Chapitre 6 - Mystère & chaudrons volés

Mercredi 2 Août 1995 :

«-Oh mon Dieu ! Quand... quand je l'ai aperçu... j'ai d'abord cru... qu'il était simplement endormi. Vous savez, ce n'est pas anodin que des ivrognes s'endorment dans les ruelles par ici... mais celui-ci... oh mon Dieu ! J'ai eu beau le secouer, il ne s'est pas réveillé ! Le Seigneur en est témoin, j'ai tout essayé, mais il n'y avait rien à faire... il était déjà tout froid...»

La femme s'arrêta un moment dans son récit, parsemé de sanglots, pour renifler bruyamment. Compatissant, Remus lui tendit un mouchoir :

«-Calmez-vous, Madame, calmez-vous. Nous allons nous occuper de cet homme.»

Tandis que la femme acceptait volontiers son présent, Remus me lança un regard lourd de sens. Repoussant la nausée que je ressentais rien qu'à la mention du cadavre, je baissai les yeux sur la forme inanimée qui jonchait le sol de la petite ruelle. Il n'y avait aucun doute : nous avions bel et bien retrouvé Merwyn Connoly. Ou du moins, ce qu'il en restait. Je tournai vivement le regard, en sentant un haut-le-cœur faire tanguer le contenu de mon estomac.

La voix de Remus me fit sortir de mon malaise :

«-Je vais m'occuper de cette pauvre Moldue. Profites-en pour sécuriser le périmètre, il ne faut pas que d'autres personnes soient témoins du meurtre.»

Je hochai la tête et laissai Remus oublietter la malheureuse Moldue qui avait découvert le corps. Rejoignant l'embranchement qui reliait la petite ruelle dans laquelle nous avions retrouvé Connoly et vérifiant qu'aucun Moldu n'était dans le coin, je m'empressai de lancer un sortilège Repousse-Moldu, afin de minimiser le risque d'exposition. Je répétai l'action de l'autre côté de la ruelle, avant de retrouver Remus, qui venait d'évacuer la Moldue, non sans lui avoir auparavant effacer la mémoire. Le sorcier était penché au dessus du corps de Connoly et, quand je fus à sa hauteur, il se redressa et me tendit un objet qui ressemblait à un papier d'identité :

«-Pas de trace de sa baguette... Mais regarde un peu ça.»

Fronçant les sourcils, je m'emparai du dit objet et l'observai sous toutes ses coutures. Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant un badge du Ministère.

«-Attends... Connoly n'était pas censé être un magnat de la finance ?»

Remus hocha la tête en silence, tout aussi intrigué que moi. Je soupirai :

«-Je suppose qu'il va être difficile d'en savoir plus du côté du Ministère...

-D'autant qu'il ne vient pas de n'importe quel service. Regarde la précision au dessous de son nom.»

Je m'exécutai en silence.

«-C'est un Langue-de-plomb ? Ceux qui travaillent au Département des Mystères ?»

Une seconde fois, Remus répondit par l'affirmative.

«-Tu penses que... cette fonction secrète a un rapport avec son meurtre ?

-C'est une possibilité. Je demanderai des renseignements à Alastor et King' mais j'ai bien peur qu'ils n'en sachent pas plus que nous. Personne ne sait vraiment ce qu'il se passe au Département des Mystères.»

J'acquiesçai lentement, tout en coulant un bref regard en direction de la victime.

«-C'est Tu-Sais-Qui qui l'a tué, n'est-ce pas ? dis-je gravement.

-Peut-être pas directement mais en tout cas, c'est lui qui est derrière son meurtre, oui.

-Mais... pourquoi ? Pourquoi rester dans l'ombre depuis sa renaissance et prendre le risque de laisser un cadavre d'un magnat des finances, couplé d'un employé du Ministère apparemment, dans une ruelle de Londres ?»

D'un geste de la main, je désignai le lieu sale et sombre qui nous entourait.

«-Je ne sais pas, avoua Remus, à mi-voix, le visage plissé d'inquiétude. Tu te souviens du message laisser dans sa résidence ?

-Oui, quelqu'un lui demandait des codes, il me semble...

-C'est cela. Peut-être que ces codes ont un lien avec le Département des Mystères.»

Nous échangeâmes un regard lourd de sens. L'hypothèse de Remus paraissait justifiée... et impliquait des conséquences terribles : cela signifiait que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom s'intéressait de très près à quelque chose que possédait le Ministère.

***

Nous transplanâmes avec le corps de Merwyn Connoly en direction du 12, Square Grimmaurd. Par précaution, nous atterîmes quelques rues en amont, dissimulés par de feuillus bosquets qui bordaient la route. Remus s'empressa d'enchanter le corps d'un ingénieux Sortilège de Désillusion, puis le fit flotter à ses côtés jusqu'à ce que nous regagnâmes le Quartier Général. Le numéro 12 apparut entre les deux maisons voisines et nous y pénétrâmes sans plus attendre.

Une certaine agitation animait déjà le salon, lieu privilégié de nos réunions entre membres de l'Union du Phénix. Alors que nous n'attendions pas de monde avant le soir, où devait se tenir la prochaine assemblée, l'ancienne demeure des Black semblait, en ce début d'après-midi, être le toît d'une bonne dizaine de personnes. J'échangeai un bref regard avec mon partenaire, qui semblait aussi surpris que moi. Nous nous avançâmes dans le corridor, le corps de Connoly volant encore derrière nous, sans un bruit. Des brides de conversation parvinrent à mes oreilles, sans que je ne parvienne à leur donner du sens, parmi lesquelles : «... c'est un scandale ! Jamais nous n'aurions dû le laisser tout l'été là-bas !» ; «... le pauvre chou ! Et Dumbledore qui avait juré qu'il était en sécurité chez son oncle et sa tante !» ; «... je vais avoir sa peau, à cette crapule !». Cela n'annonçait rien de bon. Et ce n'était pas nous et notre cadavre qui allions réchauffer l'ambiance.

D'ailleurs, à peine avions-nous franchi le pas de la porte menant au salon que Kingsley releva la tête et, écarquillant les yeux à la vue du corps qui reprenait peu à peu des couleurs alors que l'effet du Sortilège de Désillusion prenait fin, soupira :

«-Ne me dîtes pas que... Oh, par Merlin ! Nous n'avons donc pas assez de soucis comme ça !»

Remus se chargea de faire un résumé concis de notre aventure, du message d'urgence que nous avions reçu en fin de matinée, jusqu'au transplanage. L'ensemble des personnes présentes autour de la table - soit la grande majorité des membres de l'Union - nous fixait d'un air fatigué.

«-Ôte ce corps de ma vue, maugréa Alastor en faisant un signe de la main dans notre direction.»

Docile, Remus s'exécuta et j'en profitai pour poser la question qui me taraudait l'esprit depuis mon arrivée ici :

«-Que s'est-il passé en notre absence ?»

Kingsley et Alastor, qui dirigeaient l'assemblée, partagèrent un regard entendu et Alastor se chargea alors de m'expliquer :

«-Harry Potter a été attaqué par deux Détraqueurs cette nuit, à Privet Drive. Cet enf... Mondingus était censé le surveiller mais il est porté disparu.»

L'Auror claqua bruyamment sa langue contre son palet, pour montrer son agacement. Un rapide regard autour de moi m'apprit en effet que le bougre n'était pas là - d'ailleurs, il manquait également Sturgis, Emmeline, Hestia, Minerva, Rubeus, Severus et Dumbledore.

La voix de Remus me fit tourner la tête dans sa direction :

«-Qu'est-ce qu'on fait ?

-Qu'est-ce qu'on fait ? répéta Sirius, incrédule. Il n'y a aucune question à se poser, on va le chercher illico presto

Il frappa la table de sa main, dans un bruit mat qui nous fit tous sursauter.

«-Calme-toi, Sirius ! lui ordonna Alastor. Tu sais bien qu'on ne peut pas agir sur un coup de tête !

-Sauf que là, c'est mon filleul qui est danger !

-Il n'y a pas que toi qui tiens à Harry, je te signale, rétorqua Molly, dont les yeux humides laissaient clairement entrevoir sa panique - la femme semblait aimer le jeune Potter comme son propre fils.»

Sirius se tourna vers Molly et lui asséna un regard noir.

Malgré son indéniable audace, le jeune homme était lui aussi sous l'emprise de l'angoisse. Je comprenais parfaitement l'importance que représentait pour lui Harry Potter, compte tenu de son sombre passé.

«-Arthur a envoyé un hibou à Harry, expliqua Molly avant que Black ne puisse renchérir quoi que ce soit. Il lui a dit de ne pas rendre sa baguette et de rester chez son oncle et sa tante, le temps de régler cet accident.

-Cet accident ? s'indigna Sirius. Ce n'était pas un accident, c'était un acte intentionnel, destiné à attenter à la vie de Harry !

-Quoi qu'il en soit, répliqua calmement Kingsley, Dumbledore est en ce moment-même au Ministère pour régler l'affaire. Tant que nous n'avons pas d'ordre de sa part, nous restons là.»

Sirius ouvrit la bouche pour rétorquer mais Remus ne le laissa pas aller plus loin :

«-Patmol, tu sais bien qu'on n'a pas d'autres choix. Qu'est-ce que tu comptes faire ? Partir toi-même à la recherche de Harry ? Tu ne feras pas un kilomètre avant de te faire arrêter ! D'autant plus si des Détraqueurs sillonnent Privet Drive ! Qu'est-ce que tu y gagnerais ?

-Je ne te laisserai pas franchir la porte de cette maison, cousin ! rétorqua Tonks en se redressant de sa chaise.»

Sirius observa tour à tour Remus et la jeune Métamorphomage avant de soupirer et de s'avouer vaincu. Le loup-garou lança un regard reconnaissant à Tonks qui lui répondit par un clin d'œil joyeux. Je vis les joues mon coéquipier s'empourprer et, si la situation n'était pas aussi critique, je me serais permise à un petit sourire malicieux.

«-Le plus important pour le moment, dit Kingsley, c'est de retrouver Ding'. Emmeline et Hestia sont déjà parties le chercher. Et pour ta gouverne, Sirius, Arabella Figg veille sur Harry à Privet Drive. Rien n'est plus primordial que la sécurité du garçon, tu le sais très bien. On ne le laissera pas au main de personnes mal intentionnées.»

Pas complètement convaincu, le Maraudeur hocha cependant la tête et resta silencieux. Kingsley se tourna ensuite vers Remus et moi :

«-Quant au corps de Connoly, on n'a pas d'autres choix que de le rapatrier au Ministère. Je garderai un œil sur l'affaire. Pour le reste, nous attendons les directives de Dumbledore.»

***

Vendredi 4 Août 1995 :

Nous reçûmes la visite du directeur de Poudlard deux jours plus tard et il nous informa, pour le grand soulagement de Sirius, que nous allions ramener le jeune Potter au Square Grimmaurd, afin qu'il y passe la fin des vacances scolaires. Il nous apprit aussi que le garçon devra se rendre à une audience disciplinaire le 12 Août et Arthur Weasley, qui avait pu se libérer de ses fonctions pour assister à la réunion, se proposa pour le conduire jusqu'au Ministère.

D'autre part, Emmeline et Hestia avaient mis la main sur Mondingus qui avait dû subir les foudres de Kingsley et Sirius, les deux sorciers ne cessant de lui reprocher d'avoir volontairement abandonné son poste de garde au profit de quelques chaudrons volés. Pour une fois, le misérable ne chercha pas d'excuse et se fit petit tout au long de l'assemblée.

La réunion s'acheva sur la désignation de ceux qui formeraient la garde rapprochée, chargée de conduire Harry Potter sain et sauf au QG. Bien évidemment, il fallut dissuader Sirius d'en faire parti et ce dernier ne tarda pas à exprimer haut et fort sa frustration à qui voulait bien l'entendre. Au final, Emmeline, Hestia, Remus, Tonks, Alastor, Kingsley, Elphias, Dedalus, Sturgis et moi fûmes sélectionnés pour réaliser cette mission de la plus haute importance. Nous agirons le lendemain, quand la nuit sera tombée.

Alors que les membres de l'Union se dispersaient, marquant la fin de l'assemblée, Dumbledore se glissa discrètement à mes côtés et dis, d'une voix si basse que je fus la seule à pouvoir l'entendre :

«-Severus n'a pas pu venir aujourd'hui. Il en est désolé.»

Je levai les yeux sur le vieil homme, mon cœur manquant de rater un battement. Était-il au courant de ma relation avec le professeur de Potions ? Pourtant, nous n'en avions jamais parlé à personne ; pas par honte, seulement car nous ne voyions pas l'intérêt de nous exposer aux yeux de tous. Dumbledore sourit malicieusement et, comme je ne disais rien, il ajouta :

«-Il est temps pour moi de rentrer. Bonne journée, Miss Lynch.»

Un furtif clin d'œil plus tard, le vieil homme avait quitté la pièce, me laissant abasourdie.

Quand j'en parlai à Severus le lendemain, il nia l'en avoir informé et supputa que le vieux sorcier l'avait compris de lui-même, parce qu'après tout, Dumbledore savait tout - ou du moins, beaucoup de choses. Il se montra bien moins bavard lorsque je lui demandai les raisons de son absence, se contentant se grommeler : «une mission en parallèle de vos actions au sein de l'Union, ne t'en fais pas». Bien sûr que je m'inquiétais pour lui mais, lui faisant confiance, je me contentai de nicher ma tête au creux de son cou et il déposa un baiser sur le sommet de mes cheveux.

***

Samedi 5 Août 1995 :

Je n'avais jamais été très à l'aise en balai, et ce malgré mes racines de sportif. Cependant, j'avais côtoyé mon cousin assez régulièrement durant l'enfance et féru de Quidditch qu'il était, nous avions passé de nombreuses heures à jouer sur des balais, aussi, je possédais quelques bases qui me permirent de tenir tête le long de notre périple jusqu'à Privet Drive. En cette nuit du 5 Août, l'air était agréable et le ciel plutôt dégagé, ce qui n'était pas forcément optimal pour voler discrètement au dessus d'habitations moldues.

Ce fut Tonks qui eut l'idée d'envoyer une lettre à l'oncle et la tante de Harry Potter, stipulant qu'ils étaient finalistes du concours national de la plus belle pelouse de banlieue et qu'ils devaient, de ce fait, assister à la remise des prix. Visiblement, cela avait fonctionné puisque, quand nous arrivâmes devant le numéro 4, Privet Drive, plus aucune voiture n'était garée devant la maison. Kingsley félicita la jeune recrue, dont les cheveux prirent une jolie teinte rose, avant de reprendre leur couleur violette.

La maison dans laquelle nous pénétrâmes collait en tout point au cliché de ces maisons de banlieue, s'alignant, identiques, sur le bord de la route et arborant toute une pelouse verdoyante, bien qu'ayant souffert de ces dernières sécheresses. Alastor nous indiqua de fouiller toutes les pièces de la maison sans un bruit, au cas où une personne indésirable était encore dans la demeure.

Nous finîmes par trouver le jeune Potter à l'étage, dans une petite chambre sombre. Il avait beau avoir tout juste quinze ans, être gringalet et intimidé par tous les regards qui convergeaient vers lui, il n'en restait pas moins une légende, dans notre monde, et j'avouai que le voir en vrai m'impressionnait. Je n'étais pas la seule d'ailleurs : Elphias ne le lâcha pas une seule seconde des yeux et Dedalus se montra très excité quand il lui serra la main, alors que Remus faisait les présentations. J'adressai un petit sourire à Harry quand vint mon tour et il me le rendit maladroitement. Il avait de jolis yeux verts en amande, un visage plutôt harmonieux, des cheveux noirs en bataille et la fameuse cicatrice en forme d'éclair en haut de son front. Alastor et Remus lui expliquèrent brièvement la situation et, après qu'Alastor eut nettoyé son œil magique - Tonks ne se gêna d'ailleurs pas à lui faire remarquer que le spectacle n'était pas des plus plaisants - et qu'Harry eut fait ses valises, nous nous agglutinâmes dehors pour attendre le signal.

Mondingus sillonnait en effet au même moment les alentours et devait nous informer si la voie était libre, afin de minimiser nos risques d'exposition. À peine Alastor eut-il fini de nous donner ses dernières directives que des étincelles rouges apparurent dans le ciel, suivies quelques secondes plus tard par d'autres paillettes vertes.

Il était temps de rentrer au QG.

☆☆☆

Helloooo !

Je dirais que ce chapitre n'est pas des plus passionnants mais j'espère qu'il vous a quand même plu ! Celui de la semaine prochaine s'annonce un peu plus "pimenté"... il faudra vous armer d'un peu de patience jusque là !

Eeeeet aussi, il se peut que vous receviez une 'tite notif dans le courant de la semaine, alors ouvrez l'œil ^^

Allez, d'ici là, passez un bon dimanche & une bonne semaine ♡

*PetitKoala*

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