🥁 | 8. American Dream
"I'm a long gone Daddy in the U.S.A."
Born In The USA - Bruce Springsteen
* * *
Les États-Unis. Un vaste pays contenant cinquante états avec 269,7 millions d'habitants. Ça en fait de la population. L'arrivée dans ce pays me procura une sensation de nouveauté totale, si bien qu'un nœud m'avait noué l'estomac durant tout le trajet, malgré que mes problèmes s'éloignaient davantage à chaque kilomètre parcouru. J'étais plongé dans un paradoxe troublant.
Tandis que mon père s'extasiait devant le paysage défilant sur ses yeux, je ressentais de l'anxiété mêlée à de la crainte. Ce malaise était si puissant qu'il pouvait presque me ronger les os.
En posant mon pied sur le sol américain, je me sentis perdu et désorienté. Désarmé de tous repères, j'en vins presque à regretter ma petite ville de Florence qui me rattachait à de nombreux souvenirs aussi doux que douloureux.
Mon père était en proie à une joie abondante. Il était enfin domicilié dans cet état qu'il idolâtrait depuis si longtemps. Notre nouvelle maison était trois fois plus grande que notre piaule à Florence. En fait, l'Italie n'avait rien à voir avec ce pays où tout était en grand format.
Les premiers temps étaient difficiles et avaient nécessité une certaine durée d'adaptation pour moi, bien que je possède déjà quelques bonnes bases d'Anglais. Ceci grâce à mon paternel qui étudiait chaque soir son manuel dans la langue de Shakespeare et me l'enseignait. Un certain accent persistait et démontrait tout de suite que j'étais un Européen. Pourtant, il ne s'agissait que d'un détail sans grande importance à mes yeux. Du moins, c'était ce dont j'étais persuadé.
* * *
— Troy, dépêche-toi ! Tu vas être en retard pour ton premier jour d'école ! lança Anna, alors qu'elle venait de mettre au four une tarte aux pommes.
Je dévalai les escaliers quelques instants plus tard, vêtu tel un clochard. La chemise blanche froissée et mal rentrée dans mon pantalon noir, la braguette de ce dernier était ouverte. Tout avait été fait à la hâte. En me découvrant ainsi, Anna poussa un long soupir de désapprobation.
— Mais qu'est-ce que c'est que ça ? On croirait que tu vas à l'abattoir ! s'exclama-t-elle d'une voix criarde qui se fit entendre dans toute la maison.
Elle retira ses gants et s'approcha de moi afin de me rendre une apparence un peu plus convenable. Merci, Maman !
— Aller, maintenant, daïe ! lança-t-elle en embrassant ma joue.
Je me contentai d'un simple sourire avant de rejoindre mon père qui patientait dans sa petite Fiat. Ce nœud qui logeait au creux de mon estomac ne cessait de s'amplifier. Cette angoisse qu'on me dévisage pour ce j'étais et pour le métier de mon père m'habitait constamment. Pourtant, tout le monde ignorait qui j'étais et mon père leur était inconnu, je n'avais donc aucun risque de se faire prendre. Tout ce qu'il me fallait faire était de remettre ce masque et d'avoir l'air convaincant, tout le monde y verrait que du feu, jusqu'à ce que je commette cette erreur qui ferait tomber à nouveau ma fausse identité.
Mais rien de tout ceci n'allait arriver puisque j'étais déterminé à ne pas reproduire les mêmes erreurs. Jouer les hétéros. J'étais parvenu à le faire en Italie, jusqu'à ce que je succombe au au charme de mon meilleur ami et que les sentiments envers ce dernier soient trop fort pour que je puiss les dissimuler.
Mais Enzo n'était plus là. Une distance de plusieurs milliers de kilomètres nous séparait désormais. Il n'existait alors plus aucune raison de m'en faire. Tout allait se passer pour le mieux.
* * *
La petite Fiat de Paulo nous conduisit dans la direction du lycée. Sous l'effet de l'angoisse, je ne pus s'empêcher de frapper un rythme qui me vint à l'esprit sur le tableau de bord, sous le regard amusé de mon père. Il s'agissait d'un tic que j'avais adopté et qui ne me quittait plus désormais.
Malgré les multiples discours que mes parents voulaient rassurants, je gardais tout de même cette boule à l'estomac, marqué par les moqueries d'autrefois. Je redoutais que ce phénomène reprenne dans ce lycée nouveau pour moi et rende ma vie impossible. Tout va bien se passer.
Mes pas feutrés se mêlèrent au bruit provoqués par les lycéens qui ne me prêtèrent aucune attention. Une attitude qui soulagea ma conscience qui était à son paroxysme de nervosité. S'il m'était possible de me fondre parmi la foule à jamais, ce serait parfait. Malheureusement, il me fallait faire face à chacun de mes professeurs et affronter cette paire de yeux braqués surmoi .
Je détestais être le centre de l'attention. Pourtant, c'était ce que j'étais lorsqu'il me fallut me présenter à toute la classe. La gorge nouée, je pris une profonde inspiration pour faire disparaître cette nervosité.
Différents types d'élèves constituaient cett classe. Les modèles placés tout devant, à l'écoute du moindre mot provenant de la bouche de l'enseignant, ceux qui se contentaient simplement d'écouter une phrase sur deux et passaient leur temps à dessiner sur leur feuille. Et au fond, les cancres, ceux qui n'en foutaient pas une et qui prenaient un malin plaisir à provoquer les professeurs.
Bien que de nombreux pairs d'yeux soient braqués sur ma personne , quelques-uns restaient occupés à leurs occupations, comme la fille rousse qui contemplait le paysage par la fenêtre et un type installé au fond de la classe, avec une casquette noire, occupé à griffonner sur sa feuille.
— Bon... bonjour, je m'appelle Troy.
Des ricanements provenant du fond de la classe interrompirent sa phrase. Je réalisai rapidement quelle était la raison de ces rires moqueurs. Ce n'était pas mon prénom, mais l'accent qui s'était infiltré malgré moi. Bloqué sur ce petit détail, il m'était impossible d'achever ma phrase sans bégayer, ce qui provoqua l'hilarité de des élèves.
À Florence, j'avais été la victime de nombreuses moqueries et celle-ci était la goutte de trop. Il fallait cesser d'être une victime et d'utiliser ma faiblesse pour en faire une force. Mon père clown m'avait transmis son talent et je comptais m'en servir à bon escient à compter de cet instant.
Après avoir comprimé mes poumons d'air, je me redressai et exécutai une référence avant de regagner ma place. Cette vague de courage m'avait évité de se construire l'image du petit faible que les plus forts allaient prendre un malin plaisir à martyriser. Pourtant, durant le reste de la matinée, j'étais resté en reclus, à l'écart des autres.
Cependant, ce phénomène du petit nouveau qui provenait d'un autre continent passait rarement inaperçu aux yeux des autres élèves et involontairement, j'étais devenu le principal sujet de conversation. Espérons que cette sensation de nouveauté disparaîtra rapidement.
Cette première journée fut éprouvante. Certains s'approchaient de moi afin de faire ma connaissance, tandis que d'autres avaient pour seule intention d'écouter mon accent et d'en rigoler.
Bien que leur intention ne soient pas blessante, je désirais être une personne normale et me débarrasser de mes blessures provoquées par les moqueries du passé. Mais elles n'allaient pas disparaître aussi facilement, et cela, j'en étais conscient.
* * *
Malgré cet attroupement dû à l'effet de nouveauté qui persistait durant mon deuxième jour, je restais persuadé de pouvoir reprendre un nouveau départ avec de nouveaux amis. Si je m'intégrais complètement dans son rôle d'hétéro dans ce lycée de Jacksonville, personne ne s'apercevrait de ma véritable nature que je considérais comme honteuse.
Je rejetais mon harcèlement loin derrière moi et étais fin prêt à vivre le rêve américain.
La pause de midi n'ayant pas encore touché à sa fin, il me restait encore du temps devant moi. L'occasion d'explorer les recoins du lycée que je n'avais pas encore eu le temps de découvrir.
J'étais le seul à errer dans les couloirs vides du lycée. La simple idée de me faire pincer par un professeur me noua la gorge. Mais que pouvais-je risquer après tout ? Il me fallait tout simplement prétendre que j'étais nouveau et que je m'étais malencontreusement perdu, ce qui était une demie-vérité. Être nouveau possède des avantages tout de même.
Alors que j'ignorais où je me situais, je découvris un panneau fixé au mur de crépis face à moi, qui m'indiqua que je me trouvais dans la partie Est du lycée. Celle-ci semblait être en rénovation, à la vue des échafaudages posés contre les murs blancs. Sans doute pour donner une nouvelle couche de peinture.
Tandis que je longeais les couloirs, je perçus un son électrique qui attira mon attention. Ce bruit provenait d'une pièce semblable à une salle de musique. Au premier regard, elle parut vide, pourtant, l'origine de ce son provenait d'ici. En posant un pied dans la pièce, je découvris deux garçons. L'un d'eux était de grande taille avec des cheveux châtain courts et vêtu d'une manière qui était des plus étranges, rappelant l'époque des hippies. Sa main dansait sur les cordes de sa basse et sa tête remuait à son propre tempo.
L'autre était plus petit et sa sangle rouge était rattachée à une guitare noire. Ses longs cheveux atteignaient la moitié de son dos et sa casquette noire retroussée à l'envers lui donnait une allure de racaille.
Le son musical produit par les deux garçons étaient d'une telle beauté détenant une puissance que je n'avais jamais connu jusque-là. J'en était envoûté au point de rester à les écouter.
— Mitch, c'est quoi ça ? questionna le garçon à la casquette d'un ton bien agacé.
— Je n'arrive pas à jouer ce morceau.
Le dénommé Mitch fit pivoter sa tête dans mla direction et je me retrouvais désormais dans son champ de vision, planté dans le cadre de porte. Son ami suivit son regard et me découvrit également..
— Qu'est-ce que tu veux ? fit-il d'un ton sauvage.
Interloqué par le ton employé, je me laissai attraper par le silence, tandis que le rouge me montait aux joues. je ne m'attendais pas à être découvert si rapidement et provoquer une telle réaction. Incapable de sortir le moindre son pour répondre à la question de ce type, je plantai mes iris bleu dans ses yeux verts. Ce contact visuel qui s'exécutait dans un silence total me noua la gorge, frappé par la beauté de ce jeune homme.
— Tu es sourd ou quoi ?
— Calme-toi, Joe.
Joe. Un prénom bien court, mais si joli.
Bordel, reprends-toi ! Ça ne va pas recommencer !
Des ennuis, je n'en désirais plus, pourtant ceux-ci étaient déterminés à rester, accroché à moi comme des chaînes solides.
Bonjour tout le monde !!!
Je pense que ce vous avez deviné qui sont les garçon que j'ai rencontré dans le petit local de musique. C'est pas très difficile à trouver.
Ciao Bello !
Troy
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