Chapitre 5 - Nox
Dimanche 06 Septembre 1987 :
Me tournant une énième fois sur mon matelas sans parvenir à fermer l'œil, je finis par abandonner l'idée d'avoir une bonne nuit de sommeil et m'assis sur le bord du lit, l'esprit plein à craquer. Et parmi les multitudes de pensées qui s'accumulaient dans ma tête, la majorité d'entre elles concernaient une seule et même personne : Severus Rogue. Pourquoi agissait-il si froidement avec moi ? Je l'avais observé durant cette première semaine et, s'il n'était pas très ouvert avec les autres professeurs, il ne passait pas son temps à les fuir délibérément.Qu'est-ce qui me valait ce comportement ? Mais surtout, quel secret cachait-il ? Et quelle était cette marque sur son avant-bras ?J'avais bien une idée là-dessus, mais tentai par tous les moyens de la repousser au fond de moi. Non, Dumbledore n'était pas aussi dupe, il ne tolérerait pas une personne comme ceci au sein de Poudlard. Mais alors, quoi ? Même trois jours après le cours de duel, je ne parvenais pas à chasser l'image de mon esprit.
Je me levai et rejoignis le lavabo pour me passer le visage à l'eau. Cela me permit de me remettre l'esprit en ordre, mais malheureusement pas assez pour me donner envie de dormir. Alors que je m'apprêtais à regagner mon lit, n'ayant rien de mieux à faire, j'entendis des pas non loin de la porte de ma chambre. Curieuse, je fis demi-tour et m'approchai de la sortie.
Prudemment, j'entrouvris la porte, juste à temps pour voir disparaître dans un couloir un pan de cape noire. Rogue. Ne dormait-il donc jamais ? Que diable manigançait-il à cette heure ?Piquée par la curiosité - qui était l'un de mes plus gros défauts - je m'emparai de ma baguette et enfilai une veste puis me glissai hors de la chambre. Le temps que je rejoigne le couloir où il avait disparu, Rogue devait déjà être loin, trop loin pour que je le suive au bruit de ses pas. Loin de me laisser abattre, je pris la direction des cachots, étant presque sûre de le trouver là-bas. Je ne savais pas vraiment ce dans quoi je m'engageais mais, une chose était certaine, ce sorcier m'intriguait et je devais comprendre ce qu'il cachait. Après tout, personne n'était infaillible.
Cinq minutes plus tard, je gagnai la section du château qui abritait les cachots, reconnaissable à la froideur dégagée par les lieux. Désormais, la luminosité n'était que moindre car plus aucune fenêtre ne donnait sur l'extérieur. Frissonnant dans ma fine veste, je brandis ma baguette et murmurai :
«-Lumos !»
Une boule de lumière argentée jaillit de ma baguette et éclaira le couloir dans lequel je me trouvais, assez pour me permettre de continuer sans risquer de me blesser. Après avoir descendue de quelques étages, je parcourus plusieurs corridors, tous aussi lugubres les uns que les autres. Franchement, il fallait être sacrément maussade pour aimer passer du temps dans un endroit pareil ! Et apparemment, c'était le cas de Severus...
Soudain, un bruit provenant de quelque part devant moi me fit stopper. Je tendis l'oreille, prête à faire demi-tour si le besoin s'en faisait sentir. C'était une voix, une voix qui chantait. La distance qui me séparait d'elle ne me permettait pas de comprendre les paroles entonnées. Par mesure de prudence, je baissai ma baguette en soufflant :
«-Nox !»
Je me retrouvai ainsi dans une obscurité quasi-totale, à guetter les mouvements en face de moi. Il ne faisait aucun doute que la voix s'approchait de moi. Sentant la panique me gagner, je reculai hasardeusement avant de me décider à me dissimuler dans un renfoncement offert par le mur non loin de là. Il ne restait plus qu'à espérer que personne ne me surprendrait là car, même si le statut de professeur me donnait le droit de circuler librement à toute heure de la jorunée, j'aurais un peu plus de mal à expliquer ce que je faisais cacher dans un couloir menant aux cachots à deux heures du matin. Bloquant ma respiration, je gardai les mains vissées sur ma baguette, juste au cas où. Ce fut presqu'avec soulagement que je reconnus l'esprit-frappeur de Poudlard quand il passa devant moi, sans me voir. Peeves, sans se soucier du bruit qu'il faisait, erra un moment dans les cachots, en braillant une chanson de son invention, quelque chose comme :
«Poudlard,
Poudlard,
Pou-de-lard,
Avec Dumby et ses amis,
On y travaille et on y rit,
C'est Poudlard,
Poudlard,
Pou-de-lard
Avec McGo et ses potos,
On brandit nos baguettes bien haut...»
Je ne cherchai pas à en comprendre le sens et attendis quelques minutes après son passage, afin d'être sûre qu'il n'allait pas revenir. Quand sa voix ne fut plus qu'un son lointain, je sortis de ma «cachette» et continuai mon escapade, sans lumière cette fois-ci, me guidant uniquement de mes souvenirs de la dernière nuit. Ce fut donc tant bien que mal que je réussis à retrouver le chemin jusqu'à la salle de classe duprofesseur Rogue. Je souris en voyant le mince filet de lumière qui émanait de la dite-pièce, contente de constater que j'avais vu juste. À pas de velours, je m'approchai jusqu'à ce que je puisse voir à l'intérieur de la salle, grâce à la faible ouverture de la porte. Severus se trouvait au centre de la salle et il avait la tête penchée sur... son avant-bras. Il était de profil par rapport à moi et son bras droit cachait l'avant-bras gauche qui semblait le préoccuper. Cette vision ne fit qu'accroître mes doutes le concernant. Sinon quoi ? Quoi d'autre que... ? Je reculai d'un pas. Non, non. Je ne pouvais pas admettre ceci aussi facilement. Je devais faire fausse-route, il y avait forcément une autre explication.
Quelques minutes après, il rabattit violemment sa manche et je vis sur son visage blème une expression de trouble. Il commença à faire les cent pas dans la salle, slalomant entre les tables, furieux. Qu'est-ce qui le mettait dans un état pareil ? À un moment, il disparut de mon champ de vision, qui se limitait à l'interstice s'ouvrant entre la porte et le mur, puis réapparut cinq secondes après, un bocal à la main. Avant que je n'eus le temps de me préparer à un tel vacarme, il lança le récipient à travers la pièce et ce dernier alla s'exploser contre un mur, une gerbe de verre s'élançant tout autour. J'eus beau porter une main à ma bouche, le cri de surprise était parti tout seul.
D'un geste sec, Rogue tourna la tête dans ma direction. À l'instant où ses yeux croisèrent les miens, je ne pus me résoudre à bouger. Tant de fureur en une seule personne... Son expression glaciale me cloua sur place et ce fut quand il s'avança à grandes enjambées vers moi que je retrouvais mes forces pour partir. Je fis demi-tour et rejoignis mon lit en un temps record, le regard meurtrier de Rogue encore gravé dans ma rétine et le cœur battant au rythme de la cantique de Peeves.
***
Lundi 07 Septembre 1987 :
Le lendemain matin fut accompagné d'un réveil difficile pour moi. Je n'avais que très peu dormi cette nuit, trop angoissée à penser aux conséquences que mon escapade nocturne pourrait avoir dans le futur. Et si Rogue me dénonçait à Dumbledore ? Et si j'étais renvoyée pour cela ? Ce fut donc la boule au ventre que je rejoignis la salle des professeurs ce matin et je dus prendre sur moi quand je vis que Rogue avait déjà pris place dans la pièce. D'abord déboussolée, je finis par m'avancer dans la pièce. Minerva et Pomona me saluèrent avec un sourire mais Severus ne m'accorda pas même un regard. En réalité, je semblais être le cadet de ses soucis. Il était penché sur un livre, le visage plus pâle encore que les jours précédents et l'expression fermée.
Sans réfléchir, je m'avançai vers lui, ignorant la panique qui gagnait mon esprit.
«-Bonjour, Severus, dis-je d'une voix que je voulais calme mais qui tremblait malgré moi.»
Le concerné ne prit même pas la peine de me regarder. J'inspirai longuement avant de pouvoir reprendre :
«-Je me disais... enfin, j'ai une classe de deuxième année cette après-midi et je souhaiterai recommencer une séance du duels. Peut-être pourriez-vous... assister au cours ?»
Il y eut un long silence, pesant pour moi, et je retenai ma respiration, prête à encaisser je-ne-savais quel reproche que semblait m'attribuer Rogue. Mais non. Sans lever la tête de son livre, il souffla, d'une voix à peine perceptible :
«-Je suis navré, mais ça sera sans moi. J'ai à faire.»
A la fois déçue et surprise, je restai silencieuse, ne sachant comment enchaîner la conversation. Finalement, ce fut Filius qui me sortit de mon malaise et lança, jovial, de sa voix suraigüe :
«-Je n'ai pas cours cet après-midi. Je suis à votre disposition, si vous le souhaitez, Elladora !»
Je levai la tête vers le petit professeur qui se tenait debout sur sa chaise, un sourire sincère aux lèvres. Je lui rendis son sourire et le remerciai pour sa proposition.
Ce ne sera pas aujourd'hui que je percerai le secret du Maître des Potions...
☆☆☆
*PetitKoala*
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