Chapitre 43 - Chaudron Baveur & co
Samedi 27 Août 1988 :
«-Monsieur Lupin, quelle surprise ! Cela fait bien longtemps que je ne vous ai pas vu traîner dans le coin. Qu'est-ce qui vous emmène ici ? Et qui est cette jeune femme qui vous accompagne ?»
Le sorcier chauve et courbé qui nous avait accueilli lorsque Remus et moi sommes entrés dans l'enseigne du Chaudron Baveur me gratifia d'un sourire que je lui rendis poliment. Le sorcier à mes côtés serra la main du serveur - le connaissant visiblement bien - avant de lui répondre, de sa voix posée qui mettait n'importe qui en confiance :
«-Je suis content de vous revoir, Tom. En effet, cela fait un bon moment que je n'ai pas mis les pieds ici... j'étais occupé ailleurs. Je te présente Elladora Lynch, une... amie à moi.»
Le dénommé Tom m'adressa un bref signe de tête avant de demander soudainement, me dévisageant de la tête au pied, comme s'il s'était rendu compte tout d'un coup d'un élément important :
«-Lynch, comme Aiden Lynch ? Le fameux joueur de Quidditch ?
-Oui, c'est mon cousin, confiai-je d'une voix machinale, ayant l'habitude que l'on me fasse ce genre de réflexion lorsque je me présentais à de nouvelles personnes.»
Tom siffla d'admiration, puis reporta son attention sur Remus :
«-Je vous sers quelque chose ? Jus de citrouille ? Vin de sureau ? J'ai une nouvelle recette d'hydromel aux épices qui vaut le détour...»
Remus balaya toutes ces propositions d'un revers de main :
«-Non, je suis navré, nous ne faisons que passer. Nous devons nous rendre sur le Chemin deTraverse.»
Comme le serveur paraissait un peu déçu, le sorcier ajouta :
«-Mais nous nous ferrons un plaisir de commander un verre une fois notre excursion terminée, Tom !
-Bien, bien. Je n'ai pas besoin de vous montrer le chemin...»
Le vieux sorcier désigna la porte menant à l'arrière-cour de la main et inclina brièvement la tête en signe d'au revoir, avant de reporter son attention sur le service. Remus me mena jusqu'à l'arrière du bâtiment et nous nous retrouvâmes devant un mur de brique. Pendant qu'il sortait sa baguette pour ouvrir le passage menant au Chemin de Traverse, je demandai, curieuse :
«-Vous semblez bien vous connaître, le serveur et toi.
-Effectivement, dit Remus en tapotant une brique du bout de sa baguette. Durant ma scolarité à Poudlard, il m'est souvent arrivé de passer du temps au Chaudron Baveur avec... mes amis. À la fin de ma septième année, le propriétaire m'a proposé un emploi dans le pub. J'ai dû refuser, tu sais... au cause de ma condition...»
Je hochai la tête. Le mur de brique laissa bien vite place à une large entrée qui menait à une rue animée et peuplée. En cette période de fin de vacances scolaires, la plupart des familles d'étudiants à Poudlard avait décidé de venir acheter leurs matériels et c'était à peine si l'on voyait les devantures des magasins, tellement une foule de sorciers se pressait sur les dalles en pierre. Nous nous faufilâmes parmi les gens, Remus me guidant car je ne connaissais que très peu les lieux, n'y ayant mis les pieds qu'occasionnellement pour faire quelques achats avant mon entrée à Poudlard, il y avait un an. Je me concentrai pour suivre le rythme de Remus, ne laissant que peu divaguer mon regard, de peur de le perdre de vue. Pourtant, les choses à observer ne manquaient pas : quand ce n'était pas le dernier modèle de balai fièrement exhibé en vitrine, c'était le tout nouveau chaudron ultra-résistant, les réductions sur les plumes et les parchemins, ou encore la collection "spéciale rentrée" de robes et accessoires, signée Mme Guipure.
Quelques minutes plus tard, nous bifurquâmes dans une ruelle adjacente, où nous fûmes aussitôt à l'abris de la foule. Là, plus personne ne traînait des pieds, criait, riait ou s'exaltait sur tel ou tel produit. Un petit panneau sombre indiquait que nous nous trouvions actuellement sur "L'ALLEE DES EMBRUMES". A ce moment, Remus me glissa à l'oreille, dans un murmure :
«-Tu sais, je n'aime pas trop l'idée d'aller rechercher un interprête de Gobelbabil ici, mais je suppose que nous n'avons plus tellement le choix...»
J'acquiesçai en silence, n'étant moi-même pas très enthousiaste. Seulement, l'Union avait déjà fait le tour de nombreux contacts et aucun d'eux ne semblait en mesure de nous traduire ce fichu morceau de parchemin. D'un pas prudent, nous longeâmes la rue quasiment déserte, si l'on excluait les quelques sorciers aux apparences douteuses qui traînaint si et là et, à la vue des bâtiments dépravés et recoins sombres, je me fis la remarque que cette mission aurait été parfaite pour Mondingus Fletcher - un habitué de ce type d'endroits débauchés - s'il n'avait pas été occupé ailleurs. Finalement, nous stoppâmes notre marche devant une vitrine crasseuse qui portait l'inscription "BARJOW & BEURK". Nous échangeâmes un regard entendu, puis Remus entra dans la boutique, tandis que j'allais à sa suite. L'intérieur allait de paire avec la devanture, sombre et miteux, et exposait des objets tout aussi étranges les uns que les autres, parmi lesquels je reconnus une Main de la Gloire, des ossements humains et des livres de Magie Noire. Une voix retentit de derrière le comptoir :
«-Que puis-je faire pour vous ?»
Un homme entre deux âges aux épaules voutées surgit de l'arrière-boutique pour nous faire face. Sa voix était grinçante et peu accueillante et il ne prit même pas la peine de nous sourire. Encore une fois, je laissai Remus engager la conversation :
«-Bonjour, M. Beurk.
-Je vous connais, vous ! s'exclama le sorcier accoudé au comptoir en fixant Remus d'un regard perçant que le jeune sorcier prit soin de soutenir.
-Heu..., commença Lupin, un peu destabilisé.
-Si, si. Vous et vos amis... vous êtes venus ici il y a quelques années...
-Mmmmh... c'est bien possible, finit par admettre Remus, ses joues se teintant de rouge quand je l'interrogeai du regard.
-Ce Potter... toujours accompagné de Black... quel destin tragique, vraiment..., marmonna le vendeur d'un ton faussement touché.»
Intriguée par les brides d'informations que j'apprenais au sujet de mon collègue, j'ouvris la bouche pour le questionner mais il murmura :
«-Plus tard.»
Puis, se tournant vers Beurk, il demanda, d'une voix claire :
«-Je me demandais si vous saviez déchiffrer le Gobelbabil. Voyez-vous, j'ai déniché chez moi un vieux manuscrit entièrement rédigé dans cette langue et, depuis, je cherche désespérement un interprête.»
Si Beurk ne crut pas au mensonge du sorcier, il n'en fit rien paraître et se contenta de marmoner :
«-Caractacus savait parler le Gobelbabil... bien pratique pour les affaires... mais ce n'est pas mon cas, malheureusement.
-Merci quand même, dit poliment Lupin avant d'esquisser un mouvement vers la porte.
-En revanche, je connais quelqu'un qui pourrait vous aider...»
Remus s'immobilisa et haussa un sourcil, à l'écoute.
«-Un petit supplément financier pourrait peut-être m'aider à me rafraîchir la mémoire, sursurra Beurk, un affreux sourire lui barrant le visage.»
Remus retourna ses poches à la recherche de quelques Mornilles et, voyant qu'il sortait bredouille de cette recherche, je courus à son secours et deposai un joli somme sur le comptoir.
«-Elladora..., commença Lupin.
-Laisse, lui ordonnai-je. Donnez-nous le nom de la personne, maintenant.»
Beurk me dévisagea un moment du regard puis, s'emparant des pièces déposées sur le comptoir, dit :
«-M. Jenson, un apothicaire. Vous le trouverez sur le Chemin de Traverse.»
Sur ce, il glissa l'argent dans sa poche et disparut à nouveau dans l'arrière-boutique. Nous quittâmes avec empressement le magasin, dont l'ambiance lugubre commençait à devenir pesante et, sans un mot, nous regagnâmes le Chemin de Traverse. Une fois que nous fûmes de nouveau pris dans la foule, je demandai :
«-Alors comme ça, tu connaissais James Potter ? Le père du célèbre Harry Potter ?»
Remus mit un certain temps à me répondre :
«-Mmm, oui. C'était un très bon ami.
-Je suis désolée.»
Cette fois-ci, il ne répondit pas et, ne sachant pas comment engager de nouveau la conversation, nous continuâmes le chemin en silence. Quelques minutes plus tard, Remus pointa du doigts une petite boutique, mitoyenne avec une papeterie - qui, au vue de sa devanture, faisait de grosses réduction de parchemin - et était ornée d'une petite bannière qui disait "APOTHICAIRE - ALBERIC JENSON". Nous nous approchâmes du magasin.
«-Nom d'un Murlap, jura Remus en lisant le petit écriteau placardé sur la porte d'entrée.
-"Fermé pour congé annuel", je lus à voix haute. Et bien, ce n'est pas notre jour de chance...»
Nous fûmes donc contraints de rebrousser chemin, avec un nom, mais toujours pas d'interprête en chair et en os.
***
«-Un vin d'ortie pour moi, commanda Remus.
-Et pour madame ?
-Ce sera un Rhum groseilles.
-Parfait.»
Tom fit demi-tour pour préparer notre commande, tandis que Remus déposait son manteau sur la chaise voisine.
«-Remus, débutai-je un peu maladroitement. Je ne voudrais pas remuer le couteau dans la plaie, mais... j'aimerais bien en savoir un peu plus sur ta scolarité à Poudlard. Je veux dire, mis à part ton amitié avec James Potter.»
Le concerné me fixa un long moment et je lus dans ses yeux une hésitation. Finalement, il soupira et m'expliqua, quelque peu nostalgique :
«-Je suis entré à Poudlard en1971 où je fus envoyé à Gryffondor. Bien vite, je me suis lié d'amitié avec James... mais aussi avec deux autres Gryffondors,Peter Pettigrow et... Sirius Black.
-Black ? répétai-je, tu veux dire...
-L'homme qui a été conduit à Azkaban en 1981, oui. Je... nous étions très proches, tous les quatre, rien ne semblait pouvoir nous séparer... merci, Tom, glissa-t-il lorsque le serveur nous amena nos commandes.»
Il but une gorgée de vin et je fis de même avec mon Rhum groseilles, qui s'avéra délicieux, quoiqu'un peu acide. Remus continua :
«-On se faisait appeler les Maraudeurs. James était Cornedrue, Sirius Patmol, Peter Queudver et moi Lunard.»
Je m'exclaffai :
«-Quelle imagination ! D'où est-ce que vous avez tiré vos surnoms ?
-L'origine du mien n'est pas si compliquée à deviner, quant aux autres... cela venait de la forme qu'ils prenaient quand ils se transformaient. Ils étaient des Animagi.
-Des Animagi ? Si jeunes ?
-James et Sirius étaient brillants. Ils l'ont fait pour pouvoir me soutenir lors des pleines lunes.»
Je lui souris en sirotant mon Rhum, alors que je voyais une myriade d'émotions traverser les yeux du jeune sorcier. À cet instant, malgré son jeune âge, il paraissait vieux, usé par la vie et triste et je ne trouvai aucun mot pour le réconforter. Il continua de parler - les mots semblaient sortir instinctivement de sa bouche désormais :
«-J'ai sûrement passé les meilleures années de ma vie avec eux. Avant Poudlard, je n'avais aucun ami, personne à qui parler. Les gens me fuyaient à cause de mes cicatrices, mes parents n'osaient plus me regarder dans les yeux. Avec James, Peter et Sirius, c'était différent. Je me sentais enfin entier, moi-même. Je n'avais plus honte de ma condition, on en riait même. Poudlard a été bien plus qu'une maison pour moi, mais une véritable famille. Et par Merlin, je n'ai jamais autant fait de bêtises de toute mon existence !»
Il eut un rire sincère et cela me fit chaud au coeur.
«-Se rendre à Barjow & Beurk en faisait parti ? demandai-je, d'un air malicieux.
-Oui. Nous... fabriquions une carte, à l'époque. Une carte de Poudlard, qui indiquait les passages secrets, les salles de classe, mais aussi ses habitants et leur déplacement. Nous avions besoin d'un livre qui ne se trouvait pas à Poudlard, un livre pas très recommandé pour être honnête, et nous n'avions pas accès à la Réserve : James et Sirius étaient bien trop turbulents pour qu'un professeur ne les autorise à y pénétrer, Peter était bien trop réservé et moi... je tenais trop à mon badge de préfet. Je ne suis pas sûr que l'acheter sur l'Allée des Embrumes était plus sage d'ailleurs. Mais rien n'effrayait Cornedrue et Patmol.
-Et cette carte, où est-elle maintenant ?
-Confisquée, dans le bureau de Rusard, il me semble. Peut-être même détruite. Elle fut néanmoins bien pratique, surtout lors de nos escapades au clair de lune.»
Il se tut, reprit une gorgée de vin d'ortie avant de s'humecter les lèvres. Je posai une main sur la sienne avant de dire :
«-Je suis vraiment désolée pour ce qui est arrivé par la suite. Sincèrement. Tu ne le méritais pas. James et Peter non plus.
-J'aurais dû le voir... pas un moment, je ne me suis douté que Sirius pouvait...»
Il ne termina pas sa phrase, profondément touché. Je resserrai mon emprise sur sa main, sans un mot, à court de réconfort. Il finit par se ressaisir et poursuivit, d'un ton posé :
«-Assez parlé de moi. Qu'est-ce qu'il y a entre Severus et toi ?»
Je faillis en recracher mon Rhum. Comment savait-il ? Avalant avec difficulté le liquide légèrement acidulé, je mentis, d'une voix faussement calme :
«-Je... je ne vois pas de quoi tu veux parler.»
Il sourit.
«-Tu sais, être un loup-garou entraîne aussi des avantages. Je suis plutôt sensible à ce que ressentent les gens autour de moi. Et je sens justement qu'il y a quelque chose entre vous. Quelque chose de réciproque.»
Je le dévisageai un instant, ne sachant quoi dire. Continuer à nier ou avouer ? Finalement, Remus brisa en premier le silence :
«-Je suis désolé, ce ne sont pas mes affaires.»
Je déposai lentement mon verre vide sur la table puis me décidai à dire la vérité :
«-Je ne sais pas ce qu'il y a entre nous. Parfois, il peut se montrer plutôt sympathique et, le jour d'après, il est distant et froid. Et il ne se confie jamais.
-Je vois, il n'a pas beaucoup changé.
-Tu le connais ?
-Nous étions ensemble à Poudlard, de la même année. Mais lui était à Serpentard. Et... nous ne nous entendions pas très bien. Surtout James, Sirius et lui.
-A cause de Lily...
-Il te l'a dit ?
-Heu... c'est un peu plus compliqué que cela. Pourquoi Sirius ?
-C'est compliqué.»
Je souris. Puis, je demandai, prudemment :
«-Est-ce que... tu penses que Severus a... des sentiments pour moi ?»
Remus sembla réfléchir un instant à la question. Finalement, il répondit :
«-Pourquoi ne pas lui demander ?»
☆☆☆
Helloo ! Comment allez-vous en cette fin octobre ?
Personnellement, je vais suuuuper bien ! Parce que premièrement, je suis enfin en vacances !
Deuxièmement parce que The Dove & The Crow a atteint les 10 000 vues et ça me fait très, très, très plaisir ! C'est toujours avec appréhension qu'on se lance dans la publication et constater que des gens lisent et apprécient votre histoire fait un bien fou. Merci à vous, vous êtes géniaux ♡
Enfin, parce que Les Animaux Fantastiques : Les Crimes de Grindelwald sort bientôt au cinéma et j'ai troop hâte ! Y-en-a-t-il parmi vous qui ont la chance d'assister à l'avant-première à Bercy ?
Personnellement, je vais le voir au cinéma le samedi 17 novembre (le week-end après sa sortie française, cours oblige) parce que le cinéma de ma ville organise une soirée Les Animaux Fantastiques où ils diffusent d'une traite les 2 opus ! Et vous, qu'avez-vous prévu d'organiser à cette occasion ?
Bref, j'espère que ce chapitre vous a plus et un petit indice pour la suite : Remus est de très bon conseil... ^^
Passez une bonne semaine,
PetitKoala
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