Chapitre 26 - Les Vampires
Vendredi 11 Mars 1988 :
Ce fut l'agitation qui me tira de mon sommeil le lendemain. La première chose que je vis quand j'ouvris les yeux fut la silhouette de Severus qui s'affairait devant moi. Je mis un certain temps à me souvenir des raisons pour lesquelles j'étais assoupie sur le canapé du Maître des Potions. Les souvenirs de cette terrible nuit me revinrent et je ne pus m'empêcher de frémir, ce qui fit se retourner le sorcier, qui n'avait pas encore remarqué que j'étais réveillée. Je lui adressai un faible sourire, ce à quoi il me répondit par un bref signe de tête.
«-Bonjour, dis-je, vous allez mieux ?
-Certainement, répondit-il vaguement, sans s'attarder sur la question.»
Il y eut un silence, avant qu'il n'ajoute :
«-L'heure du déjeuner est passée depuis un quart d'heure déjà. Vous ferez bien de vous y rendre avant que l'on commence à ne se poser des questions.»
Je hochai la tête et tâchai de remettre en place les mèches de mes cheveux rebelles en place, histoire d'être tout de même présentable. Puis, plissant à la hâte mes vêtements, je me levai et dis, d'un ton léger :
«-Vous venez aussi ?
-Il vaudrait mieux que nous ne nous y présentons pas ensemble. À Poudlard, les rumeurs se créent et se propagent presqu'aussi vite que la Dragoncelle.
-Quel genre de rumeur ? l'interrogeai-je timidement.
-Beaucoup d'étudiants pensent que je suis un vampire ou un loup-garou, ce genre de monstre.»
Je constatai que ses yeux se voilèrent quelques secondes à l'évocation du terme «loup-garou», comme si ce simple mot lui rappelait un souvenir qu'il ne voulait pas voir refaire surface. Il poursuivit, son regard reprenant son habituelle nonchalance :
«-Je préfèrerai qu'ils n'aillent pas s'imaginer de surcroît que je torture des jeunes femmes dans mes cachots.»
Un semblant de sourire se dessina sur ses lèvres avant de disparaître et j'émis un petit rire gêné. Le sorcier prit sa baguette, décrivit un bref mouvement du poignée et la porte se déverrouilla dans un discret cliquetis. Je pris cela pour le clap de fin de notre conversation et m'éclipsai discrètement de la pièce, sans ajouter un mot de plus, jugeant que j'avais déjà passé assez de temps avec le sorcier pour le déranger une minute de plus.
Ce fut donc seule que je fis le chemin des cachots jusqu'à la Grande Salle, le corps encore endolori mais miraculeusement pas aussi douloureux qu'hier et l'esprit encore torturé par les images du combat mais plutôt reposé par cette courte nuit. Je ne savais pas vraiment quelles vertus avaient la potion que j'avais préparée mais elle m'avait clairement fait du bien. Si en atteignant l'étage supérieur déjà baigné de lumière, je parvins à estomper les souvenirs atroces des deux Mangemorts, il y avait bien une chose dont je ne parvenais pas à me défaire : les révélations concernant la véritable nature de Severus trottaient encore dans mon esprit et mille-et-une questions s'y bousculaient.
Pourquoi ? Pourquoi Severus avait-il décidé de jouer l'agent-double, le faux-Mangemort ? Pourquoi prenait-il ce risque d'infiltrer le réseau le plus dangereux du monde dans l'espoirde collecter quelques informations ? Qu'avait-il à gagner ?
Lorsque j'atteignis la porte menant à la Grande Salle, aucune réponse sensée ne s'était imposée à moi. J'hésitai un instant avant de pousser les double-battants et d'entrer dans la Salle. Heureusement, le déjeuner étant déjà bien entamé, une grande majorité des étudiants avait rejoint leur salle commune afin de profiter des derniers instants avant le début des cours. Je rejoignis le plus rapidement qu'il m'était permis la table des professeurs, tachant de faire abstraction des regards braqués sur moi. L'un d'eux était plus intense que les autres : celui d'Albus Dumbledore, qui ne me lâchait pas une seule seconde. Il m'adressa un sourire avant de dire, d'un ton mystérieux :
«-On a eu du mal à se tirer du lit à ce que je vois, Miss Lynch.»
Je baissai la tête, avant de rétorquer, n'ayant pas la bravoure d'affronter ses yeux :
«-Je... je ne me suis pas réveillée à l'heure.»
Dumbledore n'ajouta rien et, quand je levai les yeux, je crus discerner une lueur d'amusement dans son regard, comme s'il savait que je mentais. Peut-être lisait-il dans les pensées ? Je rougis à cette possibilité : et s'il... comprenait que j'avais passé la nuit avec Severus et qu'il interprétait cela pour... ?
Les joues rougis, je me pressai de rejoindre une place libre, à côté de Sybille, qui mangeait un pancake d'un air perdu.
«-Bonjour, Sybille, dis-je poliment, en me servant une part de pudding, bien que l'appétit me manquait cruellement.»
La femme hétéroclite tourna lentement la tête vers moi et annonça simplement, d'une voix lointaine :
«-Vous l'avez finalement faîte, cette rencontre.»
Je me souvins de la prédiction de la sorcière quelques mois plus tôt, selon laquelle j'allais faire une rencontre étonnante. La gêne que j'avais ressentie devant le directeur refit surface et je commençai clairement à croire que tout le château était au courant des évènements de cette nuit. Je bredouillai :
«-C... comment êtes-vous au courant ?
-Je l'ai lu dans ma boule de cristal, ce matin-même.»
Je me retins de soupirer de soulagement. Elle n'était pas au courant, elle avait juste fait appel à son «Troisième Œil» pour prédire une phrase qui pouvait s'appliquer à une multitude de situations.
Sybille poursuivit, d'une voix étrangement grave :
«-On m'a dit de vous prévenir que le seul moyen de vaincre sera d'unir le corbeau et la colombe.
-Pardon ? demandai-je, à la fois perplexe et agacée par ces prédictions sans queue ni tête.»
Sybille secoua la tête avant de dire, la voix de nouveau normale :
«-Elladora ! Comment allez-vous ? Une mauvaise nuit, n'est-ce pas ?»
Je haussai les sourcils, intriguée par ce brusque changement de sujet et répondis :
«-Je... vais bien. Merci.»
Sybille sourit, puis reporta son attention sur son pancake. Voyant qu'il ne restait qu'une dizaine de minutes avant la reprise des cours, je me forçai à engloutir ma tranche de pudding avant de quitter la Salle en direction de mes appartements.
J'eus juste le temps de me changer rapidement et constatai que les vêtements avec lesquels je m'étais rendus dans la Grande Salle étaient étrangement propres alors qu'ils étaient couverts de boue quand je m'étais endormie. Ne cherchant pas à comprendre, je me passai le visage à l'eau, attachai mes cheveux – eux aussi étonnamment propres – en queue de cheval avant de regagner ma salle de classe.
Mes élèves de troisième année m'attendaient déjà et Serdaigles comme Poufsouffles semblaient excités. Je les fis entrer et commençai le cours avec entrain, trouvant enfin là une occasion de me vider l'esprit.
«-Bonjour à tous ! J'espère que vous avez passé une bonne nuit. Avant toute chose, je vais ramasser vos devoirs sur les Pitiponks, regroupez-les en bordure de table. Le temps que je passe parmi vous, ouvrez vos livres à la page trois-cents-douze et commencez à lire le cours sur les Vampires.»
Je ne pus m'empêcher de penser à ce que m'avait dit Severus concernant les rumeurs faisant de lui un Vampire et je me pris à sourire.
Puis, me ressaisissant, j'entrepris de ramasser les parchemins, tandis que les élèves se plongeaient dans leur manuel.
Cinq minutes plus tard, après avoir posé le tas de copies sur mon bureau, j'entamai le cours, de façon très académique :
«-Les Vampires, à savoir différencier des chauves-souris vampires, sont des êtres partiellement humains, reconnus pour se nourrir du sang de ses victimes. Quelqu'un peut-il me dire à quoi ressemble physiquement un vampire ?»
Une élève de Serdaigle du nom de Leigh Pinkett leva aussitôt la main et je lui laissai la parole :
«-Les Vampires sont d'apparence humaines, ont souvent le teint pâle et le visage émacié.
-C'est exact et...»
Je fus interrompue par un éclat de rire général, provoqué par Newton Belby, un Poufsouffle, qui avait dû raconter quelque chose d'assez hilarant pour faire pouffer la moitié de la classe. Au lieu de réprimander le jeune garçon, je me figeai devant lui et demandai :
«-Puis-je savoir ce que vous avez dit de si drôle, Monsieur Belby, pour que votre camarade, Monsieur Schnapp, soit littéralement sur le point de s'étouffer ?»
Le Serdaigle en question était en effet avachi sur sa table, secoué par une hystérie presque démente.
Newton voulut me répondre mais, à cet instant, la porte de la salle s'ouvrit brutalement et les élèves se retournèrent d'un bloc vers le nouveau venu. Avant même que je ne voie de qui il s'agit, les rires s'étaient calmés et c'était comme si soudain la température avait chuté de plusieurs degrés en moi d'une minute. Encore penchée vers Newton Belby, je me redressai et quelle fut ma surprise en apercevant Severus Rogue sur le pas de la porte, balayant d'un œil mauvais l'ensemble de la classe. Sans quitter ma bonne humeur, je m'avançai vers lui :
«-Bonjour, Severus. Quel bon vent vous amène ?»
Le sorcier sembla se renfrogner davantage et grinça simplement :
«-Faîtes comme si je n'existais pas, continuez votre cours.»
Surprise par cette déclaration, je restai un moment stupéfaite avant de me décider à réagir :
«-Heu... bien, bien. (Je me tournai vers mes étudiants, tous avaient les yeux rivés sur Severus, et je lisais quelque chose comme de l'inquiétude dans leur regard, comme si la simple présence de leur professeur de Potions les effrayait.) Où nous sommes-nous arrêtés ?
-À la description physique des Vampires, madame, répondit un Poufsouffle.
-Heu... oui, c'est exact.»
Alors que je remontai l'allée, je sentais le regard froid du sorcier derrière moi et ça me mettait mal à l'aise. Néanmoins, je tentai de faire comme si de rien n'était et poursuivis le cours, sous l'œil attentif de Severus, qui s'était calé dans un coin de la pièce :
«-Le Ministère de la Magie a pris la décision de classer les Vampires dans la catégorie des «êtres», à différencier de celle des «animaux» dans laquelle se trouve par exemple les centaures. Conformément à l'article dix du Règlement concernant le traitement des créatures partiellement humaines, il est strictement interdit de chasser les Vampires...»
Le cours se déroula sans anicroche et je donnai seulement une page de parchemin à rédiger à mes étudiants sur la manière de se protéger des Vampires. Les troisièmes années quittèrent la salle sans un mot, certains jetant des regards furtifs en direction du professeur Rogue, personne osant lui adressé une parole. Je m'étais repliée derrière mon bureau et rangeai les copies dans mon sac quand la classe finit de se vider. Tout en rassemblant mes affaires, je fis remarquer, sans même le regarder :
«-Je croyais avoir compris que vous ne vouliez plus que l'on se parle.»
Je n'avais pas pu empêcher les reproches de transpercer ma voix. Pour toute réponse, le sorcier dit, à voix basse :
«-Le directeur veut nous voir.»
Je relevai la tête, intriguée :
«-Pardon ?
-Je crois que vous avez très bien entendu. Maintenant, si vous voulez bien me suivre, je ne souhaiterai pas arriver en retard.»
Ce fut ainsi que je me retrouvais à suivre le professeur de Potions dans les couloirs, sans avoir mon mot à dire sur tout ça. Je pressai le pas et, une fois à sa hauteur, lançai :
«-Pourquoi souhaite-t-il nous parler ?»
Severus ne dit rien, alors je poursuivis :
«-Pourquoi être venu pendant mon cours et pas après ?
-À ce propos, dit-il d'un ton trainant, ce n'est pas l'article dix qui interdit la chasse des créatures partiellement humaines mais le douze.»
Humiliée, je stoppai ma marche mais ce fut à peine s'il sembla le remarquer. Je lançai, refroidie par son comportement distant :
«-Si vous êtes si doué en la matière, pourquoi ne pas postuler pour devenir professeur de Défense vous-même ?»
Le sorcier s'arrêta au beau milieu du couloir et, sans se retourner, siffla, légèrement agacé:
«-Si ça ne dépendait que de moi...»
Puis, sans ajouter un mot, il reprit son chemin et je fus contrainte de le suivre, pas encore totalement calmée suite à sa critique. Néanmoins, quand nous arrivâmes devant la statue menant au bureau du directeur, je me sentais mieux. Severus prononça le mot de passe, qui changeait toutes les semaines par mesure de sécurité (cette fois-ci, c'était «nigaud», allez savoir d'où Dumbledore tenait cette imagination débordante), et, quand l'imposante statue se fut entièrement décalée pour dévoiler un escalier en colimaçon, il se décala, me faisant signe de passer. Je m'engageai dans l'ouverture, me demandant bien ce qui m'attendait là-haut.
☆☆☆
*PetitKoala*
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