🥁 | 7. Good Riddance
"Two punks in love
Growing pains from growing up"
Two Punks In Love - Bülow
* * *
Chaque jour qui s'écoulait depuis l'événement dans les vestiaires atténuait cette boule dans mon estomac, rendant mes journées pénibles et insupportables. J'étais devenu la risée de l'école et les moqueries redoublaient de méchanceté qui me frappait en plein dans mon ego et réduisant à néant ma propre estime.
Après que les membres de l'équipe de basket m'aient surpris à embrasser Enzo, les traits de mon visage s'étaient assombris, un malaise physique me dévorait de l'intérieur. Je m'étais enfui chez moi dans la précipitation, ne pouvant plus supporter ces multiples paires d'yeux braqué sur moi.
Le masque était tombé définitivement et ma vraie nature était dévoilée à tous les élèves. Une douleur aiguë comprimait sans cesse ma poitrine, alimentant ce poids qui pesait sur mes épaules.
Cet instant avait marqué le début d'une de mes plus noires périodes. La méchanceté s'abattait sur moi sans relâche, me détruisant un peu plus à chaque fois. Le début d'un cauchemar sans fin.
Mon casier était recouvert chaque jour d'une feuille sur laquelle étaient inscrits des insultes qui visaient à me blesser.
Troy la tapette ! L'erreur de la nature !
Ces simples mots me touchaient en plein cœur et m'achevaient mentalement. Tout ceci ne faisait que confirmer l'image que j'avais de moi. Un gay qui n'avait pas sa place dans cette société aux normes normatives. Pour ajouter une touche de douleur à cette situation, Enzo me considérait tel un étranger désormais, car ces atrocités le visaient également. Tout était ma faute. En succombant à ce désir si profond que j'avais tenté de refouler, j'avais fini par tout détruire. Les adultes trop aveuglés sur ce qui se tramait entre les élèves ne pouvaient me venir en aide.
La seule solution pour fuir toute cette pression et cet acharnement était la solitude, l'isolement. Ce harcèlement m'avait poussé à sécher les cours afin d'échapper à ces horreurs devenant insupportables. Cette attitude avait éveillé l'inquiétude chez mes parents. Ces derniers ne comprenaient pas la raison pour laquelle je m'enfermais chaque soir dans ma chambre et ne leur adressait presque plus la parole. Cette peur que mes géniteurs le regardent avec dégoût m'habitait constamment et m'empêchait de déballer ce qui pesait si lourd dans mon cœur et dans mon esprit.
En apercevant mon reflet dans le miroir, j'éprouvais du dégoût envers moi-même. Pourquoi ceci était tombé sur moi ? Pourquoi n'étais-je pas normal, comme tout le monde et croquer la vie à pleine dent ? Mais qu'est-ce que normal signifiait après tout ? Être dans ses normes ridicules imposées pas cette société imposante ?
Ce sourire qui illuminait autrefois sur mon visage enfantin n'était plus. Il avait disparu le jour où Eliza m'avait rejeté. Et l'incident dans les vestiaires m'anéantissait à petit feu. Cette joie qui m'habitait durant mon enfance si douce n'existait plus. Elle était remplacée par de la tristesse, de la douleur et de la haine.
Allongé sur son lit, les joues rougies par les larmes qui avaient coulé, je restais silencieux, l'esprit vide.
— Troy ? Je peux entrer ? demanda Paulo, de l'autre côté de la porte.
Je restai muet, refusant de faire sortir le moindre son de sa cavité buccale, cependant mon père n'avait pas attendu sur ma réponse pour pénétrer dans ma chambre. D'un revers de manche, j'essuyai rapidement les larmes qui avaient humidifiées mes joues, craignant que son père remarque mon état et me bombarde ainsi de questions.
À mon grand soulagement, ce dernier ne remarqua rien. Il s'installa sur le matelas grinçant sous son poids et m'adressa un regard des plus chaleureux qui apaisa durant l'espace de quelques instants ma conscience.
— J'ai une bonne nouvelle à t'annoncer, commença-t-il.
À mes yeux, toutes les « bonnes nouvelles » n'existaient plus. Il n'existait plus rien susceptible me faire retrouver le sourire. J'en étais convaincu.
— J'ai trouvé une solution pour nous en sortir.
Cette annonce attisa légèrement ma curiosité, bien que je sois persuadé que cette solution n'allait pas faire disparaître mes problèmes pour autant. Si seulement. Simplement, il ne subsistait aucun moyen pouvant chasser mes problèmes au loin et à jamais. Excepté partir.
— On va déménager loin d'ici.
Les sourcils froncés, je lançai un regard inquisiteur à mon paternel. Qu'est-ce que loin d'ici signifiait réellement ?
— C'est en Amérique qu'on va s'installer.
Pris de court, mes yeux s'arrondirent comme des billes, heurté par le contrecoup de cette nouvelle. Face à mon expression ébahie, Paulo lui confirma ses propos.
— Après des semaines de recherches, nous avons trouvé une maison. On va tous prendre un nouveau départ !
Sous le coup de la joie intense, l'homme se releva et exécuta ses pas de danse devenus légendaires chez lui. Mon vieux père amoureux du rock se rêvait de poser un pied dans ce pays si merveilleux. Son désir le plus fou allait enfin se concrétiser. Celui que sa famille pensait impossible et irréaliste
Cette annonce soudaine stipula une issue inespérée que j'avais longtemps cherchée. Cette voie de quitter ce pays et cette école à tout jamais et de prendre un nouveau départ, comme l'avait dit Paulo.
Vivre à l'autre bout de la planète signifiait recommencer une nouvelle vie et se construire une nouvelle réputation que j'espérais bien meilleure et plus joyeuse.
— Fiston, je sais que ça va être dur de quitter tes amis...
— Mais pas du tout, papa. Ce sont tous des Imbranato.
— Surveille ton langage, giovanotto.
Les adieux allaient se faire sans aucune rancune et le cœur bien plus léger. Au fond de moi, j'étais en proie à une joie intense à l'idée de quitter définitivement ces crétins m'humiliant de jour en jour. Ces atrocités allaient enfin cesser et une vie normale s'annonçait.
Pourtant, un nœud se forma dans ma gorge. Enzo.
Bien que je sois heureux de quitter ce pays, j'éprouvais une certaine peine à laisser Enzo qui pourtant était le responsable indirect de ma situation. Malgré le fait que ce dernier ignore mon existence, sa simple présence perpétuait à faire battre mon cœur comme jamais et remplir mon estomac de papillons.
Ne plus apercevoir ce visage si parfait allait être douloureux. Mais n'était-ce pas mieux ainsi ?
Cette annonce m'avais fourni le courage nécessaire pour affronter le dur quotidien durant les trois mois suivants. Douze semaines durant lesquelles je tentais de prendre sur moi, meurtri par mes pairs qui n'éprouvaient aucune pitié.
Le vendredi arrivé, je regagnai le domicile familial avec le cœur lourd. Comme d'habitude, ils n'avaient pas été tendre avec moi et pourtant, il m'était impossible de partager mes malheurs. Avec surprise, j'aperçus les valises posées sur le perron de notre appartement, pourtant mon père et ma mère étaient encore à l'intérieur.
— Fiston, il est temps de faire tes adieux à cette maison. Nous allons partir dès ce soir, annoncèrent ses derniers, vêtus de leur manteau lorsqu'ils m'aperçurent.
Ce départ soudain semblait surréaliste, pourtant, mes parents avaient planifié notre départ pour ce jour-là. Anna avait soigneusement préparé mes valises pendant que j'téais à l'école. Surpris d'un départ si rapide, je regrettais de ne pas avoir pu faire ses adieux à... À qui en fait ? Je n'avais plus personne. Mon seul souhait était de voir une dernière fois Enzo et de garder un souvenir de lui, rangé dans mon esprit avant de quitter définitivement l'Italie. Mais ceci était impossible et certainement mieux ainsi.
Après avoir fait une dernière fois le tour de l'appartement en me ressassant les nombreux souvenirs qui s'y étaient déroulés, j'avançai sur le perron. Le poids qui reposait sur mes épaules depuis si longtemps se dissipa à l'instant où je quittai la demeure. Je me sentais apaisé et léger. C'était enfin fini !
J'observai mon père qui rangeait les dernières valises dans le coffre de sa petite Fiat bleue. Je m'étais toujours demandé comment il était parvenu à mettre tout ce bordel dans une si petite bagnole, mais il l'avait fait.
Avec tout de même un petit pincement au cœur, je jetai un dernier coup d'œil à cette splendide bâtisse avant de rejoindre mes parents. Assis sur la banquette arrière à moitié écrasé par les valises, j'admirai la construction à travers la fenêtre de la voiture qui provoquait un bruit infernal. Voilà, un nouveau départ, une nouvelle vie allait débuter.
Et voilà, enfin fini les cauchemars ! La belle vie allait commencer ou presque ! Sinon, ma petite histoire vous plait toujours autant ?
Brefeuh, sinon, le trailer de Shenanigans est sorti. Si vous ne l'avez pas vu, foncez le faire. J'ai le droit à ma petite apparition, hehe. Et pour le vocabulaire :
Imbranato : empoté
giovanotto : jeune homme
Ciao bello
Troy
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