Chapitre 20 - Attaque à minuit (1/2)
Jeudi 10 Mars 1988 :
«-Professeur Lynch ?»
Je fus soulagée en reconnaissant la silhouette de Percy Weasley, l'un de mes élèves, qui me regardait d'un air soucieux.
«-Professeur Lynch, est-ce que tout va bien ?
-Percy ! Que me vaut l'honneur de ta visite ? dis-je en dissimulant ma baguette derrière les pans de ma robe, n'ayant pas envie que l'étudiant se pose des questions.»
Faisant mine d'être la plus calme possible, je m'assis à mon bureau, tirai un tas de copies ramassées la veille et fis mine de m'y intéresser.
«-J'avais une question concernant le cours de la semaine dernière, commença Percy de sa voix studieuse, j'ai relu mes notes ce matin et j'ai remarqué que vous aviez évoqué les Chaporouges pour illustrer une partie de la leçon mais je n'ai pas trouvé une telle créature dans mon manuel.»
Je plaquai mes mains contre le bureau pour les empêcher de trembler et pris sur moi pour sourire au jeune Weasley puis lui expliquai brièvement que les Chaporouges étaient étudiés en troisième année et qu'il n'était ainsi pas nécessaire de s'inquiéter sur ce point. J'espérai que cela suffirait pour le faire partir mais sa curiosité était apparemment inassouvie puisqu'il me demanda d'expliquer brièvement de quoi il s'agissait. Je le renvoyai à la référence d'un livre de la Réserve de la bibliothèque et lui signai donc un mot pour l'autoriser à l'emprunter. Quand il eut enfin décidé de quitter la salle, le début des cours était annoncé et je n'avais d'autres choix que de remettre mes investigations à plus tard. Je me promis d'agir dès la fin de la journée, alors que je faisais entrer mes élèves de quatrième année et que Nymphadora Tonks me fit un grand sourire, comme toujours depuis son altercation avec le Serpentard, AidenShafiq. Cette jeune sorcière était très douée, quoiqu'un peu maladroite, mais elle avait un bon fond. J'étais sûre qu'elle allait faire de grande chose plus tard.
***
Je soupirai de soulagement alors que les derniers élèves de la journée quittaient la salle et que le silence revint enfin. Pas un moment dans la journée, je n'avais cessé de penser à la prophétie de Firenze et désormais, le ciel bleu et le soleil me rendait nerveuse. Quand je fus enfin seule, je restai assise à mon bureau un instant, réfléchissant à ce que j'allais pouvoir faire. Aucune attaque n'avait eu lieu aujourd'hui mais mon instinct me soufflait que la nuit était une bien meilleure occasion pour agir. Il fallait donc que je trouve une solution avant la tombée de la nuit et je voyais déjà le soleil disparaître derrière les hautes cimes des arbres de la Forêt quand je me décidai enfin à bouger.
Commençant clairement à connaître les moindres détails du chemin qui séparait ma salle de classe à celle des cachots, je rejoignis en quelques minutes seulement l'antre du Maître des Potions et entrai dans la salle sans toquer, sachant que, de toute façon, il n'allait pas me répondre. Je ne fus pas surprise de découvrir que la pièce était vide mais n'osai tout de même pas entrer dans ses appartements privés. Je me contentai de l'appeler :
«-Severus ?»
Rien. Je retentai le coup plusieurs fois, mais rien. À mesure que j'attendais une réponse, la tension grandit en moi. Et s'il était déjà parti préparer l'attaque ? Tout d'un coup, je me sentis bête d'avoir attendu le soir pour agir. Pourquoi ne pas l'avoir fait immédiatement ? Maintenant, c'était trop tard...
Repoussant cette alternative de mon esprit, je me dirigeai vers la porte menant à son bureau personnel puis à ses appartements, le coeur battant. S'il y était, je risquai fortement de me faire jeter dehors et s'il n'y était pas... c'était presque pire. Je poussai la porte, qui céda sans difficulté et je fus surprise qu'un homme aussi secret que Severus ne protège pas ses appartements par des sortilèges. À moins qu'il n'ait quitté les lieux avec précipitation... Baguette à la main, je m'avançai, tout en disant, d'une voix hésitante :
«-Severus ?»
Toujours aucune réponse. Un rapide tour des différentes pièces m'apprit qu'il n'était pas dans ses appartements. Par la barbe de Merlin, où était-il passé ?
Inquiète, je me massai les tempes, les yeux clos, dans l'espoir d'avoir une illumination. Je ne pouvais pas alerter le directeur, il ne me croirait pas, ni mes collègues, qui se rangeraient du côté de Dumbledore. Il fallait que je trouve Rogue, et vite. Avant qu'il ne soit trop tard. Mais, où chercher ? Je repensai machinalement à la prédiction de Firenze. M'avait-il parlé d'autres choses ? À part de cet avenir funeste. J'étais prête à parier que oui, simplement, je ne me souvenais plus de ce qu'il m'avait dit. Quittant les cachots, je retournai dans ma salle de classe, où je pris le temps de réfléchir. Les derniers rayons du soleil étaient maintenant entrain de disparaître et si je ne me dépêchais pas, le château allait être entouré de Mangemorts avant que quiconque ait le temps de dire le mot «Quidditch».
Réfléchis, Ella, réfléchis... Que t'a dit ce centaure ?
Au pire, je n'avais qu'à aller redemander à Firenze, peut-être s'en souviendrait-il mieux que moi ? Mais cela signifierait retourner seule dans la Forêt Interdite...
La Forêt !
Soudain, ces propos me revinrent d'un bloc, comme si c'était hier qu'il m'avait murmuré ces drôles de mots au coeur de la Forêt : «Faîtes attention à qui vous côtoyez dans ces lieux, jeune demoiselle. Quand la tempête semblera se calmer, ce ne sera que le signe d'un funeste avenir... La Forêt Interdite n'a jamais portée aussi bien son nom. Après tout, elle n'est que la frontière entre le bien et le mal...». C'était clair, maintenant. La frontière entre le bien et le mal... Les Mangemorts allaient sûrement passer par la Forêt Interdite pour attaquer Poudlard ! C'était d'ailleurs sûrement par ce même endroit que l'un d'entre eux avait pénétré dans le chateau pour agresser Pomona ! Peut-être même que Rogue y était déjà... Sans prendre le temps d'établir ne-serait-ce que l'esquisse d'un plan, je pris ma baguette et me ruai à l'extérieur de la salle.
***
Cela faisait désormais une dizaine de minutes que j'avançais à pas de loup parmi les hauts arbres menaçants, la baguette brandie devant moi comme un bouclier. Le soleil avait fini par abdiquer face à la nuit et la Forêt était d'une obscurité quasiment totale. Le faible éclat de ma baguette me permettait à peine de distinguer les potentiels obstacles sur mon chemin. L'adrénaline qui s'était répandue en moi lorsque je m'étais élancée sans réfléchir en direction de la Forêt commençait à faire défaut et la peur me tordait le ventre. J'avais de plus en plus de mal à empêcher mon corps de trembler. Qu'est-ce qu'il m'avait pris ?
Je commençai à penser que ma déduction n'était pas bonne, alors que la fatigue me gagnait, me rendant plus fébrile encore, quand j'entendis des bruits étouffés quelques mètres devant moi. J'éteignis ma baguette. Faisant attention à où je mettais les pieds, je continuai de progresser les yeux rivés sur le sol, pour repérer les racines susceptibles de me faire chuter et les brindilles susceptibles de me faire repérer. Vigilance constante. Désormais à moins de dix mètres de la source sonore, je pouvais clairement discerner plusieurs voix provenant de derrière les hauts fourrés qui s'élevaient à quelques pas de moi. Le coeur battant et l'angoisse me rongeant le ventre, je parcourus la distance qui me séparait des buissons et m'y dissimulai, ignorant la terre encore humide tachant mes robes. Je tendis l'oreille :
«-... sûr de toi ? disait une voix d'homme bourrue, sur un ton suspicieux.
-Etant donné que je suis la seule personne à détenir ces informations, je ne pense pas qu'il vous soit permi de douter de ma sincérité.»
Mon coeur rata un battement alors que je reconnus la voix qui s'était élevée dans la pénombre inhospitalière des lieux. Severus. Je ne m'étais donc pas trompée. Ignorant la crampe qui me brûlait les muscles des jambes, je n'osai pas bouger, ayant trop peur que l'on me remarque. D'où j'étais, je ne pouvais pas voir les deux (peut-être trois ou quatre) personnes qui se tenaient devant moi. Je me concentrai donc sur leur voix.
«-On peut donc compter sur ton adhésion, à présent, Severus, n'est-ce pas ? demanda une voix masculine différente des deux autres.»
Il y eut un silence. Je ne me rendis même pas compte que je retenai ma respiration, tant l'angoisse était forte. Finalement, Severus souffla, et je dus tendre l'oreille pour entendre sa réponse tant sa voix était faible :
«-Certainement.
-Bien, il est donc temps de passer aux choses sérieuses. Yaxley se chargera de te communiquer les informations mais le principal sera dit lors de la prochaine réunion. Je n'ai pas besoin de t'expliquer le signe de ralliement.
-Non, effectivement.
-Nous avons prévu de...
-Attends, attends, coupa le troisième Mangemort qui avait demandé à Severus de confirmer son adhésion.
-Quoi, Macnair ?
-Comment être sûr qu'il ne ment pas ? Il travaille avec Dumbledore. Peut-être même que c'est lui qui l'envoie...
-Ne soyez pas stupide, Macnair, rétorqua Severus, d'une voix menaçante.
-Il a raison, dit le premier Mage Noir, nous devons être certain de ton adhésion au réseau avant de te donner plus d'informations. Faisons un Serment Inviolable. Jure que ton allégance au Seigneur des Ténèbres est totale, jure-le de ta vie.»
Il y eut un nouveau silence. Puis:
«-Comme vous voudrez.
-NON !»
Prise d'une soudaine pulsion, je m'étais ruée hors des broussailles et mon cri se perdit dans la cime des arbres. Les trois hommes firent volte-face d'un bloc, leur baguette brandie sur moi. L'une d'elles était illuminée, de sorte à ce que je puisse voir la tête de mes trois adversaires. À droite, se tenait un homme assez grand, robuste, le visage brute et le regard meurtrier. Au centre, s'était figé un homme plus petit, fin et dont le visage aurait pu être beau s'il n'était pas barré d'une vilaine cicatrice et si son expression ne reflétait pas que haine et violence. Et à gauche, Severus. Plus blafard que jamais, une expression de surprise et d'horreur se lisant clairement dans ses yeux. Prise au dépourvu par mon propre acte, je reculai d'un pas, incertaine, sans toutefois baisser ma baguette, que je pointais sur l'homme du centre, à défaut de pouvoir mettre les trois Mages Noirs en joug. Je me rendis alors compte à quel point j'étais stupide. Jamais je ne sortirais vivante de cette Forêt. Je ne savais pas quel moyen mais je réussis à dire, d'une voix haletante :
«-Ne faîtes pas ça. (Je me tournai vers Severus :) Severus, s'il-vous-plaît.
-Tu la connais ? cracha l'un des Mangemorts en s'adressant à son tour au Maître des Potions.
-Oui, malheureusement, persifla l'intéressé, c'est l'une de mes collègues, à Poudlard.
-Qu'est-ce qu'elle fait ici ? gronda le troisième en rafermissant sa prise sur sa baguette, à s'en faire blanchir les jointures.
-Aucune idée, avoua Rogue, de son habituelle voix traînante.
-Ça n'a pas d'importance, tuons-la !»
Et l'attaque fut lancée. Le Mangemort à gauche me lança sans ménagement un sortilège de Mort que je contrais in extremis, dans un élan de lucidité. Pas de doute, ces Mangemorts allaient de me tuer. Ne pouvant plus reculer, je rétorquai aussitôt par un Sortilège d'Expulsion mais je ratai ma cible. Je dus me baisser pour éviter un éclair vert ayant jailli de la baguette de l'autre Mangemort, celui du centre. Seul Severusn'avait pas encore agi. Un bref regard dans sa direction m'apprit qu'il était littéralement figé au sol, les yeux fixés sur moi. Quelques parades plus tard, je parvins à atteindre un de mes adversaires par un Maléfice d'Entrave, par un coup de chance et me concentrai sur le deuxième Mage Noir, plus coriace. Malheureusement, à peine cinq minutes plus tard, le deuxième avait retrouvé toute sa mobilité et le combat était de nouveau à deux contre un. Les sorts fusaient de toute part et l'obscurité de la Forêt était déchirée toutes les dix secondes par un éclair de couleur – verte pour ceux des Mangemorts. Je perdais rapidement des forces et ne pouvais pas reculer, les broussailles m'empêchaient de faire marche arrière. J'étais prise au piège et à cette distance-là du château, personne ne devait entendre les bruits de l'attaque.
Tentant de faire un pas en arrière, je trébuchai sur une racine et tombai à la renverse. Cette erreur suffit pour que je ressente une vive douleur me parcourant l'intégralité du corps, seulement quelques secondes après que le mot «Endoloris» résonne à mes oreilles. La douleur était si forte que je ne sentis pas la chute, ni les cailloux et autres aspérités du sol s'enfoncer dans mon dos. Je me mis à hurler comme jamais je ne l'avais fait, à m'arracher les cordes vocales. Ma vue s'était brouillée, de souffrance, de larmes et mes pensées s'entrechoquaient dans mon esprit, ne donnant qu'un chaos le plus total. La douleur atteignit un point critique, si forte, si vive, si lancinante que je n'avais plus qu'une idée en tête : mourir. Puis, elle s'arrêta, aussi furtivement qu'elle avait commencé.
J'ouvris les yeux et vis les deux Mangemorts au dessus de moi, baguette en main, un sourire sadique et triomphant aux lèvres.
«-A toi l'honneur, Mulciber, grinça Macnair, en me crachant délibérément dessus.»
Mon corps encore endolori ne semblait pas en état de me répondre. Je ne pouvais tout simplement pas bouger, le moindre de mes muscles étant tétanisés par la douleur. D'une vue encore vascillante, j'aperçus le dénommé Mulciber lever sa baguette.
«-AVADA...
☆☆☆
*PetitKoala*
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