Tu es très intelligente pour ton âge, il me dit en souriant pour me rassurer. Je suis content que tu sois avec moi, et que j'ai pu t'apprendre aussi vite tout ce que je sais.
Ma gorge se sert et les larmes me montent aux yeux. Je n'aime pas quand il me dit ça. Ça veut dire que maman est rentrée et que nos parents sont en train de se crier dessus et qu'ils vont peut-être venir nous gronder pour rien. À cause des murs en papier, de nouveaux éclats de voix se font entendre. Je remonte à la hâte sur mon lit, me cachant sous la couette.
Ici, je suis en sécurité.
J'attrape Maximus, un ours en peluche tout rose que m'a trouvé Noah pour mes 2 ans, et le cache contre ma poitrine en le serrant très très fort, comme si on allait me l'enlever d'une minute à l'autre.
- Il n'y a plus de bruit, tout va bien, je souffle pour rassurer mon ours alors que c'est moi qui aie très peur.
Mais à peine ai-je dis ça qu'on entend quelque chose se casser sur le sol. Zut, il va y avoir du truc qui coupe sur le sol pendant encore longtemps comme personne ne ramassera tous les morceaux. La dernière fois, Noah s'est fait mal en marchant sur un de ces bouts transparent qui datait de plusieurs semaines. Son pied à pleuré du rouge pendant 2 jours ! Mais il n'a jamais osé en parler à papa ou maman, disant que ce n'était rien mais qu'un bisou magique l'aiderait. J'ai hésité, mais j'ai dit non parce que son pied, c'est dégoûtant.
- Harper ? Me demande Noah alors je sors la tête de la couette.
- Oui ?
Il me regarde longuement de ces yeux verts avant d'ouvrir la bouche.
- Je crois que maman est partie. J'ai entendu la porte se fermer. Mais elle ne l'a pas claqué cette fois, tu aurais senti les murs trembler.
C'est vrai. Mon frère m'a appris que quand j'avais l'impression que la terre tremble, c'est que quelqu'un a fermé très fort la porte. Apparemment, c'est quand maman est très en colère. Et elle l'est souvent.
Je n'aime pas quand maman est en colère, elle est méchante.
Soudain, Noah écarquille ses grands yeux et se précipite vers moi, s'asseyant sur le lit à la hâte, l'air de rien. Je ne comprends pas trop pourquoi jusqu'à ce que la porte cassée s'ouvre. Papa est devant nous, cette fois je vois son visage car je suis sur le lit et que son gros ventre ne me fait pas barrage.
- Votre mère s'est cassée. Vous avez intérêt à être irréprochables, Linda vient dans quelques minutes.
- Qui est Linda ? Se risque de dire Noah d'une petite voix.
- Pour qui tu te prends, petit con ? Un détective de merde ? Tu ferais mieux de déguerpir avant que mon poing finisse dans ta gueule d'intello. Je déteste qu'on me réponde.
Mon frère ne dit rien, mais je le vois qui serre les mains très fort. Je n'aime pas quand il fait ça car souvent il se met à couler du rouge. Comme quand il se gratte les poignets ou qu'il se fait mal avec du qui coupe.
Je déteste ça.
Papa part, sûrement pour retourner devant la télévision.
- Où est maman ? Je demande à Noah en serrant encore plus fort Maximus.
- Elle est partie pour de bon, je crois. Ce n'est pas plus mal, hein ? Enfin, je veux dire, elle n'était pas plus gentille que papa, tu es d'accord ? Moi, elle ne me manquera pas.
- Moi tout pareil !
Je lui réponds en me redressant, toujours d'accord avec ce qu'il dit. Même si je pense qu'elle me manquera quand même un peu.
- De toute façon, on s'en fout Harper. Tant qu'on est tous les deux, tout ira bien. Papa est encore là. Même si c'est un con, il faut le protéger aussi un tout petit peu. Nous sommes une famille, non ? La plus normale des familles.
- C'est un con ! Con, con con !
Noah éclate de rire avant de mettre sa main devant ma bouche, les yeux brillants à cause des larmes.
- Harper ! Ne dit plus ça, c'est un vilain mot. Si papa t'entend dire ça, il va te mettre dans la cage à poule toute la nuit. Tu n'aimes pas ça, hein ?
J'arrête de rire tout de suite. Je n'aime pas la cage à poule. Il fait froid la nuit, et ça sent le caca. Noah a raison.
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