Chapitre 32 - Le réseau Mangemort
Samedi 4 Juin 1988 :
Nous atterrîmes au cœur d'une clairière vaste et déserte, entourée de quelques habitations qui semblaient laissées à l'abandon. Il n'y avait pas un bruit autour de nous. Severus bougea à mes côtés et ce fut à ce moment précis que je constatai que ma main était encore dans celle du sorcier. Je baissai le regard sur nos paumes fermement scellées avant de sentir les yeux insistants de Severus sur moi. Je croisai son regard sombre mais il se détourna aussitôt tout en retirant sa main et je crus percevoir une légère rougeur sur ses joues pâles mais, là encore, je n'en étais qu'incertaine à cause de la faible luminosité de l'aurore. Le sorcier ne me laissa pas le temps d'y réfléchir plus longtemps puisqu'il enchaîna aussitôt, reprenant son imparable masque d'impartialité :
«-Maintenant, voilà ce qu'il va se passer. Nous allons commencer les recherches. Le but est simple : nous trouvons le repère des Mangemorts, puis je l'infiltre. Soyons bien clair : vous suivez mes ordres. Si je vous dis de fuir, vous fuyez ; si je vous demande de vous cacher, vous vous cachez. Je vous demande par exemple d'éviter la confrontation au maximum et de ne vous montrer sous aucun prétexte. Compris ?»
Je hochai la tête, peu rassurée. Le sorcier à mes côtés, malgré ses efforts continuels pour paraître indifférent et froid, sembla crispé lui-aussi, comme s'il redoutait cette mission. Pourtant, j'avais cru comprendre qu'il en avait déjà mené plusieurs. Alors pourquoi celle-là ? Était-elle plus dangereuse que les autres ? Risquions-nous réellement nos vies ? J'avalai ma salive avec difficulté. L'homme reprit, toujours aussi concis dans ses paroles :
«-Nous allons nous séparer pour optimiser les recherches. Vous partirez à gauche et moi, à droite. Si vous trouvez quelque chose, envoyez-moi un Patronus, je ferai de même de mon côté.
-Quelle forme prend votre Patronus ? demandai-je.»
Je vis une ombre passer dans les yeux de Severus puis il grommela, d'une voix à peine perceptible :
«-Ça n'a pas d'importance. Si vous voyez un Patronus, vous pouvez être certaine que ça sera le mien. Aucun Mangemort ne sait en créer un et nous sommes en pleine contrée moldue.»
Sur ce, il tourna les talons et s'engagea à droite, ne me laissant d'autres choix que de prendre la direction opposée.
***
Je marchai depuis maintenant une dizaine de minutes, parmi les rares maisons qui s'alignaient le long de la route envahie par la végétation. Je n'avais encore croisé personne, pas une âme qui vive, pas une trace d'allers et venus récentes. Rien. Le périmètre semblait tout bonnement avoir été laissé à l'abandon depuis fort longtemps. Néanmoins, je ne pouvais m'empêcher de penser que, malgré tout, le lieu offrait un potentiel de planque assez efficace, tant par son isolement que par son côté inhospitalier, qui ne donnait pas envie de rester, qu'importait la situation. Et puis il y avait cette épaisse forêt, sur ma gauche, dans laquelle pouvait se dissimuler toute une troupe de Mangemorts sans que je m'en aperçoive... Cette idée me donna la chair de poule et je raffermis ma prise sur ma baguette, tout en jetant un regard furtif du côté de la forêt. Tout était calme, le soleil matinal éclairait le paysage de ses rayons endormis, de rares oiseaux laissaient planer leur mélodie dans le ciel dégagé... et pourtant, je n'étais pas sereine. Au-delà de l'apparente paix des lieux, se dessinait autre chose, de bien plus funeste. Oui, je pouvais l'affirmer sans douter : le paysage sentait la magie noire, il en était comme imprégné.
Soudain, comme pour confirmer ce mauvais pressentiment qui s'installait peu à peu en moi, j'entendis un bruissement sur ma gauche. Le cœur battant la chamade, je me ruai sur la droite, me dissimulant au plus vite derrière ce qui devait au départ une barrière de jardin désormais envahie par les ronces et autres mauvaises herbes. Ma main droite crispée sur ma baguette, je tendis l'oreille et entendis nettement des pas crisser sur la route sur laquelle je marchais il y avait quelques secondes. Je commençai à avoir des sueurs froides : et si on m'avait vu ? Tentant au mieux de calmer ma respiration, je me concentrai sur les bruits alentour et deux voix se mirent à parler.
«-... qu'on ne t'a pas vu, dit un homme à la voix rocailleuse. Où étais-tu passé ?
-Tu sais bien en quoi consiste mon rôle. Si je m'absente trop souvent pour rejoindre les rangs, Dumbledore commencerait à se douter de quelque chose.»
Je me figeai en reconnaissant la voix calme et impartiale de Severus. Que faisait-il ici ? Ne m'avait-il pas promis de m'envoyer un Patronus si il repérait quelque chose ? À quoi il jouait ? Esquissant un mouvement sur le côté, je me penchai pour avoir une vue d'ensemble de la route, pour voir les deux hommes - Severus ainsi qu'un homme de petite taille que je ne connaissais pas - avancer le long du chemin en parlant à voix basse. Ils s'éloignèrent avant de rejoindre une maison semblable à toutes ses voisines et disparurent à l'intérieur. Le cœur battant, je calai mon dos contre la barrière, insensible au picotement occasionné par les ronces, me demandant ce que je devais faire. Devais-je attendre que Severus fasse ce qu'il avait à faire ? Ou devais-je agir ?
Poussée par la curiosité et l'adrénaline qui coulait dans mes veines, je finis par quitter ma cachette et, à pas de loup, rejoignis le pas de la maison dans laquelle Severus et le Mangemort étaient entrés, il y avait maintenant cinq minutes. La porte était entrouverte et sans hésiter une seconde de plus, je me faufilai dans l'ouverture, prenant soin de ne pas faire grincer les gonds. J'atterris dans ce qui semblait être un hall poussiéreux et sombre. En face, un long escalier semblait mener à un étage, sur ma droite une rangée de portes fermées et sur ma gauche un couloir. Je me figeai un instant, tentée d'utiliser un sortilège pour m'éclairer, mais me ravisai, optant pour la discrétion la plus totale. Je tendis l'oreille : des bruits étouffés me parvenaient de la gauche. Un pas après l'autre, je m'avançai dans le couloir, plongé dans une obscurité opaque. Il menait sur une unique porte, au fond, qui était entrouverte.
Une fois que je fus assez proche pour entendre ce que disaient les voix, je m'arrêtai, ne prenant pas le risque d'être aperçue. Un homme, à la voix confiante et grinçante parlait et - de toute évidence, s'adressait à Severus :
«-... nous dire ? Quelles informations as-tu à nous communiquer ?
-Ça commence à s'agiter, de leur côté, répondit Severus d'une voix étonnement calme et confiante. Le Ministère est surchargé et les Aurors ne sont plus efficaces.
-Et Poudlard ?
-La sécurité a été renforcé, Dumbledore ne laissera plus rien passé. Surtout depuis l'attaque interne...
-Ah oui ! Un coup de maître, n'est-ce-pas ?
-Pourquoi s'en être pris à la professeure de Botanique ?
-Ce n'était pas elle que l'on visait mais la nouvelle.»
Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. La nouvelle, c'était moi ? Je déglutis péniblement. Quand Pomona s'était faîte attaquée, j'aurais dû moi-aussi être dans la salle des professeurs, si je n'avais pas été dans le bureau de Severus... Mais pourquoi me viser moi, au juste ? La voix de Severus me parvint, un peu étouffé :
«-Comment ça ?
-Tu sais de qui je parle, je présume... Comment s'appelle-t-elle déjà ?
-Lynch. Elladora Lynch.
-Oui, c'est ça... Une Sang-Mêlée et Traître-à-Son-Sang, sa famille a fui l'Angleterre au retour du Seigneur des Ténèbres. Nous devons nous attaquer à ceux qui ne méritent pas leur place dans notre monde ! Les mariages entre les moldus et les sorciers doivent être éliminés ! C'est une honte à notre sang, à notre espèce, que de nous abaisser à de telles crasses ! N'êtes-vous pas d'accord, vous autre ?»
Une vague d'approbation parcourut les rangs et je ne pus m'empêcher de frissonner. Ces Mangemorts me donnaient la chair de poule... Quand le brouhaha se fut calmer, le Mangemort qui semblait mener la réunion reprit :
«-Et toi, Severus ? Ne partages-tu pas le même avis que nous ?
-Dois-je te rappeler que je suis, moi-même, un Sang-Mêlé, Selwyn ?»
Il y eut des ricanements méprisants parmi les rangs avant que Selwyn ne réplique :
«-Tu ne vas tout de même pas me dire que tu éprouvais de la sympathie pour ton Moldu de père...
-Là n'est pas la question, trancha Severus.»
Il y eut un silence avant que Selwyn ne reprenne, fidèle à lui-même :
«-Quelque chose te tracasse, Severus ? Tu ne sembles pas bien disposé... je dirais même tendu.Tu as quelque chose à te reprocher ou à nous faire part peut-être ?»
Je me tendis, les lèvres serrées. Et si les Mangemorts se doutaient du subterfuge ? Severus ne parut pas le moindre du monde dérangé et répondit, d'un ton glacial :
«-J'ai effectivement des informations à vous faire part, si on pouvait arrêter de parler de mon géniteur.
-Nous t'écoutons.
-Je disais donc que Poudlard est on-ne-peut-plus protéger en ce moment. Je ne pense pas qu'il soit pertinent de s'attaquer au château en cette période.
-Vraiment ? intervint Selwyn, d'une voix mielleuse. Quelle dommage, j'avais tellement envie de tester l'Endoloris sur quelques élèves...
-Cependant, coupa sèchement Severus. Si vous voulez marquez le coup, Pré-Au-Lard ou encore la gare semblent être des lieux symboliques et pas risqués. Histoire de décontenancer encore un peu plus le Ministère. Si ce dernier prend alors parti de fermer l'école, il sera d'autant plus facile pour nous de procéder à l'épuration du monde sorcier.»
Je m'étais approchée de la porte entrouverte presque sans m'en rendre compte et avais désormais une vue partielle de la pièce. Je voyais une foule éparse de Mangemorts, au fond de la pièce, tous vêtus de larges manteaux noirs, comme pour montrer leur appartenance aux Ténèbres. Au devant d'eux se tenait Selwyn, un grand bonhomme maigre aux cheveux pâles. Il semblait mener les troupes. Puis, me tournant le dos et affrontant la masse de Mangemorts, Severus.
«-C'est amusant, siffla Slewyn soudain suspicieux. J'ai presque l'impression que tu cherches à protéger l'école quand tu parles, Rogue.
-Tu sais aussi bien que moi que mes propos sont sensés. On ne peut pas simplement se jeter dans la gueule du loup. Il nous faut agir dans la plus grande prudence... et la plus grande intelligence. Et ne crains rien, ce ne sont ni mes stupides collègues, ni les cornichons qui me servent d'élèves qui illuminent mes journées.»
Nouvelle vague de ricanement.
«-Même Lynch ? J'ai entendu dire qu'elle était plutôt pas mal...»
À l'attente de mon nom, mon cœur rata un battement, et je reculai instinctivement d'un pas.
«-Tu t'égares encore, Selwyn, répliqua amèrement le Maître des Potions. Je ne vois pas en quoi...
-Je sous-entends simplement que certaines personnes peuvent avoir des conséquences sur ton allégeance.
-Je n'ai jamais trahi mon camp et je ne vois pas quel intérêt j'y trouverais.
-Certes, admit le Mangemort aux cheveux pâles - et si je pensais qu'il allait se plier face aux arguments sans faille de Severus, mon espoir fut vain puisqu'il reprit, sarcastique : donc tu n'auras aucun mal à me dire ce qu'il s'est passé dans la Forêt Interdite cette nuit-là ?»
Comme Severus mit un certain temps à se manifester, Selwyn continua :
«-Je vais te rafraîchir la mémoire : Macnair et Mulciber ont été envoyé en mission dans la Forêt Interdite et tu devais les rejoindre pour lancer l'assaut contre Poudlard. Mais, de façon assez étrange, ces deux-là me sont revenus, n'ayant plus aucun souvenir de ce qu'il s'était passé et méchamment blessés. Alors ? Qu'est-ce que tu en dis ?
-Quel avantage tires-tu à douter de moi au juste ? se défendit Severus.
-Je m'assure simplement que chacun est digne de confiance. Tu es l'un des seuls à ne pas avoir fait de Serment Inviolable pour témoigner de ton allégeance au Maître. Jugson s'en était dispensé aussi et, deux semaines plus tard, j'apprends qu'il vendait des informations au Ministère concernant notre réseau. J'ai pu l'intercepter avant qu'il ne commette l'irréparable, fort heureusement, mais depuis, je suis intransigeant. Je peux t'épargner du Serment, Severus. Dis-moi simplement la vérité concernant l'épisode de la Forêt.
-Je t'ai déjà dit ce que je savais : quand je suis arrivé sur les lieux de rendez-vous Macnair et Mulciber étaient déjà à terre. Je les ai ramenés en lieu sûr puis suis retourné inspecter la Forêt pour chercher le coupable. Je n'ai trouvé personne si ce n'est des traces de centaures. Si vous voulez mon avis...
-Et tu n'as pas répondu à l'appel que j'ai envoyé à ce moment évidemment.
-J'ai été surpris par l'une de mes collègues qui se demandait pourquoi je rôdais si tard dans la Forêt.
-Mmmh. La jolie Traître-à-Son-Sang, c'est ça ?
-C'est exact.
-Quel coïncidence... Qu'as-tu fait ensuite ?
-Ce qu'il y avait de mieux à faire. Je l'ai oubliettée pour ne pas que des soupçons ne persistent.
-Bien, bien.»
Selwyn se détourna et je le vis se pencher vers un Mangemort. Il s'échangèrent quelques mots, le blond pâle hocha vigoureusement de la tête avant de se retourner vers Severus.
«-Je regrette ce que je vais faire. Mais je dois être sûr de la véracité de tes propos.»
Et avant que le concerné ne puisse réagir. Selwyn sortit une baguette de nulle part :
«-Expelliarmus ! Endoloris !»
L'effet fut sans appel : tandis que la baguette de Severus vola de sa main, le sorcier s'écroula sur le sol, son corps étant parcouru de spasmes violents. Horrifiée, je regardai l'homme se tortiller sur le parquet, incapable d'esquisser le moindre mouvement.
«-Reprends ton récit, veux-tu, ordonna le Mangemort blond d'une voix suave.
-Je... te... l'ai... déjà...dit..., maugréa Severus, ignorant l'atroce douleur qui lui parcourait les membres.»
La réponse ne satisfit pas le Mangemort.
«-Endoloris !»
Les spasmes reprirent, plus violents, plus terribles. Je sentais de longs frissons remonter le long de ma colonne vertébrale et dus détourner le regard. Je me décidai alors à agir. À tâtons, je remontai le couloir à pas vif pour regagner le hall. Je savais pertinemment que je ne pouvais pas intervenir seule. C'était de la folie. Je sortis de la maison, ne prenant pas garde à la porte qui grinça sous la poussée que je lui assenais. Une fois dehors, je tâchai de reprendre mon souffle avant de me décider à envoyer un Patronus à Dumbledore, à défaut de savoir quoi faire d'autre. Je me concentrai un instant sur un souvenir heureux et la fine brume argentée qui sortit de ma baguette forma bientôt mon Patronus pour disparaître à l'horizon quelques secondes plus tard.
Faiblement rassurée, je baissai ma baguette quand je sentis une autre baguette s'enfoncer entre mes omoplates. Une voix retentit derrière mon dos, glaciale et sombre :
«-Et bien, ma douce, on a perdu son chemin ?»
☆☆☆
Hello !
Merci de suivre encore mon histoire, ça me fait très plaisir ^^
Je suis (enfin) allée aux studios Warner Bros. Harry Potter ce mercredi et, par la barbe de Merlin, c'était tout simplement merveilleux ! Je vous offre, en bonus, une photo que j'ai prise de notre professeur préféré :
Si vous avez l'occasion d'y aller un jour, n'hésitez pas une seule seconde, vous ne le regretterez pas !
D'ailleurs, y-a-t-il parmi vous qui y sont déjà allés ? Qu'en avez-vous pensé ? (DarkAnimale si tu passes par là ^^)
Voilàà,
Gros bisous ! ♡
*PetitKoala*
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