Chapitre 4 - 12, Square Grimmaurd
Vendredi 14 Juillet 1995 :
Près de trois semaines après l'aménagement au 12, Square Grimmaurd, la maison était un véritable chantier. Sirius, soucieux d'offrir à l'Union du Phénix un Quartier Général digne de ce nom, passait ses journées à parcourir de long en large la vaste demeure pour dépoussiérer, vider, meubler, nettoyer,... Remus et moi, les deux seuls membres résidant avec le sorcier survolté, l'aidions comme nous pouvions dans toutes ces tâches aussi contraignantes qu'épuisantes. La maison des Black était une large bâtisse sombre et peu accueillante et aussi vaste qu'un palace, à ceci près que la somptuosité laissait ici place à une froideur inhospitalière. Notre quotidien consistait ainsi à récurer les vieux meubles, se débarrasser de nombreux bibelots louches qui encombraient la maison et à vider les rideaux de chaque pièce des centaines de Doxys qui les infestaient. Autant dire que ce n'était pas des plus exaltants. Et ce n'était ni l'elfe de maison grincheux qui traînait des pieds dans la maison, ni le tableau de Madame Black qui hurlait toute sorte de crasses quand on avait le malheur de faire trop de bruit dans le hall qui aidaient à rendre le travail plus plaisant.
Heureusement, l'humour visiblement inépuisable de Sirius enjolivait l'air maussade et poussiéreux de la demeure, sans quoi Remus et moi aurions plié bagage bien vite. Les points positifs de cette aménagement se comptaient sur les doigts de la main, mais n'en étaient pas pour cela négligeables : d'une part, j'avais fait la connaissance d'une grande partie de la famille Weasley - tous adorables, avec leurs cheveux roux, leurs tâches de rousseur et leur bonté d'âme - et m'étais bien vite liée d'amitié avec Molly Weasley, une femme charmante et douce, qui nous aidait parfois au nettoyage de la maison, quand elle n'était pas prise par la gestion de sa grande famille. J'appris bien vite à ne pas évoquer le nom de Percy en présence de Molly car, pour avoir essayé une fois, je ne me sentais pas prête à encaisser à nouveau les pleurs de la femme concernant son "fils perdu". D'autre part, cela me permettait de m'occuper l'esprit et d'oublier que j'étais en ce moment même en froid avec Severus.
Après la réunion menée par Albus Dumbledore, Severus était aussitôt parti, sans m'adresser un regard et je m'étais empressée de le rejoindre, bien décidée à ne pas laisser s'installer une distance entre nous. Il m'avait accueilli chez lui avec une froide politesse et c'était à peine s'il m'avait adressé plus de dix mots, après quoi il avait prétexté une excuse à trois mornilles pour me fausser compagnie. Dépitée, j'étais rentrée au Square Grimmaurd et ne l'avais pas revu depuis. Son absence me pesait, d'autant que je le savais mis à mal par l'arrivée de Black dans l'Union.
La fin de la deuxième semaine de Juillet me tira d'un quodition répétitif et sans grand intérêt, lorsqu'une lettre portée par un Grand Duc arriva au Square Grimmaurd, alors que nous prenions notre petit-déjeuner autour de la table de la cuisine, dans un silence seulement entrecoupé des gromellements de Kreattur, qui nettoyait sans enthousiasme le parquet. Sirius se chargea d'ouvrir la lettre et annonça quelques secondes plus tard que nous attendions un nouveau membre dès aujourd'hui, dont l'identité avait volontairement été dissimulée par notre cher Dumbledore. À peine avions-nous eu le temps d'émettre des hypothèses au sujet de ce mystérieux sorcier, qu'un vacarme se fit entendre dans le hall, bien vite suivi des ordinaires insultes de Walburga :
«-ESPECE DE SANG-DE-BOURBE !COMMENT OSEZ-VOUS SALIR AINSI MA PROPRE MAISON ! TRAITRE-A-SON-SANG ! MISERABLE CRACMOL !»
Lassée d'entendre toujours ces mêmes jérémiades autant qu'interloquée, je me levai avant que les deux hommes ne réagissent et me ruai vers le hall d'entrée. Kreattur était avec nous dans la cuisine, alors qui avait bien pu...? Je n'eus pas le temps de poursuivre ma réflexion que je tombai nez-à-nez avec...
«-Miss Tonks ? bredouillai-je, en reculant d'un pas.»
Nymphadora Tonks se trouvait en effet à quelques mètres de moi, arborant des cheveux rouges mi-longs et des yeux d'un bleu électrique - qui lui allaient au passage à ravir. L'ancienne élève de Poufsouffle, désormais devenue jeune femme, se tourna vers moi, son regard reflétant le même étonnement que je ressentais à cet instant :
«-Professeur Lynch ?
-Je ne suis plus professeur maintenant, Tonks, rigolai-je. Que faîtes-vous ici ?»
Je fronçai les sourcils, repensant à la lettre que nous venions tout juste de recevoir.
«-Ne me dîtes pas que... C'est vous la nouvelle recrue ?
-Apparement, fit la jeune femme en m'adressant un sourire timide.»
Répondant à son sourire, je lui souhaitai la bienvenue avant de gromeller :
«-Veuillez m'excuser.»
Je la contournai et d'un mouvement sec de baguette, je refermai les rideaux du tableau de Madame Black, afin qu'elle cesse ses tirades racistes. Aussitôt, le hall retrouva son calme et je m'adressai de nouveau à Tonks :
«-Et bien, je ne m'attendais pas à vous voir ici.
-Moi non plus, pour tout vous dire...
-Cousine ? résonna alors une voix derrière nous.»
Nous nous retournâmes d'un bloc pour voir Remus et Sirius apparaître dans l'encadrement de la porte qui reliait le hall à la cuisine ; et Tonks s'exclama :
«-Sirius !»
La jeune femme voulut courir pour se jeter dans ses bras mais ne vit pas la moquette traîtresse qui dépassait du parquet et la fit basculer en avant. La pauvre Métamorphomage perdit l'équilibre et se réceptionna de tout son long dans les bras de Remus, qui avait eu la présence d'esprit de s'avancer d'un pas, pensant certainement aider la femme à rester debout.
«-Je... suis désolée, maugréa-t-elle, gênée, tandis que je ne pus réprimer un sourire - et je vis Sirius adresser au duo un regard malicieux.
-Pas de quoi, souffla précipitemment Remus, le visage aussi écarlate que les cheveux de Tonks.»
Cette dernière se retira aussitôt de ses bras et s'épousseta fébrilement, avant de tendre une main à son sauveur :
«-Tonks, enchantée.
-Remus Lupin, se présenta brièvement le sorcier en serrant la main de la Métamorphomage.»
Remus se racla faiblement la gorge, on-ne-pouvait-plus mal à l'aise, tandis que Sirius se mordait les lèvres pour ne pas éclater de rire, et j'en profitai pour les tirer tout deux d'une situation aussi malaisante que burlesque :
«-Et si nous passions dans la cuisine pour finir les présentations ? Nous risquons de réveiller certains tableaux grincheux si nous restons là...»
Personne ne s'opposa à l'idée et nous nous installâmes autour de la table. Tonks nous expliqua alors dans les moindres détails comment elle s'était engagée dans l'organisation et je fus surprise - autant qu'enchantée -d'apprendre qu'elle venait de passer avec brio ses tests pour devenir Auror.
«-D'ailleurs, enchaîna-t-elle alors que Sirius et moi la félicitions pour cette prouesse - et que Remus restait étrangement silencieux, se contentant de fixer maladroitement la nouvelle venue, j'ai croisé Arthur en quittant le Ministère, ce matin. Il m'a dit de vous prévenir que Molly souhaitait organiser un petit repas ce soir, au Square Grimmaurd.
-Quelle excellente idée !s'enthousiasma aussitôt Sirius. Qui sera de la partie ?
-Il y aura l'ensemble de la famille Weasley, ainsi que la demoiselle Granger qui est arrivée au Terrier il y a quelques jours. Kingsley et Alastor viendront aussi.»
Il n'en fallut pas plus pour exciter le propriétaire du Square, qui se mit en tête de finir le «grand nettoyage» dans la matinée - ce qui était tout bonnement impossible, étant donné qu'en presque trois semaines, nous n'en avions pas fait la moitié. Bien sûr, il ne l'entendit pas.
***
En fin d'après-midi, Sirius, après avoir nettoyé l'ensemble du rez-de-chaussée - sous les regards moqueurs de Remus et Tonks qui semblaient s'entendre à merveille, voulut entamer le premier étage, mais fut interrompu par un nouveau réveil de la chère Walburga qui se mit à vociférer ses habituelles paroles atroces. Cependant, elle fut rembarrer aussi sec car le silence revint quelques secondes après - et des pas se firent entendre dans le long corridor. Personne n'eut le temps de réagir qu'une silhouette apparut sur le pas de la porte, silhouette qui n'appartenait à personne d'autre que Severus Rogue.
«-Quel tableau sentimental, souffla-t-il avec dédain. On croirait presqu'à une réunion de famille...»
Piquée au vif par son ton froid, je détournai le regard, tandis que, sans surprise, Sirius lançait les hostilités :
«-Qu'est-ce que tu fiches ici ?
-Je suis venu communiquer quelques informations de la part de Dumbledore, qui n'a malheureusement pas pu se libérer, faute de temps. Il faut dire qu'il est très occupé par des affaires de hautes importances, lui.
-Oh oh, voyez-vous vous ça ! cingla Black. Il a donc envoyé son fidèle toutou faire le sale travail à sa place ! Quelle place honorifique tu as là, Servi...
-ARRÊTEZ ÇA !»
Ma voix, en parfaite synchronisation avec celle de Remus, raisonna dans la cuisine et fit taire les deux sorciers constamment en froid. Je jetai un regard entendu avec Remus, qui semblait tout aussi ennuyé que moi par leurs disputes qui n'en finissaient jamais. Tonks, quant à elle, était tassée sur sa chaise et regardait le spectacle avec la plus grande attention. Respirant profondément pour chasser tout tremblement de ma voix, je poursuivis, en me tournant vers les deux hommes - et évitant soigneusement de croiser son regard :
«-Vous êtes tous les deux incorrigibles ! Avez-vous déjà oublié le discours de Dumbledore ? Nous devons rester unis pour vaincre, alors cessez un peu vos boutades et comportez-vous en adulte !
-Elladora a raison, enchaîna Remus, plus calme que moi. Sirius, rassieds-toi. Nous t'écoutons, Severus.»
Il se tourna vers le dit sorcier, lui adressant un vague sourire de politesse, auquel le professeur de Potions ne prit pas la peine de répondre. Impassible, il prit son temps avant d'expliquer, d'une voix lente et grinçante :
«-Dumbledore aimerait souhaiter la bienvenue à Mademoiselle Tonks, qui a rejoint l'Union de son plein gré.»
Il accorda un furtif regard à la demoiselle, qui hocha la tête en signe de reconnaissance, avant de poursuivre, toujours sur le même ton :
«-Il souhaite également vous faire part de sa nouvelle initiative, concernant l'expansion des rangs de l'organisation. Pas plus tard qu'hier, Rubeus Hagrid est parti chercher le soutien des géants, dans les hautes montagnes. Sa mission devrait s'étendre sur plusieurs mois. Il m'a convenu de surcroît de rappeler à Monsieur Black de ne pas tenter de sortir du Square Grimmaurd, les recherches du Ministère sur sa personne s'étant intensifié ces derniers jours.»
Sirius renifla de dédain mais ne fit aucun commentaire. Du moins, il n'en eut pas le temps car Remus demanda :
«-Dumbledore se tourne vers les géants ? A-t-il pris cette décision unilatéralement ou fut-elle convenue dans un cercle restreint ?
-Il avait ses raisons d'agir au plus vite, répondit platement Severus, comme si tout ce qu'il disait n'avait pas vraiment d'importance. C'est pourquoi il n'a pas convoqué une réunion pour lancer la mission.»
Remus poursuivit ses questions, sur le ton de politesse et Severus lui répondait, froidement, sans toutefois montré trop d'animosité à son égard. Pour ma part, j'en écoutai la moitié, trop perturbée par la présence de Severus près de moi. C'était à peine s'il m'avait regardé plus de deux secondes d'affilées en l'espace de dix minutes, il se comportait comme un parfait étranger à mon égard et c'en était plus que douloureux. Nous avions, certes, eu quelques périodes de froid au long de notre relation, mais jamais elles ne furent si longues ! Je commençai à douter de ses sentiments. Et s'il s'était lassé ? Cette idée me fit atrocement mal.
Perdue dans mes pensées, je n'avais même pas pris conscience que Severus était sur le point de quitter les lieux, sous les railleries de Sirius :
«-Nous organisons un dîner ce soir. Au plaisir de ne pas t'y voir !
-Oh, ne t'en fais pas pour ça, je ne comptais pas m'y rendre.»
Sur ce, le professeur de Poudlard tourna les talons et s'engagea dans le couloir, sans un «au revoir», ni un ultime regard.
Sortant de ma transe, je me lançai à sa suite. Ne le voyant pas ralentir le pas, je voulus crier son prénom mais me repris de justesse, me souvenant qu'une certaine Walburga n'était pas tolérante au bruit dans ce corridor. Je le rejoignis avant qu'il ne franchisse la porte de sortie et l'attrapai par la manche pour ne pas qu'il s'échappe.
«-Severus ! le priai-je à voix basse.»
Il me fit lentement face et plongea ses yeux dans les miens. Je faillis ne pas le reconnaître. D'ordinaire, lorsqu'il me regardait, je lisais une certaine douceur, un amour dans ses pupilles sombres. Mais là, rien. À part une colère noire. Je lui lâchai le bras, décontenancée.
«-Qu'est-ce... qu'est-ce qu'il se passe en ce moment ? demandai-je faiblement.»
Le potionniste ne répondit rien et je sentis mon cœur se serrer douloureusement dans ma poitrine. Je réitérai ma question, tâchant de maîtriser mes sentiments :
«-Qu'est-ce qu'il se passe ? Pourquoi es-tu si énervé ?
-Tu en parleras à l'espèce d'abruti fini qui t'héberge, peut-être qu'il saura mieux que moi te donner une réponse ! dit-il sèchement.
-Tu n'as pas fini avec lui ? répliquai-je, refroidie par sa froideur. Tu ne te rends pas compte à quel point vous êtes ridicules tous les deux ? Sirius ne s'est peut-être pas bien comporté avec toi quand vous étiez jeunes mais il est un tout autre homme aujourd'hui !
-Vraiment ? Et bien, puisque tu en es si sûre, ne te prive pas de le lui dire de vive voix, ça ne fera qu'accroître son ego déjà surdimentionné !
-Je rêve ou c'était de la jalousie que j'ai senti dans ta voix ?
-La discussion est close !»
Pour me montrer que c'en était effectivement terminé, il tourna les talons et me claqua la porte au nez. Abasourdie par la tournure que venait de prendre la conversation, je restai un moment immobile, avant de me reprendre et ouvrir la porte d'entrée, dans l'idée de le suivre.
Quelle ne fut pas ma surprise en découvrant la famille Weasley, accompagnée des enthousiastes Kingsley et Alastor sur le pas de la porte. Je n'eus pas le temps d'esquisser le moindre geste que Molly m'embrassait déjà affectueusement en plaçant un plateau garni - d'où se dégageait une douce odeur sucrée - dans mes mains :
«-Elladora ! Quel plaisir de te retrouver !
-Heu... Bonjour Molly, finis-je par dire, prenant sur moi pour faire apparaître un sourire factice sur mes lèvres.»
La femme me sourit à pleines dents, puis pria ses enfants de la suivre, en leur ordonnant de ne pas faire trop de bruit dans le couloir - ses yeux s'attardant spécialement sur ses deux jumeaux, Fred et George, qui se lancèrent un regard malicieux quand Molly eut les yeux tournés. Après avoir été saluée par tous les enfants Weasley, ainsi que par une jeune fille aux cheveux épais que je supposais être Hermione Granger, Kingsley m'adressa une bourrade amicale, tandis que Alastor me fit un clin d'œil complice. Une fois toute la troupe passée, je restai un moment sur le seuil de la porte, les yeux dans le vague.
«-Elladora, quelque chose ne va pas ?»
La voix de Remus me tira de mes pensées. Je me tournai vers lui et vis qu'il me dévisageait d'un air soucieux.
«-Non. Tout va bien, mentis-je.»
Et, d'une main - l'autre tenant fermement le plateau de Molly, je refermai la porte d'entrée, laissant derrière moi mes soucis. Du moins, pour un moment.
☆☆☆
Alalaaaa, décidément, Sirius & Severus ne s'entendront jamais... et cela risque de créer pas mal de tensions ! Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Qu'attendez-vous pour la suite ?
Merci de continuer encore et toujours de suivre cette histoire, le moindre vote ou commentaire me fait énormémement plaisir ^^
Je vous rappelle que la FAQ sera publiée dans le courant de la semaine, en trois parties ! Soyez attentifs aux notifications !
Sur ce, je vous souhaite un bon dimanche et une excellente semaine !
Bien à vous,
*PetitKoala*
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