Chapitre 6 - La Gazette

Vendredi 11 Septembre 1987 :

D'ailleurs, ce ne fut pas non plus dans les jours, ni dans les semaines qui suivirent. Rogue m'évitait comme l'Eclabouille et ne m'avait plus adressé la parole depuis notre «conversation» dans la salle des professeurs. Et, à dire vrai, j'avais été très occupée par ces semaines. Tout d'abord par les cours, qui s'enchaînaient à une vitesse ahurissante. Et ensuite, par d'autres évènements qui animèrent Poudlard et me tirèrent de mes sombres pensées et préoccupations.

J'assistai ainsi à mon premier match de Quidditch : Gryffondor contre Serdaigle. L'ambiance dans le stade était à la fois explosive et compétitive. Les tribunes hurlaient à plein poumons, surtout la rouge-et-or et la bleue-et-bronze, les élèves avaient revêtus des vêtements à l'honneur de leur maison et semblaient plus fiers que jamais de leur affiliation. Même du côté des professeurs, l'excitation animait les rangs. Minerva et Filius se menaient une guerre sans merci (mais amical) depuis l'annonce des équipes qui joueraient. Ils avaient insisté pour que chaque professeur choisisse un camp et les perdants devraient ainsi payer une Bièraubeurre aux gagnants lors de la prochaine sortie à Pré-Au-Lard. J'étais du côté de Minerva, plus pour mon amitié avec la femme que pour le soutien de Gryffondor. Lorsque le match démarra, ce fut sous une ovation magique, digne d'une Coupe du monde et, à côté, les coups de sifflet de Renée Bibine, qui arbitrait, étaient ridicules. Le match dura trois heures et aucune équipe ne faiblit. Les poursuiveurs enchaînaient les buts, les batteurs enchaînaient les coups, les gardiens enchaînaient les arrêts et les poursuiveurs enchaînaient les courses-poursuites. Jusqu'à la fin, le suspens quant aux gagnants fut conservé, les points étant très serrés entre les deux équipes : 70 à 50 pour les Gryffondors. À chaque Souaffle passant dans un anneau, c'était une explosion de cris qui prenait l'ensemble du stade et je dus dire que ces trois heures furent exceptionnelles pour moi. Finalement, ce fut les Serdaigles qui l'emportèrent avec une ultime course-poursuite entre les deux attrapeurs, qui se solda sur un attrapage in-extremis du Vif-d'Or par le joueur bleu. Le jeu se termina donc avec un score de 200 à 70 pour les Serdaigles, pour le plus grand bonheur de la maison de l'aigle qui hurla sa joie pendant plusieurs jours durant. Filius était aux anges, quand McGonagall avait encore du mal à accepter la défaite. Finalement, ce fut sur une sympathique sortie aux Trois-Balais autour de Bièraubeurres succulentes que nous conclûmes le marché.

***

Samedi 31 Octobre 1987 :

En dehors du Quidditch, ce fut la célébration d'Halloween qui m'occupa aussi l'esprit pendant plusieurs jours. Le chateau avait été décoré en conséquence et le résultat était impressionnant. Des citrouilles avaient été disposées aux quatre coins de la Grande Salle, tandis que des chauves-souris survolaient le haut-pafond. Le repas à thème fut mémorable, tant il était délicieux : potage de potiron, viande en sauce, pudding aux couleurs d'Halloween, patacitrouilles à foison... Les élèves et les professeurs étaient plus unis que jamais et rien ne semblait pouvoir perturber le bonheur et la paix qui avaient envahis le chateau.

***

Samedi 19 Décembre 1987 :

Rien... jusqu'à ce jour où, comme n'importe quel autre, je m'installai tranquillement dans la salle des professeurs pour travailler. Les décorations de Noël avait succédés à celles d'Halloween et les vacances avaient vidé le château. Ne restaient dans les couloirs qu'une trentaine d'élèves qui ne demandaient pas autant d'attention que lorsque Poudlard était complet. C'était le début des vacances et les fêtes de fin d'années arrivaient à grand pas. J'avais reçu une lettre de mes parents qui m'informaient qu'ils étaient bien arrivés en France et espéraient que tout aille pour le mieux de mon côté. Ce n'était pas que du côté des élèves que le vide se faisait ressentir : une partie des enseignants avaient quitté le château pour rejoindre leur famille, c'était notamment le cas de Pomona, Filius et Quirinus. Ainsi, quand je m'assis à la table de la salle desprofesseurs en ce jour, il n'y avait que Rogue, Septima, Silvanus et Bathsheda qui étaient occupés alors que d'ordinaire nous étions plus nombreux. J'étais concentrée sur mon cours des Maléfices et Contre-sorts que j'allais entamer avec mes quatrième années à la rentrée, quand Minerva entra dans la salle des professeurs, une expression inquiète sur le visage. Je levai les yeux de mes notes et constatai qu'elle tenait un numéro de la Gazette des Sorciers à la main.

«Quelque chose vous tracasse, Minerva ? demanda Silvanus en s'approchant de la sorcière, dont le teint avait viré au pâle.»

Je refermai mon manuel de Défense Contre les Forces du Mal et me levai à mon tour, alertée par le comportement étrange de Minerva. Pour toute réponse, cette dernière posa la Gazette au centre de la table et pointa du doigt un article précis, que Silvanus se mit à lire à voix haute :

«LE RETOUR DES FORCES DU MAL ?

Un correspondant en direct de la prison d'Azkaban nous livre aujourd'hui son verdict : cinq mages noirs incarcérés à la suite de meurtres et usage de Magie Noire ont réussi à échapper aux griffes des Détraqueurs. L'ensemble des Aurors dépêchés par le Ministère sillonnent le pays à la recherche de ces ex-Mangemorts. Malheureusement, ce n'est pas la seule mauvaise nouvelle à déplorer : selon des sources, ces ex-Mangemorts se seraient regroupés pour former une unité discidente dont le but ultime serait la renaissancede Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Interrogée, la Ministre de la Magie, Mme Bagnold, refute automatiquement de telles rumeurs : «C'est simple, Vous-Savez-Qui a été vaincu, il est mort et ne reviendra pas», a-t-elle déclaré aux journalistes pas plus tard qu'hier. Autre information et non des moindres : ce groupe serait à la recherche de tous les ex-Mangemorts qui travaillaient anciennement sous les ordres de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom.

Si vous connaissez certaines personnes pouvant faire partie du réseau ou susceptible de le rejoindre, merci de contacter le centre d'Aurors le plus proche ou contacter au plus vite le Ministère de la Magie.Toute information est bonne à prendre.

Betty Braithwaite, journaliste à la Gazette du Sorcier, article datant du samedi 19 Décembre 1987.»

Un long silence accueillit cette lecture, durant lequel chacun assimilait les informations choc de ce début de journée. Ma famille avait déménagé en France dans les années 60s, c'est-à-dire durant les années où régnaient sur le monde des sorciers Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom et ses Mangemorts. Ainsi, je n'avais jamais connu cette peur d'être attrapée par les Mages Noirs et mourir dans d'atroces souffrances. Quand Vous-Savez-Qui eut disparu, nous décidâmes de retourner en Angleterre. Jamais je n'aurais pu pensé que la sécurité du monde des sorciers soient de nouveau compromis, mais l'article sonnait tout comme. Et si tous les ex-Mangemorts étaient rappelés à leurs anciens services...

Je tournai machinalement la tête vers Severus Rogue, qui n'avait pas bougé de sa place, alors que nous autres nous étions regroupés autour de Minerva. Je croisai une demi-seconde son regard mais cela suffit à accroître mes doutes les plus profonds. Et s'il en faisait parti ? Et s'il décidait de les rejoindre ? Dans ce cas, il mettait en danger Poudlard. Ses yeux sombres se détachèrent de moi qu'une fois que j'eus détourné le regard. Il n'avait pas cillé, pas bronché. Il semblait imperturbable et c'en était perturbant. Cette fois, ça ne faisait plus aucun doute : il cachait quelque chose.

***

La journée fut mouvementée par la nouvelle. Les élèves présents à Poudlard avaient visiblement appris les informations et élaboraient des théories en tout genre sur le réseau en question. En tant qu'adultes, nous dûmes calmer les tensions et, en tant que professeur des Défenses Contre les Forces du Mal, je pris partie d'organiser une réunion avec tous les étudiants présents afin de les rassurer du mieux que je pouvais sur la situation. Je ne manquai pas de leur rappeler que les Aurors sillonnaient le monde et que ça ne faisait aucun doute qu'ils allaient attraper les mages noirs. Je conclus sur un «Poudlard est le lieu le plus sûr de Grande-Bretagne et tant que Dumbledore est parmi nous, vous n'avez rien à craindre.» qui parut soulager les troupes. Mais tout de même, chacun guetta les prochains numéros de la Gazette afin de se tenir au courant des avancés des Aurors. Le lendemain, donc, nous nous jetâmes presque sur le journal qu'apporta Argus Rusard mais le numéro ne nous apprit pas grand chose de plus, si ce n'était que les recherches continuaient. L'inquiétude m'avait gagnée et ne me quittai plus, pas plus que ma théorie sur le professeur Rogue. Je ne cessai de me torturer l'esprit sur ce que je devais faire, si je devais prévenir quelqu'un ou non. Finalement, après une journée d'incertitudes, je finis par prendre une décision : j'allais interroger moi-même Severus en fin d'après-midi afin d'avoir le coeur net sur ses affiliations hors de Poudlard. Je finirai bien par percer sa couverture et je pourrais alors agir enconséquence.

Je me rendis donc aux alentours de dix-sept heures dans les cachots, le chemin commençant à me paraître familier. Je ne croisai pas Peeves cette fois-ci et c'était tant mieux car, depuis que la neige avait recouvert le château, l'esprit-frappeur n'en manquait pas une pour nous bombarder de boules de neige, élèves et professeurs confondus. Arrivée devant la porte de la salle des Potions, je toquai mais personne ne vint m'ouvrir. J'attendis une minute et tendis l'oreille ; aucun bruit de venait de la pièce. Suspicieuse, j'activai la poignée mais la porte resta close alors, je sortis ma baguette et, après avoir regardé dans le couloir pour voir si j'étais seule, je murmurai, en pointant l'objet en direction de la serrure :

«-Aloho...

-Vous cherchez quelque chose, Miss Lynch ?»

La voix qui s'éleva derrière moi me fit sursauter et je fis volte-face, en brandissant par réflexe ma baguette vers l'inconnu. Heureusement pour moi, ce n'était pas Severus Rogue. Malheureusement, c'était l'affreux fantôme de la maison Serpentard, qui me toisait de la tête au pied avec son regard dément. Désemparée, je baissai ma baguette et balbutiai :

«-Heu... non, je... ce n'est pas...»

Puis, après une longue inspiration, je repris, plus calmement :

«-Je cherche le professeur Rogue. Je pensais le trouver ici mais visiblement, il n'y est pas. Auriez-vous une idée d'où il se trouve, Monsieur... heu... le Baron ?»

Le fantôme me dévisagea avec insistance avant de répondre, d'une voix grinçante :

«-Vous ne le trouverez pas à Poudlard.

-Comment ça ? demandai-je, intriguée.

-Il est parti, il y a à peine deux heures. Une affaire urgente à régler.»

Sur ce, le Baron Sanglant fit demi-tour et glissa hors de ma vue, me laissant devant une porte fermée à clef, plus intriguée que jamais.

☆☆☆

*PetitKoala*

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