Chapitre 15 - Pré-Au-Lard à feu et à sang

Bon anniversaire à Emma Watson & Emma Thompson !

☆☆☆

Samedi 16 Janvier 1988

Je me ruai à la suite de Minerva dans le bureau d'Albus Dumbledore, la panique liée à l'annonce de l'attaque prenant le dessus sur tout le reste. Étonnement, quand je jetai un coup d'œil à la cheminée, Severus avait disparu, laissant place à un feu des plus banals. Je ne me posais pas plus de questions et reportai mon attention sur la professeure de Métamorphoses, qui exposait la situation à Dumbledore, d'une voix angoissée :

«-... il doit y avoir une cinquantaine d'étudiants là-bas, Albus ! Et le temps que le Ministère intervienne, on en aura perdu la moitié ! Imaginez la catastrophe que ça serait ! On doit agir, et vite !»

Albus leva une main, pour calmer Minerva et je me demandai comment il faisait pour rester (ou du moins, paraître) aussi détendu. Pour ma part, mon cœur s'emballait dans ma poitrine et ma baguette était instinctivement vissée dans ma main droite. Après quelques secondes de silence qui me parurent durer une éternité, le directeur prit la parole, d'une voix sage qui lui était caractéristique mais qui, dans cette situtation, ne faisait que m'agiter encore plus :

«-Le Ministère de la Magie est-il prévenu ?

-Filius et Pomona ont envoyé un hibou dès qu'on a su la nouvelle, mais le temps qu'ils reçoivent le message...

-Comprenez, Minerva, je ne veux rien d'autre que la sécurité pour mes élèves. Cependant, je ne peux me permettre de mettre en danger mes enseignants.»

La professeure de Métamorphoses ouvrit la bouche pour rétorquer mais Albus poursuivit aussitôt, et son indignation mourut sur ses lèvres :

«-De plus, si tout le monde se précipite en direction de Pré-Au-Lard, Poudlard serait alors libre d'accès et une grande majorité des élèves y sont encore présents.

-Albus !»

Il y eut un silence puis le directeur sembla se rétracter puisqu'il dit, à demi-voix :

«-Soit. Je m'occupe des étudiants encore présents dans l'établissement. Rendez-vous à Pré-Au-Lard et... tâchez de rester en vie le temps que les Aurors interviennent. Que tous les enseignants ayant la capacité de se battre se joignent à vous. Les autres devront me rejoindre dans la Grande Salle.»

Minerva acquiesça rudement puis me jeta un regard à la fois excité et paniqué :

«-Prête, Elladora ?

-Allons-y, répondis-je d'une voix ferme.»

***

Filius, Pomona, Renée, Septima, Silvanus et Aurora se joignirent à nous et nous filâmes aussi vite que nous pûmes à Pré-Au-Lard.

Arrivés à quelques centaines de mètres du village, d'ordinaire paisible, nous commencèrent à entendre des cris de panique et des bruits de destruction. Mon cœur s'accéléra encore dans ma poitrine, alors que je voyais des habitations partirent en fumée sous les sorts des Mangemorts et des éclairs briser de temps à autre le gris pâle du ciel.

Sans perdre plus de temps, nous nous divisèrent en quatre groupes de deux et nous répartîmes sur quatre zones différentes afin d'être plus efficaces. Je me retrouvai à combattre aux côtés de Filius et nous nous enfonçâmes parmi les premières habitations, baguette brandie devant nous.

Au début, nous ne vîmes personne, puis un Mangemort déboula sous notre nez, sortant d'une ruelle parallèle à celle dans laquelle nous étions. Filius fut plus rapide que moi et envoya valser le Mage Noir avant qu'il n'ait le temps de dégainer sa baguette. Nous arrivâmes non loin des Trois-Balais, d'où s'élevaient des cris. Des étudiants s'étaient sans doute retrancher là-bas pour espérer échapper aux griffes des Mangemorts.

Lançant un regard entendu avec Filius, je me mis à courir en direction du bar, Filius protégeant mes arrières. L'air froid fouettait mon visage et me mordait la peau et plus je m'approchais de la bâtisse, plus la peur commençait à s'emparer de moi : et si nous étions arrivés trop tard ? S'il y avait des morts ?

Terrifiée à cette idée, je pressai le pas et franchis le seuil du bar sans même ralentir. L'intérieur du bar avait été dévasté : les tables avaient été réduites en morceaux, le comptoir n'était plus qu'un amas de débris de verre et de bois et les fenêtres avaient été brisées, de sorte que le vent sifflait maintenant dans les hautes poutres de la bâtisse. Au fond de la pièce, trois Mangemorts avaient acculé un groupe d'étudiants mortifiés dans un coin du mur. Les plus âgés avaient sorti leur baguette et s'étaient placés à l'avant des plus faibles mais, malgré cet élan de courage, ils n'en menaient pas large. Je ne vis aucun corps joncher le sol.

«-Par ici ! hurlai-je à l'intention des Mages Noirs, tout en lançant un sortilège à l'un d'entre eux.»

Ils firent volte-face et brandirent leur baguette dans une synchronisation parfaite. Je parai le premier éclair qu'ils me jetèrent, et criai, en direction de Filius qui m'avait rejoint :

«-Je vais les attirer plus loin, fais sortir les étudiants et met-les à l'abris !»

Je me décalai de la sortie et courus jusqu'au comptoir où je me baissai in-extremis, alors qu'un éclair vert me rata de peu. Je répliquai avec fougue, évitant tout de même les sortilèges impardonnables. Je plongeai une seconde fois sous les restes du comptoir, m'écorchant au passage les mains et les genoux, alors qu'un maléfice fit trembler les fondations du bar. Du coin de l'œil, j'aperçus Filius qui avaient rejoint les élèves et tâchait de les faire sortir en douce.

Prenant mon courage à deux mains, je me levai et fis face à mes adversaires. Ils étaient tout trois dissimulés sous de larges capes noires qui ne laissaient pas même voir leur visage et les rendaient encore plus funestes qu'ils ne l'étaient déjà. Ravalant ma salive, je me mis à parer comme je pus leur attaque, tentant de temps à autre de lancer des sortilèges qui n'atteignaient jamais leur cible. Ces Mages étaient surentraînés et, surtout, ne craignaient pas la mort, ce qui les rendaient presqu'invulnérables. Je roulai sur le côté pour éviter un sort et me pris les pieds dans des débris de bois.

Perdant l'équilibre, je tombai lourdement au sol et en profitai pour lancer un sortilège de stupéfixion. Par chance, il atteignit le Mangemort le plus proche de moi et il fut propulser en arrière. Je n'eus pas le temps de me réjouir d'avantage car un maléfice me frappa de plein fouet et je fus violemment projetée en arrière. Mon dos alla frapper le mur en pierre et, heureusement que j'étais déjà au sol, sinon le choc aurait été rude. Filius avait atteint la sortie et les élèves étaient enfin évacués, ce qui me redonna un peu de forces pour continuer à me battre. Je rampai sur le parquet, dissimulée sous des morceaux de bois qui tenaient encore miraculeusement debout, baguette en main.

Quand j'aperçus les pieds de l'un des ravisseurs, je ne me fis pas prier et lançai un sortilège informulé. Aussitôt, des lianes entourèrent les chevilles, puis les jambes du sorcier et il tomba lourdement au sol. Trop occupée par ce spectacle, je ne vis pas que le dernier Mangemort m'avait rejoint. Il m'empoigna brusquement et m'obligea à me lever. Je titubai, et en fis tomber ma baguette. Je ne lui laissai pas le temps de prendre l'avantage et lui balançai mon poings dans le visage. Rien n'y fit, si ce n'était que mon poignet me faisait désormais affreusement souffrir. Il me souleva dans les airs, ses larges mains contre ma gorge et me plaqua contre un mur. De près, je pus voir son visage : ses joues étaient parcourues de cicatrices éparses, il aurait pu être beau, si ses yeux ne reflétaient pas une telle folie meurtrière. Ses doigts se resserrèrent contre ma trachée et je commençai à suffoquer. Mes jambes s'agitaient en vain dans les airs. Si seulement je pouvais atteindre ma baguette... Mais elle était hors d'atteinte, jonchant le sol à plus de cinq mètres de moi.

Lentement, le Mage Noir sortit sa propre baguette de sa manche et l'approcha de ma gorge. Je ne réfléchis pas plus longtemps et l'empoignai fermement par le bois. Avant qu'il n'ait le temps de lancer un sort, la baguette avait cédé sous ma pression et l'éclair qui jaillit du morceau de bois brisé se retourna contre lui. Le Mangemort tomba à la renverse, inconscient, écrasant au passage son collègue aux jambes ficelées qui se démenait avec les cordes. Je m'écroulai sur le sol, tentant de reprendre mon souffle puis récupérai ma baguette le plus vite que je pus.

M'assurant que les trois Mages Noirs ne causeraient plus de dommage avant l'arrivée des Aurors, je quittai les Trois-Balais en titubant, le souffle encore rauque.

Je retrouvai à une rue d'ici Minerva, aux prises avec deux Mangemorts, alors qu'un groupe d'élèves apeurés se dissimulaient derrière les murs d'une bâtisse en ruine. Je me joignis au combat et, à nous deux, nous parvinrent à immobiliser les deux Mangemorts avant qu'ils ne fassent plus de dégâts.

Nous entraînâmes les étudiants jusqu'au magasin Zonko, jusque là épargné, où une bonne partie des élèves, commerçants et habitants en incapacité de se battre s'étaient réfugiés. Alors que nous sortîmes pour soutenir les sorciers qui continuaient de se battre, Minerva me dit :

«-Le Ministère a reçu une alerte quelques minutes avant la nôtre, en plein cœur de Londres. Une bonne partie des Aurors sont partis là-bas, pour limiter les dégâts et calmer les Moldus ! Ils n'interviendront pas ici avant une trentaine de minutes !»

Je n'eus pas l'occasion de lui répondre car, déjà, un Mangemort corriace se rua sur nous. Je plongeai à couvert pour éviter un sortilège tandis que Minerva l'immobilisait d'un coup de baguette.

«-Vous croyez qu'ils ont tout planifié ? L'attaque à Londres, celle à Pré-Au-Lard ? demandai-je à Minerva, en me dirigeant vers une autre ruelle, à la recherche de Mangemorts.

-Ça ne fait aucun doute, répondit-elle dans un souffle.

-Que cherchent-ils à prouver ?»

Elle ne répondit pas tout de suite, cherchant une réponse adéquate. Dans le silence pesant qui avait suivi ma question, j'entendai presque mon coeur battre furieusement dans ma cage thoracique. Ma gorge me brûlait et ma respiration était sifflante mais l'adrénaline qui pulsait dans mes muscles me donnaient assez de forces pour continuer le combat. Nous traversâmes une place déserte quand finalement, elle dit, sombre :

«-Je pense qu'ils sont à la recherche du Seigneur des Ténèbres.

-Il n'est pas mort, n'est-ce-pas ? Cette nuit-là...»

Je frissonnai, en repensant à l'engouement médiatique qui avait suivi cette affreuse nuit d'Halloween. Même en France, notre gazette avait tout rapporté et je n'avais manqué aucun détail du désastre.

«-Non, il n'est pas mort. Il attend simplement le bon moment pour revenir. Et si les Mangemorts s'agitent... ça n'annonce rien de bon...»

Il y eut soudain un mouvement furtif juste devant nous et deux hommes habillés tout de noir filèrent dans deux directions opposées. Sans un mot, nous nous séparâmes et je me ruai à la suite de l'un des Mangemorts, qui se déplaçait rapidement entre les maisons silencieuses. La bataille semblait perdre de son ampleur, bien qu'on entendait encore des bruits de destruction ça et là. Au moins, les étudiants étaient en sécurité à Zonko et j'espérai que nous n'en avions pas oublié dans un quartier excentré du village. Si certains avaient eu l'idée de se diriger vers la Cabane Hurlante... Je décidai de ne pas y penser, me concentrant sur la trace du Mangemort que je devais suivre. Baguette brandie, la course-poursuite continua sur plusieurs centaines de mètres et le Mage Noir ne semblait pas faiblir. Pour ma part, je sentai l'adrénaline quitter peu à peu mon corps et mes forces diminuer. Il bifurqua dans une ruelle sombre et je tournai à mon tour quelques secondes après. La ruelle était un cul-de-sac, vide. Où était-il passé ? Je ne l'avais pas entendu transplaner... Je m'avançai prudemment, la baguette levée, prête à intervenir. Quelque chose me soufflait que c'était un piège. Ce silence était trop... étouffant.

Soudain, j'entendis des bruits de pas derrière moi et je fis volte-face juste à temps pour voir le Mangemort que je poursuivais partir en courant. Je ne me fis pas prier et partis à sa suite, ignorant les décharges de douleur qui parcouraient mon corps en signe de protestation. À la hâte, je lançai un premier sortilège qui rata sa cible et alla ricocher contre le mur d'une maison. Je dus dévier de ma trajectoire pour ne pas me faire avoir. Je ne ralentis pas pour autant mais le Mangemort se déplaçait bien plus vite que moi et j'avais beau courir le plus vite que je pouvais, je ne parvenais pas à réduire la distance qui nous maintenait séparés. Bientôt, les maisons laissèrent place à de grandes étendues désertes et je compris que nous allions quitter Pré-Au-Lard. Certainement que le Mangemort souhaitait transplaner dans un endroit où il était sûr de ne pas être dérangé. Dans sa course, sa capuche tomba de sa tête et je pus voir l'arrière de sa tête. Je me figeai, le souffle court. Cette silhouette... je la connaissais. Ces cheveux longs et noirs de jais... cette peau pâle... Le Mangemort que je poursuivais n'était personne d'autre que Severus Rogue !

Me reprenant, je me remis à courir mais c'était peine perdue, je n'eus pas fait un mètre de plus que je dus éviter un sortilège qui m'obligea à tomber sur le côté. Le temps que je me relève, le Mage Noir avait transplané. Pendant un instant, je restai sans bouger, la respiration me manquant et le cœur battant la chamade. Était-ce vraiment Severus ? Où l'avais-je simplement imaginé ? Je n'avais aucune preuve... et je ne l'avais vu que de dos et de loin. Dans le feu de l'action, mes yeux m'avaient peut-être joué un tour. En vérité, je savais très bien ce que j'avais vu, mais je ne parvenais pas à m'en convaincre. Comment était-ce possible ?

«-Elladora !»

Je me retournai et vis Pomona accourir vers moi, le visage défiguré par une blessure ensanglantée mais vivante et une lueur de soulagement dans ses yeux. Elle se précipita vers moi :

«-Elladora ! Est-ce que tout va bien ?»

Instinctivement, je jetai un coup d'œil à l'endroit où le présumé Severus avait disparu et Pomona tourna la tête dans cette direction :

«-Quelque chose ne va pas ? Que s'est-il passé ?

-Non... non, tout va bien.»

Détournant les yeux, je me remis debout et lui contai ce qu'il s'était passé, des Trois-Balais jusqu'ici. Nous fîmes demi-tour et je fus soulagée de regagner Pré-Au-Lard, tandis que Pomona me disait :

«-Les Aurors sont intervenus il y a cinq minutes et ont arrêté les quelques Mangemorts qui restaient. J'ai bien peur que la majorité d'entre eux soient partis. L'essentiel, c'est qu'aucun de nos élèves aient été tués. Ils sont sous le choc, certes et certains sont sérieusement blessés mais je crois qu'aucun pronostic vital n'est engagé. Quel soulagement !»

J'acquiesçai en silence, effectivement soulagée que cette attaque ne se soit pas terminée en bain de sang. Des Aurors nous accueillirent alors que nous atteignîmes le centre de Pré-Au-Lard et je leur racontai ce qui m'était arrivé, eux prenant quelques notes et moi évitant soigneusement de mentionner le nom de Severus Rogue. Après tout, j'avais peut-être rêvé...

☆☆☆

*PetitKoala*

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