Chapitre 30 - Cours particuliers (2/2)

Vendredi 18 Mars 1988 :

La semaine qui suivit mes premiers cours particuliers avec Severus fut hautement chargée, autant par les cours, que les corrections, la gestion du club de duel qui me prenait une grande partie de mon temps libre, ainsi que les entraînements avec le professeur de Potions tous les soirs à dix-neuf heures. Mais je ne m'en plaignis pas une seule fois parce que j'appréciais ce que je faisais. Les élèves étaient relativement calmes et je parvenais à faire cours sans trop hausser la voix. D'ailleurs, une grande partie d'entre eux semblait satisfait de mon enseignement et Poufsouffles, Serdaigles, Gryffondors et Serpentards ne traînaient pas les pieds en entrant dans la salle et ce n'était qu'occasionnellement que je donnais des sanctions. Le club de duel prospérait à merveille, même si Severus n'y avait jamais mis les pieds malgré ses promesses à Dumbledore. À défaut de sa présence, Filius m'épaulait solidement et le petit professeur de Sortilèges s'avéra (je n'en eus aucunement douté) un sorcier brillant, ayant bien plus d'un tour dans son sac. Quant aux entraînements aux cachots... leurs bons déroulements dépendaient de l'humeur du Maître des Potions et de sa tendance plus ou moins prononcée pour le sarcasme. Disons que nous nous supportions tout juste et que, sous ses airs aigris et sombres, il me prodiguait tous les jours des conseils qui m'aidaient à progresser.

La fin de la semaine arriva plus vite que prévue, se clôturant sur un cours avec mes septièmes années, plus décidés que jamais à réussir leurs A.S.P.I.Cs. J'avais bon espoir que chacun d'entre eux les obtiennent avec succès et accèdent ainsi à de hautes fonctions au sein de notre société qui avait plus que besoin de jeunes prodiges pour prospérer. Quand Nick O'Malley, un Serpentard brillant aux cheveux pâles, eut fini de me poser son lot quotidien de questions d'extension au cours, je planchai une petite heure sur des corrections, avant de quitter la salle pour me rendre aux cachots, l'estomac noué, comme à chaque fois que je me rendais aux entraînements de dix-neuf heures. Je toquai doucement contre le bois froid et sombre de la porte menant à la salle de Potions et le bruit résonna dans le couloir désert, seulement éclairé par quelques torches aux flammes vacillantes. Une minute plus tard, Severus Rogue vint m'ouvrir et, comme d'ordinaire, il me fit signe d'entrer sans me dire bonsoir. Ne faisant plus attention à son manque de politesse, je pénétrai dans la pièce, d'où émanait cette odeur caractéristique de Potions qui ne me déplaisait pas et sortis ma baguette du pan de ma robe, prête à engager un duel.

Une heure plus tard d'efforts victorieux à repousser les attaques continuelles et acharnées du sorcier, il stoppa l'entraînement, voyant que je ne faiblissais pas (ou, du moins, je ne le faisais pas paraître), et dit, simplement :

«-Je vois que ces soirées perdues portent enfin leur fruit.»

J'étais partagée entre la frustration qu'il considère ces soirs d'entraînement comme «perdus» et la stupéfaction à l'entente de ce qui paraissait presque comme un «compliment» venant d'un sorcier aussi antipathique que lui. Je ne répondis rien et il poursuivit, d'une voix blanche :

«-Nous allons donc pouvoir passer à l'étape supérieure et débuter l'apprentissage de l'art de l'Occlumancie que vous ne maîtrisez, de toute évidence, pas.»

Je relevai la tête, indignée par sa critique mais jugeai préférable de ne pas prononcer haut et fort l'injure qui me brûlait la langue. Severus m'avait tourné le dos et rangeait sa baguette dans un boîtier quand il dit :

«-Ce «connard prétentieux» est votre entraîneur, Lynch. Veuillez lui témoigner un peu plus de considération.»

Je rougis automatiquement, me demandant comment il avait pu deviner ce que je pensais tout bas.

«-Je suis un Legilimens, dit-il pour toute réponse, mais je pense que vous le saviez déjà.»

Alors cette désagréable sensation d'être espionnée constamment n'était pas infondée : il lisait dans les esprits. Cette pensée me fit frémir : qu'avait bien t-il pu apprendre de moi à mon insu ?

«-Ne vous en faîtes pas, j'ai bien mieux à faire que connaître la vie d'une sorcière comme vous. Je n'utilise cette habilité qu'en cas de réels besoins.

-J'aimerai que vous cessiez ceci immédiatement, rétorquai-je en me sentant nauséeuse à l'idée qu'il puisse lire en moi comme un livre ouvert.

-C'est exactement là qu'intervient l'Occlumancie, répondit-il sans que j'eus l'impression qu'il n'ait stoppé de lire dans mes pensées. Ce n'est pas à moi d'arrêter, mais à vous de combattre mon habilité.

-Et comment suis-je censée faire cela ? demandai-je, agacée.

-Nous aborderons ce sujet demain, je vous ai bien assez vu pour aujourd'hui.»

«Et moi de même, pensai-je distinctement, espérant qu'il l'entende.»

Si ce fut le cas, il ne m'en informa pas et quitta la salle pour rejoindre ses appartements adjacents à celle-ci sans m'adresser un mot de plus.

***

Samedi 19 Mars 1988 :

Le lendemain matin, je me réveillai à l'aube, incapable de garder les yeux fermés plus longtemps. Je me levai, me préparai rapidement et grignotai quelques Fondants au Chaudron, envoyés pas plus tard qu'avant-hier par mes parents, pour pouvoir travailler sans que la faim me tenaille le ventre. À neuf heures, plongée dans la rédaction de mon prochain cours avec les sixièmes années, je renonçai à me rendre au petit-déjeuner servi à la Grande Salle, me contentant de manger une Patacitrouille, entre deux paragraphes de leçon.

Quarante-cinq minutes plus tard, je refermai avec soulagement mon livre de Défense, niveau six, et fermai les yeux un instant, profitant du seul rayon de soleil qui avait bravé les épais nuages qui couvraient le ciel en ce samedi matin. Puis, je me rappelai soudainement que, dans dix minutes à peine, j'étais attendue aux cachots et qu'il valait mieux que je n'arrive pas en retard si je ne souhaitais pas m'attirer les foudres du sorcier avant même d'avoir commencé les efforts. Avec empressement, je me redressai, arrangeai rapidement mes cheveux que je finis par attacher en queue de cheval. Puis, m'emparant de ma baguette et plissant du revers de main ma robe, je quittai mes appartements, empruntant les maintenant familiers couloirs menant au sous-sol du château, croisant occasionnellement quelques étudiants et leur adressant un signe de tête poli qu'ils me rendaient d'un «bonjour» plus ou moins dynamique.

Ce ne fut qu'en me retrouvant une énième fois face aux aspérités de la porte en bois des cachots que je me souvins du cours atypique qui m'attendait d'aujourd'hui : l'apprentissage de l'Occlumancie. Rien qu'à l'idée de savoir que le Maître des Potions pouvait fouiner dans mon esprit comme bon lui semblait et ceci durant toute la matinée, me rendit vaseuse. J'hésitai sincèrement à manifester ma présence quand la porte s'ouvrit sur le sorcier vêtu de ses habituelles robes noires qui grinça, en me gratifiant d'un regard sombre :

«-Si vous n'avez pas envie d'être ici, rien ne vous retient.»

Pour toute réponse, je lui passai devant et entrai dans la salle, non sans lui avoir rendu son regard perçant. Je l'entendis refermer la porte derrière lui et, quelques mouvements de tissus plus tard, il se retrouva en face de moi, à une distance raisonnable, avant de commencer les explications, de son ordinaire voix traînante :

«-L'Occlumancie est l'aptitude à fermer son esprit, contrôler ses émotions, devenir maître de son subconscient et ainsi, vaincre toute tentative de Legilimancie sur sa personne. C'est une qualité peu commune, difficile à acquérir mais indispensable à maîtriser dans le cadre des missions que vous serez peut-être amenées à diriger. Les Mangemorts sont prêts à tout pour obtenir des informations et peuvent vous les extraire à votre insu, si vous ne prenez pas le temps de vous fermer à eux.»

Il marqua une pause, s'empara de sa baguette au bois sombre avant de reprendre :

«-Nous allons commencer immédiatement, afin de tester votre réaction basique. Le principe est simple : je vais pénétrer dans votre esprit, pendant que vous allez essayer de résister par tous les moyens. C'est clair ?

-Oui, dis-je en forçant ma voix à rester stable, alors que l'angoisse me prenait peu à peu le ventre.»

Il brandit sa baguette, d'un geste parfaitement maîtrisé, ses yeux noirs de jais braqués sur moi. Ne sachant pas ce qu'il attendait de moi et n'ayant aucune idée de ce qu'il entendait par «par tous les moyens», je commençai à paniquer et un flot de pensées incohérentes s'engouffra automatiquement dans mon esprit sans que je ne parvienne à le contrôler.

«-Legilimens

Aussitôt, un sentiment aussi singulier que désagréable s'empara de moi : je le sentis s'introduire dans mon esprit, violant sans se gêner ma sphère privée, décortiquant des scènes entières de ma vie que je ne parvenais pas à refouler : il vit la première fois où se manifestèrent mes aptitudes magiques, mon entrée à l'institut de Beauxbâtons, ma réussite aux examens, ma lettre d'admission en tant que professeur à Poudlard. Il vit la première fois où nous nous étions rencontrés, mon premier cours, nos inlassables oppositions, jusqu'à mon étonnante inclusion à la mission du Phénix.

Quand la sensation devint suffocante au point d'en être insupportable, je le sentis relâcher prise et quitter mon esprit. Sans m'en être rendue compte, j'étais tombée à genoux sur le sol froid et respirai difficilement, frissonnant rien qu'au souvenir du sentiment que je venais de ressentir. Pendant un instant, je n'osai pas bouger et la voix sévère de l'homme placé en face de moi vint déchirer le silence:

«-Pour tout vous dire, je ne pensais pas que ce serait aussi médiocre. Vous avez fait exactement l'inverse de ce que je vous ai demandé : vous m'avez laissé accès à des pans entiers de votre mémoire et n'avez pas même essayé de combattre !»

Sans que je puisse les retenir, des injures plus odieuses les unes que les autres traversèrent mon esprit et il dut les entendre car il dit, d'une voix étrangement neutre :

«-C'est tout là votre problème, Lynch. Vous êtes trop sensible, tout vous touche. Vous devez apprendre à contrôler vos émotions, à discipliner votre esprit. Il faut vous endurcit, prendre du recul. Canalisez vos sentiments et, à défaut de tous les refouler, focalisez-vous sur un seul, le dominant, la colère. Vous me détestez, vous détestez ces heures, c'est une bonne chose. Servez-vous en comme bouclier. Il n'y a rien de plus puissant que la haine.»

C'était très perturbant cette façon qu'il avait de résumer parfaitement mes pensées, mes points faibles. Ça l'était d'autant plus de le voir si peu affecté par ce que je ressentais envers lui. Je sentis ma colère retomber d'un cran, essayant d'assimiler ce qu'il venait de me dire.

«-Essayons de nouveau, dit-il alors. Legilimens !»

La sensation revint et j'essayai en vain de ne pas me laisser submerger. Cinq minutes plus tard, il avait refait le tour de ma vie, sans que je n'arrive à le contrer.

«-Ce n'est pas encore ça. Vous êtes quelqu'un de très paradoxale, Lynch. D'un côté, vous ressentez des sentiments puissants et de l'autre, vous ne parvenez pas à les employer correctement. Canalisez-vous sur l'aspect déplaisant qu'une irruption dans l'esprit fait ressentir. Vous détestez cela, vous ne voulez pas que ça se reproduise. Donnez-vous en les moyens !»

Je me forçai à ne pas cligner des yeux, à de pas baisser le regard une seule seconde. Il voulait que je me focalise sur ma colère ? Soit.

«-Legilimens

La sensation reprit, mais cette fois-ci, je ne la laissai pas gagner du terrain. Dans mon esprit, un seul mot se répétait inlassablement : «Colère. Colère. Colère...». J'eus l'impression d'avoir triomphé quand j'eus le malheur de baisser une nouvelle fois ma garde. Je le sentis prendre à nouveau possession de mon esprit et dès lors, il me fut impossible de reprendre le contrôle de quoi que ce soit. Quand il abaissa sa baguette, son bilan se fit sans appel :

«-Et bien... il y a du travail.»

☆☆☆

NB : J'ai ajouté les médias des chapitres 27, 28 et 29. Dîtes-moi ce que vous en pensez ! ^^

Merci pour vos lectures, vos votes et vos commentaires, qui me font chaque jour plus plaisir ♡

*PetitKoala*

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