Chapitre 7 - Une mauvaise chute
Lundi 04 Janvier 1988 :
«-Je présume que chacun d'entre vous est au courant des récentes nouvelles dévoilées par la Gazette, commença Dumbledore d'une voix paisible, si calme que quiconque entrerait dans la Grande Salle à ce moment-même et n'ayant aucune idée de quoi il parle ne se douterait pas une seule seconde de la tragédie que représentait ces évènements dans notre monde.»
Les élèves étaient silencieux, pas un n'osait broncher, tous sentant que le discours du directeur devait être pris au sérieux. Suite à l'évasion de plusieurs Mangemorts d'Azkaban, une série de meurtres avaient été perpétré durant les fêtes dans le monde des sorciers et ils étaient directement liés au réseau de mages noires qui sillonnaient désormais le monde. Face à ces manifestations de magie noire, Albus Dumbledore avait insisté pour prévenir les étudiants dès la rentrée du danger que représentaient ces fanatiques. Ainsi, à peine retourné à Poudlard, l'ensemble du château avait été réuni dans la Grande Salle pour écouter les mots de Dumbledore. J'étais assise parmi les autres enseignants et fixais le dos du directeur, sourcils froncés. Préoccupée, ce ne fut qu'avec une demi-oreille que j'entendis la suite du discours :
«-... c'est pourquoi je dois vous annoncer que certaines mesures de sécurité vous être appliquées dès à présent et jusqu'à nouvel ordre. Premièrement, le couvre-feu sera avancé à vingt heures, et chaque élève devra être retourné dans le dortoir à cette heure-ci. Deuxièmement, les séjours à Pré-Au-Lard seront réglementés afin de...»
Alors que Dumbledore listait les nouvelles restrictions et que certains étudiants montraient leur frustration quant aux ordres, je laissai mon regard papillonner dans les rangs, inquiète. La table des professeurs étaient complètes, sauf une chaise qui était restée vide.
Severus Rogue n'avait pas pointé le bout de son nez depuis son mystérieux départ pendant les vacances et ça me tracassait. Et s'il était allé rejoindre le réseau de Mangemorts ? Je le voyais mal faire une chose pareille... et personne ne semblait s'en soucier. Je secouai la tête. Peut-être que je me faisais du souci pour rien, peut-être qu'il avait simplement... des problèmes de famille. Je chassai mes doutes au fond de mon esprit et me concentrai sur la voix de Dumbledore :
«-... et enfin, j'insiste sur le fait que chaque équipe souhaitant s'entraîner sur le terrain de Quidditch doit être accompagnée d'un adulte qui se chargera de votre sécurité, je...»
La porte en face de l'estrade où était perchée la table des professeurs s'ouvrit à la volée, faisant taire le directeur et jetant un silence glacial dans laSalle. Tout le monde se tourna en direction du nouveau-venu et je fis de même. Je ne pus retenir mon étonnement. C'était Rogue. Il y eut des murmures dans les rangs d'élèves, alors que le Maître des Potions s'avançait vers nous. Visiblement, être au centre de l'attention ne le gênait pas, ou du moins savait-il ignorer les centaines de regards braqués sur lui. Même si c'était impoli, je ne pouvais détacher mes yeux de lui. Qu'était-il allé faire ? Pourquoi ne revenait-il que maintenant ? Des dizaines de questions émergèrent dans mon esprit, sans que je puisse en résoudre une. Severus rejoignit l'estrade et s'arrêta aux côtés de Dumbledore. Le vieil homme se pencha vers lui et il lui murmura quelques mots à l'oreille. Le directeur acquiesca et fit signe au professeur de s'asseoir à la table. Puis, se tournant vers les élèves, il reprit, comme si de rien n'était :
«-Pour conclure sur cette longue liste de restrictions qui, je vous l'accorde n'est pas des plus amusantes, j'aimerai appeler tous les Préfets et Préfets-en-chef dans mon bureau immédiatement afin de leur faire part de quelques informations supplémentaires.»
Les Préfets se levèrent aussitôt, fiers de leurs statuts privilégiés et quittèrent la Salle en direction du bureau du directeur. Ce dernier ajouta quelques mots de plus en terme de conclusion mais je n'écoutai pas, trop accaparée par le retour soudain de Rogue. Serait-ce du sang sur sa robe ? Je détournai la tête en sentant son regard s'approcher dangereusement du mien. Ce n'était pas vraiment le moment de me faire remarquer.
***
Qui disait rentrée, disait aussi reprise des cours. Ce fut compliqué pour moi de rester concentrée durant plusieurs heures à enseigner à mes classes, mais ça me permit aussi de penser à autre chose et me vider la tête. Mes étudiants de cinquième et septième années travaillaient durs pour leurs examens de fin d'années et je faisais de mon mieux pour les aider. Il n'y eut pas d'incident à déclarer le matin, mis à part que l'un des élèves de sixième années s'était évanoui alors que nous évoquions les Sortilèges Impardonnables. Je dus le conduire à l'infirmerie et Pompom Pomfresh conclut que son malaise devait être en lien avec le festin de Dragées Surprises de Bertie Crochue que les Gryffondors avaient fait dans leur dortoir la veille.
En revanche, je finis la journée avec un incident qui se déroula à la fin de ma classe avec des quatrièmes années de Poufsouffles et Serpentards. Nous avions passé l'heure à travailler sur les Maléfices et Contre-Sorts et j'étais entrain de donner les devoirs quand un élève de Serpentard, du nom de Aiden Shafiq, s'amusa à lancer le Maléfice du Bloque-jambes à une étudiante de Poufsouffle, Hazel Tuft, qui, surprise, tomba sur le sol dans un bruit sourd. La majorité des Serpentards, ainsi qu'une minorité de Poufsouffles se mirent à ricaner en voyant la pauvre sorcière s'écrouler par terre. Je reposai le manuel que je tenais entre les mains et m'avançai vers eux, quand une autre élève appartenant à la maison ayant pour symbole le blaireau apostropha Aiden, visiblement énervée :
«-Hé, Shafiq ! C'est quoi ton problème ? Pourquoi est-ce que tu t'en prends à Hazel ?
-Et toi, pourquoi tu te mêles de ce qui ne te regarde pas ! cracha le Serpentard.»
Les cheveux de la jeune sorcière virèrent au rouge et Aiden Shafiq ainsi que sa clique reculèrent d'un pas, impressionnés. La sorcière brandit sa baguette sous le nez des garçons :
«-Répète un peu pour voir, gronda-t-elle, d'une voix menaçante.
-Nymphadora, baissez cette baguette ! criai-je en me faufilant parmi l'attroupement d'élèves qui s'étaient formés autour d'Aiden, Hazel et Nymphadora.»
La jeune Poufsouffle grogna quelque chose que je n'entendis pas mais s'éxecuta non sans adresser un regard mauvais à Aiden. Je me penchai vers Hazel Tuft qui se tortillait au sol, encore au proie au Maléfice.
«-Finite Incantatem, murmurai-je et aussitôt, la jeune sorcière put retrouver sa mobilité.»
Elle se leva maladroitement, le rouge au joue.
«-Tout va bien, Hazel ?»
Elle hocha la tête en signe d'approbation, mais n'osa pas dire un mot. Nymphadora et Aiden se toisaient toujours. Je fis signe aux autres élèves de partir :
«-Ne restez pas planté ici, sortez de la salle !»
L'attroupement finit par se dissiper et la salle se vida.
«-Nymphadora, Aiden, restez ici, j'ai à vous parler, dis-je à l'intention des deux étudiants qui ne s'entendaient visiblement pas.»
Je vis la Poufsouffle lever les yeux au ciel.
«-Un problème, Nymphadora ?
-Oui, j'aimerai que vous m'appeliez par mon nom de famille, s'il-vous-plaît. Je déteste mon prénom.
-Très bien..., je laissai ma phrase en suspens, ne me remémorant plus son nom de famille.
-Tonks.
-Tonks, répétai-je dans un murmure.»
Je me tournai ensuite vers le Serpentard que je réprimandai :
«-Aiden, vous savez très bien qu'il est interdit de lancer des sortilèges sur vos camarades et d'autant plus si le but est simplement ludique ! Je crois que c'est la deuxième fois que je dois vous le rappeler cette année ! Quant à vous... Tonks, je sais que vous avez simplement pris la défense de votre partenaire et j'espère que vous n'aviez pas l'intention devous servir de votre baguette autrement que pour l'intimidation.»
La Poufsouffle soutint mon regard sans broncher et ses cheveux revinrent peu à peu d'une couleur violette. Je n'avais jamais rencontré de Métamorphomages avant elle et je dois dire que c'était impressionnant.
«-Nymph... Tonks, vous pouvez y aller. Aiden, j'aimerais que nous allions parler de votre comportement avec le professeur qui dirige votre maison.»
Ce fut ainsi que je rejoignis une énième fois les cachots accompagnée du Serpentard qui ne faisait plus le fier maintenant. Pour être honnête, je n'avais pas vraiment réfléchi quand j'avais délivré ma sentence au jeune homme et ce n'avait été qu'une fois en dehors de ma salle de cours que je m'étais rendue compte que Rogue était le professeur qui dirigeait Serpentard. Ça ne faisait rien, c'était simplement mon travail en tant qu'enseignante. Ce fut néanmoins avec une boule au ventre que je toquai à la porte de la salle de Severus. Ce dernier vint ouvrir quelques secondes plus tard et ne se gêna pas pour me toiser de la tête au pied avant de dire, d'une voix dénuée de douceur :
«-C'est pour quoi ?»
Je déglutis péniblement puis, me souvenant qu'il y avait un élève qui assistait à la scène juste derrière moi, me repris :
«-J'aimerai signaler le comportement violent d'un élève de votre maison.»
Rogue leva les yeux sur le dit-élève sans un mot et je continuai :
«-Par deux fois, il a testé des Maléfices sur ses camarades au sein même de ma classe. Je suggère donc qu'il soit puni pour lui faire comprendre de ne pas recommencer ses actes.
-Je vois, grinça le professeur de Potions en reportant son attention sur moi. Shafiq, vous pouvez y aller, on n'a plus besoin de vous !»
L'élève fut surpris de la sentence de Rogue autant que moi. Comprenant qu'il s'en tirait bien, il n'en demanda pas plus et disparut dans les couloirs, trop heureux d'éviter une punition. Prise de court, je mis quelques minutes avant de m'offusquer :
«-Quoi ? Vous ne lui donnez rien ?
-Je crois qu'il a compris la leçon, dit simplement Severus, son regard foudroyant le mien.
-Très bien ! Je me chargerai moi-même de retirer des points à Serpentard pour sa mauvaise conduite ! Et moi qui pensait que...»
Je stoppai ma phrase pour reprendre mon souffle et ce fut à ce moment que je me rendis compte que j'étais entrain de crier. Rogue plissa les yeux :
«-Et vous qui pensiez que quoi ? souffla-t-il.»
Je ne répondis pas, faute de savoir quoi dire. Cet homme avait vraiment le don de me faire perdre mon calme, comme mes mots.
Alors que j'étais entrain de le détailler des yeux, un détail retint mon attention.
«-Votre robe, murmurai-je, vous êtes blessé ?»
En effet, un pan entier de sa longue robe noire avait été arrachée et le tissu était tâché de sang. Quelque chose me disait que ça avait un lien avec sa soudaine disparition au beau milieu des vacances. Severus baissa le regard sur ses vêtements puis rabattut sa cape sur sa robe, afin de dissimuler la blessure. Cela me laissa assez de temps pour constater que la peau était à vif sous le tissu. Qu'avait-il bien pu se faire ? Il ne tarda pas à me répondre, mais ses propos ne me satisfirent pas :
«-Juste une... mauvaise chute. Maintenant, si vous voulez bien, je suis occupé.»
Il referma brutalement la porte sur moi, mais j'avais noté l'hésitation dans sa voix et l'expression décontenancée qui avait traversé son visage durant l'espace de quelques secondes.
☆☆☆
*PetitKoala*
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