🥁 | 4. Why do you want me ?


"Are you gonna take me home tonight ?

Ah down beside that red fire light"

Fat Bottomed Girl - Queen

* * *

Regarder Enzo dans les yeux depuis ce qu'il s'était passé dans les vestiaires était devenu impossible. Un sentiment de honte m'habitait constamment. Mon ami semblait même m'éviter, me faisant ressentir un dégoût de moi-même. Mais ma plus grande crainte était qu'Enzo révèle cet incident.

Qu'allait-il se passer ? Les autres allaient-ils se moquer de moi? C'était certain. Une boule s'était formée aux creux de mon estomac et ne m'avait plus quitté. J'avais tellement la trouille au point de ne plus vouloir me rendre à l'école, à la grande surprise de mes parents. Ces derniers ignoraient ce que je vivais. Je craignais qu'en leur révélant cette terrible réalité, cette image d'enfant parfait qu'ils avaient se brise à leur grand désespoir et rejettent leur fils unique.

La difficulté que j'éprouvais à trouver ma place au sein de l'école traduisait que cette période m'était douloureuse à vivre. Chaque jour, il mefallait encaisser une nouvelle moquerie, bien qu'elle ne soit pas méchante. Pourtant, ces remarques m'affectaient au niveau moral et touchaient mon estime de soi, si bien que ma confiance en moi avait disparu, elle s'était brisée.

J'étais devenu un élève discret gardant la tête baissée sur ma feuille et ne posait mon regard sur personne.

Après les cours, je continuais de me rendre dans ce local de musique pour jouer de la batterie. Cet instrument qui demandait de l'énergie et de l'endurance physique me permettait de m'évader dans mon monde durant quelques instants. C'était dans cet endroit que je voulais rester, un lieu ou tout était facile, personne pour le juger. Un monde parfait. Les souvenirs de mon enfance si douce me revinrent à l'esprit, apportant une pincée de nostalgie qui me fit mal.

Mais les aiguilles de la montre accrochée au mur face à moi, qui étaient sur le chiffre six me rappelait que cela n'était que dans mon imagination, que le véritable monde était différent de celui que j'idéalisais. Il était trop cruel, trop dur. Qui allait vouloir d'un gay ? Je me considérais comme une erreur de la nature. C'était ce que j'étais, après tout.

Pourtant, une créature peu gâtée par la nature et moquée des autres élèves  pour ses défauts avait remarqué ma présence. Discrète comme moi, personne ne lui prêtait la moindre attention. Notre rencontre s'était faite en douceur, comme l'aura qu'elle aspirait.

Le cours de maths venait de s'achever. Le cerveau plein à craquer, je quittai la salle sans jeter un seul regard aux autres élèves qui me précédaient. Ces derniers devaient certainement m'observer d'une étrange manière, pourtant je n'y prêtai pas la moindre attention, je faisais abstraction de ce qui se passait autour de moi. Ma seule direction était mon casier. Ah, qu'est-ce que ces machins de fer étaient durs à ouvrir !

Malgré les nombreuses plaintes des élèves, la direction avait refusé d'y remédier.

Tentant plusieurs fois de composer la combinaison du cadenas, celui-ci refusait de s'ouvrir, sous mes jurons agacés.

— Finnochio de casier ! Ce Sronzo de directeur qui ne veut pas changer ces scemo de cadenas.

— Hum, je peux t'aider ?

Cette douce voix interrompit ma série d'insultes. Je tournai la tête vers la personne avec un air contrarié. Une jeune fille se tenait devant moi, portait ses livres sous son bras, vêtue  d'une robe jaune poussin. Elle n'était pas très belle avec ses boutons d'acné qui couvraient son visage et ses affreuses lunettes rondes. La seule chose qui la rendait presque mignonne était ses tresses qui lui donnaient un air de Laura Ingalls. Elle avait l'air si gentille, mais son apparence était tellement repoussante.

Son nom était Eliza, il me semble. Il s'avérait que nous étions dans la même classe, mais je n'avais jamais vraiment fait attention à elle.

Ne répondant rien, je la laissai se mettre face à mon casier qu'elle traficotait durant quelques secondes avant que la porte s'ouvre. J'affichai un air gêné face à elle, qui arborait la même expression. Cette réaction avait fait croire a la jeune fille que j'avais eu le coup de foudre pour elle, qu'il n'en était rien.

— Merci, fis-je avec une moue timide.

— Mais de rien. C'est vrai que ces casiers sont compliqués.

Elle avait une petite voix toute mignonne et un air qui inspirait l'innocence même. De manière tout à fait naturelle, nous avions entamé une discussion en regagnant notre salle de classe. Installés côte à côte, notre  conversation se poursuivit sous les regards surpris et moqueurs des autres camarades. C'était vrai que pour obtenir une bonne image, fréquenter Eliza n'était pas la meilleure des solutions. Mais elle était si gentille et si intelligente !

Il fallait avouer que parfois elle me gonflait avec ces théories barbantes, mais je ne disais rien craignant qu'elle se vexe et ne me parle plus. C'était la seule personne qui restait avec moi, ce qui étonna Eliza.

— C'est marrant que tu restes tout seul dans ton coin. Pourquoi personne ne viens vers toi ?

— Disons qu'ils me trouvent spécial, répondis-je avec un haussement d'épaules.

Spécial et surtout anormal à mes yeux. Eliza était d'une très bonne compagnie et possédait quelque chose que j'appréciais beaucoup chez elle ; sa franchise et sa gentillesse. Je me demandait pourquoi elle n'avait pas d'amis, elle était si sympa. Notre amitié s'était soudée au fil des semaines, me permettant à d'oublier Enzo et son regard ténébreux qui memettait dans tous mes états. J' espérais qu'Eliza soit le remède pouvant me permettre de combattre cette maladie.

Après les cours, nous restions à la bibliothèque pour bosser sur nos travaux et nous en profitions pour nous faire découvrir nos goûts. Nous étions si souvent collés ensemble que des rumeurs avaient couru à notre sujet :  nous étions un couple. Bien sûr, c'était faux. Mais cette idée ne semblait pas déplaire à Eliza.

— Demain après les cours, au lieu d'aller à la bibliothèque, je vais t'emmener dans un endroit qui me tient à cœur.

Cette annonce l'avait intriguée au plus haut point. Le lendemain, elle me posait sans cesse des questions sur cet endroit lui paraissant si mystérieux.

Ce lieu déserté lui avait procuré de l'inquiétude, comme Enzo lorsqu'il était venu la première fois. Mais elle avait rapidement été enchantée en découvrant l'intérieur du local de musique. Cette pièce était mon repère secret et il était vide, personne ne me tenait compagnie, excepté la batterie.

— C'est ici que je viens après les cours pour m'éclater.

Je lui avais montré mes talents de batteurs qui l'avaient épatée. Les instants passés dans le local étaient si amusants. J'étais heureux d'avoir à nouveau quelqu'un avec qui partager ma passion.

Lors d'un soir d'automne, nous nous étions rendus dans le local qui était devenu notre repère. Je venais d'achever un solo de batterie que je tentais de faire depuis plusieurs jours et à ma plus grande satisfaction, je l'avais réussi.

— Tu devrais montrer ce dont tu es capable, fit Eliza, assise sur la moquette face à moi.

Je me levai du petit tabouret pour quitter le set de batterie et vins m'asseoir à ses côtés. Ces paroles me rappelaient quelqu'un. Une personne que je désirais oublier, mais cela m'était impossible.

— Je ne sais pas, avouai-je.

Eliza posa sa main sur la mienne, son regard plongeant dans mes yeux bleus, je vit comme une lueur apparaître dans ses prunelles brunes.

— Tu es unique, Troy. Tu le sais ?

J'étais unique et surtout une erreur. Sauf, qu'avec elle, je me sentais bien. Je n'éprouvais aucun sentiment amoureux à son égard, je me sentais juste normal. Comme quelqu'un qui n'avait aucun secret à cacher, qui n'avait plus à subir les moqueries des autres.

— Ça te gêne d'être avec moi ?

— Pourquoi ça me dérangerait ?

Elle haussa les épaules, regardant ses ballerines blanches salies par la poussière.

— Lorsque j'entends ce qu'on dit sur nous, que tu sors avec la fille la plus moche, je pense que ça doit te déranger.

— Mais pas du tout, Eliza ! J'aime être avec toi !

C'était certainement la réponse à ne pas donner. Une mauvaise interprétation de sa part avait fait germer une idée complètement fausse dans son esprit. Elle afficha un large sourire rempli d'espoir avant de sauter à mon cou pour plaquer ses lèvres roses contre les miennes.

Hum, voilà ma première "copine", j'admets que je me suis mis dans une délicate situation à ce moment là. Et la suite a été plus que gênante. Et pour mes insultes envers le casier :

Finnochio : abrutis de casiers

Sronzo : connard de directeur

Scemo : stupides cadenas

A la fin de cet ouvrage, vous allez être des pros de l'italien, surtout pour les insultes ;)

Et oui, j'aime la petite maison dans la prairie, ne jugez pas.

Ciao bello

Troy

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