Chapitre 7 - Cette terrible nuit
Mercredi 1 Septembre 1995 :
«-POUR L'AMOUR DU CIEL, SIRIUS, JE N'AURAIS JAMAIS DÛ TE LAISSER VENIR AVEC NOUS ! hurla Molly Weasley, tandis que nous retournions au Quartier Général, après avoir déposé Harry, Hermione et les enfants Weasley dans le Poudlard Express.»
Énervée, Molly baissa cependant le ton pendant que nous traversions le corridor d'entrée et j'échangeai un regard avec Sirius qui leva les yeux au ciel, m'arranchant un sourire. Quand nous fûmes tous dans le salon, à l'abris des cris de Walburga Black, Molly ferma la porte, se tourna vers Sirius en plaçant les mains sur sa taille et se remit à crier :
«-INCAPABLE DE TE TENIR CORRECTEMENT CINQ MINUTES ! IMAGINE SI QUELQU'UN T'A VU ? COMMENT POURRIONS-NOUS EXPLIQUER TA PRESENCE ? TU ES VRAIM...
-Ce que Molly cherche à t'expliquer, Sirius, coupa calmement Remus en posant une main apaisant sur l'épaule de la femme, qui sembla peiner à contenir sa colère, c'est qu'il faudra te montrer un peu plus discret la prochaine fois que tu seras de sortie.»
Sirius se laissa tomber lourdement sur une chaise, d'un geste las.
«-C'est facile pour vous de me faire la morale ! répliqua-t-il d'un ton acerbe. Ce n'est pas vous qui passez l'intégralité de votre temps enfermer dans cette maudite maison ! Moi qui avait juré, adolescent, de ne jamais revoir mes parents, me voilà incarcéré avec le tableau de mon insupportable mère qui hurle des infamies à longueur de journée ! Et puis, personne ne m'a vu à la gare...
-J'ai aperçu Malefoy sur la voie 9 3/4, grommela Alastor, j'espère qu'il ne s'est pas intéressé à nous...
-Ça ne sert à rien de tirer des plans sur la comète, intervins-je d'une voix posée, faisons simplement en sorte de ne plus laisser une telle situation se reproduire.
-Ce qui impliquerait de me laisser pourrir dans ce trou à rat ! Merci, Elladora, moi qui pensais que tu étais de mon côté...»
Je m'apprêtai à lui répondre mais une voix douceureuse qui s'élevait de derrière mon épaule fut plus rapide que moi :
«-Toujours entrain de te plaindre, à ce que je vois...»
Je n'eus pas besoin de me retourner pour comprendre qui venait d'entrer dans le salon, le regard haineux de Sirius étant assez explicite sur la question.
Lassés par les incessantes disputes qui opposaient Severus et Sirius dès qu'ils avaient le malheur de se croiser au Square Grimmaurd - ce qui, en plus d'être fréquent, était inévitable - Remus et moi avions mis au point un stratagème pour empêcher les deux sorciers de s'envoyer des piques acerbes à l'instant où l'un pénétrait dans la même pièce que l'autre. Bien sûr, il n'était pas infaillible - loin s'en fallait - mais cela avait au moins le mérite de retarder leurs inévitables querelles. Ainsi, Remus décochait systématiquement un regard moralisateur à son ami d'enfance et je faisais de même avec Severus, ce dernier étant généralement sensible à mes avertissements.
A peine Severus eut-il lancé les hostilités, je me tournai dans sa direction et lui lançai un regard lourd qu'il connaissait bien, celui qui disait «Par Merlin, comporte-toi comme un adulte !». Les yeux du sorcier se plongèrent dans les miens et, même après toutes ces années, je ressentais toujours de singulières palpitations au creux de mon ventre lorsque j'avais le loisir de me noyer dans ses pupilles noires. Le sorcier finit par lever les yeux au ciel et il n'ajouta rien à l'égard de Sirius, docile.
De son côté, Remus sembla être également sorti vainqueur de ce duel de regards puisque, Sirius, à défaut de pouvoir insulter de vive voix son ennemi, se contenta de grommeler dans sa barbe, quelque chose comme : «'Manquait plus que lui...».
«-Quelle est la raison de ta présence ici, Rogue ? demanda Kingsley, la voix teintée d'une politesse froide.
-Dumbledore, répondit simplement le concerné, sur le même ton que son interlocuteur.
-Nous t'écoutons, le pria Remus, en lui faisant signe de s'asseoir mais le professeur de Potions ignora son offre et poursuivit :
-Il a reçu pas plus tard que ce matin des nouvelles de Hagrid qui est arrivé près du campement des géants. Il compte commencer les offrandes demain pour entamer les négociations dans les semaines à venir. Aussi, il sera remplacer par le professeur Gobe-Planche pour les cours de Soins aux Créatures Magiques. En parlant de professeur, j'ai eu connaissance du nouveau professeur de Défense : Mme Ombrage.
-Ombrage ? répéta Alastor, incrédule - des murmures parcoururent l'assemblée, tandis que, pour ma part, je ne savais pas ce qu'il y avait de si alarmant que cette "Ombrage" soit promue professeur.
-Ombrage comme... Dolores Ombrage? termina Kingsley pour Alastor, sur le même ton mi-inquiet, mi-surpris.
-Cette Ombrage-même, confirma Severus, alors qu'Arthur Weasley s'exclamait :
-La sous-sécrétaire du Ministre ? Mais... qu'est-ce que le Ministère vient faire dans les affaires de l'école ?»
Severus haussa vaguement les épaules, semblant peu intéressé par la question qui, pourtant, ne laissa personne de marbre.
«-Dumbledore a laissé le Ministère s'immiscer à Poudlard ? s'étonna Remus, braquant un regard inquisiteur en direction de Severus. Dans quel but ?
-Le Ministère a fait pression sur Dumbledore pour inclure Ombrage parmi les professeurs, nous informa Severus, le directeur n'avait d'autres choix que de céder à sa demande.»
Sa réponse coupa court aux tergiversations et le brouhaha excité qui avait envahi la salle quelques instants plus tôt fut remplacé par un silence sec et pesant. Severus en profita pour poursuivre :
«-Pour finir, le directeur a eu vent de l'escapade à King's Cross d'un certain chien noir.»
Severus se tourna vers Sirius et les deux hommes se toisèrent sombrement pendant quelques secondes, avant que Severus ne susurre, un rictus moqueur apparaissant sur ses lèvres :
«-Aussi, il me demande de rappeler à Monsieur Black de ne sortir de cette maison sous aucun prétexte sans quoi il risque de non seulement mettre en péril sa propre vie mais également celles de ses camarades.»
Sirius lâcha un sifflement agacé et se laissa tomber contre le dossier de sa chaise, dans un mouvement nonchalant presqu'exagéré. Du coin de l'œil, je vis Severus lever une seconde fois les yeux au ciel, ennuyé par le comportement du jeune homme, mais ne pipa mot et je lui en fus secrètement reconnaissante de ne pas envenimer la situation.
Alastor se tourna vers Severus, l'air préoccupé :
«-Sais-tu si cette ordure de Malefoy a vu Sirius sur le quai ?»
Severus haussa les sourcils, une lueur amusé dans les yeux. Il semblait se complaire de l'actuelle situation, dans laquelle il était en position de force par rapport à Sirius qui affichait un air renfrogné.
«-Aucune idée, avoua le potionniste d'une voix traînante. Je propose que le concerné fasse profil bas pendant que je me renseigne sur la question.»
Sirius se redressa brutalement, une grimace de hargne déformant son visage d'ordinaire souriant et charmeur. Visiblement, il n'avait pas apprécié la surdose de sarcasme et d'orgueil dans la voix de Severus.
Sentant que la situation allait dégénérer, je gratifiai mon compagnon d'un regard lui intimant de prendre sur lui mais celui-ci m'ignorait ostensiblement.
«-On ne t'a pas demandé ton avis, Ser...
-Sirius !»
Étonnamment, ce n'était ni Remus, ni moi qui avait hausser le ton, mais Kingsley.
«-Il a autant le droit que toi d'exprimer son avis. Et je suis dans le regret de te dire qu'il a raison. On ne sait déjà pas où est passé Sturgis, je ne veux pas te perdre à ton tour !
-Mais vous ne comprenez donc pas ! fulmina Sirius en se levant d'un geste rempli d'amertume. Pendant qu'il m'ordonne de rester dans cette foutue maison, il va continuer de magouiller avec ses petits copains les Mangemorts. C'est un Mage Noir, nom d'un Doxys !»
Tout le monde s'était tourné vers le jeune homme qui fixait haineusement Severus. Le visage de ce dernier s'était pâli et son corps était tendu à l'extrême. Il semblait prêt à bondir sur Sirius.
«-Gamin, déjà, il était attiré par les Forces du Mal !»
Remus posa à cet instant une main sur le bras de son ami mais Sirius le repoussa violemment, sans même lui jeter un regard, hors de lui.
«-Regardez où ça nous a tous mené ! cracha-t-il en balayant la salle d'une main. James et Lily sont morts par sa faute, merde ! Il les a tués ! Il haïssait James, il le détestait parce qu'il était plus doué que lui...
-Assez, gronda Severus en braquant son regard noir sur Sirius, qui le soutint sans broncher.»
L'Animagus était comme en transe : son visage était rouge de colère, ses yeux étaient révulsés, ses traits tendus. Remus était blême, l'évocation de ses amis défunts semblant fortement l'affecter. Tonks, assise à côté de lui, le regardait d'un œil inquiet. Pour ma part, j'étais figée sur place, les accusations de Sirius ayant l'effet de coup de poing dans mon estomac. J'étais à deux doigts de laisser mes larmes couler. Seul Severus feignait l'indifférence mais je savais qu'au fond, il était autant atteint que moi. J'avais à peine remarqué que mes ongles s'étaient enfoncés dans les paumes de mes mains, jusqu'au sang. Je ne ressentais pas de douleur physique, la souffrance morale prenant le dessus sur tout le reste. J'avais l'impression d'être personnellement concernée par les paroles de Sirius.
«-Tu as ruiné la vie des Potter ! se mit à hurler Sirius, si fort qu'on entendit au loin les cris de Walburga Black se mêler à ceux de son fils. Tu as ruiné la vie de Remus ! Tu as ruiné ma vie, espèce de sale bâtard graisseux !»
Des larmes coulaient désormais de ses yeux, sillonnant sur ses joues et se perdant dans son cou. Remus avait détourné le visage, et le faible mouvement qui animait ses épaules témoignaient des sanglots silencieux qui secouait soncorps. La jeune Métamorphomage se pencha vers lui et lui murmura quelques mots à l'oreille. Alastor ouvrit la bouche pour mettre fin à la discorde mais Sirius ne lui laissa pas le temps de s'affirmer :
«-Et tout ça à cause de quoi ! Tout ça parce que Lily aimait James et pas t...
-ASSEZ ! rugit Severus. Un mot de plus, Black, et tu vas regretter de t'être évadé d'Azkaban !
-Severus ! criai-je mais ma voix se brisa de désespoir.»
Les bras de Sirius retombèrent mollement le long de son corps alors qu'il poursuivait, d'une voix entrecoupée de sanglots :
«-Alors dis-le. Proclame ton innocence. Dis-moi, dis-nous tous, que tu n'as rien à voir avec les terribles événements de cette nuit !»
Un horrible silence suivit son discours. Tous les yeux étaient tournés vers Severus, qui soutenait sans ciller cette attention. Sa mâchoire était saillante, tendue, et je n'avais jamais vu autant de noirceur dans son regard. C'en était effrayant. Même Remus avait relevé la tête, les yeux rouges de larmes. Tonks avait posé une main sur le bras de son voisin, comme un soutien tacite. La colère de Sirius avait cloué le bec pourtant affirmé d'Alastor. Plus étonnant encore, Walburga elle-même s'était tue, laissant planer dans le salon un silence pernicieux. Sirius finit par briser ce long instant de battement :
«-C'est bien ce que je pensais. Tu es pitoyable, Servilus.»
Marquant la fin des remontrances, Sirius se laissa choir sur sa chaise, quelques larmes coulant encore sur ses joues, les traits marqués par un mélange de colère et de profonde tristesse.
Et Severus quitta la salle.
☆☆☆
Et les embrouilles reprennent de plus belle ! Cette fois-ci, Sirius n'y est pas allé de mains mortes et par conséquent, l'ambiance n'est pas des plus joyeuses au Square Grimmaurd... Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?
Que pensez-vous qu'il va se passer par la suite ? Qu'attendez-vous ?
Je voulais aussi remercier toutes les personnes qui ont répondu à mes questions dans la dernière partie que j'ai publiée, sachez que vos mots m'ont beaucoup touchés. Je ne sais pas quoi dire pour vous remercier, vous êtes fantastiques ♡
Passez une excellente semaine et à dimanche prochain !
*PetitKoala*
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